Google This is a digital copy of a book thaï was prcscrvod for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project to make the world's bocks discoverablc online. It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover. Marks, notations and other maiginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the publisher to a library and finally to you. Usage guidelines Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to prcvcnt abuse by commercial parties, including placing lechnical restrictions on automated querying. We also ask that you: + Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for Personal, non-commercial purposes. + Refrain fivm automated querying Do nol send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine translation, optical character récognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help. + Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project and helping them find additional materials through Google Book Search. Please do not remove it. + Keep it légal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other countiies. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spécifie use of any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite severe. About Google Book Search Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web at |http: //books. google .com/l Google A propos de ce livre Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en ligne. Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression "appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont trop souvent difficilement accessibles au public. Les notes de bas de page et autres annotations en maige du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains. Consignes d'utilisation Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages apparienani au domaine public et de les rendre ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine. Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées. Nous vous demandons également de: + Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers. Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un quelconque but commercial. + Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile. + Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en aucun cas. + Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère. A propos du service Google Recherche de Livres En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse fhttp: //book s .google . coïrïl HIST DES Dl'CS (DES COMTKS DE CHAMPAGNE m . .Ax^^i. .•trali-a^ ^ t<»r' -1 '"'" ' Fi- ttmi rr.» fi.Afrl TOME IV H81-I285 UmUKliQM BI rAnxsE) M, u. ifAitiiois m: ji rainvji.lk »u U wiLUMiimu* ut a. u naenm PARIS kVa. UUftA>D. UDBAIRB, 1. ItlE DKS fillfUi. * 9 HISTOIRE DES DDCS KT DES COMTES DE CHAMPAGNE % # HISTOIRE DES DUCS ET DES COMTES DE CHAMPAGNE Oovrajfc qui a obtenu de rArad6iuie di's Inscriptions cl Belleft-Leltrcs en «Ml le grand prix Gobert ^ TOME IV H81-1285 ORUX.IP3MF2 f^AFiTIB PAR M. H. D'ÂRBOIS DE JUBAINVILLE A Vie tA COLLABORATION DE M. L. PIGEOTTE PARIS ÀUG. DURAND, LIBRAIRE, 7, RUE DES GRËS. MDGGCLXV. # l\W , CM5"7 LIVRE XII. ^^^ ^ ADMINISTRATION DE LA CHAMPAGNE DEPUIS LA MOItT DHEMIl LE LIBEUAL JlKl". 'a l' AVÈNEMENT DE PHILIPPE L£ BEL At TI!Û>E DE l'IlANCO:. CHAPITRE I. Persennel méndmÈmtrmiU. Le personnel admiai^lratif du coiplé de Ghdoipa- gne, dans les derniers temps de Tautonomie ae ceius province, peut se distinguer en trois catégories : la première comprend trois ordres de fonctionnaires précéfdemment inconnus : les gouverneurs, les rece- veurs et les baillis ; dans la seconde nous placerons les grands officiers du comte : sénéchaux, connéta- blesy booteillers, chambriers, chambellans, maré- chaux, chanceliers; la troisième renfermera divers officiers de rang secondaire, attachés à la personqi^ des comtes ou investis d'emplois extérieurs. Nous parlerons en dernier lieii du conseil des comtes de Champagne. n* wàMm. !• — 458 — Section i**. I 1". — Gouverneurs. Les gouverneurs sont, en général, désignés par le titre de gardes du comté ou de lieutenants du comte. On peut placer en tête Arcbambaud IX de Bour- bon, beau-père de Thibaut IV. Pendant que ce der- nier allait prendre possession de la Navarre en 1236, Arcbambaud présidait le conseil auquel était confiée l'administration de la Champagne (a). Jean III de Tbourotte lui succéda et conserva la confiance de Thibaut IV de 1237 à 1251; il était oncle, à la mode de Bretagne, de Marguerite de Bourbon, femme de ce prince (6); il posséda la charge viagère de bouleiller de Champagne (2927). Il fut choisi pour juge par ie poèie roi dans un jeu- parti (c). Au commencement de son administration, il eut pour collègue Itier de la Brosse, qui ne parait pas avoir conservé de pouvoirs postérieurement à Tan- née 1238 (d). Jean, doyen de Saint-Quiriace, Léon de Sézanne et quelques autres que nous voyons plus tard prendre part aux actes administratifs de Jean (c) Voir plus haut, pages 261-263; cf. page 272, note h, (6) Voir plus haut, pages 288-290. (c) La Ravallière, Les poésies du roi de Navarre, II, 113, 175-178. — Sur Jean de Thourotte, voir aussi plus haut, p. 501. {d) Voir plus haut, page 290. Dans la charte n« 2439, Hier est, comme Jean de Thourotte, qualifié de Garde de Champagne. — 459 — de Thourotte, semblent n'avoir eu que des attribu- tions financières. Au début du régne de Thibaut V, nous trouvons deux gouverneurs administrant conjointement la Champagne : Robert de Cocherel et Gilles de Brion. Tout ce que nous pouvons dire du premier, c'est qu'il était en fonctions en décembre 1260 (32i3) et en juin 1261 (3230). Gilles de Brion, gouverneur de Champagne aux mêmes dates (3213, 3230), dut sans doute son élé- vation à Simon, son frère, ministre de saint Louis, promu au cardinalat en 1261, et qui, vingt ans plus tard, devint pape sous le nom de Martin IV (a). Il ne conserva pas longtemps le gouvernement de la Champagne; mais nous ne sommes pas dépourvus de renseignements sur le reste de sa vie. En 1268 nous le trouvons désigné comme suppléant d'Eus- tache de Gonflans, connétable de Champagne, dans le tribunal arbitral qui devait juger le procès relatif à Tinféodation de Ligny (6). La même année, Simon de Brion, son fils, partant pour l'université de Bo- logne, dont il voulait fréquenter les cours, lui don- nait procuration pour résigner sa prébende à Saint- Etienne de Troyes (3502). En 1286, Gilles compa- rait dans l'enquête ouverte par Philippe le Hardi pour établir Tàge auquel les femmes sont majeures en Champagne (3856). En 1285, il est un des con- seillers chargés par Philippe le Bel de tenir les grands jours de Troyes ; il y passa huit jours et reçut treize (a) Tillemont, Vie de iaint Louis, IV» 242-243. (b) Voir plus haut, page 405. - *60 — livres pour sa peine (a). Le 36 novembre 1387 il était mort (6). En 1263 Robert de Cocherei et Gilles de Brion avaient un successeur : c'était Anseau de Traînel, d'abord maréchal de Champagne^ qui venait d'être élevé aux fonctions de connétable. Thibaut, par- tant pour la Navarre, en octobre 1263, lui laissa le gouvernement de la Champagne (3326) qu' Anseau garda au plus six mois. Dès le mois d'avril 126& il était remplacé par Eustache III, seigneur de Conflans (3302, 3337) (c), d'abord maréchal, puis connétable de Champagne, que nous trouvons encore en fonctions, comme gouverneur de cette province, en 1269 (3555, 3556). Eustache appartenait à une des premières maisons de Champagne, s'il est vrai que sa famille fut, comme on le prétend, une branche de la mai- son de Brienne. Fils d'une sœur de Jean III de Thourotte (d), il était par elle proche parent du comte Thibaut V alors régnant. (a) Voir notre tome II, p. lxxiv, art. 170. (h) Ce fait résulte d'une charte publiée par F. Du Chesne, 17m- toire des cardinaux français, II, preuves, page 219; il est aussi question de Gilles dans une charte du 12 octobre 1280, qui se trouve dans le même ouvrage, ibid., p. 218. (c) La charte numérotée 3302 a été, par erreur, datée par nous du 6 avril 1263, elle est du 25 avril 1264, et devrait être placée entre les numéros 3338 et 3339. (d) Helvide de Thourotte avait épousé Eustache II, seigneur de Conflans et de Mareuil, dont les fils, Hugues et Eustache héri- tèrent de ses seigneuries. Anselme, Histoire généalogique, II, 151. No» le voyons paraître pour la première fois en 1369, où, pour la somme de 600 livres, il fait à Thibaut IV hommage de la moitié de Congy et d'Eto- ges (2883, 2891), et où il est caution de l'exécution dfi contrat de mariage de Marguerite de Navarre, duchesse de Lorraine (2889). L'année suivante, il cède par échange au même Thibaut la moitié de GondrecouTt, que Jeanne de Plancy, sa femme, lui avait apportée en mariage (2923, 2926, 2925, 2935 )• Il possédait aussi, du chef de Jeanne, une partie de la vicomte de Troyes, qu'en 126& il donna au chapitre de Saint-Etienne de Troyes, en échange de Vert-la-Gravelle (3328, 3329). En 1268, il fut arbitre dans le grand procès du comte de Bar avec les comtes de Champagne et de Luxembourg, et avec Regnanid de Bar (a). Nous ignorons pourquoi il per- dit les pouvoirs de gouverneur en 1270. Peut-être était-il croisé et combattait-il alors les Musulmans sur fes côtes de l'Afrique. Pendant la croisade de l'année 1270, Thibaut V confia le gouvernement de la Champagne à Jean, seigneur de Thil-Ghàtel (6), qui, en septembre 4265, lui avait fait hommage d'un alleu situé à Gé- meaux (Gôte-d'Or), et valant 1,100 livres tournois (3377). Béraud de Mercœur ou de Marqueil, comme on prononçait alors souvent, fut le gouverneur de (a) Voir plus haut, page 405, et Catalogue, n'^'ZhH, 3Sl6. (6) Le 9 septembre 1270, agissant en vertu des pouvoirs que lui avait donnés « mi sires il rois de Navarre ■, il accorda au prieuré de Saint-Pierre de Bar-sur-Âube une charte d'amortisse- ment (Archives de l'Aube, fonds de Saint-Pierre de Bar). — 462 — Champagne choisi par Henri III. Avant ravènement de ce prince, il avait été administrateur de ses do- maines en Champagne (a). Il était présent quand Henri fit hommage à Philippe le Hardi (3677). Nous le voyons en fonctions en 127! (3702) et en 1274 (3798). Nous croyons devoir reconnaître en lui Béraud IX de Mercœur, fils de Béraud VIII dit le Grand, seigneur de Mercœur, et de Béalrix de Bour- bon. Béatrix, sa mère, était sœur de Marguerite de Bourbon, mère d'Henri III (6). Il était par consé- quent cousin germain de ce prince. Il avait épousé en 1268 Blanche deChâlon, fille de Jean de Chàlon, comte de Bourgogne et seigneur de Salins, alors veuve de Guichard V, seigneur de Beaujeu (c). Il était mort en 1290, car à celle date Béraud VIII de Mercœur, son père, figure seul dans le contrat de mariage de Béraud X, et il n'est pas question dans cet acte de Béraud IX, père de l'époux {d). Il est même probable que dès 1285 Béraud IX n'existait plus, car dans un compte de la terre de Champagne pour cette année, nous voyons que la dame de Mer- cœur, c'est-à-dire Blanche de Chàlon, venait d'ache- ter une terre à Courtenot, et dans l'article qui la con- (a) En juin 1270, il avait, avec Jacques de Doueigniaco, acheté pour lui le château de Beaufort (Bibl. Imp. Lat. 5993 A. P» 446 v» i*- 447 v«; cf. Catalogue, n* 3665. et voir plus haut, page 432.) (h) Art de vérifier les dates, II. 413. (c) Art de vérifier les dates , II, 476. 536. (d) Cette pièce a été publiée par Baluze, Histoire généalogique de la maison d'Auvergne, p. 334-335. Sur la maison de Mercœur, voir aussi Moréri, édit. 1759. VII. p. 469. et Justel, Histoire généalogique de la maison d'Auvergne, p. 329. — 463 — cerne il n'est pas question de son mari (a) ; ce fut elle aussi qui vendit Belleville à Blanche d'Artois, veuve du comte Henri III et d'Edmond de Lan- castre (fi) ; enfin , en 1306, elle fonda l'abbaye de Notre-Dame-de-la-Déserte à Lyon (c). Sous le règne d'Edmond, les fonctions de gou- verneur de Champagne furent remplies par Jean d'Acre, bouteilier de France, fils de Jean deBrienne, roi de Jérusalem et empereur de Gonstantinople. Nous avons déjà parlé de Jean d'Acre plus haut (d). Il ne fut pas maintenu dans ce poste éminent par Philippe le Bel qui confia le gouvernement de la Champagne au fameux sénéchal Jean de Join ville et à Gautier de Chambly (3870, 3872). Le premier est assez connu pour que nous nous contentions de le nommer; quant à Gautier de Ghambly, il est un des représentants de l'élément nouveau que la réu- nion à la France allait introduire dans l'administra- tion champenoise. Chanoine de Senlis dès 1262 (e), archidiacre de Meaux en 1271 (/), archidiacre de (a) Voir Dotre tome II, p. txiv, art. 19. (b) Voir page 455. (c) Gall. Christ, nova, IV, col. 289 E. {d) Voir plus haut, page 449; cf. Catalogue, n'^ 3849, 3850: la première de ces pièces est datée de 1278; la seconde ne porte pas de date. Ce fut en 1280 que Jean d'Acre châtia les rebelles de Provins. C'est lui encore, sans doute, que désigne sous le nom de lieuten9nl du comte de Champagne un arrôt du parlement de la Toussaint 1283 {Olim, éd. BeUi^not, II, 228, vi; Boutaric, Actes du Parlement de Paris, n° 2490). {e) Olim, édit. Beugnot. I, 154, ix; cf. 192, xi. (/) 0/t»,l. 376. nr; cf. 885. x. Coutances en 1285 (a), il joignait à ces di^itésecc^- siastiques les fonctions de chapelain du roi de France (6), et de clerc du même souverain (c). H avait fait partie du parlement sous saint Louis, et avait continué d'appartenir à ce corps sous Philippe le Hardi (d). II devint évéque de Senlis. En lui se clôt la liste des gouverneurs de Champagne sous ie règne des comtes. Nous ferons remarquer en terminant ce paragra- phe une différence essentielle qui existe entre ces gouverneurs primitifs et leurs successeurs, gouver- neurs de Champagne depuis la réunion à la monar- chie. Du temps des comtes, les gouverneurs, lieu- tenants d*un prince dont les absences n'étaient jamais que momentanées, avaient par là même des fonctions essentiellement provisoires et passa- gères^ car le retour du prince dans ses Etats de Champagne leur enlevait immédiatement toute au- torité, et ils ne pouvaient reprendre leurs fonctions qu'après son départ. Depuis la réunion à la France les fonctions de gouverneur acquirent, par l'absence continue du souverain, une permanence inconnue jusque-là. (a) Catalogue, n® 3872; voir aussi notre tome II, p. Lxxiu, art. 163. (6) Olim, 1. 256, xu. (e) Olim, 1. 875, xxvii. (d) Voir les passages des Olim auxquels renvoient les notes précédentes; voir aussi le tome II du môme ouvrage, p. 75, xi, et 218» XLV. 466 — i 2. ' Receveurs, Le9 iraeoces de la Champagne paraissent avoir été administrées par les cfaambriers da comte jusque vers le milieu dit xiii* siècle. Thibaut IV fut l'auteur de l'innovation qui substitua des receveurs à ces of- Seieps. Dé 1240 à 1385, nous comptons dii person- nages investis de ces fonctions nouvelles ; mais il y en a deux stfr lesquels nous appellerdAs tout d'abord l'attention dif lé^eur; ce sont : Jean, doyen de Saint-Qviriace, qui fut receveur de Champagne pen- dant vingt atis, de 1240 à 1260, et Renier Acorre, qui eul le même emploi sous le régne d'Henri III, le conserva probablement sous Edmond, et que des docnmeMs d'une incontestable autorité nou«r mon-' treni ^administrant les finances de la Champagne pendant les^ premières années du régne de Philippe le Bel. Nous croyons reconnaître le futur doyen de Saint- Quiriaéë de' Provins d'ans une charte de l'année 1229, ait Aous voyori^ Tbibàtrt lY donner « à son cher derc, maître Jean de Provins, » dix arpents dé pré rtort loin de Nogetfl-sut-5eîné (2016). C'est en juin 1^0 (fUe nou9 trouvons ieiai^ en fonctions poû^' la i^émiéré fbis : il fait un paiement! pour TbibàHit (2550j. Depuis cette épeque jusqu'en avril 1260 nous le voyons figurer dan^ dix-huit actes qui cons- tatent, Mil le paiement fait par lui au nom de Thi"- haut IV de dettes antérieurement existantes, soit dés aoquisrtioiiB effectuées pht lui au nom de ce prince et deThil^anift V, et qVielquefois suivie^ de paiement 80 — 466 — immédiat par ses mains (a). Uo des cartalaires de Champagne nous a conservé une des lettres admi- nistratives reçues par ce comptable; c'est une dépêche par laquelle il est prévenu qu'un prévôt a pris, au nom de Thibaut IV, possession d'une maison qui vient d*ôtre réunie au domaine des comtes de Cham- pagne (2817). Jean eut le sort commun des finan- ciers du moyen-âge; Thibaut V se brouilla avec lui et s'empara de ses biens par la raison, fondée ou non^ que le doyen de Saint-Quiriace était son débi- teur, c'est-à-dire, sans doute, avait détourné les fonds dont il avait le maniement (3262). Renier Âcorre, Accorre, L'Acorre, L'Acourre ou mieux Accurri, était un Florentin (3710) attiré en Champagne par le mouvement commercial des foi- res, et qui commença par établir une banque à Pro- vins (3723, 3752). En 1259, il lui était dû 396 livres par le comte de Champagne, et cette somme lui fut payée à la foire de Bar^ entre les mains d'un tiers auquel il avait délégué cette créance (b). En 1260 il possédait une maison à Provins. La même année, Pierre des Barres, chevalier, qui lui devait 20 livres tournois de rente et à qui Thibaut V devait une rente de pareille somme, lui donna cette rente en paie- ment (3223). En 1267, Renier était créancier d'Henri, comte de Grandpré, auquel il avait avancé 1,700 livres, et comme il devait la môme somme {a) Catalogue, n°» 2655, 2659. 2663. 2664, 2679, 2687. 2696, 2891, 2894, 2936, 2979, 2990, 2993, 2996, 2997, 3055, 3189. (6) Fragments de comptes du XIII* siècle^ publiés par M. Bour* quelot, dans la Bibl. de V Ecole des chartes. 5« série, IV, 71. — 467 — au comte de Champagne, il lyi transporta par ma- nière de paiement sa créance sur le comte de Grand- pré {SUU6, 8677). L'année suivante, Henri, comte de Ramerupt, aussi débiteur de Renier, lui enga- geait pour deux ans ses revenus de Ramerupt (3678). En 1269, Renier, déjà propriétaire important, fait un échange d'immeubles avec Thibaut V, qui ac- quiert de lui la motte du donjon de Montereao (35/il). En 1270, ce prince voulant acquérir les im- meubles nécessaires pour la construction du monas- tère des frères Prêcheurs de Provins, donna ses pouvoirs à cet effet au mattre de l'Hôtei-Dieu de cette ville et à Renier Acorre (3658). Renier paraît avoir débuté dans la carrière administrative par l'exécution de ce mandat. C'est au commencement du régne d'Henri HI, c'est-à-dire en avril 1271, que nous le voyons pour la première fois en fonctions comiDe receveur de Champagne (3675). De cette date au mois d'avril 1276, nous avons relevé vingt- six chartes relatives à son administration. Ce sont pour la plupart des actes d'achats de rentes ou d'immeu- bles (a). Sous le règne d'Edmond, 1275-1286, nous n'avons aucun document qui établisse que Renier conservât son emploi ; mais les comptes de la terre de Champagne pendant les premiers mois de l'an- née 1285 (b) et pendant les derniers mois de l'année (a) Catalogue, n<» 3678, 3682, 3685, 3690, 3691, 3693, 3694, 3699, 3704, 3707, 3710. 3721, 3722, 3723, 3724. 3727, 3732, 3752. 3758, 3784, 3785. 3790, 3794, 3795, 3796, 3797. (6) De nombreux extraits de ce compte ont été publiés dans notre tome II. p. Lxm-Lxxxvi. w^ ^ 468 — 1287 (a) 9oal rendus j^ar lui. Aux fonctions de rece- veur il joignit, à partir de 1273, la charge de cham- bellan, dont il jouit sous Henri III, sou« Bhinche d'Artois et sous Edmond (6) . Thibaut IV et Henri III ^tti témoignèrent leur bienveillance par des libéra li- |és importantes, caf ils bii donnèrent : l'un 50 livres de rente perpétuelle (8666), l'autre une rente via- gère d6 300 livres, en échange de lacfuelle Renier obtint plus tard deux bois dans la fbrôt de Sour- dttn et une somme de 1,2A0 livres (3783); mais finalement il ne fut pas^ plus heureux que Jean, 4pyeQ de Saim-Quiriace. Après avoir, pendant les premières Mnées. du roi Philippe le Bel , conservé son emploi, possédé môme alors la charge de pan- petier de France (c), il tomba dans k disgrâce de ce prûxoe, et en 1293 sea btens confisqués étaient vendue au plus offrant (d). Le doyen dsr Saint-Quiriace et Renier se viretil (a) Ce compte, qui se trouve à la Bibliothèque Impériale dans b tome IX des Mélanges de Cléremhanlt, a été amplement analysé par AL AadlPé Lefévne dans son ménioire intituM : ht Finances de l(^,Clè^mpafffte ai^ xiii* ei au xiv« siôele, publié dans la Bihlio- tlfiqu^ de l'Ecole des chartes^ 4* sérioi, lonoûs IV et V. (6) Cêtalogu^. o»* 3779, 3783, 3797, 3807, 3826, 3828, 3834. 3838, 3840. (c) Il est qualifié de pannetiei du roi dans une quittance émanée de Jean de Turno, trésorier du Temple, et donnée à Paris le 21 juil- let «285. (Btbl. Imp., Ce/L de Ckompagm, 1. 136. p. 35».) {d) Voir dans £a Co/iedmi de Champagne, tome 136, p. 278, gnechaiite datée do dimanche apuès la Saint-BarDabé 1293^ et par laquelle Léobin, clerc du roi de France, vend au chapitre de Ne^ Uame d« Val-de-Provins, une partie de la dînoe de Villiers^tint- Georges, faisant partie des biens coofiaquéi sur RenifiB Aoerre. assoover succddsîvement tous deux plusieurs collè- gues. Il semble avoir été de règle, sous Thibaut IV, Tbibaot V et Henri III, qu'il se trouvât toujours au moins deux receveurs en fonctions , l'un ecclésias- tique et l'autre laïc; ainsi le doyen de Saint-Qui- riaee eal toujours un ou plusieurs collègues laïcs, et Renier Aeorre un collègue ecclésiastique. Les deux receveurs agissaient ordinairement ensemble, et par coaséquent la plupart des quittances données par eax et des actes qui constatent les acquisitions quMIs ont faites portent deux suscriptions et sont revêtus de deux sceaux. Cette formalité était sans doute une condition de validité. La suscription du receveur ec- clésiastiqtie était placée la première. Jean^ doyen de Saint-Quiriace, eut les cinq col- iègnet suivants : Etr^rd de Besançon, 1263-1266 (2655, 368â). C'est le 16 décembre 4298 que nous rencontrons Evtard pour la première fois; il faisait alors déjà psHie de l'entourage de Tbîbaut IV (1880). L'année suiTante, il était cbambellan de ce prince (1939) ; il exerçait encore cette fonction en 1266 (â6tô), et nous avcM une charte de l'anité 1266 où notre comte lui donne le litre alors inusité de chambrier (Î769). Robert d'Airfnay , chambellan de Thibaut ÏY^ comflié le précédetit. Il fît comme lui fonctions de receveur ep 1263 et en 1266 (a); il figure dans quatre actes avec le doyen de Saint-Quiriace (6), (a) Catalogue, u^* 3659. 2660, 2679, 2683, 2687. ib) Catalogue, n<>* 265», 266», 2679, 2687. — 470 — dans an autre avec Evrard de Besançon (2683). Léon deSézanne. Ce personnage, dit aussi Léonin ou Lyonnet, fut un des Champenois qui accompa- gnèrent Thibaut IV en Navarre après son avènement au trône. Le li janvier 1237, il était à Olite auprès de ce prince, et, sous le nom de syre Leones, figu- rait au nombre des témoins d'une charte émanée du roi de Navarre (a). Le 21 avril de l'année suivante, nous le retrouvons près de Thibaut à Tudéla, et il porte le titre de majordome du roi [b). De retour en France, il fut probablement, avec le doyen de Saint* Quiriace, chargé de Tadministration des finances de la Champagne sous le gouverment de Jean de Thou- rotte, pendant la croisade de Thibaut IV : un impôt établi à Troyes à cette époque, pour servir au paie- ment des dettes de la ville, fut institué de concert par Jean de Thourotte et par lui (2561). En 1262, il était bailli de Sézanne (2625); en 1266, receveur de Champagne pour la seconde fois, il achète des biens pour Thibaut (2757). L'année suivante nous le voyons de nouveau près de ce prince en Navarre (c). En 1269, il était receveur de Champagne pour la troisième fois (2891); il conserva cette fonction en 1250 (2936, 2965). Nous le rencontrons une der- nière fois dans les cartulaires de Champagne en 1251, où il reçoit, de concert avec Jean de Thou- rotte, un acte d'aveu et dénombrement (2995). 11 (a) Cette charte a été publiée dans Los Annales de Navarra, 111,1011. {b) Los Annales de Navarra, III, 25. (c) Los Annales de Navatra^lll, 55 ; Diecionnario de antigue- dades del reino de Navarra, H, 330-332. — 471 — vivait encore à la majorité de Thibaut V auquel il fit hommage, et même en 1267 (3667), bien que dés 1262 sa fille eût été mise en possession de ses fiefs (a). Simple homme libre en 1237 (6), il était devenu plus tard chevalier (2757). Girard de la Noue, d'abord marchand de bois (1717), bailli de Thibaut IV en l'année 1236, où il fut choisi pour arbitre entre ce prince et Isabelle de Braisnes (2620), eut la charge de bailli de Provins en 12&3, 1264 et 1266 (c). Il exerça les fonctions de receveur de Champagne en 1269(2896) et en 1251 (2963, 2997). Un compte des années 1258 et 1259 nous apprend qu'à cette date il était mort, et qu'il avait possédé un four à Provins (d). Pierre de la Noue, bailli de Provins en 1227, et de 1260 à 1262, peut avoir été son parent. Nicolas de Vilanteus fut le dernier collègue de Jean^ doyen de Saint-Quiriace; il fit avec lui une acquisition d'immeuble pour Thibaut V (3189). Renier Acorre n'eut que deux collègues à notre connaissance. Le clerc Jacques d'Ervy fut le premier. 11 était attaché à la personne d'Henri III antérieurement à la mort de Thibaut V, et administrait les finances do (a) Feoda Campaniœ, dans notre tome II, p. l-li, art. 596. (6) Charte du mois d'avril dans le Dtcàonario de antiguedadei del reino de Navarra, I, 16-18. (c) André Lefèvre, dans la Bibliothèque de r Ecole des chartes, 5« série, 1, 186. (d) Fragmentt de compte du XIW iiècle, publiés par Bourque- lot, dans la Bibliothèque de VEcole de» chartes, 5* série, IV, 76. ^ — 472 — comté de Rosnay avant d'administrer celles de la Champagne (3669), Nous le voyons associé aux fonc- tions de Renier Acorre du mois d'avril 1271 au mois d'octobre 1273; et pendant cette période il figure dans vingt-sept actes relatifs à l'administration finan- cière de notre comté (a). Il eut pour successeur Gui de Launois, sous-4py^n de Saint-Etienne de Troyes, qui était en fonctions dés le mois de novembre 1273 (3785)) et dont nous connaissons trois actes d'administratiqn cUtés de 1274 (3790, 3794,^3796). Le domaine des comtes de Champagne à Paxis eut, sous le règne Thibaut V, un administrateur sé- paré; ce fut le clerc Lambert de Lagny, que nous y voyons de 1263 à 1265 (330&, 3334, 3341, 3345^ 3869). Nous ferons observer que des dix personnages mentionnés dans ce paragraphe, trois seulement : Renier Acorre, Jacques d'Ervy et Gui, sousdoyen de Saint-Etienne , portèrent le titre de receveur, bien que tous en aient exercé les fonctions. Jacques d'Ervy est, dans deux actes, qualifié de trésorier du roi de Navarre (3680, 3682) ; mais nous ne pensons pas que ce fût son titre officiel, puisqu'on ne le lui donne que d'une manière si exceptionnelle. On ne doit pas davantage attacher de l'importance au titre de gouverneurs de Champagne (en latin recioribuê)^ qa'un acte du 1^' septembre 1271 accole au nom de Renier Acorre et de Jacques d'Ervy (3685). (a) Catalogue, n*» 3675, 3678, 3680, 3682. 3685. 3688, 3690-3694, 3698-3700, 3704. 3705, 3707, 3710, 3720-3724, 3727, 3752, 5758. 3784. — *73 — il- Baillis. Bailli est un dérivé du latin bajulus^ ou du fran« çais 6ai7, qui désigne une personne temporairement investie des droits du propriétaire d'une seigneurie sans en avoir cependant la propriété. Le titre de bailli se trouve déjà sous le règne d*Henri I"*; mais il n'a pas alors d'autre signification que le sens très- général d'agent administratif (a). Sous Henri II, des chartes des années 1189 et 1190 nous montrent dans le bailli un agent supérieur aux prévôts, aux gruyers et aux sergents du comte (383, 392, 610); toutefois, nous ne connaissons le nom d'aucun bailli de Champagne avant le xiii* siècle. Le premier que nous rencontrons est Morel de Vertus; le l*' avril 1210, il prend le titre de bailli du seigneur comte de Troyes dans une charte par laquelle il constate un désistement en faveur de la léproserie de cette ville (6). Morel reparaît dans plu- sieurs documents postérieurs qui continuent à nous le montrer attaché au service du comte de Champa- gne, mais il n'y porte plus le titre de bailli. Ainsi, en 1218 il toucha des deniers de la comtesse Blan- che 26 sous à titre de gages, et de plus, si nous en- tendons bien un texte mutilé, &0 livres pour l'année ■<'* j (a) Voir notre tome III, p. 153. [b) Cartulaire de la Léproierie de Troyes, conservé aux Ar- chives de TAube, fo 40 r*. Cette charte a été publiée par M. Hjf- mand dans les Mémoires de la Société d* Agriculture de rAube, 2* série, I, 549. Le nom du personnage a été écrit dans le cartulaire comme dans l'imprimé Motellus au Heu de Morellus. m^- — 474 -— courante et les arrérages d'une rente de 20 livres qu'elle lui devait et qu'il tenait d'elle en fief (a). En octobre 1222 il cautionna, en présence de Thibaut IV, Mauger^ prévôt d'Ervy, depuis bailli et chambellan (1649); en 1223 il fut un des experts envoyés par Thibaut pour délimiter la portion de la forêt d'Othe, où les habitants de Maraye avaient droit d'usage (1557). Âpres Morel de Vertus nous rangerons, en sui- vant l'ordre chronologique, Raoul des Ponts, bailli de la comtesse de Champagne en juin 1220 (6) et en octobre 1223 (1563). C'est en avril 1213 que nous rencontrons ce personnage pour la première fois; il venait de donner à l'abbaye du Paraclet un étal dans la petite ville de Nogent-sur-Seine (858). En 1215 il est du nombre des conseillers sur l'avis desquels Blanche de Navarre et deux autres arbitres rendent une sentence (956). En 1219 il tient au nom de Blanche, avec d'autres conseillers de cette princesse, des assises à Provins (c). En 1230, Raoul des Ponts n'était plus bailli; il est simplement qualifié de ser- (a) Fragments de comptes du XIII* siècle, publiés par Bour- quelot, dans la Bibliothèque de r Ecole des chartes, 5* série, IV, 58. 59. (b) Archives de l'Empire, Cartulaire des Templiers de Provins, p. 16, col. 1, n® 2; cité par Bourquelot. Bibliothèque de lEcole des chartes, 4* série, IV, 183. (c) Fragments de comptes du XIII* siècle, publiés par Bour- quelot, Bibliothèque de V Ecole des chartes, 5* série, IV, 66-67. Barthéiemi et Jehan, qui tinrent ces assises avec loi, sont proba- blement Barthélemi de Troyes, dont les services furent récompen- sés par Thibaut en 1225 (1672), et Jean de Bernay, mari d'une des demoiselles de Blanche (1493). — 476 — genl dans une charte qui nous apprend que Thi- baut IV lui avait fait donner^ par l'hôpital deNogent- sor-Seine, l'usufruit d*une maison à Auve (2088). En 1236 il était mort (2385). Nous connaissons encore deux autres baillis de Blanche de Navarre : l'un est Simon de Courpalay, qui paraît avoir eu sous ses ordres le prévôt de Mon- tereau; nous ne trouvons son nom qu'une fois, et cela dans une charte sans date, mais cette charte est antérieure à la majorité de Thibaut IV et à la fin de la régence de Blanche (1618) (a). Le dernier bailli de cette princesse que nous ayons rencontré est Payen Oger, en latin Paganus Ogerij dont nous avons une charte datée d'octobre 1228 (b). On remarquera que les quatre baillis dont nous venons de parler n'ajoutent à leurs titres aucun nom de lieu dans les chartes que nous connaissons ; il peut sembler logique d'en conclure qu'ils n'avaient pas de ressort, et que leur autorité s'étendait à tous les Etats de Blanche, c'est-à-dire au comté de Cham- pagne tout entier jusqu'à la majorité de Thibaut IV, et depuis aux sept prévôtés qui constituaient le douaire de sa mère (c). Après l'avènement de Thibaut IV, les baillis ont la plupart du temps un ressort déterminé, et si (a) Ed effet, Montereau, dont le prévdt était subordonné à Si- mon de Courpalay, bailli de Blanche de Navarre, cessa d'être sou- mis à Tautorité de Blanche quand Thibaut IV devint majeur. (6) Archives de l'Âube : Inventaire de Montier- la - Celle ^ ^ 58 \^; cf. Grosley, Mémoires historiquet et critiques pour rhis- toirê de Troyes, I, 460. (e) Voir plus haut, pages 89-90. « — 4T« — quelquefois certains d'entre eux prennent le thre de bsûlli absolument, c'est pac exception, et d'autres actes nous font connaître quelle ville était le chef- lieu du territoire placé sou^ leur juridiction. Deux personnages seulement restent en dehors de cette règle, ce sont Lambert Boucha et Jean de Thourotte. Lambert Bouchu de Barsur-Aube, dit aussi Lam- bert de Bar, fut chambrier de Champagne de 1300 à 1225 au moins (a). C'est en &105 que nous le voyons pour la première fois à la cour de Champagne; il est cette année témoin de deux actes de la com- tesse Marie (^53, 635). On le retrouve comme témoin dans une charte de la même comtesse en 1 197 {bUà). Depuis il semble avoir été un des membres les plus actifs du conseil de Blanche de Navarre et de Thi- baut IV. Le nombre des actes où il figure comme rapporteur, expert ou arbitre de 121S à 1231, dans notre Catalogué deê «des de$ comité de Champagne^ est de dix-sept (6). H cautionne une ibis un débiteur de la comtesse (I2&8), deux fois le comte luKméoie — — i »» ■ ■«»■■■»■■■ !■■ ■ i ■ (a) Lambert Bouchu porto le titre de chambrier dans des actes ((■i ont les dates suivantes : avril 1200(510), août 1205(628). noi 1210(Carli*< Vi)iv plus baot, page 961 . ^ Bwrquelst, Prugmenit êe comptée iu XtlP rièck, dans b BibliMèque de (Ecole des chartee; 5* série, IV, 58. ((0/U^..p. 62,67. (e) au., p. 61 . {/) /Wd., p. 67. {§) Gbarle de l^amiée 122S, Arcb. dé rÀube, fonds de Saint- — 478 — let 1224 nous le voyons se qualifier de « bailli x> d'homme illustre le comte de Champagne (a), » nous ne croyons pas qu'on doive entendre par là qu'il fût momentanément devenu, comme les baillis dont nous allons parler, un vulgaire officier d'admi- nistration et de justice, supérieur seulement aux pré- vôts et subordonné au conseil du comte. Nous pen- sons qu'en juillet 122/i Lambert Bouchu était le chef de l'administration de la Champagne en l'absence de Thibaut IV, qui alors faisait partie de l'expédition de Louis VIII contre les Anglais (6). C'est dans le même sens qu'en i 249, Jean de Thourotte, gouverneur de Champagne, reçoit acci- dentellement dans une bulle le titre de bailli (2887). Sous le régne de Thibaut IV, les bailliages furent au nombre de dix au moins, savoir : Bar-sur-Aube, Château-Thierry, Chaumont-en-Bassigny, Epernay, Ervy, Montereau, Provins, Sézanne, Troyes et Vitry. Nous connaissons deux baillis de Bar-sur-Aube : Humbert, qui était en fonctions en décembre i222, qui n'avait plus d'emploi en 1226 et qui était mort en 1239 (c), et Etienne de La Malmaison, qui prend le titre de bailli de Bar-sur-Aube en mai 1241 (d). (a) Archives de l*Âube, Inventaire de Montier-la-Celle, f" 57 \^\ Grosley, Mém. ki»t,, 1, 459; Leièvre, dans la Bibl. de V Ecole des chartes, 5* série, 1. 1, p. 185. {h) Voir plus haut, p. 199. (c) Cartulaire de Saint-Maclou , cité dans notre Histoire de Bar-sur-Aube sous les comtes de Champagne^ page 9. (d) Ms. de la Bibl. Imp. 500de Colbert, 58» f^ 236v^-240 r% cité dans notre Histoire de Bar-sur^Aubet p. 10. Etienne prend — 479 — Etienne était encore bailli en 1351, mais sans que nous sachions quel était alors son ressort (a) . On le trouve aussi, à la date de 1249, dans la liste des baillis deChaumont, dressée par M. Jolibois (b). Nous avons une lettre du 8 décembre 1232, adressée par Thibaut IV à trois fonctionnaires de Château- Thierry, en tête desquels ce prince met le bailli (1657). En 1235, Jacques d'AuInay réunissait les fonctions de bailli de Château-Thierry à celles de bailli de Provins (c). Le premier bailli de Chaumont que nous connais- sions est Etienne de Chaumont, 1227 (d). Viennent ensuite Guillaume de Hausay, 1235 (e), et Pierre de Courpalay^ 1248 (f). Ce dernier, châtelain de Sainte- Menehould dés le mois de décembre 1243 (2661), porte le titre de bailli sans indication de ressort dans une charte de l'année 1250 (29&3); il était bailli de Vitry en novembre 1252 (jjf), et il faisait encore par* lie du conseil de Thibaut V en 1259 (3167). En 1268 il n'est pas le seul bailli de Chaumont que nous ren- contrions, nous voyons aussi en mai et juin Etienne aussi la qualité de bailli de Bar-sur-Aube dans une charte nos date, cataloguée sous le d« 2600. (a) Archives de l'Empire. J 201 , n<» 31 . {b) Histoire de la ville de Chaumont ^ p. 447. (c) Archives de l'Empire, K 192, liasse 10, citée par Lefèvre, Bibliothèque de l'Ecole des chartes, 5* série, I, 186. (d) Jolit>ois, Histoire de la ville de Chaumont j p. 41, 447. (e) Jolibois, ibid., et Catalogue, n®2402. if) Jolibois. ibid., p. 447. {g) Archives de l'Empire, J 197, n» 77. — 4«0 — de L* Ferté-sur-Aobe (a). La liste des baillis de Chaûtnotlt sous Thibaut IV se clôt paf Etietine de La Malmaison, prëeédemment bailli de Bar-sui'- Aube, iiU9 (6). Spernay avait uii \^\\i en mars 1236 (2390). Le baflfrage d'Ervy étah, en 1230, confié au même rtlulaîte que fe bsrtlliage de Troyes. Ce titu- fàire éféil Mauger (2086, 2086f), précédera rtiént pré- vôt d'ËrVy ef assez riche pour avoir prêté 400 livres à Guillaume, chancelier de ChaMpagné (lââ9) ; il avait cependant époi!i!Sé une serve mfalnriio^table (2066). Il dévmt plM fard chamrbenàn de Thi- baut JV (2657, 2&7%). Il eài questionf du bailli dé Thibaut IV à Monte- peatr dâti^ mie charte de Tannée 1231 (216&); itiais ffousr ne âfavons pas le nom de ce bailli. CoimmeàChaumôUrf, c^esf eri 1227 qu'^ Provins les doenrtienis connus jilklsqfu'à ce jbUi* liouà mon- fteht potir 1^ prewrèiie fois^ un bailli. Noos trouvons même cette année fh>is baillis dafns celle ville : Kerre de La Notie, Pierï^ Le Getïdre et Pierre dé Gace, à moins que ces trois Pierre ne soient la même personne c). Nous rencontrons ensuite Jacques d'^Inay en même temps bailli de Château-Thierry, et dont nous avons déjà parte ; Pierre de La Noue (a) Nous connaissoBS trois doovments où il figure en 1248 : ils sont datés de mai (2832), du S^juin (2836),et du 9 juin (Archives de Y Aubt^ premier Cartulaire de l' Hôtel-Dieu de Troyes, f» 64 1*). (b) Jolibois, Histoire de Chaumont, p. 447. (c) Lefèvre, dans la Bibliothèque de^VEcole des chartes^ 5* sé- rie, 1, 185. Voir aussi sur Pierre Legendre la charte que nous avons cataloguée sous le ù^ 1902. ♦ — 481 — pour la seconde fois, i2â0-12/i2 (a) ; Girard de La Noue, 1263, 126/i, i2/i6, depuis receveur de Cham- pagne (6); Gilles de Villenauxe, 1252; ce dernier, que nous trouvons d'abord près de Thibaut IV en Navarre, le 22 novembre 1247 (c) fut, trois ans après, chargé par ce prinM de dresser, avec le clerc Jacques de Bebais, un état général des fiefs du comté de Champagne (2978), et s'occupa de ce travail pendant l'année 1251 (2985, 2987); il était bailli de Provins dès le mois de mars 1252 (2994); il parait avoir conservé celte fonction jus- qu'en 1257 et l'avoir recouvrée au mois de juillet 1268 (d). Sézanne faisait partie du douaire de Blanche de Navarre et ne fut, par conséquent, réuni aux Etats de Thibaut qu'en 1229; en 4230 Jean d'Epernay était bailli de cette ville (2069). Des chartes des années 1231 (2114), 1235 (2321) et 1238 (2456), mentionnent ce personnage en lui donnant encore le titre de bailli, mais sans nous dire quel était son ressort à ces dates. En 1242 son successeur était Léon de Sézanne, dont nous avons parlé (a) Lefèvre, ibid., p. 186. {b) Voir plus haut, p. 471. (c) Charte de cette date dans Los annales deNavarra, 111, 55; et Dicdonario de antiguedades del reino de Navarra, II, 330- 352. {d) Lefèvre, dans la Bibliothèque de t Ecole des chartes, 5* se. rie, I, 186. — *82 — d&ns le paragraphe relatif aux recëVeors {u). Nous ne connaissons pas de bailli de Troyes an- léfieur à Guiflaume de Putemônoie qui, dans un acte du niiois d'août 1229, prend le titre de « bailli a de Trôyes pour bomme illustre Thibaut , comte « de Champagne (6). iD'^Guiliaume nous semble avoir été un homme de quelque importance. Il avait des procès en 1219 (1196) et en 1222 (l/i58), et les 'transactions qui les terminèrent furent constatées "p^T Blanche de Navarre et par Thibaut IV ; il fit au prieuré d'Isle-Aumont une donation de bO arpents de bois (1515). En 1222 nous le trouvons dans l'entourage du comte de Champagne (l/i&d). 11 paraît avoir fait partie du conseil de Thibaut dès l'année 1225, où oe prince achetant une partie du comté de Bar-sur-Seine le désigne comme arbitre d'une des contestations qui devaient résulter de cette acquisition (1677); en février 1226, il toucha pour Thibaut une somme d'argent (1693). Il porta le titre de bailli du mois de novembre 1228 (c) au mois de mars 1230 (d). A cette dernière date, il fut désigné comme expert, par le comte et par le chapi- (a) Voir plus haut, page 470. {h) Archives de l'Aube, Cartulaire du Temple, f* 86 v<». (c) Voir aux Archives de TAube, Cartulaire de Larrivour, f* 19 V®, deux chartes de cette date, l'une émanée de Guillaume Putemônoie, < chevalier et bailli de Tillustre comte de Cham- < pagne •, l'autre où il est dit bailli de Troyes. (d) Voir aux Archives de l'Aube, Cartulaire de la Léproserie de Troyes, f» 36 r® v®, une charte de lui datée de mars 1229 (vieux style). % — 483 — tre de Saint-Etienue de Troyes 5 pour re&timation d'ane femme de corps (1996). Depuis il n*est plus question de lui. Pierre Putemonoie, chevalier, qui fît partie de la croisade de i239 (a) et qui était mort en 1255 (3089), Hugues Putemonoie, chevalier, et Guillaume Putemonoie, écuyer, qui vivaient en 1256 (6), étaient sans doute ses parents. Après lui la liste des baillis de Troyes se continue, en 1230, par Mauger, dont nous avon3 déjà parlé à propos du bailliage d'Ervy (c); en 12/iOy par Guillaume Alexan- dre (d) qui après une interruption reprit ses fonc- tions en 1266, qui fut en 126^ bailli de Provins (e), redevint bailli de Troyes en 1269 et alors conserva cette charge pendant sept années, durant une partie desquelles il y réunit les fonctions de bailli de Pro- vins (/*). En décembre 12^0, le bailli de Troyes était Lambert de Tiercelieue (g). Ses successeurs furent jQibert Haquetin, mai 1262 (h); Joibert de Bar-sur- (a) Voir plus haut la note b de la page 315. (6) Cariulaire de la Léproserie de Troyes, publié par M. Har- mand, dans les Mémoires de la Sodélé d'Agriculture de VAube, 2-8érie, 1.577. (c) Voir plus haut, page 480. (d) Grosley» MéiMires historiques, I, 460. (e) Cariulaire de Gouvois, cité par Lefèvre, Bibliothèque de r Ecole des Cliartes, 5* série, 1, 186. (/) Lefèvre, dans la Bibliothèque de V Ecole des Chartes, S* série, I, 187. {g) Voir aux Archives de l'Aube, fonds de Notre-Dame-anx- Nonnains, une charte de lui qui porte cette date. {h) Archives de l'Aube, Inventaire de Montier-la'^eUe, f* 58 v*. — 484 — Seine, janvier l2/i/i (2666); Guillaume Alexandre pour la seconde fois, i2/i6; Oger Du Val, de juillet 12Û6 au mois d'août «252 (a). Nous n'avons pas trouvé de bailli de Vitry avant Pierre, qui exerça cette fonction en 1228 (1870) et en 1229 (1939), et en qui nous devons peut-étro reconnaître Pierre de Vitry, chambrier de Thibaut IV en 1235(2321). Nous rencontrons ensuite Nicolas, 1231 (2153), et en 4252 Pierre de Courpalay (6), précédemment bailli de Chaumont. Après la mort de Thibaut IV on ne voit plus de baillis à Bar-sur-Aube, à Château-Thierry, à Eper- nay, à Ervy ni à Montereau ; ainsi, sur dix bailliages cinq disparaissent. Deux nouveaux bailliages surgis- sent : celui de Nogent-le-Roi, qui n'eut qu'une existence éphémère et dont nous n'avons trouvé la mention qu'en octobre 1266 (3392), et celui de Meaux, qui ne parait pas antérieur à Tannée 127/i, mais qui avait un long avenir devant lui (c). Par conséquent, vers cette époque le nombre des bail- liages de Champagne était de six : Chaumont, Meaux, (a) Nous connaissons trois chartes de lui; elles portent les dates suivantes : !<> juillet 1246 (2755), 2» 5 février 1251 (Arcliives de l'Aube, Cartuhire du Temple, f> 1 vo), 3» août 1252 (ibid., f» 2 r«). (b) Archives de rEmpire, J 197, n^ 77, novembre 1252. (c) Lefèvre, dans la Bibliothèque de l Ecole des Charles, 5« série, 1, 187, déclare n'avoir pas rencontré de bailli de Meaux avant 1276; mais il est question du bailli de celte ville dans la charte du 9 juin 1274, que nous avons cataloguée sous !e »• 3798. — 486 — Provins, Sézanae, Troyes el Vîtry. Mais tandis que Cbaumont (a), Sézanne (6) el Vitry (c) avaient cha- cun leur bailli, les bailliages de Meaux, Provins et Troyes furent, dans les derniers temps de l'autono- mie champenoise , réunis habituellement sur la même télé (d), en sorte que le nombre des baillis était réduit à quatre. En effet, une sentence du* 1^ février 1276 énumérant les juges dont était com- {a) Pour la suite des baillis de Cbaumont, voir Jolibois, Hiêtoire de ChaumonU p- 447. Nous ajouterons que Viennet de Nogent, lin des baillis mentionnés par M. Jolibois, figure dans notre Cala' logue en mars 1263 (3298), et en mai 1265 (3360). Son sceau et celui d'un de ses successeurs sont décrits par M. Jolibois, Hist. deChaumont, p. 41-42. (6) En mars 1278, Guillaume du Châtelet était bailli de Sézanoe (Archives de TAube, fonds du Paraclet); il avait été bailli de Meaux en 1276, comme nous Tapprend M. Lefèvre, loco citaio, et il devint bailli de Cbaumont en 1282. Le nom de Guillaume du Châ- telet se trouve quatre fois cité dans Li drois et H coustumes de Champaingne et de Brie; voir les listes de juges des grands jours contenues dans les § V, Vil , XX et XXXVI. — Sur le bailliage de Sézanne à la fin du xiii* siècle, voir notre tome II, p. lxi-lxii, art. 41-47. (c) En 1273, Pierre de la Malmaison, bailli de Vitry, constate une donation à Tabbaye de la Charmoye (Archives de la Marne, fonds de la Charmoye). Pierre de la Malmaison est mentionné trois fois dans les listes de jugns des grands jours, données par Li drois et coustumes de Champaingne et de Brie, voir § XIX, XXII, XXIII. Ses successeurs à Vitry furent, en 1283 Hugues de Chaumont, en 1284 Jean de Villeblovain, en 1285 Hugues de Chaumont pour la seconde fois : D. Bouquet, XXll, 768. (d) Lefèvre, dans la Bibliothèque de l Ecole des Cliartes , 5* série, I, 186-188, donne la liste des baillis de Meaux. Provins et Troyes, pendant les dernières années du xm* siècle. — 4«6 — posé à cette époque le tribunal suprême do comté, ne mentionne que quatre baillis (3830) (a). Le nom- bre des baillis de Champagne fut le même sous le gouvernement des rois de France pendant une lon- gue période, et alors la jurisprudence des bailliages royaux donna naissance à quatre coutumes qui se substituèrent à la coutume unique du temps des comtes, et qui, fixées par une rédaction officielle, furent du xvi* siècle au code Napoléon la base de notre législation provinciale. Mais les quatre bail- liages dont le territoire forma la circonscription géographique de chacune de ces coutumes n'avaient pas le même ressort que les quatre baillis de la fin du xin* siècle. Ces bailliages étaient ceux de Chau- mont, de Meaux, de Troyes et de Vitry (6), Ainsi le bailliage de Troyes reprit sous l'administration royale une existence séparée, et le bailliage de Sézanne fut, ainsi que celui de Provins, englobé dans celui de Mleaux, tandis que, sauf quelques changements de circonscription (c), ceux de Chaumont et de Vitry subsistaient comme par le passé. (a) Ces quatre baillis étaient : Pierre de la Matmaison, bailli de Vitry en 1275; Guillaume Alexandre, alors bailli de Troyes et de Provins; Guillaume d^ Loia et Guillaume Rémond. (h) Cette division se trouve déjà indiquée dans un mandement adressé par Louis X, roi de France, aux quatre baillis de Cham* pagne, le 5 mai 1315, et qui se trouve imprimé à la suite de la Coutume de Troyes dans la plupart des éditions. (c) Voir à ce sujet Lefèvre, Les Finances de la Champagne, p. 11-18 du tirage à part. — 4g7 — Section 2e. — Grards-Officiebs. f !•'. — Sénéchaux. La charge de sénéchal donnée par Henri I* à Geofiroi III de JoinYÎlle (a) devint dès lors hé- réditaire : les autres grands officiers des comtes ne possédaient leurs charges qu'à titre viager. Geo- froi III survécut à Henri I*' et ne mourut que vers HSà(b). Geofroi IV dit Vallet, son fils et son successeur, un des croisés qui en 1190 précédèrent Henri II sous les murs d*Acre, ne parait dans aucun des actes que nous avons relevés (c). Geofroi V dit Troullard, fils atné et successeur de Geofroi IV, élait présent quand, en juillet li99, Thibaut 111 constitua le douaire de Blanche de Na- varre (/i85). Nous avons une charte de la même date où il prend le titre de sénéchal de Champagne (686). Lors de la quatrième croisade, il fut du nombre des guerriers qui, laissant le gros de Tarmée gagner (a) Voir notre tome III. page 123. {b) Art de vérifier les d. 458. [d) Voir plus haut, p. 461-462. ie) Art de vérifier les dates, II, 413. — 493 — vrier 4221, jour où, comme son frère, il reconnut n'avoir qu'un droit viager sur cette charge (1315). Dès Tannée 1219 on le voit paraître dans les comptes de Blanche de Navarre (a). En février 1222 il cau- tionna la fidélité de Thibaut IV à Philippe-Auguste (1373). Après avoir, en 1223, voulu épouser Alix, reine de Chypre, qui prétendait au comté de Cham- pagne (1555), il prit pour femme, la même année, Marguerite, héritière présomptive de Jeanne, com- tesse de Flandre (1576, 1577) (6). 11 compta parmi les vassaux fidèles à Thibaut IV pendant les guerres des années 1229 et 1230 (1850, 2023, 2026). Il mourut en 12/il (c). Jean I*', seigneur de Dampierre, son troisième fils, eut après lui la charge de connétable de Champa- gne; mais il dut comme lui reconnaître qu'il n'avait sur elle aucun droit héréditaire (2928). Il fut caution de Thibaut IV lors des conventions relatives au ma- riage projeté entre Marguerite, fille de ce dernier, et Ferri, depuis duc de Lorraine (2888). Un an et demi après il épousa LOre, sœur de Ferri (2967-2970), laquelle eut en dot la seigneurie de Saint-Dizier (d). Combattant dans l'intérêt de sa mère à la bataille de Walcheren, il partagea le sort d'un grand nombre de barons qui restèrent prisonniers, 1253 (e). La der- (a) Fragments de comptes du XI JP siècle, publiés par M. Bour- quelot, Bibliothèque de l'Emle des Chartes, 5* série, IV, 65. {b) Voir plus haut, pages 223-224. (c) Art de vérifier les dates, III, 16. (d) D. Calmet, Histoire de Lorraine, 1" édit., T. II, col. 242. {e) Chronique de Baudoin d*Avesnes, ap. D. Bouquet, XXI, 174 D H; Gesta S. Ludovid, ap. D. Bouquet, XX, 390 B. — 494 — nière charte que aous ayons de lui est du mois d'à- YTÎl 1257 (3108). U laissa deux fils : fut le célèbre flrard de Vallery. Les débuts d'£rard dans la carrière des armes ne furent pas heureux. Il fit partie, comme son père, de la désastreuse croisade de 42/i9, où, quelques instants avant de rester comme toute l'armée prisonnier des Sarrasins, il se distingua en arrachant son frère à un parti ennemi qui remmenait captif (e). A la bataille de Walche- ren, où il avait accompagné Jean de Dampierre, il (a) Joinville, ap. D. Bouquet, XX. 216 G, 226 C-227 A, 228 D. TillemoDt, III, 2S5. (b) Tillemont, III. 331. (c) Joinville, ap. D. Bouquet, XX, 242 E. (d) Voir notre tome^II, p. xxxvni, •art.^iS. (e) Joinville, ap. D. Bouqttet, XX, 2S6 C. — 496 — tomba comme lui entre les mains de l'ennemi (a), dont il ne sortit que moyennant rançon (6). Quel- ques années après il se croisa, et ayant reçu de saint Louis la promesse d'une somme de 1,000 livres s'il allait en Palestine (c), il fit partie d'un corps d'en- viron cinquante chevaliers qui avaient à leur tête Eudes de Bourgogne, comte de Nevers, et qui arriva en Terre-Sainle en 1265 (d). Ce corps de troupes sé- journa quelque temps dans la ville d'Acre, et nous avons encore un mémoire par lequel Âmauri de La Roche, commandeur du Temple, exposant la né- cessité de le conserver le plus longtemps possible, demande 60 livres de gages pour chaque chevalier; Erard de Vallery est nominativement désigné dans cette pièce (f), qui paraît avoir été présentée à saint Louis : en conséquence, ce dernier autorisa trois mandataires à contracter en son nom un emprunt en Orient, et cet emprunt fut réalisé au mois de juillet 1267 par ces mandataires, au nombre desquels Erard se trouvait (f). L'année suivante, revenant de Palestine, Erard traversait l'Italie méridionale au moment où Charles d'Anjou, élevé par le pape Ur- (a) Gesla S. Ludovici, ap. D. Bouquet, XX, 390 B; Chronique de Baudoin d^Avesnes, ap. D. Bouquet, XXI, 174 EH. (h) Chronicon Guillelmi de Nangiaco, ap. D. Bouquet, XX, 586 E. (c) Trésor des chartes, cité par Tillemont, V, 6. [d) L'Estoire de Brades, empereur, livre xxxiv, chap. 9, ap. Historiens occidentaux des Croisades, 11, 454. {e) Masiatrie, Histoire de Cliypre, II, 71. (/) Trésor des chartes, cité par Tillemont, V, 18. — 497 — bain IV au trône de Sicile, allait en venir aux mains avec Conradin, son rival; il se réunit h Tarméc de Charles, et le 23 aoùl, à la balaille de Tagliacozzo, ce fut une habile manœuvre conseillée et dirigée par lui qui assura le triomphe du prince français. Un autre champenois, Guillaume de Villehardouin, prince d'Achaïe, qui accom[)agnail Erard, paraît avoir prétendu s'attribuer une partie de l'hoimeur de cette journée; mais il a contre lui la presque una- nimité des contemporains, et e*esl Erard que ia haine du Dante a placé en enfer pour venger les vaincus (a). A son retour en France au mois de no- vembre I2C8, Erard fut désigné par saint Louis comme tiers arbitre entre le confie de Cham- pagne et le comte de Bar (351 G), et entre ce der- nier et Kegnaiild de Bar (351^). Au mois de sep* tenibre de rannée suivante, il fut un des deux am- bassadeurs qui allèrent au nom de saint Louis porter à Thibaut V, en Navarre, le texte du traité conclu par le pieux roi de France entre Thibaut et Henri III, roi d'Angleterre (3558). Saint Louis, qui allait par- tir pour sa seconde croisade, le prit à son service pour la durée de eelte expédition (/>). Erard était alors connétable de Champagne (3053) (c). Peu V T" (a) Gesta Pliilippi ///, ap D. I^oiiquet. XX. 4r,0 D, 451 C D, 450 A: Vi.iani, oilé |»;ir iiiulion, Jlrhenlus liisloiifiiws sur la prinvipaiilé fiaiiçuise de àlorci', p. "li[) ; Le Livre de la conijuêie, ibd., p. :2"28 251; D.iiîle, Inferno, XVllI, 0, Cliron que de Uau- doui d'Avesnfs, ap. D. Uoiujucl, XXI, 115 0; Chronique ano^ vyme, ibU., 00 A. (6) D. liouijuet, XX, 505, 507. (c) Celle charte est du mois d'avril 1270, mais postéiieure au 13 — 498 — après, parlant pour l'Afrique, il fit son testament qui fut scellé du sceau de Thibaut V (3663). Mais plus heureux qu'un grand nombre de ses compa- gnons dans celte croisade, il en revint. Il esl compté parmi les déposilaires de l'argent payé par le roi de Tunis pour obtenir la paix (a). Non conlenl d'avoir échappé à tant de dangers, il retourna encore en Pa- lestine et fit partie de l'expédition conduite en ce pays par Edouard , fils du roi d'Angleterre (6); mais il n'y resta pas longtemps, car en juin 1271 il assista à la cérémonie de l'hommage que fit au roi Pbili|)pe le Hardi notre comte Henri III (3677), et il était encore présent la même année quand Henri fit hom- mage à l'évêque de Langres (3689). Il conserva la charge de connétable sous le règne d'Edmond, et il la possédait encore au mois de mars 1276 (3835) (c). Son successeur fut Gaucher JV de Châtillon, sei- gneur de Crécy, connétable de Champagne en mars 1285 (d), qui conserva cette charge après l'avène- ment de Philippe le Bel au trône de France (e). Il y 13; nous avons d'Erard une charte du 10 de ce mois de la n.ème année (1269, vieux style), où il prend déjà le titre de connél.ible de Chanrïpagne (original, Archives de l'Aube, fonds de Lainvom). (a) Tillemont, V, 192. (b) Baudoin d'Avesncs, ap. D. Bouquet, XXI, 178 B. (c) Nous ne faisons qu'esquisser la vie de cet homme célèbre. — Voir aussi sur lui une curieuse légende italienne traduite par M. PauHn Paris, Romancero français, p. 121-122. (rf). Charte de celte date dans Uu Plessis, Histoire de l'Eglise de Meaux, Il 181. (e) Voir une charte de lui datée de mars 1286 (vieux style), ifrid.. 182. — 499 — joignit la charge de connélable de France; il érait par Hugues, son père, petil-fiis de Hugues de Chà- lillon, comte de Sainl-Pol, bouteiller de Champagne, el par Isabelle, sa mère, petit-fils de Guillaume de Viilehardouin ou de Villy, seigneur de Lézinnes, maréchal de Champagne. ê 3. — Bouteillers. Anseau de Traînel, qui avait exercé les fonctions de bouteiller sous le règne d'Henri le Libéral (o), survécut à ce prince, et il est, en 1181, témoin d'une charte de la comtesse Marie (236). Nous trouvons après lui Gaucher IH de Chùtillon, vassal de Champagne pour la chùlcllenie de Crécy- en-Briu (6), qui ayant en 1196 épousé Elisabeth, fille d'Hugues IV, comte de Saint Pol, succéda à son beau père en 1205 (c). Lors de l'hommage fait par Thibaut 111 à Philippe Auguste en 1198, il figura le second dans la liste des Champenois qui garantirent par leur serment la fidélité à venir de leur comte (654). Il fut un des témoins de Pacte par lequel Thibaut, Pannée suivante, constitua le douaire de Blanche de Navarre (685). Blanche lui donna en jan- vier 1216 un droit d'usagedans la forêt de Manl (937). Peu de jours après il promit à celle princesse son aide contre Erard de Brienne (966), et quelques mois plus lard il prenait part comme juge à Parrêt (a) Voir notre tome III, p. 123. (h) Voir notre tome II, p. xxn, art. 283. (c) Art de vérifier les dates. 11, 773. — 500 — de la courdePhilippe-AugusIe, qui repoussa les pré- lenlions de Tadversaire de IJlanche (989). L'année suivante il fil partie du tiihunal arbitral qui donna raison à Blanche contre Hervé, comte de Ncvers (1059, 1079, ll/i5). Le 26 septembre 1219 il clait mort (1223;. La comtesse de Champagne, recon- naissante, fonda une chapellenie pour le re[)os de son àme (1227), et Thibaut IV partageant les senti- ments de sa mère approuva celle fondation après sa majorité (1753). Gaucher eut pour successeur, dans la charge de bouleiller, lingues de Chàlillon, son second fils, qui, en recevant l'investilure de celle charge, déclara n'v avoirqu'un droit viager (1223). Il y joignit immédia- tement Crécy el les dépendances dont il fit hommage à Blanche (1224), et bientôt la mort de (iui, son frère aîné, devait lui permettre d\ joindre le comté de Sainl-Pol. Il fut d'abord en bons termes avec Blanche, qui lui donna, comme à son père, droit d'usage dans la foret de Manl (1323). En mars 1222 il cautionna la fidélité de Thibaut IV à Phih[)pe-Au- gusle(l 379;; mais presque immédiatement son frèieel lui se brouillèrent avec Thib:iut. Ils se réconeilitixînt une première fois en mai i22'i (a); qiielcjues mois après il fut du nombre des barons de Champagne qui, réunis à Sézanne, donnèrent leur consentement au règlement de Thibaut IV sur le droit d'aînesse (1652), el l'année suivante il était présenl quand (fl) Catalogue, n°* 1621-1025, voir aussi la cliarlo numrroice 1555, qui est aussi de l'année 1224, bien qu'elle ail été par erreur . datée de 1223. — BOl — Robert III, comte de Dreui, fit hommage à Thibaut (1G79); mais, dès l'année 1227, il y avait refroidis- sement entre lui et le comte de Champagne, qui de nouveau le considérait comme un ennemi (a). Ce- pendant il ne parait pas qu'il y eût rupture formelle entre eux en 122S, où ils s'occupèrent tous deux du mariage d'Yolande, nièce de Hugues, avec Archam- baud X de Bourbon (1831, 1832); mais leur haine éclala pendant la coal.tion des barons contre le prince champenois. Hugues, bien que vassal de Thi- baut et l'un des grands oHficiers de sa maison , fit partie de cette coalition, qiii mit le comte de Cham- pagne à deux doigts de sa perle (6). 11 était ré- concilié avec lui en décembre 1230 (c), et de- * puis cette époque l'harmonie ne paraît pas avoir été troublée entre eux. Thibaut, en 1231, confirma une fondation d'abbaye faite par Hugues (2117), et plus tard fut deux fois sa caution : en 1241 pour 500 livres (2381), et en 12/i2 pour 2,000 (2587). Hugues mourut en 12'j8 (J). Après lui la bouteillerie de Champagne ne resta pas dans la maison de Chàtillon; Thibaut IV la donna à JeandeThourolle,son parent, gouverneur de Cham- pagne (2927) (e), que Thibaut V plaça au nombre de ses exécuteurs testamenliiires en 1258 (3125), qui vivait encore en 1259 (3107) et dont nous ne (a) Voir plus haut, p. 219. (b) Voir plus haut. p. 234-235, 240. (c) Voir plus haut. p. 253. (d) Art de vérifier les dates, II. 776. (e) Voir pli» haut, p. 458. — 502 — connaissons pas le successeur dans la charge de bouteiller. î 4. — Chambriers. Artaud de Nogent, chambrier d'IIenri I", con- serva celle fonclion sous Henri II (a). Il accompa- gna la comlesse Marie à Gisors en i 185 (6). Il vivait encore en 1188. Ses collègues furent : Josbert, déjà en fondions sous Henri ]" (c), que nous retrouvons en 1183 (329), et Milon II de Provins, qui |)arcnl avoir suc- cédé à Josberl et que nous rencontrons pour la pre- mière fois en 11 8G (3/j8). Milon II de Provins, cham- brier, élail sans doute le fils de Milon I" de Provins qui, après avoir rempli les fonctions de maréchal sous Henri 1" (rf), mourut au plus tard en 1197 (àliU)^ et même probablement dès 1186 (S'jS). C'est Milon II de Provins que nous voyons en 1198 parmi les Champenois présents lors de l'hommage de Thi- baut 111 àPhilippe-Auguste, et dont leserment garantit la fidélité de leur comte (45/i). Il fut un des chefs de la quatrième croisade (f), un des fondateurs et des premiers défenseurs de l'empire latin de Cons- (a) Voir tome m. p. 127-128. (b) Dolis'e, Cntal. des actes de Philippe- Atigusie, p. 497. (c) Voir tome III, p. 128. (d) Voir tome III, p. 131. (e) Radulphns CogLcc^shalae , diins D. Bouquet, XVIII, 97 E; Villehardouin, ibid., 453 B, 434 C. 450 A. 457 B. - S03 - tantinople (a). Il devint bouteillcr de Uomanie (7.*i2 615)5 c'est-à-dire un des grands officiers du nou- vel empereur. On l'appelait indifferamment Milon de Provins ou Milon le Rreban (6). Nous trouvons ensuite Lambert Bouchu de Bar- sur-Aube, dont nousavons déjà parlé amplement (c), et qui eut plusieurs collègues dont nous allons dire quelques mots : * Garnier de Lagny, qualifié de sergent par Thi- baut III en H98 (^466), était chambrier de Cham- pagne en 1206 (607) et en 1206 (649). Blanche de Navarre l'envoya en Palestine pour négocier le ml- riage d'Alix, fille d'Henri II, avec le roi de Chypre (672). En janvier 1221 , il terminait avec Hugues de Mareuil une enquête sur les droits des usagers de forêt de Mant (1311, 1312). En juin 1240, il n'exis- tait plus (2550). Séier de Fontaines était sergent de Thibaut III en 1201 (545) et chambrier de Champagne en 1221 (1351). Geofroi de Marqucnbie, chambrier de Thibaut IV en 1223, reçut de ce prince deux donations (1478, 1479). (a) Villehardonin, ap. D. Bouquet, XVIII. 464 E, 476 A. 477 A, 485 C. 486 C , 487 C , 488 E ; Henri de Valenciennes . t6irf.,495AE, 498C. {b) Voir sur lui, Bourquelol, Histoire de Provins, I, 155-159, et les chartes cataloguées sous les numéros 348, 350, 354, 558, 365, 558, 618, 752 bis. Nous l'avons à tort, dans notre précé- dent volume, confondu avec le maréchal son père. (c) Voir plus haut, p. 476-477. ^ • _ 604 — Pierre Goin ou Gtiyn, frère de Lamixîrl Bouchu (a), tenait, en 1:225, 8 livres de rente en fief de Jac- ques de Durnay, et Tlubaul Tappelail « son ch.T et » fidèle (IGGà). » Nous avons de lui une charte du /• avril 12285 où il prend le lilre de chambrier du seigneur comte de Champagne (6). La même année il garantit par son caulionncmenl le paiement de deux (Jettes contractées par notre comte (1857, 1858). L'année suivante il est arbitre entre Thi- baut IV et le comte de xNevers (I9/|2, 19G7). En 1230 il achète, de Raoul Brislaud, la forteresse de Cha- pn'laines (2031); et ses fils, propriélaircs du village d'Ailk'foI, aujourd'hui Gérosdot, le vendent à Ber- nard de Montcuq (2081). Il eut une triste fin. Après avoir pris la croix, ce qui l'exemptait de la juridic- tion séculière, il se relira h rabbayc de Clairvaux, emportant avec lui une somme considérable que la confiance de Thibaut IV avait mise entre ses mains, et qu'il déposa partie à Clairvaux, partie dans d'au- tres établissements religieux, 1233(2202). Le comte 86 hàla de confisquer ses biens (2330). En novem- bre 12-'j3, Pierre Goin n'existait plus (2G57). Après lui nous n'avons plus trouvé que trois chambriers : Pierre de Vitry, chambrier de Thibaut IV, 1234 (2321); (a) ente parenté est établie par une charte do Yznnée 1223 qui se trouve aux Archives de l'Aube, fonds de Saint-Elienne de Troves. • (h) Archives de la Haute-Marne, CartuL de Longuay, pi^ce cotée : de Barro, XXX. — BOB — J Jacques Malnorrîl, chambrier de Marguerite de Bourbon, 1263 (2G/49); Evrard de Besançon, qui porte le titre de cham- brier du comie dans un acle de 1246 (2759); maïs qui était plutôt chambellan) et que nous allons re- trouver dans la liste de ces fonctionnaires. Nous avons déjà parlé de lui dans le paragraphe consacré aux receveurs (a). ^ J 5. — Chambellans. t Nous ne connaissons pas de chambellans des #• comtes de Champagne avant le xiii® siècle. Le premier paraît avoir été Robert de Milly, qui fut rcvùlu de celte charge de 1221 (1334) à 1229 (2013). Ce personnajie, que quelques textes dési- gnent sous le nom de Robert d'Amillis (81 /i, 2013), vécut dans Tentourage des comtes de Champagne pendant soixante et onze ans, de HG7 (150) à 123S (2'iGO). Nous avons déjà parlé des actes d'Henri le Libéral où il paraît comme témoin. Nous avons déjà dit qu'il accompagna ce prince en Orient (6). Sous le règne d'Ilenri II, pendant la première régence de Marie, il est, en 1181, témoin d'un acte de cette princesse; et en 1 1 85 il l'accompagnedans un voyage en France durant lequel il est témoin d'une charte ^ datée de Gisors (c). En 1190, il fait partie de l'as- (a) Voir plus haut, p. 469. ih) Voir notre torae III, p. 148. le) Delisle» Catalogue du atÈa de PhUipf&'Au^uiU, p. 497. t • _ 506 — • semblée de Sézanne, où les barons de Champagne jurèrent de reconnaîlre Tliibaul III comme comte, si Henri II ne revenait pas de Terre-Sainle (a). Pendant la seconde régence de Marie il est, en I H95, témoin d'un acte de cette princesse (435). Sous Thibaut III c'est en sa présence que ce comte fait hommage à Philippe- Auguste, 1198, et il figure le cinquième sur la liste des Champenois qui cautionnèrent la fidélité de leur comte (^jS'j). L*avénement de Thibaut IV et la régence de lîlan- chc de Navarre ne changent rien à sa situation. ^En 1212 il est du nombre des barons avec le con- cours desquels Blanche rend son ordonnance sur les successions et sur les duels (8l/i). Trois ans plus tard, nous trouvons son nom parmi ceux des con- seillers sur l'avis desquels une sentence est pronon- cée par un tribunal arbitral dont Blanche fiiisait par- tie (956). En 1218 un de ses fils est nommé par Blanche prévôt de Saint-Quiriace de Provins (1 158). En 1219 un des hommes de Robert avant encouru une amende, la comtesse en accorde la remise (6). Quand Thibaut IV fit hommage à Philippe-Auguste, Robert de Milly fut une de ses cautions (1577). Plus tard ce prince l'autorisa à défricher quarante arpents de la forêt deMant (1745). U fit en 1229 un échange de serve avec ce prince (1904). Neuf ans plus lard il vivait encore et répondait à une demande de ren- seignements que lui adressait Thibaut (2466). Le (a) Voir plus haut, p. 120. (b) Fragments de comptes du XIII* Siècle, publiés par Bourqiic- lot, Bibliotkèqtie de l'Ecole des chartes, 5* série, IV, 63. — 507 — nom de Robert de Milly se trouve sur la liste des chevaliers qui portaient bannière en Chanipagne sous Philippe-Auguste (a), et il se rallache indirectement ion des événements les plus glorieux de notre his- toire. Lorsqu'après la bataille de Bouvines, Philippe- Auguste mit en liberté sous caution une partie des prisonniers, Rasse de Gavre, un des captifs, compta parmi ses répondants Robert de Milly (b). Gui de iMilly, fils de Robert, lui succéda, mais par une pure libéralité de Blanche et de Thi- baut IV. En îSil, Robert avait reconnu qu'il n'avait qu'un droit viager sur la chambellenie de Champa- gne (1336). Gui, à qui Blanche et Thibaut assurè- rent dés Tannée suivante la survivance de la charge de son père, déclara aussitôt qu'il n'avait sur elle aucun droit hérédilaire (13G2), et il renouvela celte déclaration en faisant hommage au comie (2013). Nous le voyons en 1239 notifier un jugement rendu par la cour de Thibaut IV (2513); en 12^i2 caution- ner ArchambaudX de Bourbon, qui faisait épouser à Marie, sa sœur, Jean P', comte de Dreux (2C20); en 1245 mettre, avec Jean de Thourotle et au nom de Thibaut IV, des bornes entre les seigneuries de Montéclaire et de Rimaucourt (273C); en 1247 cons- tater une créance du même Thibaut (2783). Il était seigneur de Pleurs. Outre ces chambellans grands seigneurs, Thi- baut IV en eut d'autres de naissance beaucoup {a) Ducliesno, Scriptores, p. 267; cf. Feoda, n'>* 284, 451. {b) Delisle, Calnloyue des acies de Philippe' Auguste, n* 1769; cf. D. Bouquet, XVJI, 106 E. >• — 508 — moins relevée. On en compte quatre à sa cour en 1230, autant en 12/i3. En 1230, ces chambellans étaient : Raoul Comtesse, Evrard de Besançon, Bernard de Monlcuq et Girard Mélélaire. En t2'i3: Evrard de Besançon, Girard de Nivelle, Mauger d'Ervy et Robert d'Aulnay. Raoul Comtesse, chambellanen 1229 (1914, 1921, 197/i) et en 1230 (2109), était déjà attaché au ser- vice de Thibaut IV en 1227 (1776, 1790, 1798). L'année suivante il cautionnait une dette du comte (1858). Il obtint de ce prince et de Blanche de Na- varre plusieurs libéralités (1921, 1974, 2109). En 1233 Thibaut, en contestation avec l'abbaye de Saint Denis, le choisissait comme arbitre (2255). L'année suivante, pendant l'absence de ce prince alors en Navarre, Raoul faisait partie du conseil chargé de le représenter en Champagne (2314). Evrard de Besançon était employé à la chancelle- rie de Thibaut IVdès rannéel228 (1880). Aux fonc- tions de chambellan, qu'il remplit de 1229(1939) à 12Vi (2683), il joignit celles de receveur; il porta môme le titre de chambrier (a) . Hernard de Montcuq, chambellan en 1230 (2055) et en 1231 (2081), n'était pas champenois; c'était un habitant du midi de la France attiré sans doute en Champagne par le commerce. Vers 1222 ou 1223, il obtint de Thibaut IV, moyennant une rente de 40 sous, l'exemption de la plupart des charges dont étaient alors grevés les sujets roturiers de nos (a) Voir plus haut, p. 469, 505. — 509 — conilos (1520). Bernard fit ses affaires. Au bout de sept ans ce parvenu, pciiélran! dans les rangs de l'arislocratie féodale, devient vassal de Geofroi de Circy, qui reçoit son hommage ("2055); cependant ilconlinue ses opérations commerciales; il acliôte, des fils du chan)brier Pierre Goin, le village d'Aillé- fol (2081), qu'il revend ensuite aux Templiers, com- prenant dans cette vente 2,500 arpents de bois qu'il avait aussi acquis près de là dans la forêt d'O.ient (208/1, 3088). Guigues, comte de Nevers, est son débiteur pour une somme considérable (2296, 2299). Adam de Beaumont, pour éteindre une dette, lui abandonne une aniïée de sa rente sur les foires de Champagne (2532 bis). En 1263, Bernard avait à Nogent-atr-Seine et prés de Provins des biens que Thibaut IV lui paya 200 livres (2GG0). Plus tard il fut un des procureurs ciiargés par Thibaut V de la cons- truction du nouveau monastère des Franciscains de Troyes (3172), et il vendit à ce comte 300 arpents et une maison qu'il avait conservés dans la forêt d'Orient (3360). Bernard de Montcuq avait fixé sa résidence à Troyes (2GG0, 3172), et il fut maire de cette ville «n 123G (a). Girard Mélélaire, chambellan en 1230 (2090), était au service de Thibaut IV dés 1227 (1776, 1790, J798). En 1228 il cautionna une dette de ce prince (1858). Il quitta la charge de chambellan pour devenir maire de Troyes et garde des foires de Champagne , fonctions qu'il cumulait en février (a) Archives de la Côle-d'Or, 8« (krM. 4è Êûlame, ^ 50 v^ — 510 — 1232 (a). I! était encore maire deTroycs en 123'i (6). Girard de Nivelle, chambellan en 12/i3 (2G57) et en 1265 (2722), joignait à celte fonclion la profes- sion de cliangeui* (2722, 2801), à laquelle la variété des monnaies en usiige donnait une grande impor- tance dans les foires de Champagne. Girard était un étranger, flamand sans doute, que l'espérance de s'enrichir avait attiré à Troyes (2722). Il tenait de Thibaut IV, avec Manger d'Ervy, moyennant un cens considérable, deux maisons et une écurie à Bar- sur-Aube (2G57). H acquit 20 livres de rente sur les foires de Champagne (2722), et il acheta d'Henri, comte de Grandpré, des propriétés à Aubigny, Vau- poisson et Magnicourt (2801). Mauger d'Ervy, chambellan en 1263 (2057) et en I2^i9 (2876), avait été précédemment prévôt d'Ervy, bailli de celle petite ville et de Troyes. C'était, comme les précédents, un roturier enrichi (c). Robert d'Aulnay, chambellan en 42'i3 (2059, 2000) et en 12/i/i (2683, 2687), a déjà figuré dam la liste des receveurs [d). Ses successeurs ne paraissent pas avoir eu de col- lègues. Ce sont : Richard de Cadun, 1250 (291/j); Jean de Loya, 12o9(3l/i9j; (a) Archives de l'Aube, 1"" Car lui. de i Hôtel- Dieu de Troyes ^2-2. (b) Archives de TAube, Cnrlulaire de l flôlel-Dicu-le-Comt ie TroyeSf f" 55 r°. Inventaire de Moutier-la-Celle, f*" 58 v® 59 x\ (c) Voir plus haut, p. 480. (d) Voir plus haut, p. 469470. — 511 — Jean de Pampelune (?), qui était mort en 126^ {3/i62); Tresle, dit ailleurs Creslel, dont nous rencontrons le nom dans une charte donnée à Olite en octobre J271 (a), et qui, suivant Guillaume Anelier, avait pris sur Henri III plus d'influence qu'il n'aurdit dû (6) ; Renier Acorre, sur lequel nous nous sommes éten- du assez longuement dans le paragraphe relatif aux receveurs (c) et qui, de 1273 (3779) à 1277 (3840), joignit à ses fonctions financières celles de cham- bellan. 2 6. — Maréchaux. Nous avons, dans notre troisième volume, parlé de Guillaume le Roi, maréchal d'Henri V. Il paraît tire mort en 1179 (d). Nous pensons qu'il eut pour successeur Milon 1" de Provins, dit aussi le Breban, son fils, dont la veuve vivait encore en 1 197 (4^4)5 mais dont l'anniversaire était, dès Tannée 1186, fondé par Milon H de Provins, chambrîer de Cham- pagne (368). La mort de Milon 1" de Provins remon- tait probablement à Tannée précédente, où nous le trouvons déjà remplacé par deux titulaires. En effet il y eut, depuis Tannée 1185 jusque vers la fin du I (a) Los Annales de Navirra, III, p. 146. (h) Histoire de la yueire de Navarre, vers 525-526, édit. Francisque Michel, p. 56, 58. (c) Voir plus haut, p. 466468. (d) Voir notre tome III, p. 129-130. — 512 — règne de Thibaut IV comme pendant une partie du règîic d'Henri le Libéral, deux charges de maré- chaux de Cliampagne, et en 4 185 i'uue appartenait à Erard d'Aulnay, et l'autre à Geofroi de Villehar- douin. C'est en 1175 (2/i2) que nous rencontrons pour la première fois Erard d'Aulnay ; il élait marcvhal de Champagne dès 1 18'j, aimce où il ]>arait comme témoin avec le tilre de maréchal dans une charte de la comtesse Alarie (335). L'année suivante il mourut excomnnuiié (3/i2). Eudes ou Odiird d'AnIrjay, probablement son fils, lui succéda. Nous avons la preuve qu'il remplit les fonctions dv* maréchal de Champagne depuis le mois de février 1206 au moins (a) jusqu'au mois de juillet 1227 (1770, 1771). A celte date, il résigna sa charge moyennant une rente viagère de 30 livres que Thi- baut IV lui assura; mais cette résignation ne l'empê- cha pas de conserver, au moirts jusqu'en 1235, le titre honorifique de maréchal de Champagne (21GG, 225G, 2325). En 1215, Blanche de Navarre obtint une bulle pour le distraire de la juridiction ecclé- siastique devant laquelle il était poursuivi (901), et donna à un de ses fils des biens situés à tiuncourt (9l3). En 1219 elle abandonna à Odard lui-mjme le village de iMaffrécourt, confisqué par elle sur Gilles de Saint-Jean(Hb^).Odardconcourutàrordonnance de 1212 sur les successions et sur les duels (815). (a) Voir aux Arcliivos de l'Aube, Carinlaire du Temple de Troyes, f*> 85 r^, une cliarle de Uu dalôe de lévritr 1205 (vieux style), où il prend le litre de maréchal de Champagoe. » — 813 — Il fut une des cautions de Blanche et de Thibaut lors de la trêve de quatre ans qu'en 1218 ces derniers conclurent avec Erard de Brienne (1136). Blanche le désigna plusieurs fois comme arbitre dans des con- testations où elle était intéressée (784, 799, 1011). Thibaut eut en lui la même confiance (1626, 2256). Le nom d'Odard se trouve dans !a liste des chevaliers qui portaient bannière en Champagne sous Philippe-Auguste (a). Geofroi, seigneur de Louppy, lui succéda; ce der- nier était maréchal de Champagne en Tannée 1228, où il fut, en cette qualité, chargé par Thibaut IV de faire une experlise (1813). Geofroi, vassal du comte de Bar et du comte de Grandpré pour ses princi- paux fiefs, ne tenait du comte de Champagne que des fiefs secondaires, tels que le péage de Cuperly (1552, 1713, 2124) (6). Sa charge paraît s'être éteinte après son décès. Nous allons passer à celle que posséda, sous Henri II, sous Thibaut III et pen- dant la régence de Blanche de Navarre, le fameux chroniqueur Geofroi de Villehardouin. Geofroi de Villehardouin n'a pas de généalogie. Le nom même de son père est inconnu. Du Gange (c), (a) Duchesne, Scriptores, t. V, p. 267. (6) Voir aussi sur lui notre tome II, p. xxx, art. 396, et p. xl, art. 482. M. EJouard de Barthélémy, Diocèse ancien de Châlons, II, 431, donne l'analyse d'une charte de l'année 1203, où Geofroi apparaît comme arbitre avec la qualité dft maréchal de Champagne; l'exactitude de la date donnée à cette charte par notre savant con- frère, d'après le Cartulaire de Montier-en-Argonne, ne nous paraît point parfaitement certaine; cf. plus haut p. 100, note c. (c) Eloge de Geofroi de Villehardouin dans Y Histoire de tEm- — B14 — en effet, et après lui M. Daunou (a), se trompent quand ils supposent que Geofroi était (ils de Guil- laume le Roi, maréchal de Champagne sous le comte Henri le Libéral. Guillaume le Roi, nous l'avons déjà dit, fut la tige de la maison bien connue des Le Breban de Provins (6), et il n'y a aucun rapport de famille entre cette maison et Geofroi de Villebar- douin (c). Du Gange suppose aussi une relation de parenté entre Geofroi et un certain Roscelin de Villehar- douin qui, en 1170, donna un moulin au prieuré de Saint-Quentin de Troyes (d). Il est possible qu'ici le savant auteur soit dans le vrai ; mais jusqu'à pré- sent aucun document connu n'érige son hypothèse en certitude. Roscelin ne portait pas seul le nom de Villehardouin, et en 1176 un certain Humbert de Villehardouin reçut du comte Henri P" divers pri- vilèges (260). C'est en 1 185 que nous rencontrons pour la pre- mière fois Geofroi de Villehardouin : Geofroi, ma^ pire de Constaniinople, p. 234-236. Cet éloge a été réimprimé par Buchon : Recherches et matériatix pour servir à une histoire de la domination française dans les provinces démembrées de r Empire grec, 2" partie, p. 17-25. (a) Hist.litL. X\ll, 151. (b) Voir noire tome III, p. 129-132, et le présent volume, p. 502; cf. Bourquelot, Hist. de Provins, I, 152-155. (c) Si rhypolhèse de Du Cange était exacte, Milon Le Bréban, un des compagnons de Geofroi dans la quatrième croisade, eût été neveu de Geofroi, ce qui est inadmissible. (d) La charte qui constate celte donation a été publiée par Buchon, ouvrage déjà cité, p. 26, i. — 515 — réchal, est à cette date témoin dans deux chartes de ll^rie, comtesse de Champagne (360, 363); nous trouvons encore le nom de Geofroi, maréchal, dans deux chartes de la même comtesse en 1186 (366^ 367); deux ans après, Manassès, évêque de Troyes, achetant une partie du village de Vannes (Aube), a pour vendeur Geofroi de Villehardouin , cheva- lier (a); et en 1189 il surgit une pièce qui ne laisse pas de doute sur l'identité de ce dernier avec Geo- froi, maréchal : c'est une donation faite à l'abbaye de Notre-Dame-aux Nonnains de Troyes par « Geo- tt froi de Villehardouin, maréchal du comte Hen- « ri (6). » En 1191, Barthélémy, évêque de Troyes, rappelant l'acquisition faite à Vannes par son prédé; cesseur Manassès, donne aussi à Geofroi de Villehar douin le titre de maréchal du comte Henri (c). C'est en 1197 que Geofroi prend pour la première fois celui de maréchal de Champagne (J), et dès loirs il ne le quitte plus; ce titre a cela de remarquable que le comte alors régnant ne se qualifiait pas dé comte de Champagne, mais bien de comte de Troye^ Dans la charte de 1197 que nous venons de citer, Geofroi cautionne Clarembaud de Chappes, débiteiu* de 60 hvres envers l'abbaye de Montiéramey. L'an- née suivante, il donne à l'abbaye de Montiérapaey r (a) Camuzat, Promptuarium , f<^ 179ro v^ Celte pièce est la plus aDcienne qu'ait connue Du Cange. (6) Revue des Sociétés savantes, o* série, f, 369, i. (c) Camuzat, Promptuarium, f* 185 r». ((f) Bibl. Imp., Lat. 5432 {Cartul de Montiéramey), f^* 7Sv«- 79 f. — 516 — ses droits sur le village de Magnant (Aube) (a); il constate une transaction entre ce monastère et les fourniers de Magnant (6); il garantit par serment la fidélité de Thibaut III, comte de Champagne, à Phi- lippe-Auguste (454). Il rend, avec Tarchevôque de Sens, un jugement arbitral entre Thibaut et le cha- pitre de Saint-Pierre de Troyes (469). En 1199 il est témoin de la constitution du douaire de Blanche de Navarre, comtesse de Champagne, faite à Char- tres par Thibaut (485). Dans les trois années qui suivent, les actes émanés de lui se multiplient. En octobre 1200 il déclare que son maire de Villiacum, aujourd'hui Villy-le-Maréchal (Aube), tiendra, à charge de cens et à titre viager, de la léproserie de Troyes, une serve, le fils de cet le serve, un pré à Villy, une oche à Roncenay (Aube) (c). La môme an- née il donne, au chapelain de Saint-Nicolas de Bran- donvilliers (Marne), une partie de la dime de Lon- geville (Haute-Marne), qu'il tenait en fief d'Henri d'Arzilliéres (Marne) (d). En 1201 il donne à PHÔtel- Dieu-le-Comte de Troyes la dîme d'une rente de 5 muids d'avoine payable à Jasseines (Aube), et que Thibaut III lui avait accordée en rémunération de ses services (e). En février 1202, il constate que Godefroi et Dreux de Villemaur, ses neveux, ont (a) Bibl. Imp., Lat. 5432, P>44vo. (b) Revue des Sociétés savantes, S"" série, I, 370, ne. (c) Mém. de la Soc. d'agric, de l'Aube, 2* série, T. I, p. 541- 542. (d) Buchon, ouvrage déjà cité, p. 26, ii. {e) Revue des Sociétés savantes, 3* série, I, 371, iv. — 517 — abandonné à Eudes, chanoine de Troyes, leurs droits sur les dîmes de Paisy-Cosdon (Aube) (a). En 1202 il confirme une donation faite à Tabbaye de Larî- vour (Aube) par Gui la Gryvcj son frère; cette do- nation avait pour objet une rente d'un demi-muid de blé tenu en fief de Geofroi, et payable à Ville- voque (Aube) (6). La même année, se trouvant à Lézinnes (Yonne), et partant pour la croisade, il donne à l'abbaye de Quincy une terre sise à Chase- rey (Aube) (c). Alors commence cette expédition célèbre qui fit tomber Constantinople entre les mains des guerriers armés pour délivrer le saint sépulcre, et dont le ré- oit a immortalisé le nom du maréchal de Cham- pagne. Depuis cette époque nous n'avons plus que deux chartes émanées de lui : Tune de mars 1207 (d), l'autre sans date (732 6t5). Il prend dans ces deux actes le titre de maréchal de Romanie, c'est-à-dire de grand- officier du nouvel empire; dans la première il joint à ce titre celui de maréchal de Champagne, que son absence prolongée ne lui avait pas enlevé. Il vivait encore en 1212, comme l'a remarqué Du Gange; il était mort en 1218, où son anniversaire fut fondé à Notre Dame-aux-Nonnains de Troyes, par Erard de {a) Revue des Sociétés savantes, 3* série, I, 371 , v. [h] Revue des Sociétés savantes, 3* série, I, 372-373, vii. (c) Revue des Sociétés savantes, 3* série, I, 372. vi, 1, 2. {d) Elle a été signalée par Du Gange, et publiée par Buchon, ouvrage déjà cité, p. 27, v. Elle se trouve en original aux Archives de l'Aube. — S18 — Viliehardouin, son fils (a). Geofroi de Villehardoain était marié dés 1189. Sa femme s'appelait Chane (6) ou Kanne (c), et non Jeanne comme l'a écrit Du Gange; elle était morte comme lui en 1218 (d). Ses enfants furent au nombre de cinq : deux fils, Erard de Villy dit aussi de Villehardouin , maréchal de Ghampagne, et Geofroi (e); trois filles : Marie, qui épousa Ascelin de Merrey (Aube), et non de Méry comme dit Du Gange, et qui, en juillet 1215, con- courut à une vente faite par son époux à l'abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains de Troyes (/); Alix, reli- gieuse à Notre-Dame-aux-Nonnains de Troyes (9), et Dameron, religieuse au prieuré de Foicy, prés de Troyes (h). {a) La charte a été publiée par Buchon, p. 28, vu, lisez vni, mais il l'a, par erreur, datée de 1219; roriginal existe aux Ar* chives de l'Aube. Il est aussi question de Tanniversaire de Geofroi dans une charte de mai 1219, en faveur de l'abbaye de Larivour, Archives de l'Aube, CartuL de Larivour, De sede abbatie, XXIII. (b) Charte de 1189, Revue des Sociétés savantes , 3* série, I, 369, I. (e) Charte de 1202, Revue des Sociétés savantes, 3« série, f, 372, VI, 1. (d) Charte de cette année, mais datée par erreur de 1219 : Bu- chon, p. 28, VII, lisez viii. (e) Charte de 1202, Revue des Sociétés savantes, 3* série, 1.372, VI, 1. (f) Revue des Sociétés savantes, 3« série, I, 373, viii. ig) Buchon, charte de 1207, p. 27, v: et charte de 1218, p. 28, vu, lisez vni. {h) Charte de 1207, citée dans la note i)récédente, et charte de 1220, dans Buchon, p. 29, xi. — 519 — Geofroi avait deui sœurs nommées Emeline et Haie, toutes deux religieuses (a), et trois frères : Gautier, chevalier (fe), Gui la Gryve, chevalier (c), et Jean de Villehardouin. Le dernier est celui dont il est le plus souvent question dans les documents contemporains. En 1189, Gui II de Uampierre, par- tant pour la croisade, le charge de veiller à l'exécution d'une donation qu'il vient de faire {d). En 1193, Jean apparaît comme témoin dans une charte avec le titre de chevalier (e). En 1200 il est témoin dans la charte de son frère pour la chapelle de Brandonvilliers (/*). Vers 1201 il figure au livre des fiefs de Champa- gne {g). L'ordonnance de 1212, sur les successions et les duels, est publiée avec son concourt (815). En 1213 il donne à l'hôpital du Chône une rente de gi*ains sur son ferrage de Villehardouin (h). L'an- née suivante, il fait une donation à l'abbaye de Saint-Loup de Troyes (i). Sa parenté avete Geofroi est prouvée par la charte de 1213, déjà citée, où Erard, fils de Geofroi, l'appelle son oncle. Nous ne savons pas s'il est rigoureusement établi que Geofroi (a) Chartes de 1207, dans Buchon, 27. v, et de 1220, ibid., 29, XI. (b) Revue des Sociétés savantes, 3* série, I, 369, i. (c) Revue des Sociétés savantes, 3' série. I, 372-373, vu. (d) Revue des Sociétés savantes, I, 366-370, II. 1, 2. (e) Cartul. de Saint-Loup de Troyes, f° M. (/■) Buchon, p. 26, ii. {g) Voir notre tome 11, p. xvi, art. 222. (h) Voir la charte dans Buchon, p. 27, vr, où la date est mal copiée. (j) Cartul. de Saint' Loup, i" 52. — 520 — de Villehardouîn le jeune, sénéchal de Romanîe, prince d'Achaïe et neveu du chroniqueur, soit fils de Jean de Villehardouin, comme on l'admet géné- ralement. On voit par les pièces citées que Geofroi de Ville- hardouin, maréchal de Champagne, avait des posses- sions éparses sur une foule de points : dans TAube, à Chaserey, Jasseines, Magnant, Villehardouin, Villy- le-Maréchal (a); dans la Haute Marne, à Longeville. On doit peut-être expliquer sa présence à Lézinnes (Yonne) en 1202, par ce fait qu'il aurait déjà pos- sédé la seigneurie de ce lieu, dont ses successeurs portèrent souvent le nom. Une moitié de maison sise à Troyes, et qu'en 1215 Ascelin de Merrey, son gendre, et Marie, sa fille, tenaient en fief d'Erard, son fils, venait probablement de lui (6). Peut-être la terre de Saint-Utin (Marne), qui appartenait à Erard en juin 1217, avait elle la même origine (c). Geofroi devait une partie de ces biens à la libéralité des comtes de Champagne. On conserve aux archives de TAube quelques chartes originales et deux sceaux mutilés de Geofroi; les terrassements de son château subsistent encore à Villehardouin (d). (a) Villy-le-Marëchal est ainsi nommé parce qu'il a eu pour seigneurs, Geofroi, maréchal de Champagne, son fils et son peliU fils, qui exercèrent comme lui celle fonction. (6) Revue des Sociétés savantes, 5" série, I, 373, viii. (c) Arch. de l'Aube, fonds de rHôtel-Dieu-Ie-Comte de Troyes, layette 1 , n*» 7. (d) Bulletin de la Société dts antiquaires de France, année 1860, p. 50. i — 62t — Erard de Villehardouin, dit aussi de Villy, fils atné do célèbre chroniqueur, lui succéda dans la charge de maréchal; toutefois il ne paraît pas en avoir été investi avant Tannée 1222. C'est au mois de mai de celte année qu'il en prend le titre pour la première fois (1628). Il ne le portait ni en 1218, quand il fonda l'anniversaire de son père, de sa mère, le sien et celui de sa femme h Nptre-Dameaux-Nonnains de Troyes (a), et quand il fit à Tabbaye de Larivour une donation (b) que Blanche de* Navarre approuva (1176); ni en 1219, quand il céda par échange à Blanche ses biens de Villemaur (1198), et quand il donna à Tabbaye de Molesme une partie des dîmes de Lézinnes (c); ni en 1220, quand il cautionna Gé- rard de Durnay (1267), et quand il céda à l'abbaye de Holesme ses droits sur les dîmes de Chailly (d) ; ni au commencement de l'année 1222, quand, de con- cert avec deux autres arbitres, il détermina par un jugement les obligations d'Erard de Chassenay en- vers Blanche de Navarre et Thibaut IV (1389, 1391). De ces faits. Du Gange conclut qu'Erard ne serait devenu maréchal de Champagne qu'après la retraite d'Odard d'Aulnay; mais c'est une erreur, puisqu'Odard ne donna sa démission qu'en 1227 (e), et qu'Erard était maréchal de Champagne dés 1222, (a) Buchon, p. 28, vu, lisez viii; nous avons déjà dit que cet auteur s*estlronf)pé en datant de 1219 celle charte qui est de 1218. (6) Original, Archives de TAube, fonds de I.arivour. (c) Buchon, |). 28, ix. {d) Buchon, p. 28-29, x, xi, xic et xin. (e) Voir plus haut, p. 512. t t — 522 — comme nous venons de le dire. En férrier 1223 (vieux style), il approuva les acquisitions faites jus- que-là par l'abbaye de Larivour à Bouranlon (a). En décembre 1229 il fit de nouvelles donations à l'abbaye de Molesme (6). Il ne parait pas avoir sur- vécu longtemps à ce dernier acte. On lit son nom dans la liste des chevaliers bannerets de Champa- gne sous Philippe-Auguste (c). Il eut pour successeur Guillaume de Villy, dit aussi de Lézinnes, issu de son mariage avec Mabile. Guillaume se donne le titre de maréchal de Cham- pagne dans deux actes de Tannée 1231 : dans l'un il se qualifie de seigneur de Lézinnes, sans prendre le nom de Villy (d), dans l'autre il se dit simplement Guillaume de Villy (e}. Ni dans l'un ni dans Tautre de ces actes il ne porte ce nom de Viilehardouin que son aïeul a rendu si célèbre. Nous retrouvons Guil- laume avec le surnom de Lézinnes au mois de sep- tembre 1232, où il garantit par sa caution l'exécu- tion du contrat de mariage de Marguerite de Bour- bon et de Thibaut IV (2208). Il reparait sous le nom de Guillaume de Villy en décembre 1236, où il noti- fie un jugement de la cour de Champagne (2632), (a) Original, Archives de l'Aube, fonds de Larivour. (6) Buchon, p. 30, xvii. (c) Duchesne, Scriplores, V, 267, col. 1 C. (rf) Archives de l'Aube, premier Cartulaire de V Hôtel-Dieu- U'Comte de Troyes, f» 103 ^^ (#•) Buchon, I». 30, xviii. * _ 583 — en jaiti i9&0 (a), en ^tembre 1265 (6). Dan? tous ces actes il prend le titre de maréchal de Champa- gne. Il mourut le 8 juin 12/i6et fut enterré dans la salle du chapitre de Larivour (c). Marguerite de Mello, sa femme, lui survécut. Nous avons encore d'elle une charte datée du mois d*août 1269, où elle prend le titre de dame de Lézinnes et de maréchale, marescallissa de Champagne ((/); elle mourut le 23 fé- vrier 425/i et fut, comme son mari, enterrée à Lari- vour (e). Les fils de Guillaume ne lui succédèrent pas dans sa charge de maréchal de Champagne. Cette charge alors unique , puisque celle de la maison d'Aulnay avait été supprimée, fut donnée à Anseau de Trainel, depuis connétable, qui en jouis^ sait en 4252 (3015). Nous avons parlé d'Anseau dans le paragraphe consacré aux connétables (/*). Eustache III de Conflans prit sa place en 4258; mais Thibaut V ne lui confia cette fonction qu'en se réservant le droit de le révoquer à volonté [y). Eustache l'exerçait encore au commencement de Tannée 126/i (3337). Il la cumula avec celle de gou* verneur et il l'échangea contre celle de connétable. (fl) Archives de l'Aube, Inventaire de Montier-la^Celle, f» 94 f, (b) Archives de l'Aube, premier Car(nlaire de l* Hôtel- Dieu-le- Comte de Troye», f»« 102-103. (c) Voir son épitaphe dans Camuzal, Promptuarium, f» 320 v*». {ij Original, Archives de l'Aube, fonds de Larivour. [e) Voir son épitaphe dans Camuzat, Prompttiarium, {^ 320 v«- 381 r. if) Voir plus haut, p. 494. (7) T. Il, p. L, art. 592. — 524 — # Nous avons donné quelques détails sur lui dans le paragraphe consacré aux gouverneurs (a). Hugues II de Conflans, son frère, le remplaça dans la charge de maréchal, dont il fut investi en 1270 au plus lard (3581). Nous le trouvons près de Thibaut V à Monliéramey et à Paris au mois de fé- vrier de celte même année (3586, 3593). Il fît par- tie de la croisade de 1270 (6). Au commencement de décembre Thibaut V, sur le point d'expirer, lui donna 200 livres de rente (367/i) qu'Henri 111 racheta plus tard moyennant 2,500 livres payées comptant (3684). Hugues élait présent quand ce dernier fit hommage à Philippe le Hardi (3677) et à Tévèquede Langres, 1271 (3689). La même année il prit part à l'expédition contre le comte de Foix (c). Il eut pour successeurs Hugues 111 et Hugues IV, ses fils, dont le premier mourut en 1285 (d), et dont le second conserva ses fonctions jusqu'en 1301 (e). Les maréchaux comme le sénéchal touchaient dos appointements (/*). (a) Voir plus haut, p. 460; cf. 494. {b) D. Bouquet, XX. 507, col. 2. (c) D. Bouquet, XX, 541 D. (d) Ceralœ Pétri de Condelo tabuhv, ap. D. Bouquet, XXII, 481 F. Il périt saus doute dans l'expédition d'Aragon dont il faisait partie, d'après le compte de Jean d'Ays, ibid., 682-683. (e) Hugues de Conflans, encore maréchal de Champagne le 8 octobre 1301 (Tubiilœ ccraiœ Johannis de S. Justo, dans D. Bou- quet, XXll, 520 I-,), était remplacé par Gui de Nesle le 17 dé- cembre de la même année (Tabniœ, etc., dans D. Bouquet, XXll, 520 L). (f) Voir un passage de YExlenta terre comitatns Campante et — 525 — g 7. — Chanceliers. Nous avons déjà parlé d'Haïce de Plancy, dernier chancelier d'Henri H, el qui devint plus tard évoque de Troyes (a). Il conserva ces fondions pendant la régence de Marie, H 81 -11 86 (6). Quand Henri 11 devenu majeur prit lui-même les rênes du gouvernement, Haïce fut remplacé dans les fonctions de chancelier par Gui, qui les conserva environ un an et demi (c). Mais dès 1188 Haïce reprit la charge qu'il avait perdue, et il la conserva jusqu'à son élévation à l'é- piscopat, 1190 (d). Il eut pour successeur Gautier, chancelier de 1192 au mois de décembre 1206 (e). Ce dernier mourut Brie, cité par Bourquelot, la Chancellerie des comtes de Cham- fagne, p. 7 du tirage à part. (o) T. III, p. 134-135. (6) Ce fait est établi par des chartes dont voici les dates d'an- nées et les numéros dans notre Catalogue : année 1 181 (324), — 1182 (527). — 1183 (529). — 1184 (532, 555. 554, 557). — 1185 (559. 540, 541). — 1186 (545. 544, 546, 547. 548, 549, 552). (c) Gui, chancelier, fut en fonctions en 1187 (554. 555, 357, 358, 559. 560, 561, 562, 564), et pendant une partie de l'an- née 1888 (577, 578, 580). (i) Voir les chartes suivantes : Année ^^88 (37^), — ^^89 (38^ , 382, 383, 384, 386, 387, 388, 389, 390, 394, 392, 396), — 4490 (398, 399, 401 bis, 404, 405, 442, 443,445, 446). (e) Voir les chartes suivantes : Année 4492 (420), — 4493 (424), — 4494 (425, 426, 427, — 626 — 4^ probablement vers la (in de cette année ou au com- mencement de la suivante, car la charge de chance- lier était vacante en mars 1207. Dans tous les cas il est certain qu'en juillet 1208 Gautier était mort, il parait avoir été chanoine de Saint-Etienne de Troyes (686). La charge de chancelier resta sans titulaire jus- qu'en 1210 ou 4211. Du mois de mars 1207 au mois de janvier 1210 on lit au bas d'un grand nombre de chartes de la comtesse Blanche la formule vacante cancellaria (a)^ et en janvier 12H, Gautier avait un successeur (759). Ce successeur fut Rémi (6), qui resta en fonctions jusqu'en février 1220. A cette date il était évêque élu de Pampelune, et Blanche de Navarre, de con- 428, 429, 43<),— ^<95 (434, 435, 437, 438), — H96 (140, 443), — ^<97 (446, 447, 440, 450), — iin (454, 455, 464, 465, 47<, 472, 473, 475, 476, 477, 479), — ^^99 (483, 485, 490, 494, 501, 502, 503, 506, 509, 5^0), — 1200 (511, 546, 517, 548, 524, 523, 527, 529, 530, 535, 540), — 1201 (543, 544, 545, 555, 559), — 1202 (558, 564, 566, 567, 578), — 1203 (571, 574, 583, 584, 586, 587, 589, 592), — 4204 (602, 603, 604, 606, 607, 608, 611, 612, 613), — 1205 (646, ei8, 621, 624, 627, 628^ 629, 630, 632, 634, 639, 644), — 1206 (949, 654, 656, 659, 660, 663, 665). — Eo 4498, il cautionna la fidélité de Thibaut lil à Philippe- Auguste (454). (a) Ces chartes appartiennent aux années 4 207 (664, 6S^2, 66t, 668, 669)^ — 4208 (674, 675, 678, 679, 685, 687, 692, 694), — 1209 (714, 745), — 1210 (721). La charte numérotée 652 et qui est datée du mois d'avril de l'année 1206, où nous l'avons pla- cée, appartient en réalité à l'année suivante (nouveau style). (b) Il figure dans des chartes des années 1211 (759, 762, 773), •--1212 (786, 790), — 121^ (828), — 1214 (840). , — 827 — cert avec Thibaut IV, lui donna iOO livres de rente viagère, qui devaient être réduites à 20 dans le cas où ils le feraient nommer prieur du Saint -Sépulcre de Villacerf (1252) (a). Mais une fois monté sur ie siège épiscopal de la capitale de la Navarre, il oublia cette libéralité et se tourna contre ses anciens pro- tecteurs. Fils naturel du roi Sanche le Fort, et, par conséquent, neveu de Blanche de Navarre (6), il avait la môme mère que Guillaume, autre (ils naturel de Sanche, et prétendant à la succession de ce prin- ce : en 1225 il l'aida à soulever, contre Thibaut IV, la population de Pampelune (c); mais il ne conserva pas son siège assez longtemps pour fermer définiti- vement au comte de Champagne les abords du trône, car dés 1232 Tévéque de Pampelune était Pedro Bemirez dePedrola (d), qui se rangea du côté de Thibaut (e). (a) Par conséquent, Garibay a raison contre Moret : c'est le 22 août 1219, et non 1220, qu'est mort l'évéque Guillaume, prédé- cesseur de Rerai sur le siège de Pampelune : Annales de Navarra, U, 395. (b) Voir dans Los Annales de Navarra, II, 394-595, l'analyse d'un acte daté de l'ère 1259, année 1221 de J.-C, et du règne du Sanche, Rémi son fils étant évéque de Pampelune. (c) Voir plus haut, page 267. (rf) Los Annales de Navarra, II, 404. Cet ouvrage indique deux actes de Tadministralion épiscopale de Rémi : l'un daté d'avril 1223 (II, 397), l'autre de juin 12fS6 (ibid.) L'évêque Rémi est encore mentionné comme vivant dans une charte de l'année 1227 (II, 401). Suit une lacune de cinq ans, après laquelle nous trouvons Pedro Remirez (11, 404). (e) Voir plus haut, p. 269. — 528 — ^ Guillaume succéda à Rémi dans la charge de chan- celier. Nous le voyons en fonctions d'avril 1222 à décembre 1232 (a). Guillaume parait avoir été cha- noine de Saint-Martin de Tours et prévôt de Chablis (l/iiO, 2012, 2110). Il avait à Chablis 400 livres de rente (l/i/i9). II fit, en 1229, un prêt de 1,200 livres à Thibaut IV (2012). En juin 1234 il était remplacé par Gui (6), pré- cédemment sous ses ordres en qualité de clerc. Gui, attaché à la chancellerie de Champagne dés les années 1227 et 1228 (c), avait obtenu du comte, en 1229^ la promesse de la seconde prébende vacante à Saint-Nicolas de Sézanne, et de la première à Saint- Jean de Vertus (d). En 1232 il figure comme notaire dans une charte de Thibaut IV (2218). Nous igno- rons combien de temps il conserva la dignité de chancelier. Nous ne connaissons à Thibaut V qu'un seul chancelier : Vivien, évoque de Calahorra, que nous trouvons en fonctions le 31 décembre 1264 (e), et (a) Une charte de Guilllaume, chancelier de Champagne, datée d'avril l'222, se trouve en copie aux Archives de l'Aube, Inven- taire de Montier-la-Celle, fo 64 v». — Guillaume figure aussi avec le litre de chancelier dans des Charles de Thibaut IV, datées de 4222 (t424, 4449), - 4223 (4467, 4478),— 4229 (4894), — 4230 (24 40), — 4232 (2248). (b) Charte de Thibaut IV, analysée dans Los Annales de Na- varra, 111, 7. (c) Catalogue, n" 4774, 4790, 4798, 4807, 4858, 4864- 4 866, 4 868, 4 872, 4 873, 4 876-4 880. ((/) Bibl, Imp., Lat. 5992, f» 354; Archives de l'Empire, KK 1004, P> 309. (e) Charte de Thibaut V, analysée dans Los Annales de Na^ — 529 — qui parait s'être rarement acquitté des devoirs de sa charge. Mais Thibaut eut aussi un vice-chance- lier : Pierre de Roncevaux, 1259-1260 (a). Pierre de RoDcevaux était en môme temps aumônier de ce prince (3172). Sous Henri III nous n'avons pas rencontré de chancelier. Le chapelain Thomas de Jouarre portait le sceau de ce comte en 4273 (3783). Il conserva cet emploi, après la mort d*Henri III, pendant la régence de Blanche d'Artois (3807); mais Edmond ne parait pas l'y avoir maintenu. En effet, Edmond rétablit la charge de chancelier, qu'il confia à Vincent de Pierre-Châlel, 1277-1281 (3841, 3842, 3846, 3849). Le chancelier de Champagne avait des appointe- ments comme le sénéchal et les maréchaux (6). Dans la section suivante, il sera question des clercs attachés à la chancellerie. «orra, III, 94. Cet évêque est probablement le même homme que le chantre de Toulouse nommé aussi Vivien, qui, en 1236, fut envoyé en ambassade par Thibaut IV à la cour de Rome (2387), et que le pape éleva au sous-diaconat (2431). (o) Nous l'avons rencontré dans les chartes suivantes : en ^2o9 (3469, 3472, 3477, 3479), en 4260 (3484, 3486, 3487, 3498). (b) Extenta terre comitatus Campante et Bhe, cité par Bour- quelot, la Chancellerie des comtes de Champagne, p. 7 du tirage à part. H — 530 — SECTiOîi 3<*. — Officiers d'ordre secondaire. Nous diviserons celle section en trois paragra- phes : le premier comprendra les religieux , le se- cond les clercs, le troisième les agents laïcs. i l". — Religieux. Les religieux attachés au service des comtes de Champagne étaient principalement leurs aumôniers. On se rappelle que les aumôniers de Thibaut II étaient des chanoines réguliers de Tordre de Pré- montré (a); ceux d'Henri P' appartenaient égale- ment à un ordre religieux (6); cet usage fut suivi par leurs successeurs, et dans les derniers temps les or- dres de Saint-Dominique et de Saint-François pa- raissent avoir eu le privilège de fournir les aumô- niers des comtes de Champagne (31 58, 3292, 3715). Les religieux attachés au service de nos comtes re- çurent des papes , pendant la seconde moitié du xiii*' siècle, plusieurs privilèges, savoir : dispense du règlement de leur ordre, qui les obligeait à coucher dans une maison de cet ordre toutes les fois qu'ils se trouvaient dans une localité qui en possédait une (1504, 3716); autorisation démonter achevai, de porter des chappes et des souliers (3158, 3292, 3715). Nous connaissons deux attributions des aumôniers (a) Voir noire tome II, j). 340. {b) Voir noire tome III, p. 140. — 531 — des comtes de Champagne : la première, comme le nom l'indique, était de distribuer les aumônes de ces princes. C'est ainsi qu'en 1218 nous voyons Tau- mônier de Blanche de Navarre acheter des vête- ments pour des pauvres (a). Enfin, sous Thibaut V, au moins, Taumônier fui chargé de la surveillance des hôpitaux (3307). Nous ne donnerons ici que trois noms d'aumô- niers de nos comtes : Guillaume, déjà au service d'Henri 1**, resta en fonctions pendant la première régence de Ma- rie (6) ; Thécelin, 1195 (433); Pierre de Roçcevaux, qui était aussi viceK^hance- lier, 1259 (3172), 1267 (3397). Pour compléter ce que nous savons des religieux au service des comtes de Champagne, nous dirons qu'en 1239 nous trouvons parmi les chapelains de Thibaut IV le trinitaire Simon (2539), et parmi les chapelains de Thibaut V, Robert, abbé de Montié- ramey, 1269 (3525). Robert, qui gouverna l'abbaye de Hontiéraroey de 1250 à 1289, obtint du pape, sur la recommandation de Thibaut, Tautorisation de porter la mitre, ce qui n'avait été accordé à au- cun de ses prédécesseurs (c). Il fit donner par notre comte, à son abbaye, un droit d'usage dans les fo- rêts d'isie, de Rumilly et de Chaource (3525). Il re- çut de lui, en 1267, une mission judiciaire (3667). (a) Fragments de comptes du XIII^ siècle, publiés par Bour- quelot, Bibliothèque de l Ecole des chartes, 5* série, IV, 60. (b) Voir notre T. 111. p. 159-140. (c) Gall. Christ., XII, 558. Les romte-s de Champagne employaient beaucoup plus de clercs que de religieux. Oo peut distinguer ces clercs eo deux catégories : les uns étaient occu- pés des fonctions du ministère ecclésiastique, ce sont tes chapelains; les autres étaient occupés comme agents adminislralifs. Ce sont ceux-ci qu'on trouve habituellement désignés sous le nom de clerct des comtes. Nous en comptons sis au service de Thibaut IV en 1339 (o). C'est d'eux qu'il est ques- tion dans plusieurs bulles des papes que men- tionne notre Catalogue. Ils étaient au nombre de six au moins, lorsqu'en 13&6 Innocent IV leur accorda le privilège de percevoir, s'ils appartenaient à un chapitre, le produit de leurs prébendes comme lei chanoines résidants 6'. Us étaient également six au moins quand, en 1351, le même pape renouvela ce privilège ^3973 , qui futcontirnié par Alexandre IV ^âli9\ et par Urbain IV ^3331). Ce nombre se trouve encore en 13t>0 ^e\ Depuis il s'éleva à huit, yj\ ItoïvrI Daupliiii, l'iern- Oiwii. Gui, Ji'an, Etienae de Pro- vins et AiijiH VtTlii:?. Voir fi[i^ bii- h nulk'e consacrée il chi- CUD ilVitx. Nous lie parluus ya kt liu uiédeL-iD Giltebert dont le senio' n'uvail rîeu o'iiiiuiiiiisU'dtif ■yb' l.u builf Dunim>lc.' -744 ue pu\e que «fe cinq, mais un ^xiC'itic fut IVibji'l liuiio bulle spéciale (â748f. 1^ même prini- tcf^ fut «MLiri'io jux cîi'rcs U;i roi tiu Fnace, pr Aiexaudre IV en litiO : lur l'rbiin IV en 1^1. ptr Grégoire X eo 1273. — Ad. vl J. Tan.lif. Pririlf$e* ctnniet à Imamivaae Je Fraore f S»inh»ifSf. P- -'. -'J. -!-"■ ^f^^ Kadi-ï de ChJ1«itt-Tbi<'rn. Micbrl i)r Fuspriut — S33 — el tel esl le chiffre que nous constatons en 1363 (a) et en 1270(6). Voici une liste des clercs de nos comtes depuis la mort d'Henri le Libéral : Guillaume, déjà au service de ce prince comme notaire, c'est à-dire rédacteur el copiste (c), resta en fonctions sous son successeur de 1181 à 1190 [d). Pierre de Sézanne, notaire, de U88 à 1199 (*). Eudes était, en 118S, un des gardiens du trésor de Saint-Etienne de Troyes (369), et dès H86 nous le trouvons comme témoin dans une charte de Ma- rie de France (SUh). Péroiine. Ilicliard de Monlicr-on-Der. Simon Garsie, étaient alors notaires, et Jean, doyen do Saint-Quiriace, receveur de Tliibaut IV. (a) En i'â63, les clercs du comte de Champagne étaient : Eudes de CtiSteau-Tliiorry, M'\che\ dr. Pampelunr, Gautier de Péronne, Richard de Montieren-Der, Lambert de Lagny, Jean d'Asnifres, Thomas Brune! et Adam des Grès. (6) En 1270, les clercs Étaient : Jean d'Asnières, Thomns Bru- ne!, Adam des Gr<>â, GeofroJ de Monllbéry, Martin d'Estella, Simon deLagnj, Henri Tuebeuf, et Appariée de Pjmjieljne, (c) Voir T. m, p. 136-137. {d) Voici la liste des charles où il 6giire : Année 118) l32.(); — HH2 (327), — 11«3 (329), - 1184 fï32, 333, 33J).— 1185(3)0, 341), — JISS (343, 31-1, 34(i, U7, 3<8, 349, 352),— 1187(334, 353, 356, 358, 35», 360, H2, 363), — 4488 (3«8, 369, 376, 380), — 4189 (386, 388), — 4490(408,409, 440, 411). Ki^ Void l'iiidic^liou des charles oii il figure : ■jÉanée 41KN (366|, — 1489 (382. 387, 389, 390. 302. 396), ^4499 (3»8, 399. 100, s'OÎ, 405). — 4197 |449, l-IO), — UWi435, !64, ter., IfiS, 471, 472,473,475,476, 177, 179), — 534 — Jean, notaire, en 4189 (385), et en H90 (412). Thierri, notaire, de 1189 à 1197 (a). Philippe paraît avoir fait l'intérim de la chancelle- rie en 1190 (6). Raoul, notaire, en 1191 (417). Mathieu fait fonction de chancelier sans en avoir le titre dans une charte de l'année 1198 (465). Alerme, dit en français Aliaume, notaire, de 1199 à 1212 (c), était encore au service de Blanche de Navarre pendant l'année 1217, où il fît pour elle un voyage à Soissons (d). En 1220 il était mort (1305). Il avait, en 1209, obtenu de Blanche pour son cou- sin Pierre une chapellenie dotée 10 livres de rente (715). L'abbaye de Saint-Loup de Troyes lui avait donné des prés (793), et le chapitre de Notre-Dame de Paris la jouissance viagère de terrains défrichés dans la forêt de Rozoy (1305). Milon, notaire en 1200 et 1201 (e). (a) Voici la liste des chartes où il figure : Année USd (395), — ^^00 (î^2), — ^^93 (42^), — 4404 (425, 426, 427, 428), — M 95 (438), — 4196 (440, 443), — 4497(446). (6) Bourquelot, la Chancellerie des comtes de Champagne, p. 8 (1(1 tirage à part. (c) Voici la liste des chartes où il figure : Année 4499 (490, 494, 506, 509, 540), — 4200 (514, 546, 547, 548, 523, 527, 540), — 4205 (614), — 4209 (724), — 4240(726),— t2J3(842). (d) Fragments de comptes du XIII* siècle, ï)ubliés par M. Bour- qnelot, Bibliothèque de VEcole des chartes, 5* série, IV, 62. (e) Voici l'indication des chartes où il figure : En 4200 (530, 535), — 4204 (543, 544, 545, 547). (a) Voici l'indicalion des chartes où il figure : Année 4201 (555, 559), — 4202 (558, 56Î, 567, 578), — ^203 (57>l, 574, 583, 584, 580, 587, 589, 592), — 4204 (603, 60^, G06, 608, 642, 64 3), — 4205 (646, 648, 624, 622, 624, 627, 628, 629, 630, 632, 634, 639), — 4206 (649, 654, 656, 660, 663, 665). (6) Bourquelot, Fragments de comptes du XIII* siècle ^ dans la Bibliothèque de l'Ecole des chartes, 5* série, iV, 61, 64, 67. (c) Bibliothèque de Troyes, Cartulaire du ParactH^ [•• 75 v"- 74 \\ 268 vo.269 v\ — 535 — Jean, notaire de 1201 à 1206 (a). Garsie, clerc de Blanche et de Thibaut IV de 1216 à 1229, et qui fit dans Tintérêt de Blanche en 1217 un voyage à Paris, et en 1219 deux voyages, l'un à Lagny, l'autre au Mans (6), était dès le mois d'oclo- bre 1216 chanoine de Saint-Etienne de Troyes s (1020). Il possédait en 1222 l'office de cellerierde cette église (lâ35); il y joignait, en mars 122^, la dignité de prévôt de Saint-Quiriace de Provins (c), qu'il conservait encore en juin 1237 (2438), et en août 1261 il était sous-doyen de Saint-Etienne de Troyes (2575). Il obtint de l'abbaye de Sainl-Loup de Troyes, du comte et de la comtesse plusieurs li- béralités (1020, l/i35). Thibaut l'autorisa notam- ment à bâtir une maison à Troyes, devant l'église Saint Jean (2575), et Garsie abandonna au chapitre de Saint-Etienne la nue propriété de celle maison (1635). Il acquit en 1223 une part dans des mou- lins importants situés à Provins (1592), puis céda cette part à Thibaut IV, qui en échange donna 15 li- vres de rente à l'hôpital de Provins (1915). Après avoir longtemps servi ce prince, il finit par avoir — 536 - avec lui des difficultés provoquées par une question d'argent et qu'une transaction termina en 1237. A cette date Thibaut, qui avait dépouillé Garsie d'une partie sinon de la totalité de ses biens , reconnut avoir dépassé les bornes de la justice et lui donna en indemnité la jouissance viagère d'un bois (2/i38); mais Garsie, qui sans doute avait pendant sa dis- grâce perdu son emploi dans la maison de notre comte, ne parait pas l'avoir recouvré depuis. Gervais. Nous avons de lui des comptes rendus en 1217 et en 1219. Ce ne sont pas des comptes géné- raux des finances de la Champagne, comme ceux qui furent plus tard donnés par Renier Acorre, ce sont des comptes partiels (a). Il est probablement le même que Gervais Auverez. aussi clerc de Thibaut IV, et qui en 4223 vendit une rente de grains au chapitre de Nolrc-Dame-du-Val de Provins (1613). Gillebert de Saint-Jacques était médecin de Thi- baut IV en 1218 et en 1223, et ce prince lui donna une rente viagère de 20 livres (1165, 1567). En 1229 il est question d'un médecin de Thibaut qui était chanoine de Saint-Etienne de Troyes. Ce médecin est sans doute encore Gillebert de Saint* Jacques, et il obtint de ^n puissant client pour son domestique d'importants privilèges, notamment Taffranchisse- ment du droit de main-morte (1976). Robert Dauphin reçut en 1219 une somme de 14 sous pour frais d'un voyage près de la com- (d) Boiirqdelot, Fragments de comptes du XJII^ siècle, dans la Bibliothèqtte de V Ecole des chartes, 5« série, IV, 60, (il, 66. — 537 — tesse (a). 11 faisait encore fonction de messager ou de courrier en 4227 (1783), et Tannée suivante où il alla porter jusqu'à Rome des lettres patentes de Thibaut IV (1874). En 1229, ce prince lui promet- tait la seconde prébende vacante à Saint-Etienne de Troyes (6). Quand notre comte fit son troisième voyage en Navarre, 1236, il paraît avoir emmené Robert Dauphin, que nous trouvons près de lui dans ce royaume en janvier et en septembre 1237 (c). Pierre de Pampelune était en juin 1222 prévôt du chapitre de Notre-Dame du-Val de Provins. Celait Thibaut qui Tavait nommé à cette dignité (1&3&). Pierre de Boissy était au service de Blanche de Navarre en 1223 et obtint d'elle deux arpents de vignes (1530, 1531). Pierre Chien était en 1228 agent de Thibaut IV à Rome (1807). L'année suivante, son neveu obtint de notre comte, à titre de récompense, une autorisa- tion de défrichement (1961). Gui, employé à la chancellerie de Champagne dés 1227 (177/i), notaire du comte en 1232 (2218), de- vint chancelier deux ans plus tard (d). Jean, employé à la chancellerie de Champagne en ia) Bourquelot, Fragments de comptes du XIII* siècle, dans la Bibliothèque de l'Ecole des chartes, 5* sf^rie, IV, 67. (6) Bibliothèque impériale, Ms. latin 5992, f° 331; Archives lie TEinpire. KK 1064, P» 369. (c) Voir deux chartes de Thibaut dans Los Annales de Navarra^ III, 10-11 , et dans le Diccionario de Aniiguedades del re\no de Navarra, I, 16-18. , ///) Voir plus haut, p. S'^S. — 538 — 1227 (177/i, 1798) el en 1228 (1807), obtint de Thi- baut IV en 1229 la promesse de la seconde pré- bende vacante à Sainl-Quiriace de Provins (a). Il est peut-être le même que Jean de Provins, à qui la même année Thibaut IV donna dix arpents de pré dans le voisinage de Nogentsur-Seine (2016). Peut- être aussi est-ce lui qui, par avancement, réunit onze ans plus tard la charge de receveur de Cham- pagne à la dignité de doyen de Saint-Quiriace. On sait que Jean, doyen de Sainl-Quiriace, resta au ser- vice des comtes de Champagne jusqu'en 1260 (6). Etienne de Provins, clerc de Thibaut IV en 1229 et en 1230, obtint de ce prince divers privilèges pour son cousin Richard de Cucharmoy (1964, 1965), et des conditions favorables pour une veuve qui voulait racheter du comte la succession de son mari (2057). En s'occupant des intérêts des autres il ne négligeait pas les siens, car il se fit donner par Thibaut la jouissance de plusieurs redevances à reve- nus incertains, en échange desquelles ce dernier lui assura plus tard 35 livres de rente (2009). Adam de Vertus. En 1229, Thibaut IV lui avait promis la première prébende vacante à Saint-Etienne de Troyes (c). En 1230 il accorda sur sa demande divers privilèges à deux fiancés dont Tun était origi- naire de Semoine (2066). (a) Bibl. Imp., lat. 5992, fo5o4; Arch. de l'Empire, KK 1064, P> 569. {b) Voir plus haut, p. 465-466. (t) Bibl. Imp., Ms. latin 5992, l'« 534; Archives de l'Empii-e. KKi064. f»369. ■ > I I — 589 — Garnier, chanoine de Vitry, oblint en 1260 la commande du prieuré de Larsicourt (2569). Jacques, chanoine de Saint-Quiriace de Provins^ accompagna en 1266 Thibaut IV dans son premier voyage à Lyon, où résidait alors le pape Innocent IV (2748). Il esl peut-être le môme que Jacques d'Ervy, depuis receveur de Champagne (a). Jacques de Rebais fut, en 1250, chargé par Thi* haut de dresser, avec Gilles de Villenauxe, un état des fiefs mouvants de Champagne (2978). H s'ac- quitta de cette mission Tannée suivante ( 2985 , 2987). Eudes de Château - Thierry , notaire sous Thi- baut V, de 1259 à 1270(6), accompagna ce prince en Navarre en 1264 et en 1269 (c). Michel de Pampelune, notaire de 1259 à 1266 (d). Gautier de Péronne, notaire de 1259 à 1262 (e). {a) Voir plus haul, p. 471-472. (6) Voir les chartes suivantes : Année 4259 (3t69, 3474) — 4260 (3t85, 3205) — 4264 (3248, 3234), — - 4262 (32«2, 3263), — 4264 (3333, 3335, 3343), — 4265 (3363, 3364), — 4269 (3554, 3554, 3557, 3559), — 4270 (3622). Dans les chartes numérotées 3262, 3263, 3622, il est appelé Eudes tout court. Le numéro 3346, qui date de 4263, nous offre l'exemple d'une charte écrite par Eudes de Châ- teau-Thierry pour un autre que le comte de Champagne. (c) Catalogue, n«" 3343, 3554, 3554, 3557, 3559. (d) Année 4259 (3472), — 4265 (3378), — 4266 (3390). (e) Année 4259 (3477), — 4260 (3484), — 4262 (3283). Dans la charte numérotée 3477, on a imprimé Gautier de Pons, nous pensons que c'est une faute pour Gautier de Péronuc. / — 540 — Richard de Montier-cn- Der, notaire de 1259 à 1265 (a). Simon Garsie, notaire en 1260 (3186). Lambert de Lagny, administrateur du domaine de Thibaut V à Paris, 1263-1265 (6). Jean d'Asniéres, notaire de 1263 à 1270 (c). Thomas Brunel, notaire de 1263 à 1270 (d). En 1270, Thibaut V partant pour la croisade le laissa en Champagne, avec la mission de saisir les biens nouvellement acquis par les gens de mainmorte, et pour lesquels il n'avait pas été payé de droits d'a- mortissement (e). Adam des Grés, notaire en 1263 (3320) (/*), fut, en 1268, chargé par Thibaut V de faire une enquête (a) M. Bourquelot, d^ns son mémoire sur la Chancellerie des comtes lie Champagne, p. 9, l'indique en 4259, puis noiis le re- trouvons dans les chaites suivantes : année 4200 (3187, 3498), — 42(>3 (3206), ~ 4205 (3359). M. Bourquelot, et les chartes nu- mérotées 3296 et 3359, l'appellent Richard tout court. (6) Voir plus haut, p. 472. (r) Année 4 263 (3305,3308, 3340,3342,3345, 3324,3324), — 4266 (3393), — 4267 (3405), — 4 270 (3632, 3636). Il est ordinairement appelé Jean tout court. La charte numérotée 3405 est la seule où on lise Jean d'Âsnières. {d) Année 4 263 (3320, 3322). — 4270 (3600, 3649, 3629, 3640). 11 est appelé tantôt Bruriellus, tantôt Th, Brunellus, tantôt Th. tout coiirl. Son nom ne se trouve entier que dans la pièce dont la note suivante donnera l'indication. (e) Charte du 9 septembre 1270, aux Archives de l'Aube, fonds de Saint- Pierre de Bar-sur-Aube. if) Dans celte pito, il est nommé Adam tout court. — 541 — (3467), et en 1270 ce prince l'associa à la mission qu'il donnait à Thomas Brunel (a). Garsie Sanrhez, notaire de 1266 à 1267 (6). II re- présenta Thibaut V au concile de d'Auch en 1266 (3393). Elienne, notaire en 1267 (3408). Geofroi de Monlihéry, notaire de 1267 à 1270 (c), était chanoine de Saint-Etienne de Troves en 1269 (3547, 3660). Il fut employé à la levée du cen- tième et des autres sommes accordées à Thibaut V par le légat pour Taider à payer les dépenses de la croisade (d). Aubri de Legarda, notaire en 1267 (3460, 3461). Martin d'Estella, notaire en 1269 (3563) et en 1270 (3605). Simon de Lagny, notaire eu 1269 et 1270 (e). Henri Tuebeuf, notaire en 1270 (3636), avait fait en 1268, avec quatre autres personnes, une enquête pour Thibaut V (3467). En février 1276 il était du nombre des conseillers qui composaient la cour su- prême de Champagne (3830). Il paraît avoir été ori- (a) Voir la charte du 9 septembre, déjà citée. (h) Année 42G4 (3330), — 4266 (3389). M. Bourquelot, dans son mémoire sur la Chancellerie des comtes de Champagne, p. 9, l'indique en 1267. (c) Année 4267 (3409, 3434, 3436), — 4268 (3498, 3499, 3547, 3520), -- 4269 (3527, 3533), — 4270 (3596). Il est ap- pelé Geofroi tout court dans les chartes numérotées 3434, 3436, 3498, 3499. id) Voir plus haut. p. 412-4i3. (e) Année 4269 (3567, 3570, 3572), — 427C (3587, 3590, 3594). — 542 — ginaire de Provins (a). Exécuteur testamenlaire de Tévéque de Paris Guillaume lil (6) qui mourut en 12/18, chanoine de Paris de i2/i9 à 1279 (c) bien qu'il ne se soit jamais élevé au-dessus du sous-dia- conal, il exerçait en 1264, pour le chapitre de Notre- Dame, les fonctions de prévôt de Rozoy- en-Brie (d), et en 1269 il prit celte prévôté à ferme pour six ans, moyennant un loyer de 80 livres tournois («). Âpparice de Pampelune, notaire en 1270 (3657, 3659). Jacques d'Ervy, receveur de Champagne de 1271 à 1273 (/•), et prévôt de Troyes en 1285 (g). Gilles, clerc d'Henri III en 1271 (3695). Guillaume de Vitry, notaire de 1273 à 1277 (h). Gui de Launois, receveur de Champagne en 1273 et en 1274 (i). Raoul de Thourotte, chanoine et trésorier du chapitre de Meaux, était présent lors de Thommage (a) Cartulaire du Temple de Provins, cité par Bourquelot, Bibliothèque de V Ecole des chartes, 4* série, IV, 183. (b) Cartulaire de Notre-Dame de Paris , 11, 87. (c) Cartulaire de Notre-Dame de Paris, I, 159, 11, 87. 193, 414. (d) Cartulaire de Notre-Dame de Paris, II, 278. (e) Cartulaire de Noire-Dame de Paris, II, 284. (/) Voir plus haut, p. 472. {g) Voir notre tome II, p. lxiv, art. 9. {h) Année 4273 (3779, 3783),— 4274 (3807). M. Bourquelot l'indique comme notaire aux années 4276 et 4277: la Chancellerie des comtes de Champagne, p. 10. (i) Voir plus haut, p. 472. — 543 — d'Henri 111 à l'abbaye de Saint-Denis en 1271 (3689), et faisait partie de la cour de Champagne réunie à Troyes le 1'^ février 1276 (3830). Il fut clerc d'Ed- mond en 1277 (3861, 3862). 11 appartenait à une des plus hautes maisons de Champagne, puisqu'il était fils de Jean III de Thourolte, gouverneur et bouleiller de Champagne (a). 11 possédait un cano- nicat à Verdun quand, en 1283, le pape Martin IV, frère du gouverneur de Champagne Gilles de Brion (6), le nomma archevêque de Lyon. Il con- serva ce siège jusqu'à sa mort en 1287 (c). Tandis que les clercs dont nous venons de parler étaieni occupés de fonctions administratives, d'au- tres étaient employés au service du culte ; c'étaient les chapelains. Des chapelains étaient attachés à la plupart des chapelles fondées dans les châteaux des comtes de Champagne. C'est ainsi que nous trouvons en 1228 un chapelain du comte de Champagne résidant à Sézanne (1853). C'est ainsi qu'en i269 nous en ren- controns un autre à Payns (3529). Ces chapelains formaient une communauté à laquelle Thibaut V, par son premier testament, légua une somme de 100 livres, 1258 (3125). Outre ces chapelains, les comtes de Champagne (a) Anselme, Histoire généalogique, II, 151. {b) Voir plus liaut, p. 459. (c) Sur son épiscopat, voir : GalL Christ, noy., IV, 152-154. L'identité de l'archevêque Raoul avec Raoul de Thourotte, signalée déjà par les frères Sainte-Marthe dans leur édition du GalL Christ., nous paraît évidente, quoiqu'en disent les auteurs de la nouvelle édition, et en cela nous sommes d'accord avec le P. Anselme. — 544 — en avaient un ou plusieurs attachés à leur personne et qui les accompagnaient dans leurs voyages. Ainsi, Marie compta trois chapelains : André , H8/i- li86 (a); Pierre, chanoine d'Hébron et de Sainl- Elienne de Troyes, 1186 (365, 348); Adam, 1188 (367,376). Aceline, mère d'Adam, fut donnée par Henri H à la léproserie de Troyes (367). Nous con- naissons deux chapelains de Thibaut IV : Raoul des Ponts, qui était mort en 1230 (2088), et le Trinitaire Simon, dont il a été question déjà (6). Vient ensuite Gonon, chapelain de Marguerite de Bourbon et de Thibaut V, 1256-1267. Ce dernier fit un paiement pour Marguerite en 1256 (3091); figure au nombre des exécuteurs testamentaires de Thibaut V en 1258 (3125); rendit un jugement arbitral entre ce prince et l'évoque de Meaux en 1261 (3236), et en 1267 fut de nouveau choisi pour arbitre par les deux par- ties (3626). Nous avons déjà parlé de ses succes- seurs : Robert^ abbé de Montiéramey, 1269 (c), et Thomas de Jouarre, 1273 (d). g 2. — Officiers et employés laïcs de second ordre attachés à la maison des Comtes. Ces officiers et employés étaient le pannetier, Té- chanson, le cuisinier ou queux, le fauconnier^ Té- cuyer, les valets, l'huissier, les demoiselles de la com- (a) Année USA (336), — -H85 (340), — >H86 (344, 348). {b) Voir plus haut, p. 531 . (c) Voir plus haut, p. 531. (d) Voir plus haut, p. 529. ^« — 545 — tesse, le maçon, le charpentier, les charretiers. Nous avons déjà parlé du médecin dans le paragraphe con- sacré aux clercs (a). Pannetiers (6). — Nous connaissons deux pan- netiers de Thibaut IV : le premier est Pierre de Jau- court, qui fut investi de la panneterie de Champagne à titre viager et à charge d*hommage-lige le 30 juil- let 1234 (2307 bis). Nous le rencontrons pour la première fois en 1226 (1694, 1698). Il était au ser- vice de Thibaut IV dès Tannée 1228 (c). 11 vivait encore en 1235 (2372), et dix ans plus tard il est probable qu'il était mort (2709). Il cautionna trois tfois Thibaut IV (1857, 1858, 2226). Ce prince le désigna une fois comme expert (1990), le choisit trois fois pour arbitre (2265, 2267, 2319), et le mit siu nombre des conseillers qui, à Tépoque de son élévation au trône de Navarre, administrèrent pour lui la Champagne (2314) ; enfin , il récompensa les services de Pierre par de nombreuses libéralités, dont cinq chartes conservent encore le souvenir (d). Parmi les biens qu'il lui donna, on en remarque qui pro- venaient des confiscations dont avaient été frappés le sergent Gilebert de Chaumont (2220) et le cham- Irier Pierre Goin (2330) (e); nous signalerons aussi (a) Voir plus haut, p. 536. (6) Sur le pannelier d'Henri I", voir T. III, p. 152. (c) Catalogue. n«» 4857, 4858, «65, 4868, 4872, 4873. (d) Ces chartes appartiennent aux années 4230 (2074), — 4232 (2244, 2220), — 4235 (2330, 2333). (e) Sur l'histoire de ce chambrier, voir plus haut, p. 504, et sur le sergent Gilebert, voir plus bas, p. 551. 85 — 546 — une partie des fossés de Bar-sur-Âube (221/i); les habitants de Bar firent, avec Tapprobation de Thi- baut, donation à Pierre d'une autre partie de ces fos- sés (2372). Une charte de Tannée 1233 met Pierre de Jaucourt au nombre des bienfaiteurs de l'hôpital de Saint-Jean de Jérusalem (a). Âpres sa mort, les fonctions de pannetier furent remplies par Salet de Juily, que nous rencontrons avec ce titre en 1267 (2805). Dès 1230 Salet était, en qualité de sergent, au service de Thibaut IV qui, à titre de récompense, lui accorda un droit d'usage dans la forêt d'Isle-Aumont et l'autorisa à faire en- trer dans la ville de Troyes dix tonneaux de vin francs de droits (2065). EcHANSOxN (Eschantio). — En 126/i, cette fonction était remplie à la cour de Thibaut V par Guillaume d'Aulnay (3343). L'existence de cet emploi à cette date explique pourquoi le bouteiller Jeun de Thou- rotte n'eut pas de successeur (6). Cuisinier ou queux. — Renaud de Vertus, cuisi- nier de Thibaut IV en 1239, était encore au service d'Henri III en cette qualité au mois de mai 1273. En 1239 il obtint de Thibaut IV la nue propriété d'une maison à Vertus (2526), et en mai 1273 il fit une donation à l'abbaye de la Charmoye (c). (a) Cartnlaire de Caillot^ cité par Boiii*quelot dans la Biblio- thèque de l'Ecole des chartes, 5* série, IV, 74, note 5. (6) Voir plus haut, p. 501-502. (r) Original, Archives de la Marne, fonds de la Charmoye. — Sur les cuisiniers d'Henri 1«^ voir T. 111, p. 140. — 547 — Fauconnibr (a). — En 1231 Henri d'Oye, fau- connier de Thibaut IV, reçut de ce prince comme récompense une rente de grain et une rente d'ar- gent à charge d*homroage-lige (2161). EcuTBRS. — Un compte, rendu à Blanche de Na-< varre en 1219, porte en dépense la somme de 30 sous pour frais d'une maladie de Guillaume, écuyer de Thibaut IV (6). En 1264 récuyer de Thibaut V était Ânero San- chez, à qui ce prince donna 15 livres de rente via- gère sur le péage de Pampelune; la charte motive cette libéralité sur les grands services rendus par Anero tant au prince régnant qu'à son père (c) ; elle fat confirmée en 1271 par Henri III, près duquel, à cette date, Anero conservait encore son emploi (d). Valbts. — Nous voyons dans les comptes de saint Louis qu'en 1239 ce prince fit donner comme cadeau 20 sous à un valet du comte de Champa- gne {$). Nous connaissons les noms de trois valets de Thibaut IV : Renier Bolet et Le Moine en 1230, Jean Horel en 12&7. Thibaut récompensa les deux premiers en leur donnant : à l'un une rente de grain (21G0), à l'autre une quantité de terre assez grande pour occuper une charrue (2107). Le dernier ac- (fl) Sur le fauconnier d'Henri I", voir T. lll, p. 152-153. {h) Fragments de comptes du XI II* siècle^ publiés par M. Bour- quelot, dans la Bibliothèque de l* Ecole des chartes, 5* série, IV, 62. (c) Los Annales de Navarra, III, 91. {d) Los Annales de Navarra, III, 145. (e) D. Bouquet, XXII, 602 G. — 548 — quit, de l'abbaye de Jouarre, 30 arpents de bois dans la forêt de Mant (2829). Ces trois individus ap- partenaient sans doute aux classes inférieures de la société. Radulphin, valet de Blanche de Navarre, était homme de l'abbaye de Saint-Loup de Troyea qui le céda à celte princesse moyennant engage- ment de donner en échange un autre homme de même valeur (1019). HuissiBR (a). — Jean d'Ayre, huissier de Thi- baut IV en 1230, reçut de lui une rente de grain en récompense de ses services (2092). Dbmoiselles. — On nous a conservé les noms de trois demoiselles de la comtesse Blanche : Flore de Mescines, Aude et Mathilde. En décembre 1220 , Blanche faisait donner à Flore, par le chapitre de Notre-Dame de Paris, l'in- vestiture des essarisde la forêt deRozoy, précédem- ment possédés par le clerc Alerme (1305) (6). Flore vivait encore au mois de janvier 1255, où elle ven- dit, au chapitre de Notre-Dame, ses biens de Rozoy pour la somme de 500 livres (c). Aude épousa Thibaut de Rosières et reçut de Blanche, à Toccasion de ce mariage, iO livres de rente en dot ; elle était morte en mai 1222 (1&23- 1426). Mathilde était serve : elle épousa Jean de Bernay, sergent, serf comme elle. Mais Blanche les affranchit {a) Sur les huissiers d'Henri I", voir T. III, p. 152. (b) Sur le clerc Alerme, voir plus haut, p. 534. (c) Cartulaire de Noire-Dame de Paris, II, 271, — 549 — tous deux, et cet affranchissement fut confirmé par Thibaut IV en 1222 (1493). Nous mentionnerons à leur suite, Alix, maîtresse dlAgnés de Beaujeu. Alix parait avoir accompagné en Champagne son élève, qui, devenue femme de Thibaut IV, fit donner par l'abbaye de Montiéramey un usufruit à son ancienne gouvernante (1719). Maçon. — André était maçon de Thibaut IV en 1222 *(l/i89, iti90). Il est question de lui pour la première fois en 1174, où il vendit à Tabbaye de Saint-Martin-ès-Aires de Troyes le tiers du moulin de Meldançon (a). Blanche lui fit donner, par Tab- baye de Saint-Loup de Troyes, des prés à Rouilly- Sainl-Loup (793). André possédait à Troyes, rue Notre-Dame, une maison que Thibaut iV affranchit des redevances ordinaires jusqu'à concurrence de 40 sous (1453). Il avait un fils et une fille auxquels ce prince accorda d'importants privilèges (1489, 1490). Charpentier. — En 1223, Thibaut IV prit à son service, comme maître charpentier, Thomas de Vitry, auquel il assura plusieurs privilèges, une rente de grain et une rente d'argent (1606). Charretier. — Richardin, charretier de Blanche d'Artois, fit partie de l'expédition d'Aragon en 1285 (6). (a) Voir notre T. m, p. 276. (6) D. Bouquet, XXII. 729 D, 732 C. — 580 — g 3. — Officiers et employés laïcs de second ordre attachés à des services extérieurs. • Ces officiers et employés sont les sergents, les gardes des foires, les prévôts, les celleriers, les groyers et les forestiers. Sergents. — Hatton de Broyés, sergent de Blanche de Navarre en 1206 (660) et en 1211 (786), parait avoir appartenu à une famille de serfs possé- dée par la puissante maison de Broyés, et qui n'ob- tint d'Hugues, seigneur de Broyés, son affranchis- sement qu'au commencement du xiii® siècle (660). Sa femme était serve de Tabbaye de Faremoutiers, qui n'abandonna ses prétentions sur elle qu'en 1219 (1226). Hatton avait une maison a Sézanne (2003), deux arpents de vigne à Vindey (1530), et proba- blement il jouissait d'une certaine aisance, car il donna 5 livres de rente à l'Hôtel-Dieu de Provins (786, 1674). En 1219 il vivait encore; il acheta du vin de la comtesse Blanche, et un déficit s' étant trouvé au moment de la livraison, cette princesse lui paya une indemnité de 6 livres (a). En avril 1223 il était mort (1530), et il paraît alors avoir été traité en serf main-mortable, car Blanche et Thibaut IV s'empa- rèrent de sa succession (1530^ 2003). Jacques de Hongrie, sergent de Blanche de 1212 à 1219 (813, 12/iâ), était sans doute, comme son nom l'indique, un étranger que le droit d'aubaine (a) Fragments de comptes du Xllh siècle, publiés par Bour- quelot dans la Bibliothèque de rEcole des chartes^ 5^ série, IV, 62. — BBl — ♦ engageait dans les liens du servage. Sa venue en 1^ Champagne avait peut-être pour cause les relations momentanément établies entre notre province et la Hongrie par le mariage de Marguerite, sœur de la comtesse Marie, avec Bêla III, roi de Hongrie (a). Nous ne le connaissons que par une libéralité de Blanche en sa faveur et par son testament, qui date de 4219. Gilebert de Chaumont était, comme Hatton de Broyés, d'une naissance peu relevée, car sa mère et son frère, qui demeuraient à Saint-Thiébault, payaient au comte de Bar-le-Duc, leur seigneur, les mêmes redevances que les autres habitants roturiers de cette localité (1304). On doit ce semble le comp- ter au nombre de ces bourgeois enrichis si nom- breux à la cour de Champagne^ où leur aisance con- trastait avec la pénurie de plus d'un grand seigneur. Rainard II, seigneur de Choiseul, et Hugues II, sei- gneur de la Fauche, furent tous deux obligés de lui emprunter de l'argent; et Gilebert, à qui ne suffisait pas l'honneur de les obliger, exigea d'eux comme garantie de remboursement des gages importants : ce fut pour Rainard le village de ChaufTour (1542); ce fut pour Hugues la moitié du village de Morteau (1867). Un autre haut personnage, Simon V, sei- gneur de Clefmont, lui vendit ses biens de Saulcy (856). Gilebert était sergent de Blanche de Navarre en 1213 (854) et en 1220 (1304), et obtint pour sa mère et son frère la protection de cette princesse. (a) Voir plus haut, pages 61, 62, 74, et notamment la note b de cette dernière page. # - 552 - ^lu Thibaut IV, dans Vks premiers temps qui suivirent sa * majorité, eut pour lui la même bienveillance que Blanche. Le fils de Gilebert ayant été fait prisonnier en Franche - Comté par Guillaume et Richard de Chay, notre comte leur fit faire la guerre par Jean . de Chàlon, comte de Bourgogne (16/iA). Hais bien- ^ tôt Gilebert perdit les bonnes grâces du prince cham- penois, qui le déclara convaincu de forfaiture^ con- fisqua ses biens et le condamna au bannissement. Ceci eut lieu au plus tard en 1232 (2220, 2602). Jean de Bernay, 1222, épousa Mathilde, demoi- selle de Blanche de Navarre. Mathilde était née serve et fut affranchie par Blanche (1693). Raoul Godart , libre , mais roturier, prit pour femme la fille d'un bourgeois de Coulommiers, et Thibaut IV lui accorda, en récompense de ses ser- vices, les privilèges qu'il donnait aux plus favorisés de cette condition, 1222 (1494). Tiecelin Payen, 1222, reçut du comte les mêmes privilèges, d'où il suit que sa naissance était la même (1511). Nous n'avons aucun renseignement sur l'origine et la condition des sergents Barthélemi de Troyes, 1225; Gilles de Montieri, 1229; Guerri de Ber- neuil, 1230; Gui de Vossemin, 1232, et Godemer, 1232, qui nous sont connus par les libéralités de Thibaut IV envers eux (a). Nous ne savons guère mieux quelle était la naissance des baillis Raoul des Ponts, Jean d'Epernay et Girard de la Noue, des chambriers Garnier de Lagny, Séier de Fontaines, (o) Catalogue, n°' 4672, 4966, 2478, 2243. — 553 — et Geofroi de Marquenbie, du chambellan Robert d'ÂuInay, du pannetier Salet de Jully et du valet Jean Morel, qui portent dans certains actes le titre de sergents (a) ; mais il est probable que ni les uns ni les autres n'étaient de naissance noble. Cepen- dant, tandis qu'en général une grande partie des sergents était d'origine servile ou au moins rotu- rière, comme Beaumanoir le fait remarquer (6), quelques autres étaient de condition plus élevée, ^ous avons déjà signalé un cas où le titre de sergent est donné aux fils d'un chevalier, grand-of&cier d'un de nos comtes (c). C'était au xii" siècle. Au xiii* siè- cle , le titre de sergent est porté par le bailli de Chaumont, Viennet, châtelain de Nogent (3298, 5360) (d). Gardes des foires. — Cette fonction existait déjà au xii^ siècle (e). Nous connaissons le nom de quel- ques-uns des officiers qui en furent investis au xiii*; ce sont : Girard Mélétaire, dont il a été question dans le paragraphe consacré aux chambellans, et €\m en 1231 cumula les charges de maire de Troyes ^tde garde des foires (^); Laurent de Donnement, (a) Catalogue, n»* 464, 545, U78, 2065, 2069, 2088, 2829, 2905, 2963. Voir plus haut, p. 469, 474, 484, 50t. (6) Chapitre xxix, 3, édit. Beugnot, I, 395. (c) T. III. p. 13M32. {d) Les châtelains avaient dans le inonde féodal une situation analogue à celle des vicomtes, voir notrâtomell, p. 452; Du Cange, au mot Castellanm, 4, édit. Henschcl, II, 222; Brussel, p. 712-717. (c) Voir notre tome III, p. 235-236. (/) Voir plus haut, p. 509-510. — 65* — 1252 (a); Thibaut d'Assenay et Etienne Le Bour- geois, 1267 (6); Jean de Montigny et Guillaume d'Allement, 1278 (c); Guillaume de Villercel et Jean de Brienne, 1285 (d). Thibaut d'Assenay avait été un des procureurs délégués par le pape Urbain IV pour la fondation de Téglise Saint-Urbain de Troyes (33/iO). Jean de Montigny, avant de devenir garde des foires, avait exercé pendant un an la charge de bailli de Provins, 1270-1271 (e). Guillaume d'Aile- ment réunit à sa personne les trois bailliages d Troyes, Meaux et Provins, depuis le mois de févrie 1284 (v. 5(.?) jusqu'au mois de juillet 1286 (/*). Guil- laume de Villercel avait fait partie du tribunal su- prême de la Champagne, réuni à Troyes le 1*' février 1276 (3830). Jean de Brienne avait été bailli de Troyes en 1264 (3339). Prbvôts. — Nous n'entreprenons pas de donner la nomenclature de ces fonctionnaires, et quant à la liste des prévôtés, nous renvoyons au chapitre qui traitera de la géographie de notre comté depuis la mort d'Henri !•' jusqu'à Philippe le Bel. Cbllbriers. — Thibaut IV avait à Sézanne , en (a) Archives de l'Aube, Cartnlaire du Temple, î^ 2 r*. (b) Archives de l'Aube, Cartnlaire du Temple, f** 559 v°. (c) Olim, édit. Beugnot, 11, 100-101, xi. (d) Voir notre tome II. p. lxxii, art. 145, p. lxx?, art. 189, p Lxxvi, art. 197. (e) Lefèvre, dans la BtblîOtl^èque de V Ecole des chartes, 5* série, I. 186. {fj Lefèvre, dans la Bibliothèque de V Ecole des chartes, 5* série, 1. 187 ; voir aussi notre tome II, p. lxvii, art. 65, et p. lxxy, art. 184. — »ss — 1350, un cellerier auquel il donna ordre de délivrer annuellement 10 setiers de vin à l'Hôtel Dieu de Provins (2911). Son cellerier de Château-Thierry est aussi mentionné (1457); mais nous ignorons le nom de Tun et de l'autre de ces agents (a). Gruters. — Le maire de Sourdun et Joibert, pré- vôt d'Isle-Âumont, étaient en 1236 gruyers, c'est-à- dire gardes généraux des forêts de Thibaut IV (2413). Forestiers. — Les deux forestiers de Nogent-sur- Seine et celui de Courtioux, prés de La Saulsotle (Aube), sont mentionnés dans un compte de Tannée 1219. Leurs noms sont inconnus comme celui du garde des bois de Nogent-sur-Seine, comme la rési- dence du forestier Bouchard, qui tous deux figurent dans le même compte (6). SECTION 4e. — CONSEIL. Nous avons déjà parlé du conseil d'Henri le Libé- ral (c). Ses successeurs administrèrent comme lui à Taide d'un conseil; il en est souvent question dans les documents du temps. Ainsi, sous Thibaut IV, il est décidé que lorsque (à) Sur les greneliei^, voir notre tome III, p. 274. (6) Bourquelot, Fragments de Comptes du XII I* siècle , dans la Bibliothèque de VEcole des Chartes, 5* série, IV, 64. Nous pensons qu'au xiii® siècle les .forestiers occupaient dans la hié- rarchie administrative un rang inférieur aux gruyers. Sur ces em- ployés au XII- siècle, voir T. 111. p. 267-268. (c) Voir notre tome III, p. 122. — 556 — l'abbé de Monlier-enÂrgonne, cité devant le triba- nal d'Anseau de Possesse, mettra en suspicion la science ou la justice de ses juges, il pourra deman- der qu'un membre du conseil du comte de Cham- pagne vienne assister au jugement afin de s'assurer s'il y a lieu à interjeter appel pour défaute de droit (1935). Pendant le règne du même prince, un négo- ciant romain emprisonné n'obtient sa liberté qu'en payant 1,000 livres au comte de Champagne et 200 livres à son conseil (2â&3). Plus tard nous voyons le conseil de Thibaut V réuni à Nogent en l'absence de ce prince (3167). Peu après, Tabbé de Belval ayant avec le comte de Bar- le-Duc un procès que doit juger le comte de Grand- pré, demande à Thibaut d'envoyer des gens de son conseil assister au jugement (3257). Sur la requête de la dame de Montmirail, notre comte délègue trois membres de son conseil pour assister à une trans- action qui se conclut entre elle et Enguerrand, sei- gneur de Coucy (3287). Enfin il déclare qu'il est maître de donner aux eaux de la Seine, près de Troyes, telle direction que lui et son conseil jugeront à propos (3625). Blanche d'Artois, accordant un privilège aux ha- bitants de Viane pour récompenser leur dévouement et leur courage, déclare que c'est après en avoir dé- libéré avec les hommes honorables et sages de son conseil de Champagne (3818 bis). Les gouverneurs de Champagne administraient aussi à l'aide d'un conseil. Il est question, en 1260, de celui de Gilles de Hrion et de Robert de Cocbe- rel (3213). Il est difficile de déterminer d'une manière cer- laine quelle était la composition de ce conseil. Le conseil des comtes de Champagne ne parait avoir été, à aucune époque, un corps constitué d'une ma- nière précise et rigoureuse; mais on peut arriver cependant à connaître, en partie du moins, les prin- cipes qui dictaient le choix de ses membres et les noms de quelques-unes des personnes qui étaient l'objet de ce choix. Nous ferons d'abord observer qu'il n'y a pas de différence sensible enire le conseil et la cour ou tri- bunal des comtes. Ainsi, les membres du conseil de Champagne qui, pour s'assurer si les jugements prononcés par Ânseau de Possesse et par le comte de Grandpré sont fondés en droit, vont assister à ces jugements remplissent évidemment une mission judiciaire. On ne aistinguait point alors, comme aujourd'hui, les fonctionnaires de Tordre adminis- tratif de ceux de l'ordre judiciaire. Par conséquent, faire des recherches sur la composition de la cour ou sur la composition du conseil, c'est exactement la môme chose. En combftrant les renseignements que nous four- nissent les documents administratifs et judiciaires avec les renseignements que nous devons aux docu- ments législatifs (nous voulons parler des ordon- nances de 1212 et 122/i), nous arrivons à ce résultat que, dans le conseil des comtes de Champagne, il y a deux éléments fondamentaux à distinguer. Le pre- mier élément se compose des vassaux qui doivent à leur naissance et à Timportance de leurs fiefs le droit d'entrer au conseil; ils en constituent la partie indé- pendante; mais précisément par cette raison, c'est- à-dire parce qu'ils font la plupart un service gra- — 5M — tait, quelque obligatoire que soit ce service ea des principes du droit féodal, ils sont les membres les moins exacts. L'autre élément ce sont des con- seillers amovibles et à gages, ordinairement de petite naissance et de mince fortune, qui doivent à la faveur des comtes ou à leur aptitude spéciale leur éléva- tion et leur admission au conseil, et qui font tous leurs efforts pour reconnaître, par leur exactitude et leur zélé, la bienveillance dont ils sont l'objet (a). Quand il s'agissait d'exercer l'autorité législative, les principaux possesseurs de fiefs étaient seuls ad- mis au conseil; les ordonnances de 1212 (8l/i, 81 5) et de 122/i (1652) nous en donnent la preuve (6). (a) On pourrait distinguer une troisième catégorie où prendraient place les grands officiers membres du baronnage, mais elle est peu nombreuse et pouvait, suivant les circonstances, se confondre soit avec la première, soit avec la seconde. Ip) Voici la liste aussi complète que possible des vassaux de Champagne qui ont concouru à l'ordonnance de 1212 : Grandi officiers : Simon de Joinville, sénéchal; Gui de Dampierre, con- nétable; Gaucher de Châtillon, comte de Saint- Pol , bouteiller; Robert de Milly, chambellan ; Odard d'Âulnay, maréchal ; ^ Comtes : de Bar-le-Duc, Bar-sur-Seine, Grandpré. Joigny, San- cerre, Relhel, Roucy; — Barons et vavasseurs : Jean d'Arcis, Henri de Bar-le-Duc, fils du comte ; Eudes des Barres, Jean des Barres, Erard de Brienne, Gui de Cemay, Hugues, vidame de Chà- lons ; Ciarambaud de Chappes, Gui de Chappes, Girard de Châ- tillon. Gui de Garlande, Gaucher de Joigny, frère du comte; Bar- thélémy de Jouy, Philippe de Plancy, Gui de Pougy, Oger de Sainl- Chéron, le vicomte de Saint-Florentin, Hugues de Saint-Maurice, Pierre de Touquin, Garnier de Traînel, Gautier de Vignory et Jean de Villehardouin, frère du maréchal. — Les vassaux dont les noms suivent ont concouru à l'ordonnance de 1224 : Grands offiders : Simon de Joinville, sénéchal ; Hugues de Châtillon, depuis comte ^t t I — 859 — Ni Lambert Bouchu, alors chambrier, ni Gamier de Lagny, ni Séier de Fontaines, ni Geofroi de MUr- quenbie, ses collègues, ni les baillis Morel de Vertus et Raoul des Ponts (a) ne figurent dans la liste nom- breuse pourtant des vassaux immédiats et médiats dont Tadhésion fut considérée comme nécessaire à la validité de ces importants documents. On n'y trouve pas davantage les noms des chevaliers Henri des Bordes et Lambert de Châtillon, qui cependant, comme nous le verrons, comptèrent à cette époque parmi les conseillers et les agents les plus dévoués de Blanche de Navarre et de Thibaut IV. Mais quant au lieu de faire des lois il s'agissait de les appliquer, ou quand il était question de pure ad- ministration, la composition de la cour ou du con- seil devenait différente : des barons, sans doute, prenaient presque toujours part aux délibéra- tions (6); mais nos comtes n'étaient pas astreints à de Saint-Pol, bouleiller; Robert de Milly. chambellan. — Evêque de Beauvais. — Comtes : de Bar-le-Duc, Chartres, Roucy, Saint- Pol, Vaudémont. — Barons : Gui d'Arcis, Gautier d'Aiziilières, Erard d'Aulnay, Erard de Brienno, Clarambaud de Chappes, le vidame de Châlons, Jacques de Chassenay, Simon de Château- Villain , Eustache de Conilans, Thomas de Coucy, Rainard de Dampierre, Renier de Nogent, Gui de Piancy, Philippe de Plancy, Anseau de Possesse, Manassès de Pougy, Gautier de Reynel, Ni* colas de Rumilly, Gui de Sailly, Simon de Sexfontaines, Gamier de Traînel, Gautier de Vignory, Hugues , châtelain de Vitry. — Tous les grands officiers dont nous venons de parler appartenaient au baronnage. (a) Sur eux, voir plus haut p. 473, 474, 476, 503. (6) Sur la part prise par les barons aux décisions de la Cour de nos comtes* voir par exemple la charte de rannée 1239, cataloguée _ 560 — s'entoarer exclusivement de barons. Donnons d*ft* bord quelques e:sçm pies empruntés à des documenif qui ont un caractère exclusivement judiciaire; puifl nous passerons aux documents purement adminis- tratifs. 4®. En 1184, Marie rend un jugement entre l'ab- baye de Saint-Loup et Robert, maire d'Isle. Etaienl présents : Gilles des Tournelies, le chambrier Artaud^ Milon de Provins, Thibaut Révélard et Milon de Bray ou de Ternanas (337). On sait l'histoire du chambrier Artaud, qui était fort riche, mais né roturier (a). Aucun des autres n'avait une position féodale im- portante : ni Milon de Provins, ni Thibaut Révélard, ni Milon de Bray, anciens conseillers d'Henri 1*, conservés par sa veuve (6), ni Gilles des Tournelles» qui parait avoir été un des principaux favoris de la comtesse Marie (c). 2^ En 1186, la cour de Marie prescrit une en- quête au sujet d'une contestation entre cette prin- cesse et le comte de Nevers. Quatre personnes sont sous le n*^ 1935, et Li drois et li couslumes de Cliampaingne et di Brie, § 49. (a) T. III. p. 126-128. (b) Nous avons déjà parlé des deux Milon de Provins, l'un maréchal, l'autre chambrier, voir plus haut, p. 502; sur Thibaut Révélard, voir notre tome 111, p. 149, et sur Milon de Bray, le même tome, p. 146. (c) Il est témoin dans les neuf chartes de cette princesse, qui portent les n«* suivants : 329, 335, 356, 337, 340, 344. 345, 346, 347, et dans les deux chartes d'Henri II, numérotées 358, 363. Le plus ancien de ces documents date de 1183 ; le plus ré- cent de 1187 ; cf. CataL des actes de Philippe-Auguste^ n^" 46. — 861 — chargées de cette enquête ; il y a dans le nombre deux i)arons : Dreux de Mello et Pierre de Tpuquin (^, et deux conseillers de Marie, qui ne sont barons ni l'un ni Tautre; savoir : Gilles des Tournelles et Milon de Provins, dont venons déjà de voir les noms (350). 3'. En 1215, Blanche de Navarre ayant à rendre une sentence arbitrale, juge sur le rapport de six conseillers, dont cinq seulement sont des barons; ce sont : Gaucher de Chàtillon, comte de Saint-Pol, bouteiller ; Robert de Milly, chambellan ; Garnier de Trainel; Oger de Saint - Chéron , et Baudouin de Reims (6); le sixième est le bailli Raoul des Ponts (956) (c). A^ En 1229, un procès entre Tabbaye de Mon- tier-en-Argonne et Anseau de Possesse est jugé par la cour de Thibaut IV, sur le rapport de deux con- seillers : Tun appartient aubaronnage, c'est Hugues, châtelain de Vitry (d) ; Taulre est le chambrier I.am- bert Bouchu (1935). (o) Pierre de Touquin figure dans la liste des chevaliers banne- rets de Champagne sous Philippe-Auguste (Duchesne, Scriptoreit V, 267, col. 1 B). Dreux de Mello est sans doute le connétable de France. La maison de Mello tint des comtes de Champagne une rente d'argent ei quelques fiefs (2635, 2847, 2848). (6) Robert de Milly, Garnier de Traîne!, Oger de Saint-Chéron et Baudouin de Reims, figurent dans la liste des chevaliers banne- rets du temps de Philippe-Auguste, les premiers parmi les cheva- liers de Champagne, le dernier parmi ceux de Coucy. (Duchesne, Scriptores, V, 266, 267.) Baudouin était aussi vassal de Champa- gne, Ca/o%ue, n«M023, 1451, 2172. (e) Voir plus haut, p. 474. {d) Sur l'importante position des châtelains de Vitry, voir Brussel, p. 115-717. »0 — 662 — 5^. En 1236, an jugement rendu par la cour de 'Shibaut IV, entre les Templiers et le doyen de Saint- Etienne de Troyes, est notifié par deux des conseS- 1ers qui y ont pris part (2^32); ce sont : Guillaumedc Villy ou de Villehardouin, maréchal de Champagne, et Henri des Bordes. La famille du premier avait pénétré dans les rangs du baronnage champenoî! grâce au mérite de Geofroi de Viliehardouin, soi père; mais Henri des Bordes, quoique chevalier de 1223 (153&), était un homme nouveau. Il parai avoir dû la faveur de Blanche de Navarre et de TU baut IV à des services qu'il leur aurait rendus pei dant leurs guerres contre Erard de Brienne, et qi lui obtinrent d'importantes récompenses ( 12S9 l28/i); mais, bien qu'à leur service dès 1219 (a), e 1228 il cherchait encore à s'enrichir par un moye que l'aristocratie féodale n'aurait pas avoué : car faisait partie d'une compagnie de marchands q\ exploitaient les bois de Garnier de Tratnel (1835 Ces opérations commerciales ne l'empêchaient p« de continuer à s'attirer par son zèle les bienfaits d comte (2003, 2292) et d'ûtre employé par ce prince il fut , en 1231 , arbitre entre lui et l'abbaye de Sain Jacques de Provins (2119), et (it partie, en 123&, d conseil qui administra la Champagne pendant l'ai sence de Thibaut IV (2314). d"". En 1267, une condamnation prononcée ps la cour de Thibaut V contre Henri, comte de Granc (a) Bourquelot, Fragments de comptes du XIII* siècle, dans Bibliothèque de V Ecole des chartes, 5* série, IV, 62 ; en I2i! nous voyons Henri des Bordes faire un paiement pour Thibaut I (1534). — 563 — pré (3/i06), a pour conséquence une enquête pres- crite par Thibaut, et les conseillers de ce prince qui en sont chargés sont deux chevaliers : Erard , sei- gneur de Jaucourt, et Lambert de Jaucourt ; et deux clercs : Henri Tuebeuf et Adam des Grès (a); un seul des quatre était baron, c'était le seigneur de Jaucourt (âZi67) (6). 7'.-8®. Deux jugements du tribunal suprême de Champagne, en 1270, donnent les noms des plus importants des personnages qui les ont rendus (c). On y reconnaît plusieurs barons ; tels que : le comte deRoucy, les seigneurs de Chappes et de JuUy-le- Chitel ; mais dans le nombre on remarque Pierre de la Malmaison, bailli de Vitry (d). 9\ Dans un jugement du i*' février 1276, nous trouvons la liste complète des juges qui, ce jour-là, siégèrent dans la cour suprême de Champagne. Ils étaient dix-huit; deux barons : c'est-à-dire Hugues de Gonflans, maréchal, et Jean de Joinville, séné- chal; deux abbés : ceux d'HautvilKers et de Montié- ramey ; cinq clercs ; quatre chevaliers de second or- dre, dont le garde des foires Guillaume de Villercel ; le roturier Chrétien l'Ours , et les quatre baillis (3830). iO*. Un jugement rendu en 1278 par le gouver- (a) Sur Henri Tuebeuf et Adam des Grès , voir plus haut , p. 540542. (b) Sur Erard, seigneur de Jaucourt, voir notre tome II, p. xlvi, art. 563, et le Catalogue, n° 3630. (c) Id drois et H comtumes de Champaingne et de Brie, § xix, XXII. {d) Sur Pierre de la Haluiaison, voir plus haut« p. 484. — 564 — Deur Jean d'Acre, nous montre siégeant à cdi seigneur de Broyé, c'est-à-dire de l'un des pi paux barons de Champagne, Florent de Royes parait avoir été simplement un légiste (a), le ( celier Vincent de Pierre-Chàlel et trois ba Guillaume du Ghâtelet, alors bailli de Séza depuis de Chaumont, et enfin de Troyes; Hugu Chaumont, qui fut deux fois bailli de Vilry, et laume de Puvillain, dont nous ne connaissons p ressort (38/i9) (6). 11*.-12*. Enfin, parmi les juges qui, vers le« mencement du gouvernement de Jean de Join rendirent deux arrêts considérés comme notai on remarque à côté de barons comme les seigi de Jully, de Chappes el d'Arzilières, deux b déjà nommés : Pierre de la Malmafson et Guilh du Ghàtelel (c). Ainsi, quand le conseil des comtes de Champ faisait fonctions de tribunal, les deux éléments nous avons distingués en commençant, le baroni les employés amovibles et salariés, y étaient ord (a) Le nom de Florent de Roye est un de ceux qu'on tro plus souvent dans Li drois et li coustumes de Cliampaingm Brie. Voir les § xiii, xxxni, un, lvi, lxi. de ce coutuniier. aussi question de lui dans notre tome II, p. lxxiv, art. 167 {b) Sur le chancelier Vincent de Pierre Chàtel, voir plus p. 529; sur Guillaume du Châlelet, voir plus iiaut, p. 485, n et dans nos Eludes sur les documents antérieurs à 1285, o vé$ dans les archives de quatre petits hôpitaux de Troyes^ ] 27, une charte de 1284, donnée par lui en qualité de ba Troyes, sur Hugues de Chaumont. voir plus haut, p. 485, i (c) Li drois et li coustumes de Champaingne et de Brie, et xxiv. — 565 — rement représentés tous deux, quoiqu'il n*y eût ni proportion établie ni règle absolue à ce sujet. Parmi les douze actes que nous venons de citer, il n'y en a qu'un dans lequel le baronnage champenois ne figure pas en la personne soit de plusieurs, soit au moins d'un de ses membres ; c^est le premier. Si Ton re- jette le sénéchal et le maréchal, quoique barons, dans la catégorie des employés à gages, si l'on sou- tient que c'est à ce titre et non à titre de barons qu'ils ont siégé, on pourra encore soutenir qu'aucun baron ne parait, à proprement parler, dans le juge- ment de l'année 1276, que nous avons placé le neu- vième. Mais ces absences accidentelles s'expliquent parle fait que certaines affaires étaient sans intérêt pour le baronnage. Et, en effet, le premier des actes que nous avons cités concernant un procès entre une abbaye et un maire roturier, le neuvième étant rela- tif aux droits de l'hôpital de Provins sur la chapelle du palais de cette ville, aucun baron n'y était partie. Ce défaut d'intérêt n'existait jamais pour les conseil- lers salariés, et voilà pourquoi on constate toujours la présence de quelqu'un d'eux, bien que la vulgarité du nom de la plupart d'entre eux dût médiocrement attirer l'attention des scribes. Lorsque l'autonomie de la Champagne cessa, cette association ou ce mélange des barons et des conseil- lers salariés disparut, et l'on vit la justice rendue concurremment par deux tribunaux : l'un composé exclusivement de conseillers salariés, l'autre exclusi- vement de barons (a). Le premier, qui est connu sous (a) Arrêt des grands jours de la mi-carême 1288, dans Bru$^l, ♦ — 566 — le nom de grands jours de Troyes, paraît avoir fonc- tion né pour la première fois en 1284 ou en 1285 (a). Philippe le Bel venait d'épouser la comtesse Jeanne; par conséquent, l'indépendance de la Champagne était à son terme. Les conseillers que le nouveau comte envoya tenir les grands jours de Troyes étaient pour la plupart étrangers à la province; ih venaient des pays antérieurement formés au régime de l'unité capétienne. Par conséquent l'institution des grands jours, œuvre de création monarchiqueet presque de conquête, n'appartient pas à l'histoire de nos comtes; au contraire, elle marque le début de la période nouvelle que la réunion au domaine royal devait inaugurer. Passons aux documents purement administra- tifs. Les mentions de témoins qui terminent la plupart des chartes de Marie de France et d'Henri II per- mettent de dresser la liste suivante des conseillers de cette comtesse et de ce comte. Nous la diviserons en deux catégories : 1® les anciens consdllm d'Henri P'; 2' les nouveaux venus; chacune sera partagée en deux classes : les barons et ceux qui ne l'étaient point. p. 249-250. il ne nous paraît pas démontré que cette séparation soit aussi ancienne que le pense le savant M. Beugnot, Olim, II, x. (o) Voir notre tome II, p. lxxh-lxxiv, art. 161-170, et Li dro\9 et li coustumei de Champaingne et de Brie, § xiii. Le registre des grands jours, cité par Brussel, p. 237 et suivantes, commen* çail en 1284, mais rien ne prouve que les premiers arrêts contenus dans ce registre aient été rendus par un tribunal exclusivement composé de conseillers à gages, comme le furent certainement ceux des années 1285 et suivantes. — 567 — 1°. Anciens conseillers d'Henri T'. Les barons étaient : Ânseau de Traînai, témoin une fois (a); Karnier de Traînel (6), Hugues de Plancy (c), Ro- bert de Milly (d), chacun deux fois; Guillaume, irchevêque de Reims, frère d'Henri ï®% quatre fois (e). Voici les noms des autres : Artaud, cham- brier, témoin douze fois (f); Girard Eventé, neuf ïoh (g), et Geofroi Eventé, son frère, autant (fc); Groillaume, aumônier (t), et Milon I" de Provins (j), chacun sept fois ; Mathieu Mueeri {k) et Névelon d*Aunay (I)) chacun trois fois; Milon de Bray ou de Ternantts (m) et Manassès de Clauso (n), chacun deux fois; Adam Bridène (o) et Névelon de Ramerupf (p>, chacun une fois. 2°. Nouveaux conseillers. Les barons étaient : (a) T. m, p. 125. (b) T. m. p. 142. (c) T. m, p. U4-U5. (^ Catalogue, n<>* 324, 435; cf. tome III, p. 148. (€) T. m, p. 143-144. (f) T. m, p. 126-128. (^) Aux numéros du Catalogue mentionnés tome III, p. 143, ajouter les n«» 329, 334. 444. {h) T. III, p. 142. (î) T. III, p. 139-140. (j) Voir plus haut, p. 511, et tome III, p. 131. {k) T. m, p. 130-131, ajouter le n» 444. (!) T. III, p. 146. (m) T. III, p. 146. (n)T.lII. p. 145; cf. nM35. (o)T. m, p. 140-111. (p) T. III, p. 146. — 568 — Ferri de Vienne, témoin quatre fois (a) ; Gui de Dam- pierre (6) et Ansould du Plessis (c), trois fois; Bar- thélemi de Jouy, deux fois (d) ; Oger de Saint-Che- ron (342); Erard , comte de Brienne (328), André, son frère (328), Josbert de Lignol (328), Milon de Nogent-sur-Seine (342) , Jean d'Arcis (342), chacun une fois. Voici les noms des autres : Gilles des Tour- nelles, témoin dix fois (e) ; Milon II de Provins cinq fois(/'); Geofroi, maréchal (g), et André, chape- lain, quatre fois (A); Macaire de Chàlons (i) et Lambert Bouchu de Bar (j), trois fois. Nous passons sous silence ceux que nous avons rencontré moins souvent. Le conseil qui, sous Thibaut le Chansonnier, ad- ministra la Champagne en 1234 (2314) se composait en partie de membres appartenant au baronnage : Archembaud de Bourbon, Robert de Thourotte, évêque de Langres, et Dreux de Mello. Mais le cham bellan Raoul Comtesse {k) , le pannetier Pierre de (a) Catalogne, n<»» 545, 346, 358, 365; voir plus haut. p. 48, note a. (h) Catalogue, n«« 331, 342, 345. (c) Catalogue, no*345, 433, 434; cf. tome 11, p. xiii, art. 177. (d) Catalogue, n«« 454, 435. (e) Voir plus haut, p. 560, note c. if) Catalogue, n»» 544, 545, 546. 558, 565. (p) Voir plus haut, p. 515. (h) Voir plus haut, p. 544. (i) Catalogue, n«* 545. 546, 454. (j) Voir plus haut, p. 476. {k) Voir plus haut, p. 508. — 569 — Jaucourt (a), Henri des Bordes (6), associés aux pré- cédents, étaient tous gens de petit état; et, bien qu'hier de la Brosse, leur collègue, ou son fils, ait épousé une fille de Gautier de Chappes et par ce ma- riage ait acquis un tiers de la vicomte de Troyes (c), nous avons peine à reconnaître en lui un homme de grande naissance : il fut cependant momentanément élevé aux fonctions de gouverneur, concurremment avec Jean de Thourolte (d). Pendant le règne de Thibaut V, une charte nous donne les noms de trois membres du conseil de Champagne en 1262. Ils sont tous étrangers aux ba- ronnage ; ce sont : Tabbé de Valsecrel et deux laïcs obscurs, Eudes de Vulaineset Guillaume Du Buisson (3287). Par contre, le 8 octobre 1271, Henri III n'avait près de lui, sauf l'abbé d'Haulvilliers, que des hom- mes appartenant aux plus hautes familles de Cham- pagne : Erard de Vallery, Hugues de Conflans et deux fils du bouleiller Jean de Thourotte, c'est-à- dire Gaucher de Thourotte (3689), seigneur d'Alli- baudière, et Raoul de Thourotte; mais de ces quatre hauts personnages, trois étaient au service d'Henri : Erard comme connétable, Hugues comme maréchal, Raoul comme clerc (e); Gaucher seul avait conservé son indépendance. (a) Voir plus haut, p. 545. ih] Voir plus haut, p. 562. (c) Voir notre tome II, p. xliv. art. 544; cf. Brussel, p. 689. {d) Voir plus haut. p. 288-291. 458. (e) Voir plus haut, p. 494-498, 524, 542-543. — 5lro ^ Ainsi, leé ddciiments administratifs confirment ce que les documetits judiciaires nous ont appris de h composition mixte du confseil de Champagne. En Navarre, les grands seigneurs du pays au- raient prétendu composer exclusivement le conseil; mais nos comtes y amenèrent à leur suite un certain nombre de Français, dont ils s'entourèrent en dépit des réclamatiotis des indigènes. Nous avons déjà parlé de leurs sénéchaux (a); ceux-ci élaîent, à en juger par Geofroi de Bourlémont, des gens de haute naissance; mais la plupart des étrangers que les documents navarrais nous montrent près de Thi- baut IV appartenaient à des familles obscures, comme Léon de Sézanne (6), Gilles de Villenauxe (c) et Ro- bert Dauphin, dont nous avons déjà parlé (d). Tels étaient encore Robert de Sézanne (e), Gui de Sau- tour et Jean de Molins, chevaliers (/*), Hugues de Cornillon, Robert de Mécringes (g), sur lesquels nous n'avons pu recueillir aucune espèce de rensei- (a) Voir plus haut, p. 489491 . (b) Voir plus haut, p. 481. (c) Voir plus haut, p. 471. {d) Voir plus haut, p. 536-537. {e) Charte du mardi avant la Madeleine 1234, dans Los Annales de Navarra, III, 8. if) Chartes du second dimanche de janvier 1236 v. st. (Los Annales de Navarra, III. 10-11). de septembœ 1237 {Dicdona- rio de Antiguedades del reino de Navarra^ I, 16-18). de mars et d'avril 1238 [Los Annales de Navarra, III, 25). (g) Charte de la veille de saint Clément 1247, dans Los Annales de Navarrn, III, 55. -- S7t — gnements; Girard le Melleron (a), qui avait fait un bornage pour Thibaut IV en 1223 (1557), et Lam- bert de Ghàtillon (b). It a déjà, dans ce volume, été question de Lambert de Châtillon, qui fut envoyé par Blanche de Navarre en Orient, à la suite d'Erard de Brienne (c). Lambert, largement récompensé à son retour par Thibaut IV, parait s'être dés lors mêlé d'opérations de banque (2296, 2299), et cependant être resté dans l'entourage de notre comte , qui l'employa comme arbitre (1356, 1663), et se fit cautionner par lui (2226) avant de l'emmener en Navarre (d). (a) Chartes du second dimanche de janvier 1236, v. st. {Los Annales de Navarra, IH, 10-11), de juin 1237 (Ibid, 22-24). de septembre de la même année ( Diccionario de Antiguedades del reino de Navarra, 1, 16-18). (6) Charle de septembre 1257, Dïmonano de Antiguedades del reino de Navarra, l, 16-18. (c) Voir plus haut, p. 113. ^ (d) Duchesne, Hist. de la maison de Châlillon, pr., p. 2, a réu- ni un certain nombre de documents relatifs à Lambert de Châtil- Ion. Une de ces pièces établit que Lambert était vassal de l'évo- que de Langres. On peut conclure d'une autre que c'était de Châ- tillon-sur-Seine qu'il tirait son nom. — 872 — CHAPITRE H. Justice. Section ^r*^. — Législation. L'autorité législative était exercée en Champagne par deux autorités différentes. Certaines ordonnances rendues par le roi de France, de concert avec ses barons, devenaient exécutoires en Champagne, et en même temps le comte avait le droit de faire des lois applicables seulement à ses Etats. La fameuse ordonnance de Philippe-Auguste sur les juifs, la première qui ait fixé le taux de l'intérêt, 1206, fut promulguée avec le concours de Blanche de Navarre et de Gui de Dampierre (658), qui don- nèrent leur consentement à son exécution. Le môme roi ayant décidé que lorsqu'un duel judiciaire serait prescrit entre roturiers, les champions ne se bat- traient pas avec des bâtons longs de plus de trois pieds, notifia cette ordonnance à Blanche de Na- varre, en l'invitant à la faire observer, 1215; et il parait que Blanche obtempéra à cette invitation, puisque la lettre de Philippe-Auguste fut transcrite dans un des registres de Champagne (926). Les or- donnances financières qui établirent la dimesaladine et l'impôt du vingtième pour subvenir aux frais de la guerre con tre les Albigeois furent appliquées en Cham- pagne (368 6t j, 1332). Enfin, l'observation de l'ordon- — 573 — nance de décembre 1230 sur les juifs et sur l'usure fut jurée par Thibaut IV (2075). Mais on ne doit pas conclure de ces exemples que toutes les ordonnances royales eussent en Champagne force exécutoire. Ainsi, celle de novembre 1223 sur les juifs ne fut pas acceptée par Thibaut IV (1575), et la fameuse ordonnance par laquelle, en 1260, saint Louis pro- hiba le combat judiciaire (a), eut le môme sort, car le 16 avril 1270 Thibaut V maintenait son droit de prescrire des duels dans le cloître de Saint-Etienne de Troyes (3637). Les ordonnances royales se divisaient donc en deux catégories : les unes applicables à toute la France, les autres au domaine royal seulement. Les ordonnances des comtes de Champagne peuvent de même se distinguer en deux sortes : elles étaient les unes exécutoires dans la Champagne entière, les au- tres seulement dans le domaine de nos comtes. A la première classe appartiennent les célèbres ordonnances de 1212 et de 1226, rendues par Blan- che de Navarre et par Thibaut IV avec le concours de leurs barons. L^ordonnance de 1212 a un double objet. D*abord elle détermine le mode de partage entre filles des successions qui comprennent soit un, soit plusieurs châteaux ou maisons-fortes; elle réduit le privilège de Taînée au droit de prendre par préciput la forte- resse, s'il n'en existe qu'une, ou de choisir une des (a) Ordonnances, I, 86-93; Guillaume de Chartres, dans D. Bouquet, XX, 34 C D; Chronique anonyme, ibid., XXI, 84 G; Chron.de Saint-Denis, ibid., 123 C D; Beaumanoir, LXl, 15, édil. Beugnot, II, 380; cf. Tillemont, V, 267-270. — ÇT4 — forteresses s'il s'en trouve plusieurs daos la succes- sion. Ensuite elle pose en matière de duel judiciaire un principe fort équitable : c'est que, lorsqu'aprés les gages donnés une partie ou son champion décé- dera avant le jour fi^é pour le combat, le juge n& devra prononcer de condamnation par défaut n5 contre le mort ni contre celui que le mort repré- sentait, si l'héritier veut prendre la place de la parties défunte ou si la partie qui a perdu son champion enm produit un nouveau (81 /i, 815). L'ordonnance de 1226 étendit au partage des suc- - cessions entre mâles les dispositions de Tordonnanc de 12 J2 sur le partage des successions entre filles : c'était réduire le droit d'aînesse autant qu'il était possible de le faire, sans le supprimer complète- ment (1652). Pour faire apprécier au lecteur toute la valeur de cette législation, nous lui rappellerons qu'eu 1185 la célèbre ordonnance rendue par Geofroi, duc de Bretagne, sur les successions féodales, porte que l'ainé héritera de tout le fief et ne devra à ses frères que ce qui est nécessaire pour vivre honorable- ment (a). Dans les pays du domaine royal, la légis- lation était moins favorable à l'aîné qu'en Bretagne. Cependant il parait y avoir été généralement admis que lorsqu'il y avait deux fils, l'ainé prenait, outre la principale forteresse à son choix, les deux tiers des fiefs; lorsque le nombre des enfants dépassait deux^ la coutume dans certaines contrées continuait p«i" (a) Nouveau Coulumier général ^ Paris. 1724, IV, 289; Teu- let, Layettes du Trésor des chartes, I, 144-145, r- 575 — d'attribuer les deui tiers à Tatoé (a), dans pertaînes autres en lui laissant son préciput eUe réduisait du reste sa part à la moitié (6) : cette dernière législation était celle de Paris ; elle subsista dans cette ville jusqu'à la Révolution (c). La loi des successions en Champagne au com- mencement du 1111^ siècle était donc, comme on di- f*ait vulgairement aujourd'hui, fort avancée; mais n'admirons pas outre mesure le génie libéral de nos c;orotes. £n effet, chose remarquable, ces maximes xiouvelles, qui devaient diminuer graduellement Tin- fiuence des maisons baronnales de Champagne en divisant et subdivisante Tinfini leur fortune, ne furent pas appliquées lorsqu'il s'agit de la succession deThi- l)aut IV; car si la succession de ce prince s'était par- tagée également entre ses fils, le but de ces maximes, C]ui était l'agrandissement de la puissance du comte, n'aurait pas été atteint. Comme les légistes trouvent à tout des raisons doctrinales, on disait sans doute que nos comtes étant vassaux immédiats du roi de France, c'élait d'après la coutume de France et non d'après celle de Champagne que leurs droite et ceux de leurs frères sur la succession paternelle devaient être déterminés (d). (a) Beaumanoir, XIV, 5, édit. Beugnot, 1, 226; Etablissements de Saint-Louis, livre 1, chap. viii. (b) Li livres dejostice et de plet, livre XII, chapitre xxi , § 7, édit. Rapetti, p. 252; Le grand coutumier, livre II, titre D^sai* sine en fief, cité par Dupin et Laboulave, Insiitutes coutnmières, II. 62. (c) Ancienne Coutume de Paris, art. 8, 9 et 10; Nouvelle Cou- tume, art. 13-17. (d) On a déjà observé que Tdge de la majorité de nos eomtes était p y^ % « — 576 — Un mot sur les ordonnances auxquelles les barons ne donnèrent pas leur concours terminera cette section. Nous avons déjà cité deux de ces ordonnances rendues par les comtes de Champagne pour leur domaine seulement : ce sont les règlements fores- tiers de Tannée 1165 (a). En 1201, nous trouvons dans le même genre le règlement fait par Blanche pour déterminer les droits de ses prévôts (55&). Ce règlement fixe la part des prévôts dans les amendes qu'ils prononcent, et leur interdit en général de transiger sur le montant d'une amende toutes les fois que cette amende est fixée par la coutume à une somme qui dépasse âO sous (6). SeCTIO:* 2^. — JURIDICTIO.X. g 1". — Juridiction contentieuse. Nous avons déjà parlé de la composition du tri- bunal de nos comtes (c). Ce tribunal n'avait pas de résidence fixe et les accompagnait partout dans leurs Etats (d) ; en cas d'absence du comte, il siégeait au- près du gouverneur et il était présidé par lui (r). La fixé d'après l'usage de France et non d'après l'usage de Cham- pagne. (a) T. m, p. 269 et 453. (b) Pour rendre inte!ligib!e le texte que nous avons de ce règle- ment, il faut y supprimer plusieurs négations. (c) Voir plus haut, p. 557 et suivantes. (d) Voir notre t. lll, p. 157. (e) Voir, par exemple, les n^» 5702, 5849, 5850. 3870, 3872 du Catalogue, 4 Ù< — B77 — plupart des jugements de ce tribunal au xiii® siècle portent la date de Troyes (a); cependant on en rencontre qui ont été rendus ailleurs : par exemple, nous en citerons un de la comtesse Blanche de Na- varre, qui est daté de Sainte-Menehould, 1211 (798). Les sessions du tribunal de nos comtes se nommaient jours. C'est en 1250 que nous trouvons pour la pre- mière fois cette expression; une charte du mois de novembre de cette année parle des jours qui de- vaient se tenir à Pont-sur-Seine le 7 décembre sui- vant (2953). En 1267, des jours commencèrent à Troyes le 2 mai, et ils continuaient encore le 6 (3406). Une charte du 9 juin 1274 annonce que des fours devaient avoir lieu à Troyes le 20 juillet (3798). Nous avons encore quelques arrêts des jours qui commencèrent dans cette ville après la Sainte-Cathe- rine, 15 novembre 1284 (6). Les jours tenus à Troyes après la quinzaine de Pâques 1285 parais- sent avoir duré onze jours (c). De là le nom des fa- meux grands jours de Champagne ou de Troyes (d). (a) Voir, par exemple, les n»* 604, 3406. 3467, 3830, 3849, 3850, 3870, 3872. Postérieurement aux jours qui se tinrent à Ponl-sur-Seine en décembre 1^230, nous ne voyons pas trace de sessions de ia cour de nos comtes tenues hors de Troyes. On a déjà observé qu'à partir de l'année 1254, le parlemenl fut à peu près sédentaire à Paris : Beugnot, Otim, Ili, xx; Pardessus, Mémoire sur l'orgamsalion judiciaire et sur l'administration de la justice, éd. in-f^, p. 47 et suivantes ; Boutaric, La France sous Philippe-le-Bel, p. 195. (h) Brussel, p. 258 240. (f) Voir notre t. Il, p. lxxiv, art. 165. (d) Sur cette institution, voir p. 566» et Brussd» m 237-251. SI — 578 — Ici se présente la question de savoir si qoelqœ exemple établit qu'on pût, au temps de nos comtes, appeler des sentences de la cour de Champagne. On trouve dans la collection des Olim plusieurs arrêts rendus contre les comtes de Champagne; mais la plupart sont intervenus entre nos comtes et d'au- tres vassaux immédiats du roi ou des sujets du roi, comme le chapitre de Langres (a), l'abbaye de No- tre-Dame de Soissons (6), l'abbaye de Saint-Dens (3827), le chapitre de la cathédrale de Troyes (c), l'évéque de Cbàlons-sur-Marne (d), l'archevêque de Reims (e), l'archevêque de Sens (/*), les juifs du roi (g). Toutefois, deux arrêts présentent un carao- tére différent; l'un prescrit d'enjoindre au maré- chal de Champagne de faire payer des rentes que plusieurs chevaliers tenaient en fief du comte (k)^ l'autre reçoit l'appel d'une sentence du bailli de Pro- vins et rejette la réclamation du lieutenant du comte de Champagne, qui se disait, et à bon droit, seul compétent en cette matière (i). Si ces deux arrêts (a) Olim, édii. Beupot, I. 657-658, xix ; BouUric, Adu du Parlement de Paris, p. 100, n* 1078. (6) 1269, Olim, I, 398, vm; Boutaric, p. 125, qo 1397. (e) 1269, Olim, I. 759-761, xix; Boutaric, p. 122-123. no 1373; Tillemorit, V, 90. (d) 1277 (vieux style pour 1278), Olim, U, 103, xvra; Bouta- ric, p. 195. n* 2106. (e) 1281. Olim, II, 178-179, xxni; Boularic. p. 224, n«23ôf. (f) 1281. Olim, II, 179, xxiv; Boularic, p. 224, n*2340. {g) 1281, Olim, II, 185, xui; Boularic, p. 225, n<>2558. (h) 1278, Olim, II, 119. xxxvii; Boularic, p. 202, n-2158. (t) 1283, Olim, II, 228, vi ; BouUric, p. 237, b« 2490. — $79 — M contiennent pas formellement le jugement en ippel d'une cause déjà jugée par le tribunal de nos limites, il nous parait incontestable que de telles lécisions sont fondées sur les principes qui ont lervi de base au droit d'appel (a). Le tribunal des comtes de Champagne recevait l'appel des jugements prononcés par les baillis et par les vassaux immédiats de Champagne (19â5)« Il jugeait aussi les contestations pendantes entre QW derniers; un procès entre Jean de Join ville et l'abbaye de Saint-Urbain ayant été porté devant la coor du roi de France, Thibaut V pria saint Louis cU se déclarer incompétent (3388), et un arrôt du parlement renvoya les parties devant le tribunal d^ notre comte (&). Enfin, ce tribunal était par excep- tion le juge immédiat de certains particuliers, exempts par privilège de la juridiction des baillis et des gardes des foires (c). Au-dessous de lui se plaçaient ces deux juridic- tions subordonnées, et de la première des deux re- levait celle des prévôts et des maires. Ce serait ici le cas d'entrer dans quelques détails inr la pénalité de cette époque. Nous avons déjà donné des exemples de la condamnation des héré- tiques à la peine du feu (d). On se rappelle les con- damnations à mort, à la mutilation et au bannisse- (a) Sur le droit d'appel au xiii* siècle, voir la savante introduc- tioD placée par M. Beugnot en tête du tome II des Olim, {b) 1267. Olim, I, 677-078, vi; BouUric, p. 105, »• 1I66, (e) Bourquelot, l'Italie aux foires de Champagne, p. 9. (d) Yoir plus haut, p. 84. 299; cf. Beaumanoir, XXX, 11; é(&i. BaugDot, I, 413. 1" — 580 — ment prononcées par Jean d*Acre contre les bour- geois de Provins révoltés (a). On a vu Pierre Goin puni de la confiscation (6), Gilebert de Chaumont frappé de cette peine et de celle du bannissement (t*). Des chartes de l'apnée 1215 nous montrent des of- ficiers de justice de Blanche de Navarre faisant cou- per le pied d'un sergent du chapitre de Notre-Dame de Paris et obligés à faire réparation, non que la peine fût atroce ou injuste, mais parce qu'ils étaient incompétents (894, 903, 904). Une charte de Tan- née 1227 mentionne le pilori de Meaux et l'usage de marquer les malfaiteurs avec un fer chaud (i75&). L'affaire d'Henri de Hans nous donne un exemple de prison préventive et de mise en liberté sous cao- liôn (d). î 2. — Juridiction gracieuse. Au commencement du xiii® siècle comme au xuS les comtes de Champagne exerçaient la juridiction gracieuse directement et par eux-mêmes (e). Puis leurs sujets prirent peu à peu l'habitude de ne plus s'adresser si haut quand ils voulaient que leurs tran- sactions fussent constatées dans la forme authen tique^ et lorsqu'ils ne les faisaient pas sceller du sceau de l'official épiscopaly d'un doyen rural ou d'un autr^ (a) Voir plus haut, p. 451 . {b) Voir plus haut, p. 504. (c) Voir plus haut, p. 552. (d) Voir plus haut, p. 403, et Catalogue, n»» 3412-3416. {e) Voir notre tome 111, p. 158-160. 1 — 581 — >fficier ecclésiastique de second ordre, ils se conten- taient d'une charte émanée d'un bailli, d'un prévôt 3u d'un maire : le nombre des affaires s'était trop multiplié pour que la chancellerie des comtes pût continuer à prêter d'une manière habituelle son mi- nistère à des parliculiers qui n'avaient à traiter que d'intérêts privés. Bientôt les baillis eux-mêmes ne purent suifire aux occupations accumulées autour d'eux par la juridiction contentieuse et la juridiction gracieuse. Ils se cantonnèrent dans la première, et avec l'assentiment du comte ils déléguèrent la se- conde à un ou deux de leurs greffiers, qui prêtaient serment de ne rien écrire que de conforme aux dé- clarations des parties, et qui, pour donner aux actes rédigés par eux la force exécutoire, les faisaient scel- er du sceau du bailliage. On nommait ces greffiers ',1ères jures ou tabellions^ et dans notre pays le nota- riat moderne doit reconnaître en eux ses ancêtres. L'institution des clercs jurés près les juridictions léculières fut un emprunt fait aux juridictions ec- Jésiastiques. Dés 1241 l'oflicial de l'archidiacre de îieims déléguait un clerc pour recevoir, de cent ]aaranteet-un habitants de Ghaudardes, la déclara- ion qu'ils se retiraient de la commune deTrigny (a). Nious avons mentionné dans notre Catalogue (2866) une charte de l'année 1248 qui constate une acqui- sition d'immeuble faite au nom de Thibaut IV par (à) Varin , Archives administratives de la ville de Reims, I, 644; voir (ies chartes analogues datées de juillet 1248, de janvier 1251, du 27 décembre 1258, du 28 octobre 1264, dans ie même volume du môme ouvrage, p. 704, 719, 787, 875. — B8a — un de ses baillis devant un clerc de l'officialité ar- chiépiscopale de Reims, et en 1256 les officiaux de l'archevêque se déchargeaient sur un de leurs clercs du soin d'entendre et de constater dans la forme aa- thentique une transaction de l'abbaye de Saint- Thierry avec les jurés et le reste des habitants d'He^ mon ville (a). Nous rencontrons aussi dès le mois de septembre 1259 un acte émané de l'official de Paris^ et duquel il résulte qu'à cette date un clerc délégué par cet officiai reçut, à la place de cet officiai, les déclarations de plusieurs habitants de Sucy*en-Brie au sujet d'un traité conclu entre eux et le chapitre de Notre-Dame (6). On trouve dans notre Catalogué deux actes de l'année 1265, passés l'un pardevant un mandataire de l'official de Besançon (3366), l'au- tre pardevant un clerc de l'official de Langres (3372). En mai 1271, quand le seigneur et les habitants du Meix-Thiercelin donnèrent leur consentement à l'or- donnance épiscopale qui avait soumis leur Hôtel- Dieu à l'hôpital Saint-Nicolas de Troyes, le seigneur put seul pénétrer jusqu'à l'official de Troyes, et ce fut devant un clerc juré que les habitants firent con- naître leurs intentions (c). Le 20 mars 1273, dans (a) Archivée administratives de la ville de Reims, l, 769. Des chartes analogues, datées du 3 octobre 1262» du mois de novembre de la même année, et d'avril 1271, se trouvent dans le même vo- lume du même ouvrage, p. 810, 812 et 914. (b) Cartulaire de Notre- Dame de Paris, II, 171. Des actes analogues, datés de novembre 1263 et du 1*' octobre 1265, se trouvent dans le môme ouvrage, même volume, p. 9 et 136. (fî) Etudes sur les documents antérieurs à l'année 1285, con- servés dans les archives des quatre petits hôpitaux de la ville de Troyes, p. 50. — 5»3 — l'acte constatant une vente faite à Henri III, nous voyons la femme du vendeur comparaître devant un délégué de rofficiai de Sens (3701). En janvier 1373, l'official de Chàlons-sur-Marne envoya à Vitry-en- Perthois un clerc juré recevoir un consentement à une vente (a). Notre Catalogue mentionne un acte de lévrier 1274, reçu par un tabellion de l'oflScial de Meaux (3789). Le plus ancien acte connu de nous qui émane de elercs jurés près une juridiction séculière de Cham- pagne est bien postérieur; il date du 8 juin 128/i; il porte la suscription de Guillaume du Ghàtelet, bailli de Troyes, qui Ta fait sceller sur la déclaration de Gillebert du Plessis et de Jean de Vertus, « jurez et » establis à ce faire de par madame la roine de Na* varre , de Ghampaigne et de Brie contesse pala- » zine (6). » Getle reine de Navarre est Jeanne, qui, par un traité du 17 mai précédent, avait été mise en possession du comté de Champagne (c), et qui, au bout de seize mois, allait monter sur le trône de France. Mais l'institution des clercs jurés près les juridictions séculières de Champagne devait remon- ter quelques années plus haut. En effet, un arrêt du parlement de Paris nous apprend qu'en 1282 le comte de Champagne Edmond ou ses gens venaient d'établir à Meaux un tabellion, et que ce tabellion signait les lettres avant qu'elles ne fussent scellées (il) Voir le môme ouvrage , p. 60. Ce clerc prend le titre de iM)taire. {b) Voir le môme ouvrage, p. 26-27. (e) Voir plus haut, p. 452. — 584 — du sceau du bailli. Sur la plainte de l'évèque de Meaux, il fut enjoint aux gens du comte de mettre un terme à cette innovation (a). En effet, elle était une violation d'un des principes fondamentaux du droit coutumier alors en vigueur dans le nord de la France. Ce principe était qae l'affirmation d'un seul témoin ne prouvait rien en justice, et que la preuve testimoniale, pour mériter la confiance du juge, devait résulter des déclarations concordantes de deux personnes ^u moins (6). L'or- donnance de Philippe le Hardi sur le notariat était conforme à ce principe, car en établissant dans a ças- i> cunebonevile là u on tient assize» des aprodomes n eslis por oïr les marciés et les convenences dont » on veut avoir lettres de baillie, » non-seulement (a) Olim, édit. Beugnol. IL 197. iv; Bontaiic, p. 230, n« 2406. Le titre de tabellion existait à Meaux dès 1274; il était à cette date porté par un agent de roflicial .5789). (b) t Voix d'un, voix de niin * dit Loisel, Institutes coutu-- mières, liv. V, til. v, art. 10, ou, comme s'exprimait déjà un ju- risconsulte célèbre du xiii* siècle, en parlant de la preuve testi- moniale : « En ceste manière de proeve convient il deux loiax tes- i moins au mains, li quel s'cntresivent sans varier es demandes • qui lor sunt fêtes après lor seremens. • Bcaumanoir, xxxix, 5, édit. Beugnot, II, 95. Ce principe se lit déjù dans le Décrétée Gratien, seconde partie, cause XXXIII, question ii, canon 8, qui reproduit une leUre de Paulin, archevêque d'Aquilée vers Tannée 794, quoniam nec evangelium nec ulla divina humanaque lex unius testimonio eliam idoneo quempiam condemnat vel justifieal, La même maxime se retrouve dans les Décrétales de Grégoire IX^ livre II, titre xx, chapitre 10, où nous lisons ces mots : Nec unius testimonium nd condemualionem svfficiat alicujus. Le droit canon avait emprunté cet axiome à la Bible el au droit romain. On lit dans le Deuiéronome , XIX, 15 : Non $tabit testiê unus contra — 585 — elle fixa le nombre de ces « prodomes »> à deux dans chacune des localités où elle les institua, mais elle exigea qu'ils agissent toujours conjointement, et elle 6t de leur présence simultanée une condition de la validité des actes qu'ils devaient présenter au bailli pour les faire sceller du sceau du bailliage (a). L'acte notarié du 8 juin 1286, que Gillebert du Plessis et Jean de Vertus firent sceller du sceau du bailliage de Troyes, est conforme à l'ordonnance de Philippe le Hardi, puisque le sceau du bailliage n'y fut suspendu que sur la déclaration des deux « pro- domes » exigés par celte ordonnance. Dans le midi de la France, on était beaucoup moins scrupuleux, el dés la (in du xii* siècle le nota- riat y existait dans certaines grandes villes comme aliquem..,^ sed in ore duorum anl trium testium stahit omue ver- bum, et cet article dn Code hébraïque est rappelé dans l'Evangile de saint Malhleu, XVIII, 16; dans celui de saint Jean, VIII, 17, et par saint Paul, Deuxième aux CoriutkienSt XIII, 1, EpUre aux Hébreux, X, 28. Le jurisconsulte romain Paul, Decrelorum lib. 3, s'exprime dans le même sens : Imperator pronuntiavit.,. unius teslimonio non esse crcdendum, voir ce passage au Digeste, lib. XLVIII, lit. xviii, 1. 20. Celte disposition fut confirmée par uoe constitution de Constantin le Grand, datée du 25 août 334 : Manifeste saucimus ut unius omnino testis responsio non audia^ tur etiam si prœclarœ curiœ honore prœfulgeat ; cette constitution a été insérée dans le code Thdodosien, livre XI, lit. xxxix, I. 3; dans le code Justinien, livre IV, lit. xx, 1. 9. On retrouve ces principes dans la loi du 25 ventôse an ix, qui sert encore de base à rorganlsation du notariat français (article 9 de cette loi). Hais ils n'étaient pas toujours observés au xni' siècle devant nos juridictions ecclésiastiques;. voir cependant des actes des années 1282 et 1283, dans le Cart. de N.-D. de Paris, 111, 33, 58. (a) Beaumanoir, I, 40; édit. Beugnot, I, 42. — 586 — fonction publique indépendante de l'autorité judi- ciaire (a). Nous trouvons, par exemple, un a notaire » public »> à Marseille en li9& (6). Il serait hardi, peut-être, d'attribuer un caractère officiel aux notai- res ou écrivains que nous rencontrons dans le même siècle à Nimes (c), à Narbonne (d), à Montpellier (e), à Toulouse (/*), mais dès le commencement du xiii*sié- de nous voyons des «notaires publics» ou «commu- naux » jusque dans de petits bourgs, tels que Penne (a) M. de Wailly, Eléments de paléographie, l, 215, dit même que, dès le x* siècle , il y avait des notaires dans quelques loca- lités du midi de la France, et il prend ici le naot notaire dans le sens que nous lui donnons aujourd hui. (6) Cartulaire de Saint- Vivier de MareeiUe, T. Il, p. 588, nMll2. (c) Nous signalerons pour cette ville Pierre de Rothenis, qui, de 1144 à 1167, a écrit vingt-trois chartes conservées encore au Tré- sor des chartes, et que M. Teulet, Layettes du Trésor des chartes, a reproduites ou analysées sous les n^* 83, 88, 10M03, 112, 113, 119, 1-20. 130, 155, 136, 140, 142, 145. 155-158, 195, 196. 198, 204; il ne prend nulle part le titre de notaire, mais à partir de l'année 1174, ce titre fut porté par Pierre Petit, qui paraît lui avoir succédé, et qui, de 1167 à 1191, écrivit vingt-sept actes conservés au Trésor des chartes : Teulet, Layettes du Trésor des chartes, n«»» 21 1,213, 224, 226. 228-235, 259. 250, 260. 269, 275, 285, 509, 311, 316, 531-333, 359, 350, 595. {d) Cartulaire de Saint-Victor de Marseille, t. II, p. 401, D® 961, charte de Tannée 1 185, écrite par un notaire de Narbonne. (e) Layettes du Trésor des chartes, n^ 417, charte de laonée 1194, écrite par le notaire Guillaume Rémond. if) Les LayHtes du Trésor des chartes, n»« 91 , 105, 114, 122, 149, nous fournissent cinq chartes écrites dans cette ville par Ponce Vital, de 1146 à 1158, mais cet écrivain ne prend pas le titre de notaire. — 667 — (Lot-et-Garonne), en 1201 (a), et Lisle (Dordogne)| en 1206(6). Dès les premières années de ce siècle, le notariat) à Marseille, était assez complètement cons* titué pour que les notaires eussent déjà l'usage de transcrire sur un registre les actes qu'ils recevaient; ce registre portait le nom de Cartulatre (c), et on ap- pelait ouvroir, en latin operatorium^ la salle que chaque notaire consacrait à son travail (d). Outre les notaires qui tenaient leurs pouvoirs de l'autorilé locale, on trouve à Marseille un notaire impérial dès 1225 (é). Les notaires du Midi agissaient isolément comme le tabellion établi à Meaux en 1282 par le comte Edmond, et n'étaient même pas comme lui astreints à faire sceller leurs actes du sceau d'un autre fonc- tionnaire, comme les clercs jurés du nord de la France. D'ailleurs, quelque inférieure que fAt la condi- tion du notariat dans nos contrées septentrionales, le notariat existait dans ces contrées antérieu- rement à l'époque où il pénétra dans notre pro* vince. Tout près de la Champagne, le duc de Lor- raine, Mathieu II, contemporain de Thibaut IV, avait, bien avant le comte Edmond, et dés 1232, (a) Layetleê du Trésor des chartes, n® 618. (b) Layettes du Trésor des chartes, n* 719. ^e) Chartes des années 1212 et 1229, dans le Cartulatre de Smnt'Vtelor de Marseille, t. Il, p. 293, 363. (rf) Charte de Tannée 1204, dans le Carlulaire de Saint-Vieiar ée Marseille, t. 11, p. 400, n» 960. (e) Cartulatre de Saint-Vietûr de Marseille^ t. II, p. 382 ; cf. 347-348. — 588 — établi des notaires dans ses Etats (a). Il y eut aussi, dit-on, des notaires royaux à Paris dès le régne de saint Louis (6). De lous ces faits il résulte que, si en certaines matières, nos comtes ont de- vancé leurs voisins, celle-ci n'est pas du nombre; et quelque téméraire qu'ait pu être la tentative avor- tée d'Edmond, elle n'a été qu'une imitation plus ou moins adroite de ce qui se pratiquait ailleurs, et à côté d'eux, depuis longtemps. Cependant le notariat avait existé en germe dans la Champagne pendant quelques années au début du XIII® siècle. L'ordonnance royale du mois de septembre 1206 rendue avec l'assistance de Blan- che de Navarre, et par conséquent exécutoire dans notre province, avait établi dans chaque ville un écrivain des actes des juifs, un sceau et un con- tre-sceau des juifs, confiés dans chaque ville à la garde de deux bourgeois. Les titres constatant les créances des juifs devaient, pour être valables, être dressés par l'écrivain des juifs^ scellés du sceau et du contre-sceau des juifs (658). Nous ne savons pas combien de temps dura en Champagne cette institu- tion, qui est encore mentionnée en 1222 (1622), et qui fut supprimée en France par l'ordonnance de novembre 1223 (1575). Généraliser cette institution et en étendre le béné- (a) Rogéville, Dict, hist, des ordonnances de Lorraine, II, 165- 167; cf. Digot., Hist. de Lorraine, II, 68, et Noël, Recherches historiques sur l'origine du Notariat dans le ci-devant duché de Lorraine, p. 103-106. (h) Delamarre, Traité de la police, liv. 1, tit. vin, ch. 2; cf. Nouveau traité de Diplomatique, V, 68. — B89 — k d'autres actes que ceui des juifs aurait étéTin- uction du notariat dans notre province; aiais rcQiers qui, dès le commencement du xiu* sié- étaient attachés à chaque prévôté (55/i) suflfi- it alors sans doute à Texpédilion des actes de iridiction gracieuse comme aux besoins du ser- contentieux; et, comme nous l'avons dit, ce eulement vers la fin de ce siècle que l'augmen- >n du nombre des affaires provoqua l'institution lotariat en Champagne. . ftM — CHAPITRE III. StCTioif ire, — Relations âyec les Pap^. Les papes eurent presque toujours avec nos comtes des rapports empreints d'une extrême bien- veillance. On n'a pas oublié l'appui qu'ils donnè- rent à Blanche de Navarre et à Thibaut IV contre Erard de Brienne, Alix, reine de Chypre, les barons champenois révoltés et l'évéque de Pampelune. Ils accordèrent à Blanche, à son fils et à leurs succes- seurs, de nombreux et importants privilèges. Une bulle d'Innocent III fit défense à tout juge ecclésias- tique de prononcer contre Blanche de Navarre au- cune sentence d'excommunication , ni de frapper ses Etats d'interdit sans monition préalable, et ajouta que, lorsque Blanche aurait interjeté appel au Saint- Siège, les sentences d'excommunication ou d'inter- dit ultérieurement prononcées resteraient sans effet (556). Honorius III (1025, 1026) et Grégoire IX (1776, 1785) renouvelèrent cette faveur en l'éten- dant à Thibaut IV. Innocent IV alla plus loin, et, en 12/i6, accorda à Thibaut IV le privilège pour sa personne de ne pouvoir être excommunié, pour son comté de ne pouvoir être frappé d'interdit sans mandat spécial du siège apostolique; mais cette boUe ne devait produire d'effet que pendant trois ans (27/i5). En 1250, Thibaut obtint du même pape ane bulle semblable, avec la même clause restrictive (3977). Un privilège analogue, conféré par Inno- cent IV aux enfants de notre comte, avait encore une durée limitée (2851, 2852). Ces restrictions furent supprimées par Alexandre IV, qui, par une bulle du 13 octobre 1257, réserva au Saint-Siège seul le droit d'excommunier ou de frapper d'interdit ^ comte de Champagne, sa fenune ou sa terre (Silo); cette décision fut confirmée par Urbain IV (3971) et par Grégoire X (3778) (a). Nous avons encore une pièce rdàtive à l'exécution de la bulle d'Innocent IV» Q'est une lettre par laquelle ce pape déclare ni^ une excommunication prononcée contre Tlitbaut IV, cou* Irairement aux prescriptions de cette bulle (3850). Un autre privilège, qui est comme le corollaire du précédent, était l'exemption personnelle de l'interdit dans les pays régulièrement frappés de cette ceo- eure. Alexandre IV autorisa Thibaut V à se faire d«*e la messe daas les lieux interdits, pourvu tpi'elle fût (a) Sur les faveurs semblables obtenues des souverains pontifes par les rois de France dans le même siècle, voir Adolphe et Jules Tardif, Privilèges accordés à la couronne de France par le «Saint- Siège, î,u\;Z, iv; 4, v; 5, vu, vin; 12,xv; 13,xvn,xviii;15, ixi; 35,XLiii; 36, xuv; 46, Liv; 49, LVii; 51, lx; 5i,uii; Ç7,LXXix; 69, lxxxi; 77, xc; 93, cvii. Parmi ces documents, on remarquera une bulle d'Alexandre IV qui défend d'interdire les terres du roi de France sans l'autorisation spéciale du Saint-Siège, 1256 ; ssint Louis ne paraît pas s'être fait accorder le privilège f>er80Dnel qu'obtinrent nos comtes, mais Philippe le ffardi se le lit donner par Clémeni IV en 1266, lobtint pour sa fenMne en t281, tiPhilipp^teBel se le fil oooférer edame son père m 1289. — 592 — ■ célébrée à voix basse et sans Mnner de cloches, que les portes restassent fermées el qu'on n'admit pas dans la chapelle les habitants du pays ni les eicom- muniés (3117, 3153); cette exemption fut confir- mée par Urbain IV (3288), et accordée à Henri III par Grégoire X(3717) (à). D'autres bulles concernent les confesseurs de nos comtes. On sait qu'en 1215 un canon du quatrième concile général de Latran avait décidé que l'absolu- tion, pour être valable, devait être donnée par le curé, à moins que ce dernier n'eût autorisé son pa- xoissîen à s'adresser à un autre prêtre (6). Nos comtes se.ârent dispenser de l'observation de ce canon. L'abbé de Jouy, choisi pour confesseur par. Thi- baut IV, reçut directement d'Innocent IV le pouvoir d'absoudre ce prince, 12/i/i (2692). Béatrix, fille de Thibaut IV, et depuis duchesse de Bourgogne, ob- tint du même pape Tautorisation de se choisir tel confesseur qu'elle voudrait, 125/i (3062). Thibaut V (3270) et Henri III (371 /i) se firent donner, par Urbain IV et Grégoire X, le môme privilège (c). (a) Sur les faveurs semblables obtenues des souverains pontifes par les rois de France au xiii« sitVle. voir AJoIi)lie et Jules Tardif, Privilégei accordés à la couronne de France par le Saini-Siége, 1, i; 15, XX ; 22, xxix; 41, xlix; 52, lxi; 73, lxxxvi; 86, xcix. Le premier privilège de ce genre, obtenu par les rois de France, remonte à Louis VIII et à l'année 1224; il est par con- séquent antérieur de trente*trois ans au premier qu'aient obtenu nos comtes. (b) Décrélales de Grégoire IX, livre V» titre xxxvin, chap. 12. (c) Ce fut seulement en 1236 que saint Louis obtint du pape rautorisation de choisir son confesseur (Adolphe et Jules TanÛC — B93 — Aleiancfre W et Urbain IV décidèrent que lorsque Thibaut V ou Isabelle, sa femme, assisteraient à un sermon, le prédicateur pourrait donner aux assis- tants 1 00 jours d'indulgence (31 56, 3289). Urbain IV consentit môme à ce que cette indulgence fût ac- quise de plein droit et sans que le prédicateur eût à déclarer qu'il l'accordait (3256) (a). Urbain IV accorda encore une indulgence de 100 jours à Thibaut V pour toutes les fois que ce prince assisterait à la dédicace d'une église : comme dans le cas précédent, celte indulgence devait être ga- gnée par tous les assistants (3252). Quelques jours après, sa durée fut étendue à un an et un jour (3253) (6). ' Une bulle du même pape donne une indulgence de 10 jours à tous ceux qui prieront pour Thibaut V et Isabelle, sa femme (3268) (c). Près de dix ans avant la mort de Thibaut V et Privilèges accordés à la couronne de France par le SaintSiég»^ 14, XIX ) : ce priviléjçe fut confirma à Philippe le Hardi [ibid., 39, XLVii; GO, Lxxr, 64, lxxv), et à Philippe le Bel {ibid., 78, xci). («} Saint Louis, Philippe le Hardi et Philippe le Bel , obtinrent le môme privilège (Adolphe el Jules Tardif, Privilèges accordés à la couronne de France par le Saint-Siège, 8, xi ; 24, xxxr, 71, Lxxxiv; 87, c). (b) Sur le privilège analogue obtenu par saint Louis et par Phi- lippe le Hardi, voir Adolphe et Jules Tardif, Privilèges accordés à la couronne de Francs par le Saint-Siège, 25, xxxii ; 65, LXXVI. (c) Saint Louis êl Philippe le Bel obtinrent d'Alexandre IV et de Nicolas IV la même faveur (Adolphe et Jules Tardif, Privilèges accordés à la couronne de France par le Saint-Siège^ 12, xvi ; 91, cv). 88 — 584 — d'Isabelle, sa femme, Urbain IV iayîtfn les arcbeYé- ques de France et d*£spagne, tofls les abbés des or- dres de Cluny, de Prémontré et de Citeauz, en France, à faire célébrer un service solennel pour le repos de l'àme de ce prince et de cette princesse dés qu'ils recevraient la nouvelle de leur décès (3243- 8247). Nous avons déjà parlé des privilèges accordés aux religieux et aux clercs qui faisaient partie de la mai- son de nos comtes (a). Nous avons déjà dit que ces derniers furent autorisés par les souverains pontifes à toucher, sans résider, les revenus de leurs pré- bendes. En effet, nos comtes ne reçurent pas seule- ment de la cour de Rome des faveurs spirituelles. Ce fut à elle qu'ils s'adressèrent quand ils voulurent, en dépit des résistances locales, contraindre les clerc» mari& qui faisaient le commerce à payer les diverses redevances auxquelles était assujettie la population roturière, et dont le clergé comme la noblesse étaient exempts. La lutte fut longue ; Thibaut IV, Thibaut V et Henri III successivement la soutinrent avec l'appui d'Innocent IV (2746, 2974), d'Alexan- dre IV (3126), d'Urbain IV (3282), de Grégroire X (3712, 3713), qui enjoignirent aux prélats champe- nois d'avoir à respecter les droits de nos comtes. Dans les conflits qdi surgissaient alors si fréquem- ment entre la juridiction ecclésiastique et la juridic- tion civile, on vit souvent intervenir les papes pour empêcher en Champagne les usurpations tentées par (o) Voir plus haut, pages 530, 532. — SP5 - Iqs représentants de ia première. Innocent III et Bonorius III ne restèrent pas sourds aux plaintes de Blanche de Navarre contre les évoques des provinces de Reims et de Sens, et instituèrent des tribunaux ecclésiastiques pour la protéger contre les envahis- sement de ces prélats (a). Grégoire X, sur la demande d'Henri III, rendit .une bulle pour défendre de porter devant la justice ecclésiastique les procès agités entre séculiers au su- jet de biens féodaux qui ne relevaient pas de sei- gneurs ecclésiastiques (3718) (b). Innocent III invita plusieurs évéques de Champa- gne à lancer moins légèrement des sentences d'ex- communication contre les sujets de Blanche de Navarre, des sentences d'interdit contre les villes et les villages de ses Etats (753). Honorius III cassa une sentence d'excommunica- tion prononcée contre Blanche de Navarre, par Tabbé de Saint-Denis (1171). Innocent III et Hcipp- rius écoutèrent les réclamations de Blanche coptre l'abus des privilèges accordés aux croisés, qui, pla- cés en conséquence de leur vœu sous la protection de l'Eglise, demandaient aux tribunaux ecclésiasti- ques la réparation des injustices, vraies ou supposées, dont ils prétendaient avoir à se plaindre. Ces p^pes (a) Catalogue, n^^SSO, 884, 1037, 1180. {h) Voir dans les DécrélaUi de Grégoire IX, livre II, titre :n9 ehap. 6, une décision analogue d'Alexandre 111, rendue au siget d'un procès féodal dont la décision appartenait au seigneur de Chappes, et que i'évêque de Troyes prétendait juger ; voir aussi la bulle d'iDDoq^i^t ^I, cataloguée sous le n^ 901. — 596 — déléguèrent à divers prélats le soin de faire respecter les droits violés de la comtesse (825, iOâi, 1202). Quand Pierre Goin, chambrier de Thibaut IV, s'étant approprié les fonds que ce prince lui avait confiés, se retira à Clairvaux avec une partie de cet argent, Grégoire IX, sur la plainte de notre comte, envoya aux moines de T abbaye cistercienne l'ordre de restituer au vrai propriétaire la somme qui était arrivée entre leurs mains d'une manière si peu régu- lière (2262). Plus tard, Innocent IV vint en aide au même prince dans une circonstance où il s'agissait d'un intérêt civil, et où Thibaut IV, malgré l'évidence de son droite fut obligé de recourir à la juridic- tion ecclésiastique. Thibaut avait accordé à on grand nombre de ses sujets roturiers l'exemption personnelle de la plupart des charges auxquelles ils étaient soumis, telles que la taille et le service mili- taire^ et y avait mis pour condition le paiement d'une redevance annuelle (a), plus quelquefois l'o- bligation de faire certains services. Mais pour échap- per à ces charges nouvelles, quelques-uns de ceux qui en étaient grevés allèrent s'établir hors de Cham- pagne, dans des seigneuries dont les propriétaires leur imposèrent des charges moindres et refusèrent d'accorder à notre comte leur extradition ; Thibaut s'adressa au pape, prétextant que ces hommes avaient juré de lui payer la redevance qui était l'objet du litige (2770). Innocent IV écouta favorablement cette réclamation, et chargea l'abbé de Hoiremont (a) Voir notre Catalogue, n«« 1519, 1596, 1599. — 597 — le contraindre, par l'emploi des censures ecciésias- iques, les fugitifs à exécuter leur serment (285â). Ces services multipliés autorisèrent les papes à en iemander à leur tour. Grégoire IX, Innocent IV, Urbain IV, Clément IV envoyèrent à nos comtes des lettres de recomman- lation pour diverses personnes, telles que le fameux égat Romain de Saint-Ânge (1861); un négociant omain qui venait commercer en France (3277); le ;ous-diacreVivien(2/i31),chantredeToulous6(S387), ;elui sans doute qui devint plus tard évêquedeCala- lorra (a); l'évèque de Maroc (2/i37); les marchands le Florence, qui faisaient le commerce en Cbaro- )agne (2AA0) ; le procureur envoyé dans ce pays par m prévôt de Chablis, qui était chapelain d'Inno- :ent IV (2754) ; le cardinal Pierre de Saint-Georges « Velabro (2779) (6); Félice, parent d^rbain IV et nommé par ce pape à Tabbaye de Montier-la-Celle [3272) ; Andenagogue, chapelain de Clément IV et îlevé par ce dernier à l'évéché de Pampelune [3472). Nous avons encore plusieurs bulles adressées aux comtes de Champagne pour les prier de prendre les intérêts de divers établissements religieux ou cor- porations, comme Tordre du Temple (1806)^ le prieuré de Gaye (1968), Tabbaye de Vézelay (2270), l'abbaye de SainleGràce de Pampelune (2388, 2761), les Franciscains de Navarre (2763), le chapitre de Saint-Urbain de Troyes (3376). (a) Voir plus haut, pages 528-529. (b) Pierre avait été fait cardinal par HoDorius Hl en 1216. — m — On sera étonné de trouver parmi les personnes recommandées à nos comtes par les papes les juifs de Champagne qui, ayant fait parvenir leurs doléan- ces jusqu'au trône du successeur de saint Pierre, obtinrent une bulle adressée à Thibaut IV pourTin- viter à Faire payer par les chrétiens les sommes does aux juifs, et à empêcher les chrétiens de donner aux juifs des coups au lieu d'argent, 1247 (2799). Une bulle de l'année précédente avait eu pour objet d'ap- peler la sollicitude de Thibaut sur les intérêts des juifs de Navarre, et l'avait prié d'intervenir pour empêcher qu'on ne baptisât de force leurs enfants (2762). Rappelons, toutefois, qu'Innocent III avait écrit à Blanche de Navarre pour l'inviter à réprimer l'insolence des juifs (620). Cette lettre et une lettre semblable adressée en même temps à Phflippe-Aa- gusle ont peut-être provoqué la fameuse ordonnafnce qui défendit aux juifs de prendre plus de deux de- niers par livre d'intérêt hebdomadaire, c*est-à-dîte plus de 43 fr. 45 c. pour 100 d'intérêt annuel. L'autorité pontificale était le pouvoir suprême au- quel recouraient dans le monde chrétien tous ceux qui avaient à se plaindre d'une injustice, et qui avaient fait inutilement appel, dans leur pays, à l'é- quité du pouvoir. En Navarre, un musulman con- verti avait été jelé en prison et dépouillé de ses bieirs : on l'accusait d'ôlre retourné à sa première erreur. Ayant recouvré sa liberté, il se rendit à Rome avec trois de ses fils, et y mourut après avoir imploré la miséricorde du pape. Celui-ci invita Thi- baut V à faire rendre les biens confisqués (3391). Ce fut aussi au pape et non au roi que le comte de Rethel demanda justice d'un abus de pouvoir com- — 89^ — nfs par Jean de Thourotte, gouverneor de Cham- pagne, lieutenant de Thibaut IV. Jean deThourotte, gendre du comte de Rethel, mais brouillé avec lui et voulant se séparer de sa femme^ avait profité de la haute position qu'il devait à la faveur de Thibaut pour enlever à son beau-père le château de Beau- fort; et le comte de Rethel, n'osant compter sur l'impartialité de Thibaut, pria Innocent IV d'inter- venir auprès de ce prince, ce qu'il obtint (2887). C'était alors, en effet, une bien grande puissance que celle de la papauté : puissance terrible en même teinps que miséricordieuse ; elle poursuivait à ou- trance les Albigeois, dirigeait contre eux des armées; et pour empêcher la contagion de l'hérésie, Gré- goire IX enjoignait à Thibaut IV de les exclure des foires de Champagne (1803). Peu de temps après, ému de la rigueur exagérée des peines édictées par saint Louis contre les blasphémateurs, un autre pape priait Thibaut V de se faire, près du monarque fran- çais, l'avocat de la clémence (8490). Les papes, dans leur correspondance avec nos comtes, prirent plus d'une fois le ton d'un maître. Ainsi Honorius III, sur la réclamation de l'évêque de Troyes Hervé, invita Blanche de Navarre et Thi- baut IV à témoigner plus de respect à ce prélat (1235). A la demande des Templiers, il fit enjoindre à Blanche de Navarre d'exiger la soumission de son prévôt de Chaumont, qui, excommunié pour sa ré- sistance aux ordres de l'Eglise, persistait à rester dans cet état de révolte contre la puissance reli- gieuse (1322). Il menaça la même comtesse de la faire excommunier elle-mènie si elle ne remboursait pas une somme prêtée par un banquier romain au p — 600 — comte de Brienne, qu'elle avait cautionné (l/i38). En 1233 Thibaut IV, en lutte avec Alix, reine de Chypre, avait besoin d'argent. 11 en avait emprunté à trois banquiers romains, les frères Pierre, Ange et U., fils de Jean Ilperini, qui, malgré des réclama- tions réitérées, appuyées d'instantes recommanda- tions de Grégoire IX, ne purent obtenir leur rem- boursement. Mécontent de cette insistance, Thibaut profita d'un moment où B. se trouvait en Champagne: au lieu de le payer il le fit jeter en prison, lié de chaînes de fer, et, en le menaçant de le faire pendre, lui arracha 1,200 livres, dont il donna 200 à ses conseillers et dont il garda 1,000 pour lui. Grégoire, sur la plainte de Pierre et d'Ange , ordonna aa comte de restituer ces 1,200 livres et de se libérer de sa dette antérieure; il lui annonça qu'en cas de résistance il le ferait excommunier, et que la pu- blication de cette excommunication aurait lieu les dimanches et les jours de fête, les cierges allumés et au son des cloches (2289). Alors Thibaut effrayé fit mine de se soumettre, eKreconnut sa dette par lettres patentes en prenant un délai; mais une fois le terme arrivé, il refusa de nouveau l'argent qu'on lui demandait, et trouva dans des chicanes de procé- dure le moyen de gagner du temps. Grégoire IX irrité, lui déclara que si la somme due n'était pas an plus, tôt remboursée. Provins et Bar-sur-Âube se- raient frappées d'interdit (2/i2/i). Cependant, comme le prince champenois, alors croisé, avait droit à des ménagements, le pape se laissa toucher, et, dans de nouvelles dépêches, il se contenta de faire appel à la bonne foi du comte (2425, 2/iâ3). »# — 601 — SEGTIOIf 2e. — RELATIOrïS AVEC l'EpISCOPAT CHAHPEIfOIS. Nos comtes eurent souvent avec l'épiscopat des ipports beaucoup moins courtois qu'avec le Saint- iége. Nous avons déjà parlé de la sentence d'ex- ommunication lancée contre Thibaut IV par l'évô- |ue de Pampelune (a). Nous nous bornerons à in- îiquer la menace d'excommunication adressée à Thibaut V par les évéques de la province d*Auch pendant la guerre de Bigorre (3393); mais nous donnerons quelques détails sur les relations de Blan- che de Navarre et de Thibaut IV avec les évoques dont relevaient spirituellement diverses parties de la Champagne. On se rappelle la résistance d'Hervé, évéque de Troyes^ aux ordres du pape dans la lutte de Blanche de Navarre contre Erard de Brienne (6). Hervé se plaignit au Saint-Siège des privilèges conférés à Blanche, qui, disait-il, se croyait permis de mépri- ser Tépiscopat (1235). Vers la 6n de l'année 1219 on le commencement de l'année 1220, mécontent de saisies faites sur ses hommes par ordre de la corn- lesse, il mit la ville de Troyes en interdit. Le cardi- nal-légat Conrad, évoque de Porto et de Sainte-Ru- 3f)e, qui passait à Troyes, offrit sa médiation; mais 'évéque ne consentit à lever l'interdit qu'après la ^tilution des objets saisis (1256). Hervé était alors ««-<. (a) Voir plus haut, p. 330. (b) Voir plus haut, p. 146. #• ou venait d'être en procès avec Blanche au sujet des droits seigneuriaux que le comte de Champagne et les évoques de Troyes possédaient concurremnient à Méry-sur-Seine (1236, 1237, 1243). Plus tard une maison à Troyes fut l'objet d'une contestation eâtre Thibaut ÏV et Robert, successeur d'Hervé (1811); mais cette contestation ne parait pàs^ avoit produit des résultats aussi violents. A Meaux comme à Troyes, le comte de Champa- gne était seigneur, et son autorité n'y était pas plas redoutée du clergé qu'à Troyes. On y vît une affaire semblable à la principale de celles que nous venons d'indiquer. Une difficulté entre fflancbe et le cha- pitre de Meaûx eut pour conséquence une sai^é opérée sur les hommes du chapitre. Cette saisie pro- voqua une sentence d'interdit. La médiation de Té- vêque de Noyon amena la levée de l'interdit ; mais la comtesse dtrt préalablement, comme à Troyes, faire restituer les objets saisis(905). Quelques années après, un autre évéque de Meaux, dont qoelquâ hommes avaietit été incarcérés par ordre des cÊ- ciers de Blanche, fnfvita le chapitre à faire cesser dafn h cathédrale le son de l'orgue, suspendu dans les autres églises de la ville, en attendant t'arrrvée de h confiteS^e dont il espérait justice (1350). Utt troisiénEie évéque de Meaux voulant contrafindrè Thibaut IV à reconnaître les hommes dé Tévôché et dtt clergé du diocèse exempts d*ùn droit de péage, lança en 1231 une sentence d'interdit contre ce prhiee él contre les hommes de ce prince (2129), et il la. re- nouvela en 1235 (2358). Le comte de Champagne et l'évéque de Meaux avaient des rapports conti- nuels. Us étaient, par exemple, associés plotir là fa- — 603 — brication de la monnaie (695, 862, t6S^), et iJi eurent entre eux des procès sans fin (a) que nou8^ passerons sous silence pour ne parler que d'affaires plus importantes. Sous la régence de Blanche de Navarre, un évêqde d'Auxerre voulut contraindre le comte de cette Tille à lui faire hommage de deux châteaux qui, jus- que-là, avaient été tenus des comtes de Champagne. Il lança contre lui une sentence d'excommunication, et le comte d'Auxerre, pour se faire relever de cette censure dut faire hommage h l'évéque (882). Un évêque d'Autun frappa d'interdit trois bourgs que le coitote de Nevers tenait de Blanche de Na- varre, et dont cet évéque prétendait exiger l'hom- mage (912). Nous connaissons donc sept sentences d'excom- munication ou d'interdit lancées par des évéques de Champagne ou des provinces voisines, soit contre Blanche de Navarre, soit contre Thibaut IV, soit contre certains de leurs vassaux ou de leurs fîefs, à cause de contestations où Blanche et Thibaut étaient parties. Le pape Innocent III n'approuvait pas l'emploi si fréquent de peines aussi graves dans des questions souvent douteuses, et, en tout cas, d'importance se- condaire. Il notifia son blâme à la plupart des évé- ques dont la Champagne relevait spirituellement, et il les menaça eux-mêmes des censures ecclésias- tiques s'ils continuaient à commettre de pareils abus (a) Catalogue, n»« 1189. 1321, 1565, 1641, 1754-1756. 3221, 3232, 3258, 3281, 3291, 3346, 3347, 3426. — 604 — d'autorité (753, 88â). Enfin ses successeurs^ comme nous l'avons vu, décidèrent que personne ne pour- rait, sans mandat spécial du siège apostolique, lan- cer l'excommunication contre la personne de nos comtes, ni l'interdit contre leurs terres. La cour de Rome, plus prudente que les juridictions ecclésias- tiques secondaires, réservait les grands moyens pour les grandes causes. Nous ne trouvons dans notre his- toire qu'une sentence d'excommunication prononcée directement par elle, c'est celle dont elle frappa Erard de Brienne et ses partisans ; mais le principe de l'in- dissolubilité du mariage était mis en question parles prétentions d'Erard de Brienne, et ce principe est la base môme de la société chrétienne (a). Sectio.i[ 3«. — Libéralités des Comtes de Champagrb e?iv£rs des établissements beligieui. Les successeurs d'Henri I"^ n'eurent pas le même zèle que ce prince pour la fondation de chapitres sé- culiers. Cependant Henri H accorda son concours à rétablissement de la collégiale que le zèle de quel- ques clercs fit ériger dans la chapelle de son château de Vertus (368 1er). Marie de France et Blanche de Navarre donnèrent une coopération analogue à l'é- rection des chapitres de Notre-Dame-du-Val de Provins(4/i5) et de Notre-Dame de Vitry (80!) (6). (a] L'interdit Icfé en 1258, et dont il est question dans Boar- quelot, l'Italie aux foires de Champagne, p. 15. n'émanait pas immédiatement du pape, mais déjuges délégués. (b) Le chapitre de Saint- Nicolas-du-Martroy, établi en 1818) ~ 605 — Blanche et ses successeurs fondèrent : un prieuré de femmes de l*ordre de Saint-Benoit, le Meix, près tfAllîbaudières (Aube), 1235-1236 (a); Tabbaye de femmes d'ArgensolIes, 1221-1224 (6), ordre de Cî- teaux; le monastère delà Trinité de Troyes^ ordre de la Rédemption des captifs, 1260(3187) ; le prieuré du Val-Dieu, près deLachy, ordre du Val-des-Choux, 1^9 (3546); le prieuré des ermites de Vassy, ordre du Val-des-Ecoliers, 1216(975); deux monastères de Dominicains, Jacobins ou Frères-Prêcheurs, l'un à Troyes, 1232 (2198) (c), l'autre à Provins, 1270 (d); un de Franciscains ou Cordeliers, à Troyes, 1259 («); deux de Cordelières, l'un à Provins, 1248 (2849) (/), l'autre près de Troyes, à la Chapelle -Saint -Luc, Provins, avec le consentement de la comtesse Blanche, ne peut être considéré comme une fondation de cette princesse; Bourquelot, Hist. de Provins, 1,161-162. (û) Catalogue, n«» 2400, 2404, 2415, 2423. (i) Catalogue, n»» 1337, 16S0. 1667. 1668. (c) Voir Courtalon, Topographie historique de la ville et du £ocèse de Troyes, II , 1 84. (d) Catalogue, n<>' 3598, 3610, 3658. Suivant M. Bourquelot, Hist. de Provins, I, 367, ce monastère date de Tannée 1269. (e) Catalogue, n«« 3164, 3172, 3187, 3323, Les Franciscains avaient une maison à Troyes avant les dates que nous indiquons. Il est question de cette maison dès Tannée 1236 (241 6j. mais cette résidence présentait des inconvénients qui la leur fit abandonner, et ils durent à la libéralité de Thibaut V un monastère plus commode, placé au centre de la ville, et qu'ils ont conservé jusqu'à la Révo- lution. Suivant Desguerrois, Sainctelé chrestienne , P* 353 r®, et Courtalon, II, 249, la première maison occupée à Troyes par les Franciscains leur aurait été donnée par Thibaut IV. if] Bourquelot, Hist. de Provins, tome I, pages S69 et suiv. — ^6 — 1270 (3656) : ce qui donne un total de dix fonda- tions. Sur le nombre, deux seulement ont été faites dans l'intérêt d'ordres créés avant le commence- ment de la période où nous sommes circonscrits, c'est-à-dire avant l'année 1181, ce sont le priearé jbénédictin du ^lei^ et l'abbaye cistercienne d'Allen- soUes, et les huit autres ont eu pour objet le déve- loppement d'ordres nouveaux, ceux du Vs^il^- Cboux, institué entre les années 1192 et 1.195 {a\ de la Trinité, qui date de 1198 (6), du Val-des-Eco- jiers, qui ne remonte qu'à 1201 (c), et les ordres de 39i|i,t*Pominique et de Saint-François, qui sont en- sCqr^ plus récents. Un genre de fondations que nos comtes multipliè- rent aussi, ce furent les chapellenies, c'est-à-dire les messes quotidiennes à perpétuité. Ils en établirent h Notre-Dame de Paris, en 1186 (3â3); à Saint-Qoi- riace de Provins (412) et à Saint-Etienne de Troyes (415), en 1190; à Notre-Dame-aux-Nonnains de Troyes, vers la môcpe date (505) ; à Foicy, en 1198 (477); à l'abbaye de Ligneux, vers 1201 (562); à Boulancourt,enl202 (569); à l'Hôtel-Dieu-le-Comte de Troyes (714), à Saint-Etienne pour la seconde fois (715), et à la cathédrale de Troyes (715 6t5), en 1209; à Saint-Jean ,de Vertus, 1218 (d); à Saint- Georges de Crécy, en 1219 (1227, cf. 1753); à l'ab- baye de Molesme, en 1233 (2304, 2305); à Tabbaye (a) Gall. Christ, nov., IV, 742 B. (b) Du Plessis, Hi$t. de r église de Meaux, 1, 172-179. (c) Gall. Christ, npv., IV. 777 A B. i/ti f . clp Efart|ié\emy, Dioç. fn^. de Cfiélons, 1, 120-121. 4e ia B^rre, en 1363 (3301); à celle de Prully, en J?68 (3510, 3528); à Cerfroid, chef-lieu de l'ordre fdela Trinité, en 1269 (a); à l'abbaye de Vaux-la- 9oQce (3578-3580), et à celle de Glairvaux (3666), €p1270; aux abbayes de Scelliéres (3765), d*Igny- l'Abbaye (3767) et de La Charmoye (37Q8), en 1^373. Si Ton tient compte de ce que les fondations gites àCerfroid, 1269, et à Glairvaux en 1270 étaient firipjes, et celle de Saint-Jean de Vertus, 1218, dou- ble, on /trouve un total de vingt-six messes par jour, et nous ne parlons ici que des messes quotidiennes instituées dans des établissements religieux pcécé- lomment existants (6). Cn i272, Henri Ili fonda trois «messes par ^e- :wipe à l'abbaye de Saint-Jean -des-Vignes de Soi/s- Iplis,(37â6). D'autres fondations eurent pour objet t^nstitutîon }e chapellenies indépendantes de tout établissement ?^ligieux créé précédemment : telles furent la cha- melle de Vavray, due à Thibaut IV (jJ870)^ et celles |De Blanche de Navarre installa dans ses q^âteaux U Blont^imé (1257) et de Sézanne (1853). Nous n'avons recueilli que des renseignements [rës-jncompl^ts sur le nombre des chapeUes castrales ]e.D0s comtes, sur la date de la fondation de cbacime d'elles et sur Ut manière dont la plupart étaient des- servie^. I ■■ \fl) Bîbl. Imp.. Lat. S993 A, f^> 416 r«-417 y^. (b) On remarquera que jusqu'en 1209 nos comtes, en fondan^ des chapellenies, les dotèrent de dix livres de rente. A partir de 1S19, toutes les chapellenies qu'ils créèrent furent dotées par eux Jk$ jboIqs quinze Uvn99 fie r^vemi. % ë — 608 — Dans quelques-unes, le service religieux se célé- brait avec une grande solennité; telles étaient les chapelles des palais de Troyes et de Provins et celles des châteaux de Bar-sur-Aube et de Vitry-en-Per- thois, qui^ toutes quatre, étaient desservies par des chapitres de chanoines séculiers (a). Mais un acie relatif à la chapelle de Montaimé nous apprend que Blanche de Navarre n'avait pas le droit d'entretenir plus de deux chapelains, et nos comtes ne paraissent pas en avoir eu plus d'un à Sézanne (1853) et à Payns (3529). A Vertus, la chapelle, quelque temps desservie par un chapitre (368 /er), en fut séparée, et à partir de Tannée 1273 on n'y disait plus la messe que trois fois par semaine, à moins que le comte, sa femme ou un de ses enfants ne se troavàt à Vertus ; en ce cas la messe y était célébrée tous lei jours (3777). Dans la chapelle d'Igny-le-Jard, on avait pour?a aux besoins du culte d'une manière toute excep- tionnelle. Il était confié à cinq chanoines régalien de l'ordre de Saint-Augustin, qui constituai^t un prieuré dépendant de l'abbaye d'Epernay. Thi- baut V leur fil bâtir, à Igny, une nouvelle chapelle. Un compte, rendu le 30 novembre 1258, mentionne une indemnité de 18 livres donnée au propriétaire d'une maison sur l'emplacement de laquelle cette chapelle venait de se construire. Le pignon de ce monument était achevé et l'édifice orné de peinturai dues au pinceau de maître Bernard; les autels et le (a) Voir notre tome III, pages 177-178, et plus haut, p. COi. — 609 — bois destiné aux sièges avaient coûté 2& livres 18 sous (a). La dédicace parait avoir eu lieu en 1260. Celte année, Tarchevôque de Reims (319^), les évoques ^ de Soissons (3191), de Paris (3195) et de Senlis (3196) accordèrent des indulgences aux fidèles qui visiteraient cette chapelle le jour de la cérémonie ou pendant Toclave, et môme le jour de l'anniversaire. Le prieur de Prully promit de dire ou faire dire cin- quante messes et quarante psautiers pour les mômes fidèles; l'abbesse et le couvent de Saint-Antoine, près de Paris, leur promirent deux psautiers; le prieur, l'abbesse et le couvent leur assurèrent en outre la participation à tous les biens spirituels de leurs maisons (3192, 3197). Enfin, l'évoque de Sois- sons autorisa Thibaut V à faire consacrer, par tel évoque qu'il voudrait, le nouvel édifice religieux (3191). £n 1263, notre comte transféra dans cette chapelle le prieuré qui avait jusque-là desservi l'an- cienne, et il augmenta la dotation des chanoines réguliers en se réservant la faculté d'élever leur nombre de cinq à huit (3305). D'autres fondations faites par le môme prince eu- rent pour objet l'institution d'une dévotion nouvelle en l'honneur de la mère de Jésus-Christ. • i £n effet, Thibaut V introduisit, à Saint-Etienne ^ de Troyes, le chant des antiennes à la Vierge après m^ complies : en 1262 il donna 26 livres de rente -^ au chapitre de celte église, à condition que l'office * # (a) Bourquelot, Fragments de comptée du XIIP siècle^ dans la Btblàqtkègue de l'Ecole des Chartes, S* «érie, IV, 73-74.' « « — 6t0 — canonial serait chaque jour ternniné par une de ces antiennes, que le Salve Regina serait chanté solennellement et à haute voix dans la nef tous la samedis à la môme heure, et qu'une somme de 10 sous serait alors répartie entre les chanoines et clercs présents (3283). En 1270, tandis qu'à Aix en Provence il attendait le moment de s'embarquer, il fit une fondation analogue à Saint-Quiriace de Provins, où ce pieux usage existait peut-être déjà (3657). D'autres actes de libérale piété que nos comtes multiplièrent furent des fondations d'anniversaires. Nous n'avons pas la prétention de faire une énumé- ration complète; mais nous citerons ceux qu'éta- blirent : Henri II à la cathédrale de Sens (378 bis)] Marie de France à la cathédrale de Meaux (620); Thibaut III à Saint-Quiriace de Provins (&A6), à la cathédrale de Meaux (âA9) et au prieuré de Foicy (650); Blanche de Navarre à Hautvilliers (561), à Ligneux (562), à Boulancourt (569) et à la cathé- drale de Soissons (1396, 1397); Thibaut IV à Fon- tevrault (1985); Thibaut V à la Chapelie-aux-Plan- ches (3110), à l'hôpital de Notre-Uame de Reims (3(te), à la cathédrale de cette ville (3203, 3231), à Saint-Paul de Sens (3273), à Saint-Etienne de Troyes (3359, 3/i09, 3/i98, 3&99), dans tous les prieurés de Tordre du Val-des-Choux (3361), à la cathédrale de Chàlons-sur-Marne (3/iO/i), à Saint- Quiriace de Provins (3608, 3657), à S*-Sympborien deReim8(3/i&6), àla Gràce-Dieu (3539), à N.-Dame- aux-Nonnains (3638), et aux Antonins de Troyes (3664); Henri 111 à S*-Jean-des-Vignes de Soissons (37A6), aux Sœurs-Mineures de Provins (3766)^ à — 611 — N.-Dame-des-Prés (3769) et à Saint-Jean-de^Vertas (3777). Quand une fondation de ce genre était insti* tuée par nos comtes dans un couvent, ordinairement p une certaine somme était donnée par eux pour être employée à l'achat d'une pitance, c'est-à-dire d'un plat de supplément pour les religieux ou les reli- gieuses le jour delà célébration. Lorsque le fonda- teur était le prince pour le repos de Tàme duquel on devait prier, l'acte stipulait habituellement qu'en nU tendant sa mort il serait dit tous les ans pour lui une messe du Saint-Esprit. Les fondations de cha- pellenies peuvent donner lieu à une observation ana- logue. Les libéralités de nos comtes n'eurent pas toujours pour but des créations nouvelles, un grand nombre furent destinées seulement à améliorer la situation financière d'établissements et d'institutions ecclé- siastiques précédemment existants. Des donations de ce genre furent reçues, des successeurs d'Henri le Libéral, par l'évêché de Langres (1606), par le chapitre de la cathédrale de Langres (326); par les collégiales de la chapelle du château de Provins (3557) et de Saint-Etienne de Troyes (5/iO, §a/i); par la chapelle de Saint-Médard, près de Beaalieu, non loin de Sainte-Menehould (1595); par les ab- * bayes bénédictines d'hommes de Chexy (769), de Moiremont (1612, 1932), de Hontiéramey (671, 627, 3525), d'Orbais (3626), de Saint-Faron de. Meaux (3512, 3596), de Saint-Germain d'Auxerre (607), de Saint-Michel de Tonnerre (526), de Saint- Remy de Reims (529); par les prieurés bénédictins d'hommes de Coincy (3680) et de Saint-Jean-en- Chàtel de Troyes (389); par les abbayes bénédictines — 612 — de femmes d'Avenay (3605), de Ghamp-Benott (&&7, hlh, 568, 1662, 18A2) et du Paraclet (&25, 85S, 8619); par les abbayes augustines d'hommes d'Es- sommes (374) et de Saint-Loup de Troyes (363), et par le prieuré d'hommes de Tréfols, dépendant du même ordre (452) ; par Tabbaye augustine de fem- mes de La Barre (3301, 3600); par le prieuré de Hargerie, ordre de Gluny (1574, 4611); par le chapitre général de Citeaux (973); parles abbayes cisterciennes d'hommes de Cheminon (405, 436), de Glairvaux (393, 678, 1064, 1482, 1635 6û, 1734, l«21, 1822, 2127, 2197), d'Igny (462), de Long^ pont (1609), de Mores (816, 1608), de Pontigny (406, 414), de Prully (751), de Quincy (652, 1598) et de Scelliéres (401); par les abbayes cisterciennes de femmes d'ArgensoIles (1427, 1960), du Gharme (1580), de Notre-Dame-de-Jardin (2365), de Nolre- Dame-desPrés (3640), de Saint-Jacques de Yitry (2418, 8091), du Val-des-Vignes (3312); par les deux prieurés de femmes de Fontaines (333, 418, 472) et de Foicy (370, 390), ordre de Fontevrault; par le prieuré des bonshommes de Tourvoye (382), ord^^ de Grandmont; par les Antonins de Troyes (3536) 8643) ; par l'ordre de la Trinité pour la ré- demption des captifs (2315); par le prieuré de Cer- froid, chef de cet ordre (3537), et par les ministre- ries du même ordre établies à Meaux (3623), à Troyes (3186, 3205, 3335) et à Vilry-en-Pertbois (2554) ; par le prieuré d'hommes de Glairlieu, ordre du Val-des-Ghoux (1495); par le prieuré d'hommes, chef-lieu de Tordre du Val-des«Ecoliers (3352), et par le prieuré d^hommes de Notre-Dame-en-l'lsie de Troyesy dépendnfe da même ordre (2101); par ks — 613 — Franciscains ou Cordeliers de Provins (2565, 83&S, 3615); par les Cordelières de la même ville (2950, 3030, 3160,322/1 bis^ 3265, 3318, 3389, 3390,3/t3â, 3518); par les Dominicains ou Frères Prêcheurs de Provins (3609) ; par les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem (3378, 3526), et par les Templiers (1062, 1509). De tous ces établissements, cçlui que nos comtes paraissent avoir traité le plus libéralement est le cou- vent des Cordelières de Provins, auquel Thibaut V assura d*abord, en 1261, quatre cents livres de rente (322/i bis)^ puis, en 1267, un supplément de deux cents livres de rente (3â3/i). Nous ignorons quelles circonstances motivèrent ces actes de géné- rosité exceptionnelle, mais nous savons que lorsque le même prince donna cent livres de rente à l'ab- baye de La Barre, les religieuses de ce monastère étaient réduites à un tel dénuement que pour trou- ver moyen de vivre elles étaient contraintes à la nendicilé (3301). Les libéralités dont Ténumération précède étaient la plupart faites dans l'espérance d'obtenir pour les donateurs et pour leurs familles les prières des donataires, mais ordinairement les actes gardent le silence à ce sujet, ou ne donnent à cet égard rien de déterminé ni de précis. Nous avons recueilli ce- pendant quelques documents qui font exception. Au commencement de la régence de Blanche de Navarre, dame Guibotde de Montander se présenta, au* nom de cette princesse, à Tabbaye de Ligneux (Dordogne) ; introduite dans la salle du chapitre où les religieuses étaient assemblées, elle se mit à genoux et les supplia d'admettre parmi leurs sœurs^ — 614 — r corporellement et spirituellement, la comtesse de Champagne et d'instituer des prières pour cette princesse, pour le (ils et le mari de cette princesse. Nous avons déjà parlé de la chapellenie et de Tan- niversaire fondés en conséquence; mais les reli- gieuses de Ligneux ne se conlenlcrent pas de cette double institution; elles déclarèrent qu'elles rece- vaient Blanche de Navarre comme dame et sœur, qu'elles lui accordaient participation à tous les biens spirituels de leur abbaye et des prieurés conventuels qui en dépendaient, que tous les jours elles chan- teraient pour Thibaut IV trois psaumes : d'abord Deus noster refugium devant le grand autel, ensuite Miserere met, Deus, au chapitre; quant au troisième psaume^ qui était à leur choix, il devait être chanté par toute la communauté réunie au dortoir, à genoux devant l'autel. Elles ajoutèrent que, dans chacun des deux cents psautiers qu'elles récitaient par semaine, il y aurait un psaume et une oraison pour Thi- baut IV. Les mômes prières devaient être faites dans les soixante prieurés conventuels qui dépetidaient de l'abbaye de Ligneux (562). En 1205, Blanche de Navarre fut admise comme sœur dans l'ordre de Cluny, et les religieux de cette abbaye lui accordèrent participation à tous leurs mérites et à ceux des religieux de leurs prieurés; ils lui promirent de célébrer pour elle^ après sa mort, un service solennel et une messe par jour pendant trente jours, d'inscrire son nom dans le rouleau des morts qui, transporté successivement dans tous les prieu- rés de l'ordre, tenait alors lieu de lettres de faire part, et dans l'qbituaire qui, rédigé en forme de ca- lendrier, rappelait chaque jour aux moines réunis en — 615 — chapitre les morts pour lesquels ils' devaient prier (617). Quelques années après, les abbés de Tordre de Ct- teaux, assemblés en chapitre général, promettaient à la même comtesse de faire pour elle, quand ils rece- vraient la nouvelle de sa mort, tout ce qu'ils avaient l'habitude de faire pour un de leurs frères décédés (97/i). Les moines de l'abbaye de Lure (1&16) et le cha- pitre de la cathédrale de Soissons (1396, 1397) l'as- socièrent à tous leurs mérites. Thibaut V obtint la môme faveur de l'abbaye de SaintGuillaume-le-Désert (3259), de l'ordre du Valdes-Ghoux (3361), de celui des Chartreux (3383), de l'abbaye de la Gràce-Dieu (3539) et de l'abbaye de Vézelay ; les moines de ce dernier mo- nastère ajoutèrent qu'ils célébreraient pour lui et feraient célébrer dans tous leurs prieurés, chaque se- maine , une messe conventuelle du Saint-Esprit; qu'en France, chaque moineprétre dirait pour Thi- baut trois messes, et chaque moine non prêtre un psautier par an; que tous les jours, dans l'église ab- batiale de Vézelay, les matines seraient suivies du psaume Exurgat Deus et d'une oraison; qu'après chacune des quatre messes solennelles qui se célé- braient tous les jours dans la même église, on chan- terait le psaume Deus^ venerunt^ avec les prières et oraisons accoutumées, etc.; le tout jusqu'au moment où Thibaut serait revenu de la croisade (3633). On remarquera que les fondations pieuses faites par Thibaut IV sont beaucoup moins nombreuses que celles de son fils. Il était difficile d'allier à la P galanterie et au goût de la poésie amoareuse trn sentiment religieux bien profond. Section 4«. — Interve.ttiojî des Comtes de Chixpa6:ie DAIfS l'aDMIMSTRATION ECCLÉSIASTIQUE. Les religieux et les religieuses des abbayes de l'ordre de Sainl-Iîenoîl et de Tordre de Saint-Augos- tin, c'est-à-dire des plus anciennes abbayes établies dans les domaines de nos comtes, ne pouvaient élire d'abbé sans leur autorisation. Nous avons la preuve de l'existence de ce droit sur les vingt-etune abbayes dont le nom suit : ORDRE DE SAINT -BENChr. Hommes. Chezy (2802, 3550). Lagny (2212, 2728, 31/12, 3545, 3819) . Saint-Faron de Meaux (3061). Monliéramey (2960). Monlier-la-Cellc (2588, 2858, 2910, 3272). Monlier-en-I)er (3555). Rebais (2499, 3157). Saint-Sauveur de Vertus (2798, 3456, 3457). Femme*. Avenay (451). Bricol*(1347). Jouarre (3302). Notre-Dame-aux-Nonnains (3337). ORDRE DE SAI>iT-\CGl'STI.X. Hommes. Saint-Memmie de Ghàlons (2667). — 617 — .hantemer!e(2â&1). lhalrices (3397). ;ainMUartind'Epernay(2083,211&, 3163, 3166). ainlJacques de Provins (2389, 2912). > iainl-Loup de Troyes (2892). lainl-Harlin de Troyes (2716). îotreDame de Vertus (2545). Femmes. (otreDame de La Barre (3825). Les abbayes de Tordre de Citeaux étaient exemp- de cette servitude. Nous ne voyons pas non plut elle se soit étendue aux abbayes de l'ordre de îmontré. On sait que l'institution des ordres de eaux et de Prémontré est postérieure à la grande orme inaugurée par le saint pape Grégoire VII à Bn du xi*" siècle. Les abbayes bénédictines et augustines qui ne uvaient élire d'abbé sans le. consentement 'des ntes de Champagne paraissent avoir été celles al la garde appartenait à ce prince. La liste que us allons donner des abbayes bénédictines et ao- (tines où nos comtes avaient droit de garde ne a pas plus complète que celle des abbayes où les [^ions ne pouvaient avoir lieu sans learautorisa- i; elle suffira cependant pour établir que très- ibablement si les deux listes étaient sans lacunes, t se trouveraient identiques (a). i) Pour la liste qui suit, voir notre tome II, p. xxix, art. 376- , et les articles du Catalogue auxquels renvoient les numéros e^^pianthèses. ' — 618 — oiou DE SAnrr-BESiotr. Hommes. Saint-Germain d'Auxerre, jusqu'en 1218 (957, 11/15). Chezy. SaintFaron de Meaux. Montiéramey. Montierla-Gelle. Monlier-en-Der (3757). Qrbais. Bebais. • Saint-Sauveur de Vertus (3456). Femmes. Avenay. Jouarre (1186, 3213). OBDBE DE SAITT-AUGUSnrr. Hommes. Saint-Memmie de Ghàlons. Chatrices (2520, 2593, 2823). Toutes ces abbayes, sauf Saint-Germain d*Auxerre et Orbais, sont du nombre de celles pour lesquelles l'obligation de demander à nos comtes l'autorisation d'élire est prouvée par des textes. Il est vraisem- blable qu'à Saint-Germain d'Auxerre et à Orbais, comme dans les autres abbayes dont nous venons de parler, l'élection des abbés ne pouvait se faire sans l'autorisation préalable des comtes de Cham- pagne. Pour qu'une abbaye bénédictine ou augostineeût ^ 619 — ses biens sous la garde de nos princes sans être as- treinte à leur demander rautorisalion d'élire ses abbés, il fallait que cette abbaye, bien que proprié- taire en Champagne, fût située hors de cette pro- vince ou du moins hors des parties de cette pro- vince qui constituaient les Etals de nos comtes; telles étaient les abbayes bénédictines de Saint- Basie, près de Reims (35H), de Sainl-Pierre-aux- Honts de Chàlons (2332), de Molesme (2237, 2533, 2562, 3G52), de Sainte-Colombe de Sens (3634), de Saint- Remy de Reims (328, 360, 2478), de Saint- Vannes de Verdun (2183, 3132) et de Mouzon (2/i80). Quoique sous la garde des comtes de Champagne et situées dans le comté de Champagne, les abbayes cisterciennes de Clairvaux(1723, 2116), de Moulier- enArgonne (2714) et de Vaux-la-Douce (2598, 2599), et l'abbaye de Septfontaines, ordre de Pré- raontré (1382), avaient conservé leur pleine liberté électorale, fait qui concorde avec ce que nous avons dit plus haut de l'indépendance des abbayes de ces deux ordres. Le droit de garde imposait aux abbayes de Tordre de Saint-Benoit et de l'ordre de Saint-Augustin une SQlre charge. Pendant la vacance du siège, le comte de Champagne avait l'administration de leurs biens (957, 3/i56), et il fallait que l'abbé élu fût mis en pos- session de ces biens par le comte (a). Ce dernier pouvait refuser l'investiture à tout abbé élu sans son («) La pièce que nous avons cataloguée sous le n^ 3163 est en contradiction avec Brussei (p. 826, § ix), et démontre que cet auteur se trompe quand il dit • qu'on ne voit point que les comtes autorisation, et c'était cette faculté qui donnail one sanction à l'obligation de solliciter cette autorisation. EtiOn, neuf abbayes bénédictines et une de l'ordre de Saint -Augustin payaient un droit de ^rde; c'était une redevance annuelle dont le montant vi« riait entre 20 et 300 livres (a). Une troisième servitude, qui parait avoir été comme les précédentes, la conséquence du droit de garde, consistait dans le droit de gite supporté par un certain nombre d'abbayes. En voici la liste : OBDBE DE Ulirr-BKfOlT. Hommes. Saint-Germain d'Âuxerre. Chezy. Lagny. Monliéramey (29&1). Montier-en-Der. Montier-la-Celle. Orbais Rebais. Saint- Pierre-le-Vif de Sens. Saint-Médard de Soissons. Femmei. Jouarre. OaDRB BB SAIlfT-AU608TI2l. Hommes. Saint-Memmie de Ch&lons. de Champagne aient jamais donné l'investiture des abbayes q&^ étaient dans leur garde. > (a) Voir notre tooiâ H, p. xxix« art. 376-385. — «91 — Celle liste ne renferme qae des noms contenus ans les deux précédentes, à deux exceptions prés : iMit-Pierre-Ie-Vif de Sens ejl SaintKfédard de Sois- ws. A Saint-Médard, le droit de gUe était évidem- lenl un débris du droit de garde perdu par nos ointes vers le milieu du xi* siècle (a). Quant à hmt-Pierre-le-Vif, cette abbaye avait sans doute ait partie de la moitié de Sens donné à Eudes I^ par a reine Constance, veuve du roi Robert, en 1031, )t le droit de gite conservé par nos comtes dans ce [Donastére était un reste de la puissance éphémère due à la libéralité inique de cette princesse in- lensée (6). Vers la fin de la période dont nous faisons l'bis- foire, une abbaye vint s'ajouter à la liste qui pré- cède. Ce fut celle de Belval, ordre de Prémontré, qui s*assujettit volonlaîrement au droit de gîte en recon- naissance des services que les comtes de Champagne lui avaient rendus (35/iO). Le droit de gile s'étendait à un certain nombre de prieurés placés aussi sous la garde de nos com- tes, tels que ceux de G^ye, de Margerie et de Saint- Sépulcre, dépendant de Tordre de Cluny; ceux de Coincy, d'Herbisse, de Moutiers et de Rumilly, or- dre de Saint-Benoil, auxquels nous pouvons ajouter les prévôtés de Chablis et de Donnemarie, dépen- sât de Saint-Martin de Tours, môme ordre. Le droit de gtte consistait dans l'obligation de lo- fa) Voir notre tome I, page 372. (l) Yoir ttotre tome I, pages 310-3i4< — 622 — ger et de nourrir gratoitement le comte et sa suite une fois chaque année. Les abbayes de l*ordre de Ctteaux hébergeaient le prince champenois et son cortège à leurs frais one fois tous les ans s'il venait les visiter; mais elles pro- testaient que si elles agissaient ainsi c'était par pure courtoisie, et elles se refusaient à reconnaître qo'd* les y fussent obligées en droit (a). Quand nos comtes, dans leurs nombreux voyages, recevaient l'hospitalité dans un monastère où ib n'avaient pas droit de gite, ils payaient aux religieux une indemnité. C'est ainsi qu'en 1185 Marie de France, ayant passé une nuit au prieuré de Keoil, donna aux moines un calice (330). Les biens des évëchés de Troyes et de Heaax étaient sous la garde des comtes de Champagneieo ce sens que ces princes en avaient la jouissance pen- dant la vacance du siège (b). Mais on ne voit nulle part que les chapitres cathédraux fussent asireintsà solliciter près d'eux l'autorisation de procéder à l'élection cpiscopale (c). Gomme, d'un autre côté, les chanoines de ces chapitres étaient tous à la no* mination des évoques, il s'en suit que ces chapitres (c) Voir noire tome II, p. lx lxii, cf. xxxvi-xxxvra, art. 429- 441. (h) Voir notre tome III, p. 289-290. où il est question de ^exc^ cice de ce droit au xii* siècle. Quant à son existence au xur, il est élabli pour l'évèchc^ de Troyes par deux chattes : Tuoe de Tannée 1235 (2275). laulre dc'l209 (5552), et pour révécMde MeaiiX par trois chartes : la première de l'annexe 1222 (I46Q|, b seconde de 1223 (15G5), la troisième de 127G (5841). (c) Nous sommes ici d'accord avec Brussel» p. 309-313. — 623 — |ooissaient d'une complète indépendance à l'égard de nos comtes. Neuf collégiales fondées dans les villes du domaine des comtes de Champagne avaient une situation toule autre. A la vérité, tes doyens placés à la tête de ces chapitres secondaires étaient, la plupart du temps, élus par les chanoines (a); mais nos comtes auraient la collation de la moitié des prébendes dans les chapitres de Notre-Dame duVal de Provins (Jkàb) et de Saint-Urbain de Troyes (3773). Ils nommaient à toutes les prébendes des chapitres de Saint-Geor- ges de Bar-sur-Seine (6), du palais de Provins et de Saint-Quiriace de la môme ville (c), de Saint-Nicolas de Sézanne (d), de Saint-Etienne de Troyes (e), de (a) Ainsi le doyen était électif à Notre-Dame-du-Val de Provins (44!L), à Saint-Quiriace de Provins (252), à Saint-Nicolas de Sé> xanne (Courtalon, Topographie, III, 518), à Saint-Etienne de Troyes (Coiirtalon. Topographie, II, 146). ii Saint- Urbain de Troyes (5773). à Saint-Jean de Vertus (1897), à Notre-Dame de Vilry(l417). (b) Courtëpée {Description générale et particulière du duché de Bourgogne, 2' édit., IV, 421), nous apprend que. de son temps, les prébendes de Saint-Georges de Bar-sur-Seine étaient à la no- mination du roi, et dès 1228 nous voyons Tbibaut IV disposer d'une de ces prébendes (1856). (c) Les prébendes de Saint-Quiriace étaient encore au siècle dernier à la collation du roi. Le n^* 326i de notre Catalogtie donne l'exemple de la résignation d'une prébende de cette collégiale entre les mains de Thibaut V. (d) Des prébendes de celte collégiale étaient promises par Thi- baot IV vers 1228 ou 1223, Bibl. Imp., ms. lai. 5992, f 534 r»; les cbancines de ce chapitre étaient encore au siècle dernier à la collation du roi. (e) Voir dans notre Catalogue les n«« 369, 2340, 3502 des Saim-Jean de Vertus (a) et de Notre-Dame de Vitrj (801). Cependant on aurait tort de croire que tous lei chapitres fondés dans les domaines des comtes de Champagne eussent, sinon la totalité de leurs pré- bendes , du moins une partie d'entre elles î h nomination de nos comtes : les chanoines de Saint- Nicolasdu-Martroy de Provins étaient nommés, moi- tié par l'archevêque de Sens, moitié par le chapitre de Saint-Quiriace ; ceux de Bray-sur-Seine et de Montereau, par l'archevêque de Sens en totalité; ceux de Saint-Maclou de Bar-sur-Aube, par le doyeo du chapitre. On comptait donc dans les domaines des comtes de Champagne quatre collégiales indé- pendantes de leur autorité. Mais dans les neuf collé- giales dont nous avons parlé en premier lieu, les princes champenois avaient à leur disposition un nombre d'emplois considérable, environ deux cent soixante canonicats (6), dont ils gratifiaient les actes relatifs au droit des comtes de Chancpagnc sur les prébendes de Saint-Etienne de Troyos; ces prébendes restèrent à la coUalioD du r«ji jusqu'à la Révolution. {a) Des prébendes de ce chapitre étaient promises par Thi* baullV, vci-s 1228 ou 1229, Bibï. Imp., ms. lat. 5992, ^334r•. (b) En voici Ictat : Sainl-Geoiges de Bar-sur-Seine 3 Kotre-Dame-du-Val de Provins, moitié de 34 ... . 17 Le Palais de Provins 4 Sainl-Onu'iace de IVovins 44 Saint-Nicolas de Sc^zanne SO Saint-Elienne de Troyes 72 Saint-Libain de Troyes, moitié de 12 6 Saint-Jt-an de Yerliis ... * 24 Notre-Dame de Vilry 40 ToUl. 260 — 625 — ;lercs altachés à leur service, les clercs des barons laxquels ils tenaient à être agréables, et enfin d'au- res protégés. Nous avons encore l'état des per- tonnes qui, vers 1228 ou 1229, étaient sur les rangs pour obtenir les premières prébendes vacantes à la nomination de Thibaut IV, et qui avaient reçu des promesses de ce prince (a). Dans celte liste de can- didats, nous trouvons quatre clercs de notre comte: \dam de Vertus (6), Gui (c), Jean (d) et Robert Dauphin (e). Nous voyons ensuite des clercs du duc de Lorraine, des comtes de Chartres, de Flandre, de Chalon-sur-Saône et de Sancerre, de Guillaume de Dampierre et d'Erard de Bricnne, c'est-à-dire des employés attachés à la chancellerie de grands seigneurs, qui tous devaient ou prendre le parti de Thibaut dans sa lutte contre la ligue des barons de France, ou rester neutres dans cette guerre mémo- rable. Ensuite, nous remarquons le fils du concierge, c'est-à-dire du gouverneur du château de Thibaut IV à Pont-sur-Seine , et le clerc d'Henri des Bordes, c'est-à-dire d'un chevalier qui était alors au service de notre comte (/*). Nos comtes disposèrent aussi, dans un but pieux, (a) Bibliothèque Impériale, manuscrit latin 5992, f'SSlr*; Bibliothèque de Troyes, ms. 22, p. 211-218; Archives de l'Em- pire, KK1064, f«»569r«v<». (6) Voir plus haut, page 538. (c) Voir plus haut, page 537. (d) Voir plus haut, pages 537-538. (c) Voir plus haut, pages 536-537. if) Voir plus haut, page 562. 40 — 626 — de quelques-uns des canonicats dont ils avaient la collation. C'est ainsi que l'IIôtel-Dieu de Provins acquit une prébende dans la chapelle du palais de celte ville (Uài). C'est ainsi que des prébendes de Saint-Etienne de Troyes devinrent la propriété da chapitre d'Hébron (365), de la Léproserie (3&&, 3/i5), de THôlel-Dieu (600, 502) et des Trinitaires (3185) de Troyes. Enén, Marie de France décida que toutes les fois qu'un chanoine de la chapelle do palais de Provins mourrait, la jouissance de la pré- bende de ce chanoine appartiendrait à THôtel-Diea de la même ville pendant un an à partir du décès (3/il). Thibaut V conféra le mâme droit à l'hôpital de Bar-sur-Seine sur le chapitre de Saint-Georges de cette ville (3237). SECTlOri 5c. — DfiOIT D'AMOBTlSSEMEDiT. Quelques établissements religieux payaient^ com- me nous Tavons dit, une redevance annuelle à titre de droit de garde; quelques-uns étaient assujet- tis à fournir aux comtes de Champagne l'onéreuse hospitalité connue sous le nom de droit de gite; mais ces charges n'étaient qu'une exception, tandis qu'un principe général du droit féodal déclarant nulle toute acquisition faite par un établissement religieux sans le consentement du suzerain, l'obliga- tion de payer au suzerain une indemnité en cas d'acquisition nouvelle était de régie, et l'exemption de cette charge, c'est-à-dire du droit d'amortisse- ment, constituait toujours une exception. Nous avons déjà fait observer qu'Henri P' et ses prédé- — 627 — cesseurs avaient accordé cette exemption à plusieurs établissements ecclésiastiques (a). Henri II conféra aux Templiers le même privilège (417); mais les suc- cesseurs d'Henri II ne marchèrent pas sur ces traces. Blanche de Navarre exigea des religieux de Quincy l'engagement de ne faire aucune acquisition dans la chàtellenie de Bar-sur-Aube sans le consentement du comte de Champagne (855, 916). Elle obtint du proviseur des chevaliers de Saint-Jacques en Espagne une déclaration portant que cet ordre ne pouvait rien acquérir en Champagne sans le môme consen- tement (909). Thibaut IV se fit rendre, par l'abbé de Clairvaux, la charte du comte Thibaut II, qui avait donné à cette abbaye l'exemption perpétuelle du droit d'amortissement (2976). Outre celte abbaye (2975), celles de Belleau (3033), du Val-des-Vignes (303/i) et de Saint-Jacques de Vilry (3032) furent contraintes par Thibaut de reconnaître formellement que les comles de Champagne avaient le droit de tenir pour non avenues les acquisitions faites par elles quand ils n'y avaient pas donné leur approba- tion. Nous avons une déclaration semblable émanée, à la môme époque, du prieur et des religieux de Macheret (2930). Les Templiers voulurent résister. S'appuyant sur la charte qu'ils avaient obtenue d'Henri 11 (^il7), ils prétendaient acquérir indéfini- ment en Champagne sans demander l'autorisation des comtes et sans payer de droits. La question, après de longs délais (1859, 1901 6t*s), fut portée devant saint Louis, qui, par un jugement arbitral daté de {à) Voir notre lli, pages 293-294. — 628 — 12/il y décida qu'ils ne pourraient être inquiétés pour les acquisitions passées; mais pour l'avenir il consacra le droit de nos comtes (2576). Le grand maître de Tordre accepta cette sentence (3082). Thibaut V accorda cependant au chapitre de No* tre-Dame de Vitry une dispense générale du droit d'amortissement (3588); mais ce fut une exceptioo. S'il donna à quelques autres établissements le droit d'acquérir dans l'avenir sans payer aucun droit d'a- mortissement, cette concession fut d'ordinaire limi- tée à un certain chiffre de rente qui ne devait pas être dépassé. Ainsi, il autorisa le collège Saint-Ber- nard de Paris à acquérir 60 livres de rente (3120), les Cordelières de Provins 500 livres de rente (3389), l'abbaye d'Argensolles 100 livres de rente (3603), l'abbaye de Notre-Dame-des-Prés 30 livres de rente (3629). Il accorda une faveur limitée du même genre au chapitre de Saint-Urbain de Troyes; puis changeant d'avis, arracha par ruse sa charte des mains du chapitre et la fit lacérer, ce qui lui attira une admonestation du pape Clément IV (350/i). On peut mettre en regard de ces autorisations la charte par laquelle Thibaut V permet à Regnaud de Bar de donner à des religieux n'importe de quel ordre des biens dont cet acte détermine la nature et l'impor- tance (3198). Mais, en général, le consentement de nos comtes, au lieu de précéder l'acquisition, la suivait, et, par conséquent, ce consentement constituait une ratiG- cation plutôt qu'une autorisation. On nous a con- servé quatre requêtes adressées à Thibaut IV pour obtenir son consentement à des acquisitions précé- demment faites par les abbayes du Miroir (1169, — 629 — 1170), de Saint-Jean-des-Vîgnes (18&8) et de Cha- trices (2256). Les deux premières émanent des do- nateurs, les deux autres des acquéreurs. Mais cette formalité n'était pas toujours remplie, et alors le comte faisait saisir les biens des établissements qui ne se hâtaient pas de transiger avec lui. Thibaut IV, au moment de sa majorité, fit saisir une rente dont le chapitre de Saint-Etienne de Troyes était devenu propriétaire pendant la régence de Blanche (1635). En 1252, un concile provincial de Sens se plaignait des saisies dont, par l'ordre de ce prince et pour un motif analogue, beaucoup de biens ecclésiastiques étaient frappés (3066). Thibaut V fit de même saisir des propriétés acquises par l'abbaye de Scelliéres (3618); Henri III, des biens appartenant depuis peu aux chapitres de Saint-Etienne (3736) et de Saint- Urbain (3773) de Troyes ; Edmond, des biens dont le chapitre de la cathédrale de Reims était nouvelle- ment devenu propriétaire (3856). Nous ne savons d*aprés quel tarif les comtes de Champagne fixaient le taux du droit d'amortisse- ment ; tout ce qui est certain, c'est qu'ils exigeaient le paiement de ce droit. Pour obtenir la ratification d'acquisitions nouvellement faites, l'abbaye de Lari- vour dut s'engager à payer à Blanche de Navarre un cens de 12 deniers (685) ; le chapitre de Notre-Dame- du-Val renoncer à une rente de 20 livres que lui devait Marguerite de Bourbon (3087); l'abbaye de Troisfontaines abandonner à la même comtesse une maison, les dépendances et dix fauchées de pré (3095); le chapitre de la cathédrale de Reims con- tracter l'obligation de célébrer à perpétuité six anni- versaires (3231); le cardinal Ancher, fondateur du — 630 — chapitre de Saint-Urbain de Troyes, accorder à Thi- baut V ia collation de la moitié des prébendes et dignités de ce chapitre (3773). De tous ces faits, on ne peut conclure l'existence d'aucune proportion réglementaire entre la valeur des biens acquis par les établissements ecclésiasli- ques et le montant du droit auquel l'acquisition de ces biens donnait lieu. Voici un exemple qui, sans pouvoir nous permet- tre des conclusions bien précises, pourrait fournir un commencement de solution. L'abbaye de Scel- liéres avait acheté, moyennant G livres de rente via- gère, une propriété bàlie. Elle versa à litre de droit d'amortissement, entre les mains des receveurs de ' Champagne, une somme de 30 livres (3790). Mal- heureusement nous ne savons à quel taux la renie viagère avait été constituée. Supposons un instant que c'était à 10 pour 100; dans cette hypothèse, le capital aurait été de GO livres, et le droit d'amortis- sement se serait élevé à moitié de la valeur des ob- jets acquis. (le (hiiïre paraîtra fort élevé; mais quand une acquisition avait eu lieu sans autorisation préalable, nos comtes ne se considéraient point comme obligés à la ratifier ultérieurement, quel que fût le chiure de l'indemnité proposée. Henri III, ayant saisi des biens que le chapitre de Saint-Etienne de Troyes avait acquis sans son consentement dans cette ville et à Torvilliers, ne se crut pas tenu de les lui resti- tuer et les réunit à son domaine; il accorda, il est vrai, une indemnité au chapitre, mais en la lui don- nant, il déclara que c'était par grâce et sans qu'au- cun principe de droit lui en (ît une obligation (3734). — 631 — Pendant la période qui nous occupe, la percep- tion du droit d'amortissement s'est opérée de deux manières : par acte isolé ou par mesure générale. Nous n'entreprendrons pas de donner ici la nomencla- ture de toutes les chartes aux termes desquelles une acquisition, nouvellement faite par un établissement ecclésiastique et déclarée par lui ou découverte par quelque bailli, prévôt ou sergent, a obtenu la ratifi- cation de nos comtes : ce serait un travail sans inté- rêt. Mais ce qu'il peut Olre bon de signaler, ce sont les enquêtes que nos comtes ont faitexécuter à certai- nes époques dans toule l'étendue de leurs Etats pour découvrir les biens qui n'avaient pas, jusque-là, payé de droit d'amortissement, et pour exiger de leurs propriétaires l'acquittement de ce droit. Nous supposons que la première de ces enquêtes aura eu lieu vers 1222 ou 1223, c'est-à-dire à l'épo- que où Thibaut IV, majeur, commença à gouverner lui-même. Ce fut alors que ce prince donna aux ab- bayes de Hautefontaine (1527), de Troisfontaines (1568), de Montier-la-Celle (1579), d'Igny (1604) et de Cheminon (1610) des lettres par lesquelles il ratifia toutes les acquisitions qu'elles avaient faites pendant sa minorité. Une seconde enquête de ce genre parait s'être exécutée pendant les dernières années du règne de Thibaut iV, à partir de l'année 1250. On se rappelle qu'en 1250, Thibaut avait chargé Gilles de Ville- nauxe et Jacques de Rebais de dresser un état géné- ral des fiefs de Champagne (a). On conçoit que le (a) Voir plus haut, pa;j;»^s 481 e\ 539, — 632 — travail confié à Gilles et à Jacques ait eu pour corol- laire la recherche et la constatation des acquisitions que les établissements ecclésiastiques n'avaient pas déclarées. Aussi voyons-nous, en 1250, le prieuré de Macheret (2930) /en 1251 l'abbaye de Clairvaox (2975), en 1252 l'abbaye de Saint-Dizier (3035), obtenir la ratification générale de leurs acquisitions passées. En môme temps, la rigueur des agents de Thibaut provoque les réclamations du clergé, qui leur dénie le droit de saisir les biens acquis depuis plus de quarante ans,» quand même l'amortissement régulier n'en pourrait être prouvé. On sait qu'en droit canonique la prescription s'acquiert par qua- rante ans. Les évêques de la province de Sens, réu- nis en concile^ adressèrent à Thibaut deux monitioD^ (30&6). Nous ignorons quelle suite fut donnée ^ cette affaire. La troisième de ces enquêtes fut prescrite par Tk ^ haut V quand, sur le point de partir pour la cro^ sade où il mourut, il cherchait à recueillir les fondEl' qui lui étaient nécessaires pour subvenir aux frais d^ cette grande expédition. Quinze établissements ecr' clésiastiques reçurent alors de lui des chartes d'à mortissement (a). Ce travail n'était point encore ter-^ miné au départ de notre comte. Nous avons déjà ditf (n) Le chapitre de Saint-Nicolas de Sëzanne (3591); les abbayes^ (l'Argensolles (3603), de Saint-Nicolas de Bar-sur*Aube (3577). de Bricot (3606). de Chaumont-la-Piscine (3601). de Clairvaux (3646). d'Essommes (3597), d'Igny (360!!), de Montier-en-Der (3621), du Paraclet (3617i, de Notre-Dame-des-Prés (3629), de Nolre-Dame- auxNonnains de Troyes(3638), de Troisfontaines (3639), de Saint- Sauveur de Vertus (3632), et le prieuré de Voulton (3589). — 633 — que Thomas Brunel et Adam des Grès le continaè- rent en son absence (a). Ainsi nous comptons trois mesures générales prises par nos comtes pour la perception du droit d'amortissdhient. (a) Voir plus haut, p. 540-541; cf. 461 note b. — 634 — CHAPITRE IV Les comtes de Champagne au xuV siècle, comme au xîi*, n'eurent sur Tinstruclion publique aucune autorilé (a); renseignement était alors entre les mains de TEglise. Ce fut d'elle, par exemple, et non du pouvoir civil que le chapitre de Notre-Dame de Vitry reçut la direction des écoles de cette ville (fr) ^ mais il restait à nos comtes le droit d'encouragé^ les études par des libéralités envers les élablisse^'" ments déjà créés ou par la fondation d'établissemenf ^ nouveaux, Thibaut IV avait trop le goût de la poésie légère pour se soucier beaucoup de l'enseignement cléricai- et classique; mais une des premières libéralités d^ son fils aine fut faite en faveur d'un établissemen • d'instruction. L'ordre de (lîteaux, créé pour prier et travail^ — 1er des mains plutôt que pour développer chez letf hommes les facultés littéraires et scientifiques, cher- chait à se transformer, et un abbé de Clairvaux ve^ — (a) Voir notre tome ill, p. 184. {h) Bulle de Tannée 1223, citée par E de Barthélémy, Diocèi^ anvien de Châlons, \, 123. — 635 — naît d'instituer à Paris, sous le vocable de saint Ber- nard, un collège pour l'instruction de ses moines. Thibaut V accorda à ce collège dispense de droit d'amortissement jusqu'à concurrence de àO livres de revenu (3120). Deux ans après, il s'occupait de fonder à Tudèla, en Navarre, ce qu'on nomma plus tard une Université, ou, comme on disait alors, une o étude générale {sludium générale) et des chaires x> magistrales pour Tulilité et le profit commun de o ceux qui, afîn d'étudier, viendraient à Tudéla et y o séjourneraient. » Le pape Alexandre IV accorda aux étudiants de Tudéla le môme privilège qu'à ceux de Paris, quant à la jouissance des bénéfices ecclé- siastiques, et décida que, pendant leurs études, ils toucheraient leurs revenus comme les bénéfîciers résidants (a). Jeanne de Navarre, reine de France, nièce de Thibaut V et son héritière médiate, suivit son exemple en fondant, à Paris, le collège de Na- varre, qui, après avoir élé si célèbre dans Tancienne Universilè, a de nos jours trouvé dans une vie nou- velle une nouvelle illustration, puisque c'est dans ses bâtiments qu'est abritée l'Ecole Polytechnique. Mais ce n'est pas de ce côté que nous devons chercher la principale influence de la cour de Cham- pagne : son action eut surtout pour efTet de secon- der le grand mouvement qui, se produisant à la fin du XII® siècle et pendant le xiii® en dehors des écoles dans un public ordinairement étranger aux études latines et classiques, développa, à côté de la littéra- ture scholastique, de cette hltérature quelquefois si (a) Bulle (lu 8 mai 1259, dans Raynaldi. an. 1259, n«M6 otl7. — 636 — élevée, mais habituellement si raîde, si sèche et si peu attrayante, toute une littérature nouvelle, gaie, lé- gère, vivant d'imagination comme l'autre de raison- nement, mais peu sérieuse et souvent peu morale, en un mot la littérature française primitive. Henri 1", comme nous Tavons vu, était resté étranger à ce mouvement. C'était un latiniste élevé dans le goût de ces discussions subtiles qui alors faisaient la joie des pédants, et il ne voyait rien au delà. Aussi, Chrétien de Troyes dut- il aller hors de Champagne chercher des protecteurs (a). Cependant Jean leNevelais, dans son roman de la Vengeance d'Àlexandrey fait l'éloge d'Henri I*'. Voici dans quels termes il s'eiprime : Encore sera il del conte Henri liez. Cil est sor tout le mons de doner efforciez, Sage est et cortois et preus et afetiez, Et aime les églises et honore clergiez ; Les povres genlilz homes n'a il pas abessiez, Ançois les a très bien levez et essauciez (b) Et donées les terres, les rentes et les fiez : Ja de doner ne fu son pers apareillez (c). Jean leNevelais avait été probablement traité par Henri plus libéralement que l'auteur de P^rceval U Gallois; et les souvenirs classiques qui s'attachent au nom d'Alexandre le Grand, qui s'attachaient surtout (a) Voir notre tome III, p. 188. (b) On peut supposer ici une allusion à l'anecdote du chambrier Artaud; voir notre tome III, p. 127. (c) Paulin Paris, Les Manuscrits français de la Bibliothèque dM Roi, VI. 212; cf. Histoire littéraire, XV, 125. et Tarbé, PoèUi de Champagne antérieurs au siècle de François l^, p. xxxm- XXXVI. — 637 — ilors au disciple d'Aristote, avaient sans doute pro- voqué en faveur de Jean, quoi qu'il écrivit en fran- fais, une exception que ne pouvait réclamer le chan- re du roi Artus et de tant d'autres héros inconnus à 'antiquité. Mais après Henri I^ la langue latine, qui avait été a langue préférée de ce prince, paraît être tombée en liscrédit à la cour de Champagne. Elle resta la lan- gue des choses sérieuses, de l'administration, de la K:ience et de l'Eglise ; mais il ne semblait plus pos- nble de s'amuser en latin. Depuis Henri I*% la seule composition latine qui lit été, que nous sachions, rédigée pour un comte de Champagne n'a jamais pu avoir la prétention de ré> créer personne; c'est le Songe de Pharaon, par Jean de Limoges, moine de Clairvaux. Il est dédié « au x> prince victorieux, le seigneur Thibaut, roi magni- fique de Navarre, comte palatin de Champagne et » Brie, à qui Jean souhaite et le succès dans sa » guerre contre les puissances aériennes (c'est-à- a dire contre le démon), et l'heureuse consomma- » tion de sa course. » Nous ne savons pas d'une manière certaine si ce seigneur Thibaut est Thibaut IV 00 Thibaut V; mais il est grandement probable que c'est le second. On connaît les habitudes de piété de Thibaut V, et on peut supposer qu'il ait eu le désir de chercher son instruction ou son édification dans le genre de littérature auquel appartient l'œu- vre du moine de Clairvaux. En effet, le Songe de Pharaon est un traité de morale à l'usage des rois. Jean de Limoges, dans sa dédicace, parle des libé- ralités faites au clergé et probablement à son ordre par le prince auquel il s'adresse. « Vous avez mé- — 638 — » rite, i> lui dit-il, « d'amasser datis les deux an » trésor incorruptible, de laisser après vous sarla » terre un nom éternel, et d'allumer chez les clercs » et les élèves dévols le feu d'une gratitude sans » fin. » Or, nous avons déjà parlé des bienraitsde Thibaut V envers le collège Saint-Bernard (S120) et Tabbaye de Clairvaux (3646) (a). Il paraît que Thi- baut V, en faisant un des actes de générosité que nous connaissons ou quelqu'autre dont nous avons perdu la trace, avait exprimé aux moines de Clair- vaux le désir d'obtenir de leur reconnaissance un ouvrage de Jean de Limoges. Ce dernier, auteur de plusieurs livres inédits (6) et que personne ne son- gera sansdoute jamais à publier, jouissait alors d'une célébrité relative. Il était probablement un des mem- bres les plus lettrés d'un ordre qui ne se piquait guère de littérature, et un des étudiants les plus dis- tingués du collège peu savant de Saint-Bernard de Paris. Il se hâta de répondre à l'appel de Thibaut. « Moi le plus petit des clercs et des élèves, d dit-il) « j'ai considéré vos prières comme un ordre, et j'of- (a) Thibaut IV a fait aussi plusieurs donations à l'abbaye de Clairvaux, mais elles sont antérieures à son avéneitient au li-ône de Navarre (1635 bis, 182^, 2127. 2197). tandis que louvragc dont nous parlons est postérieur à cet avènement. (h) Le Songe de Pharaon est connu depuis longtemps (voir nn article de M. Daunou dans Y Histoire littéraire de la France, XVllI, 593-595), mais la liste des autres productions de Jean lie Limoges ne Test que depuis la publication du savant Catalogue des manuscrits de la Bibliolliè(|ue de Troyes , par M. Harraand {Catalogne des manuscrits des Bibliothèques des dèpartemenltt tome 11, p. 241, 243. 569. 608, 646-648). — 639 — » fre à Voire Sérénité ce petit présent. Je n*ai pas la » témérité de me croire la prudence de Platon, la j» brillante imagination de Zenon, la faconde de Ci- D icéron; mais j'ai confiance en celui qui ouvre les » lèvres des muets et qui donne de l'éloquence aux » langues les plus malhabiles. » Son livre, divisé en dix-neuf lettres non compris la dédicace, est une amplification de rhétorique sur le récit biblique du Songe de Pharaon et de ses expli- cations. (( J'ai fait, » dit-il, « la narration do fameux » Songe de Pharaon^ en y intercalant un commen- « taire moral sur la discipline des rois : Pharaon y » est le modèle de tout roi curieux, l'Egypte de tout ]^ royaume zélé, Joseph de tout conseiller vertueux; » et en mêlant à la trame de mon livre de petites » fleurs de rhétorique et de théologie, j'ai espéré » plaire à Votre Altesse. » Cet ouvrage a été publié deux fois. Le manuscrit original, couvert de ratures nombreuses, a été conservé à la« bibliothèque do Ciairvaux jusqu'à la Révolution, et il se trouve au- jourd'hui dans celle de Troyes, sous le n* 453^. En outre, la bibliothèque de Clairvaux en avait une copie exécutée au xiii'* siècle avec beaucoup de soin, et ornée de ces lettres forées et peintes qui, aux termes des règlements cislerciens, ne devaient ja- mais décorer les livres à l'usage de cet ordre. De Clairvaux, ce manuscrit est passé, comme le pre- mier, à la bibliothèque de Troyes, où il porte le d"" 556. A l'intenlion de qui a-t il été écrit et peint? Serait-il l'exemplaire destiné à Thibaut V, et la mort prématurée de ce prince aurait elle élé l'obs- tacle qui aurait empêché les moines de Clairvaux d'oQrir à leur protecteur ce petit chef-d'œuvre — 640 — de calligraphie? C'est une hypofhése que nous li- vrons à Tappréciation du lecteur. Outre cet ouvrage latin, dédié à Thibaut V, n• 172-204 (no- tamment f» 194), cf. ms. fr. 1747, ancien 7694, (^ 85-98, et Tarbé, Poète$ de Chamfia§ne antérieurs au iiàdede Fr^açois If^ p. XXXVII-XXXVIII. — 643 — DU des psaumes, elle eut aussi recours à elle comme moyen de récréation et de passe-temps. On croit qu'elle prit intérêt aux chansons du fa- meux Quènes ou Conon de Béthune qui, dit-on, aurait écrit potir elle ces vers : Chançon legière à entendre Ferai que bien m'est mestiers Que chascun le puist aprendre, Et qu'on le chant volentiers ; Ne par autre messagiers N'iert ja ma dolor mostrée A la millor qui soit née (a). Dans tous les cas, un échec de Quènes à la cour de France fut surtout sensible à ce poète, parce que Harie était présente : Por çou j'ai mis mon chanter en défois (défaut) Que mon langage ont blasmé li François, Et mes chançons, oyant les Champenois Et la contesse encoir, dont plus me poise (b). On doit sans doute reconnaître aussi Marie dans ^ comtesse de Brie qui commanda une chanson à ^uhin ou Auboin de Sézanne. Cette pièce com- mence ainsi : Bien cuidai toute ma vie Joie et chansons oublier ; (û) Le Romancero françois, p. 81 . (i) Le Romancero françois, p. 83. Sur Quènes de Béthune, ^îr Le Romancero françois, p. 77-110, et VHistoire littéraire, ;VllI, 845-848. Ce personnage ayant vécu de 1150 à 1224, et *étant qu'en 1202 parti pour la croisade, on pourrait se demander t la comtèisse de Champagne chantée lui ne serait paè Blanche de la^varre qui régna à partir de l'année 1199, aussi bien que Marie — 644 — Mais la comtesse de Brie Gui commaDs je nos véer« M'a commandé à chanter (a). Enfîn^ ce fut sur l'invitation de Marie que Chré- tien de Troyes composa le Roman de la CharreUe. Puisque ma dame de Champaigoe Vielt que romans à faire anpraigne, Je l'anprendrai moult volentiers Come cil qui est suens antiers (6). de France, 1164-1198; mais il y a plus de probabilité pour Marie de France. (a) Ce que nous disons d'Àuboin de Sézanne peut donner lieu à deux objections, la première est que Marie de France ne porta ja- mais le titre de comtesse de Brie, et se fit toujours qualifier de comtesse de Troyes. Blanche de Navarre suivit cet exemple. La première comtesse de Champagne qui se soit dite comtesse de Brie est probablement Gertrude de Dabo , 1220-1222, et même nous n'avons pas de preuve formelle de l'emploi de cette qualification avant Agnès de Beaujeu, qui se donne le titre de comtesse palatioe de Champagne et de Brie dans un acte de juin 1226 (1719). Thi- baut IV, mari de Gertrude et d'Agnès, est le premier de nos comtes qui ait substitué au titre de comte palatin de Troyes celui de comte palatin de Champagne et de Brie. Cependant , il se peut qu'on ait donné à quelques-unes de nos comtesses un titre qu elles ne prenaient pas encore elles-mêmes ; la chose est certaine pour Blan- che de Navarre; elle est possible pour Marie de France. — Une autre difficulté a été soulevée par M. Tarbé, qui, dans son livre intitulé : Les Chansonniers de Champagne, p. xiv-XT, se prétend fondé à donner Gasse Brûlé pour l'auteur de cette chanson (voir aussi le même volume, p. 4546, où la pièce est imprimée. -^ Nous suivons l'opinion de M. Paulin Paris : le Romancero françM, p. 125 et suivantes; Histoire liUéraire, XXIll, 528-529; Lu Manuscrits français de la Bibliothèque du Roi, VI, 67. (6) Histoire liUéraire de la France, XV, 253. Ce roman a été publié par H. Tarbé. — 64B — Le Roman de la Ckarreîle^ comme la plupart des autres œuvres de Chrétien de Troyet, appartient an cycle de la Table Ronde. On sait que ces romans, comme les chansons de geste, ont pour objet le récit d'événements qui, bien que fictifs, étaient alors considérés comme vrais par le public. Quoique ce genre de littérature ait été fort cultivé en France du xii* au xiv* siècle^ et que Chré- tien de Troyes y ait acquis une grande célébrité, H fut rarement adopté par les écrivains champenois, et, à côté de Chrétien de Troyes, le seul romancier que la Champagne puisse revendiquer paraît être Bertrand de Bar-sur-Aube. Bertrand se nomme lui- même dans ces vers : Ce fu en mai qu'il fait chaut et seri. Ke l'erbe est vers et rosier sont flori, A Bar-sor-Aube, un cbastel signori, Lai oist Bertrans en un vergier flori Uns gentis ders qui ceste chanson &st. Le poème de Bertrand de Bar-sur-Aube a pour objet l'histoire de Girard de Viane. Il appartient au cycle carlovingien. M. Paulin Paris en a donné l'a- nalyse dans V Histoire littéraire de la France (a). Dés iSSOy M. I. Bekker en a fait paraître 4,060 vers en .fêle du Férabroê provençal (6). Il a été depuis édité par H. Tarbé, et il doit faire partie de la collection des chansons de geste du cycle carlovingien qui se publie aux frais de TEtat, sous la savante direction de M. Guessard. (a) Tome XXII, p. 448460. (6) Dans les Mémoires de l'Académie de Berlin. 4*. ■» — 646 — Ces longues compositions poétiques qui, malgré de grandes beautés et l'incontestable talent de nom- bre de leurs auteurs, devaient bientôt passer de mode, et qui, tombées dans le domaine de la littéra- ture populaire, furent tant de fois depuis imprimées et réimprimées par les presses de Troyes, ne sem- blent pas avoir été au moyen-àge dans le génie champenois. Après Thonneur qu'a eu la Champagne d'ôlre la patrie du fameux romancier Chrétien de Troyes, les deux faits les plus saillants de Thistoire littéraire de cette province dans le dernier siècle de son autonomie sont ceux-ci : elle a donné naissance au premier des chroniqueurs français, Geofroi de Villehardouin, et à l'historien de saint Louis, Jean de Join ville, tous deux prosateurs. Elle a été gou- vernée, dans la personne de Thibaut IV, par le premier des chansonniers du temps. Nous avons fait avec détail l'histoire de Geofroi de Villehardouin (a) jusqu'à son départ pour la croi- sade. Quand il se mit en route pour cette expédition (a) Voir plus haut, p. 513 et suivantes. Nous ajouterons ici une observation : Geofroi de Villehardouin, après s'être établi en Orient, conserva le titre de maréchal de Champagne , bien qu'il eût cessé d'en remplir les fonctions; ce fait résulted'une charte derannéel207, dont nous avons en ce moment l'original sous les yeux. Cependant, le cartulaire de Saint -Loup de Troyes. qui appartient à M. delà Porte, document du xiii* siècle, contient deux fois, f* 67 v^ct 87 V®, la copie d'une charte datée d'avril 1202 et où Geofroi, sur le point de partir pour la croisade, se qualifie d'ancien maréchal de Champagne, tnarescallus quondam Campante, Nous ne nous cba^ geons pas d'expliquer cette contradiction; toutefois, le maréchal Odard d'Aulnay nous donne l'exemple d'un fait analogue (voir plus plus haut, p. 512). ~ 647 — célèbre, H virait depuis dix-sept ans à la cour de Champagne. La langue dans laquelle il écrivit son immortel ouvrage est celle qu'il avait parlée avec Marie de France, Henri II, Thibaut III et Blanche de Navarre. Lorsque Joinville prit la plume, la période dont nous faisons l'histoire était depuis longtemps termi- née. Mais survivant à ses contemporains et vivant dans une génération qui n'était pas la sienne, Join- yfiile fixait sur le parchemin les souvenirs de sa jeu- nesse et de son âge mûr, du temps de Thibaut IV et de Thibaut V, au service desquels il avait été attaché comme sénéchal et avec lesquels il s'était tant de fois entretenu (a). Le lecteur lira avec intérêt le parallèle de ces deux écrivains dû à la plume de M. Paulin Paris. a Le sire de Joinville... est naïf et loyal; il sait bien tout ce qu'il raconte, et il raconte tout ce qu'il sait sans trop d'ordre et sans aucune espèce d'art. Passionné pour tout ce qu'il y a de bon^ de grand, de religieux dans les personnages qu'il a connus, il ne remonte pas à la cause des entreprises, il n'en dis- cote pas les moyens d'exécution... Il est facile de reconnaître que le bon sénéchal avait reçu de la na- inre les vertus du chevalier plutôt que les talents de (a) Voir plus haut, pages 488-489. On a de Joinville, outre la fameuse Histoire de saint Louis, une profession de foi sur laquelle on peut consulter la Dissertation sur le Credo de Joinville, publiée par M. Didot dans son édition des Mémoires de Jean, sire de Join- ville, p. CL-CLXvii. Voir aussi dans le môme volume, p. clxviii- CLXXxix, le travail de M. Paulin Paris, intitulé : Nauvelleê re^ cherches sur les manuscrits du sire de Joinville, % — 648 — l'écrivain. Cependant toul nous charme aujourd'hui dans son style, les défauts aussi bien que les quali- tés : comment un digne serviteur de saint Louis, nous racontant la larme encore dans les yeux toot ce que son cœur avait gardé du saint roi, aurait-il pu ne pas nous intéresser!... Bien des critiques, en plaçant Joinville en regard de Villeliardouin , ont cru devoir accorder sur tous les points l'avantage au premier. Nous sommes d'un avis entièrement op- posé; car le reçit de Villehardouin nous semble une œuvre réellement digne des plus beaux morceaux historiques de l'antiquité grecque et romaine. Jamais homme de guerre et de conseil n'écrivit avec plus de précision, de clarté, d'intérêt et de sincérité la relation d'une grande conquête et de tous ses résul- tats. Chez lui, pas un mot, pas une pensée que le goût le plus délicat ou la raison la plus haute ne doive avouer (a). » A la suite de ces beaux livres, nous pouvons pla- cer un ouvrage du même genre qui , sans avoir atteint la même célébrité, fait certainement aussi grand honneur à la province qui l'a produit : c'est La Chronique de Rains. Elle n'a pas la valeur histo* rique de La conquesle de Constantinoble, et de La vie de saint Louis, Bien du faux s'y mêle au vrai ; le goûC^ des anecdotes populaires la rend quelquefois un peiP frivole; mais à côté de ces taches, que de verve, et souvent que de grandeur! Les chroniques monas--^ tiques sont plus savantes, mais d'ordinaire manquent:^ {a) P. Paris, De la conqueste de Constanlinoble . iotroductioD, p. XL-XLI. — 649 — à la fois de vie et de forme. Dans La Chronique de Rains, a dit un maître, « nous retrouvons enfin après o un long silence ia narration épique des historiens 9 de l'antiquité (a). » Nous applaudissons à cette parole, sauf une réserve : c'est qu'un demi-siècle plus tôt, cette narration épique se trouve déjà, ce nous semble, dans Villehardouin (6). Si c'est une plume champenoise qui la prerbière a écrit en français de la prose historique, et si elle Ta fait avec un si admirable talent, nous serons obligé de parler avec moins d'orgueil des débuts de la chanson française, qui cependant, au ini* siècle, a été, dans notre province, cuhivée avec tant de succès. Au xii** siècle , la France possédait déjà de nombreux chansonniers qui composaient en langue vulgaire, mais la plupart ne se servaient pas de noire langue du Nord : ils chantaient dans cette lan- gue mélodieuse du Midi, qui a conservé du latin tant de voyelles sonores que nous avons assourdies et rendues muettes. C'étaient les troubadours. On n'a pas conservé les œuvres ni même le nom de tous ces poètes; mais parmi les troubadours du XII® siècle, ceui dont nous possédons des poésies légères, tensons, sirventes, descorts, chansons pro- prement dites sont fort nombreux, comme on peut le voir notamment par les notices réunies dans le livre de M. Diez, intitulé : Leben und werke der Trou- badours^ et dans V Histoire littéraire de la France. (a) M. V. Leclerc. dans VHist. lUL, XXI, 715. {b) La chronique de Rains, signalée à l'attention du monde sa- vant par M. Paulin Paris, dans Le Romancero français, en 1833, a été publiée par M. Louis Paris en 1837. — 650 — lis troovaîent accueil et enccutagemeiit aux court d'Henri 11^ roi d'Angleterre (a), des conIcB de fn^ ireoce, de Forcalquier (5), de Toulouse^ de Birce* k>Bei(c). Dans leurs rangs on renKirque, à cdté dt roturiers oomaie Bernard de Ventadour, 6l8 d'w foumier (d), comme Pierre Vidal), qui aTait pooî pdre un pelletier (e), comme Arnaud de Marveil, qui était pauvre et qoi avait d'abord voulu être notaire (/), un grand nombre de gentilshommes, les uns grandi seigneurs, tels que : Guillaume IX, comte de Poi- tiers {g)j Raimbaud 111, comte d'Orange (h), la com- tesse de Die (t), les autres occupant dans la sooiélé féodale une position moins élevée. Les chansonniers du nord de la France donnent lieu à une remarque analogue, il est difficile de concilier cette observa tion avec les préjugés vulgaires contre rinstructioii de la noblesse française au moyen âge. La France du Nord, la langue d'oil, comme oa disait par opposition à la langue d'oc, eut dès le XII* siècle ses chansonniers comme le Midi, et s'ito sont en moindre nombre, deux d*entre eux au moins rachètent cette infériorité par la célébrité qui s* (o) Hiitoire littéraire, XV, 474. {b) Notice d'Elie Barjols. dans YHistoire littéraire, XIV. 38-^ (c) Histoire littéraire, XV. 474. (rf) Voir 83 notice dans VHistoire littéraire, XV, 486-469. (e) Voir sa notice dans VHistoire littéraire, XV, 470-476. (f) Histoire littéraire, XV. 441-44*. (g) Art de vérifier les dates. II, 357-359. (h) Art de vérifier les dates, II. 148-149; HitiQtrê liUérau^ XIII, 471-472. (i) Histoire littéraire, XV. 446-447. — 651 — justement attachée à leur nom. Ce sont d*abord le roi Richard Cœur-de-Lion (a), dont le père Henri II était déjà plus lettré que le reste des rois (6). Chose remarquable, c'est à notre comtesse Marie que Ri- chard parait avoir adressé la chanson célèbre par laquelle, du fond de sa prison en Autriche, il repro- cha aux barons de France l'abandon où ils le lais- saient : Comtesse-suer, vostre pris souverain Vous saut et gart cil à qui je m'enclain Et porqui je suis pris; Je ne dis pas de celé de Chartrain, La mère Loéis (c). <« Ma sœur la comtesse, puisse le Dieu devant qui je m'incline, et pour lequel je suis prisonnier, )) vous conserver vos honneurs et votre terre! Je » ne forme pas ces vœui pour ma sœur Alii, mère » de Louis, comte de Chartres et de Blois. » Après Richard, nous citerons le fameux châtelain de Coucy, amant, dit-on, de cette dame de Fayei, sur laquelle un récit romanesque a fait tant verser de larmes. Il nous reste de lui vingt-huit chansons. C'est lui qui a écrit ces vers gracieux : Quant li rossignols jolis Ctiante seur la flor d'esté. Que naist la rose et le lis {a) Histoire littéraire de la France^ XXIII, 735. (6) Histoire littéraire, XIV. 542. (c) Paulin Paris : De la Conqueste de Constantinoble, par Jof- froi de Villehardouin, p. 243-245. •■*> — 682 — Et la rousée et vert pr^, Plains de bonne volenté Gbanterai com fins amis. Ce châtelain de Coucy n'était, comme on Ta ni Raoul, seigneur de Coucy, mort au siège d' en 1191, ni Raoul, son neveu. On a, sur la foi d* roman, admis à tort qu'il s'appelait Renaut (a), nom était Gui. Neveu de Mathieu I* de Montmc:::^' rency, seigneur de Marly, lequel était fils de M thieu 1^, seigneur de Montmorency, connétable France, il accompagna son oncle à la quatrièm croisade, et il y mourut (6). Coucy, bien que voisin de la Champagne , n'a {mrtient pas à cette province; mais parmi les con temporains du fameux châtelain, nous tronvôn déjà des chansonniers champenois. Nous placerons à leur tête Hue d'Oisy. Oisy, dont il tire son nom, est un village de Pancienne pro- Tfnce d'Artois (c). Mais la maison d'Oisy, à laquelle il appartenait sans doute, était champenoise aussi bien qu'artésienne, et c'est à Reuil, en Champagne, que fut enterré, en 1189, Hugues HI d'Oisy, vicomte deMeaux, alors chef de cette maison {d). On ne peut confondre Hugues HI d'Oisy avec le (a) Histoire littéraire. XIV, 579-587; XVII. 644-648. (i) Nous devons cette observation à M. Pauiin Paris. Voir son édition De la Conqueite de Constantinoble, § v, Lviif, et LX» p. 3, 35, 38, et D. Bouquet, XVIII, 433 G, 446 B, 447 B. (e) Oisy, Pas-de-Calais, arrondissement d'Arras, canton de Mar- quion. (d) Reuil, Seine-et-Mame< arrondissement de Meatix, canton de la Ferté-sous-Jouarre. Le fait et la date de Tinhumation de Hu- ,» — 653 — chansonnier Hue, car ce dernier survécut à Hu- gues III. La plus célèbre des poésies de Hue est pps- [érieure à la mort d'Hugues III. C'est une invective contre Quènes de Béthune et contre le roi Philippe- Auguste, qui avaient soulevé contre eux l'indignation publique par leur retour précipité en France après a prise d'Acre (a). Elle date au plus tôt de la fin de 'année 1191, car le roi Philippe-Auguste ne partit ie Terre-Sainte que le 3 août de cette année (6). On attribue deux autres chansons à Hue d'Oisy; mais l'auteur de l'une d'elle est contesté : c'est un jeu-parti où se trouve agitée la question de savoir s'il est per- mis de battre une femme dont on ne peut autrement se faire aimer. L'autre^ plus curieuse, a pour objet le récit d'un tournois qui aurait eu lieu près de Lagny, sous les murs du château de Torcy . Ce que ce tournois avait de remarquable, c'est que les hommes y étaient remplacés par des femmes. En effet, dit l'auteur, cette année les chevaliers les plus braves ne s'occu- pent plus d'armes, il faut bien que les dames com- battent pour eux. Hue donne la présidence de cette gués III dOisy à Reuil résulte d'un procès-verbal d*exhuroation rédigé le 30 juin 1230 et publié par Du Plessis, Histoire de l'E^ glise de Meaux, II, 126; cf. môme ouvrage, 1, 151, 725, et Annales Aquicinclensis monasterii^ ap. D. Bouquet, XVIII, 541 B. (a) Elle commence par les mots : Maugré tous sains. Elle se trouve sous le nom de Hue d'Oisy dans les mss. français de la Bibl. imp., 12615, f" 53 r» et 844, f« 50 r«i cf. Romancero fran- çais, p. 103; Histoire littéraire, XXllI, 625; Les Manuscrite français de la Bibliothèque du Roi, YI, 83. (b) Roger de Hoveden, ap. D. Bouquet, XVII, 36 n. et 526 ». — 654 — joûre imaginaire à la comtesse de Gfespfy et à fa dame de Coucy. Cette idée parut sans doute pi- quante, car un poète du un* siècle chanta encore un prétendu tournois de dames qui aurait éo lieu à Meaftix, sous la présidence de la duchesse de Bra- bant (a). Un des principaux titres de gloire de Hue d'Oisy est d'avoir enseigné à Quénes de BéthuVie Tart de faire les vers. On le conclut des derniers mots d'une chanson o\î Quénes, pensant qu'il mécontentera plusieurs barons par ses traits satiriques, leur dit d'aller s'en plaindre à son maitre : Si s'en preignent à mon roaistre d'Oisi Qui m'a appris à chanter dès enrance (6). Hue d'Oisy est le seul chansonnier champenoii du XII* siècle qui paraisse avoir tenu un rang élevé dans la société féodale. Gasse Brûlé, que nous pla- çons après lui, était chevalier; mais nous ne voyons nulle part quel fief il aurait possédé. Il était proba- blement sans fortune, peut-être même vivait-il de ses vers. 11 paraît avoir été un des plus féconds chansonnier» de son temps. Nous avons encore soixante-dix morceaux de sa composition^ et au XIV* siècle ses chansons passaient pour être, avec celles de notre comte Thibaut, les plus jolies qu'on eût encore écrites. Il nous apprend lui-même dé quelle province il était originaire : (a) M. Victor Lecierc, dans Yffisloire littéraire. XXIII, 477- 478. (6) M. Paulin Paris, dans YButoire littéraire, }OUII, 623^27; cfi H&maneërlf flrûhç&U; p. 99. — 655 — Les oisiHoDS de mon pais Ai oïs en Breiaigoe ;  ior chant m'est il bien avis Qu'en la douce Champaigne Les oi jadis, Se n'i ai mespris. Il m'ont en si doux penser mis Qu'a chançon fere me suis pris, Tant que je parataigne Ce qu'amours m'a lonc tans promis. Mais nous ne trouvons pas dans les vers de Gm^e Brûlé d'autre allusuMi à la Champagne. Il parait avoir passé une grande partie de sa vie en Bretagne,, sous la protection du conil^ Geofroi 11^ frère utérin de Aotre comiâsse Marie de France^ et qui mourut en ii86. Il parle de lui plusieurs fois dans ses vers ; il nomme fréquemment aussi le comte de Blois, mort au siège d'Acre en 1191. Quelque part il interpelle le seigneur de Vallery («)• Il vante l'ancienne beauté dd la caBOflesse de Meulan : Por belle fu fi tenue La conlesse de Meullent Qui ore est vielle et cbanue. ir ne parie nulle part des comtes, dtê comtes^e^ ni desi bâtons de Champagne {V). Après les deux nobles poètes dont nous venons ' • • - ^ -'^ (a) H. Tarbé, le» Chansonniers de Champagne aux XII* ék ni fi iièeles, xxxvn, met à tort Vallery dans la mouvance de Cbaispagne* Valkery relevait du roi à eause de la grosse tour^ dé Sens : Quantin , Dictionnaire topographique du dëpafUmetd^ de rY4mnet p« 133. (6^ Gapendaïkt, M. Tarbé, tes GhamaknUn ie^Chdàipafnâ^ms» — 656 — de parler, il nous reste, pour compléler la liste des chaosonniers champenois du xii* siècle , quatre au- teurs à mentionner : l'un était moine , c'est Guyot de Provins; quant aux trois autres, dont l'état social nous est mal connu, ils étaient probablement laïcs et roturiers; ce sont : Aubin ou Auboin de Sézanne, dont nous avons déjà mentionné la chanson compo- sée par ordre de la comtesse Marie (a) ; Chrétien de Troyes^ beaucoup plus connu par ses romans, et Cardon des Croisilles. Guyot de Provins avait^ dit-on, commencé par être ménestrel. On appelait ménestrels les artistes qui, en s'accompagnant d'un instrument, chantaient par métier les vers composés par autrui. Ils égayaient de leurs chants la plupart des réunions de baron». On suppose que c'est à titre de ménestrel qu'en 1181 Guyot de Provins assista au couronnemeat d'Henri, fils de Frédéric Barberousse, et qu'il reçut , comme il le raconte lui-même, de magniâques pré- sents des princes réunis à cette cérémonie. Ce cou- ronnement eut lieu à Mayence. Guyot paraît avoir poussé ses voyages jusqu'à Jérusalem; puis il ^ convertit et entra à l'abbaye de Clairvaux. Mais il ^ trouva le régime trop sévère, et au bout dequat^ XII* et XIII* giècles, p. xiv, 45, lui attribue une chanson fa par ordre de la comtesse de Brie. Nous avons plus haut, p. 64 — ^ donné cette chanson à Auboin de Sézanne. Sur Gasse Bruié, vc une notice de M. Paulin Pans dans Vllnloire liUéraire, XXIII 564*569, et H. Tarbé, les Ckansonniersde Champagne, p. xxxii^ xxxvui, 43-51. (a) Voir plus haut, p. 643; sur Auboin, voir VHisUnre Iklâ^ raire, XXlll, 528-529. 11 paraît être auteur de trois chaDSon^ — WJ — lois il quitta Tordre de Cîteaux pour un monatl^ s l'ordre de Saint-Bénoit (a). Il nous reste de lui uatre ou cinq chansons d'amour, composées sans oute avant son entrée dans Tétat monastique. L'une elles est adressée au comte de Hâcon, probable- kent Guillaume V, qui régna de 118/î à 122&, et ai avait épousé Scholastique , fille d'Henri I*, Mute de Champagne (b). Chançonâ va t'en tôt droit à Masconois, A mon seignor 1o conte; je li maot, Si corn il est frans et prous et cortois. Qu'il gart son pris et si le traie avant. Mais nule rien lo conte ne demant; Fors por s'amor et por ma dame chant (c). Nous parlerons plus loin de son principal ou- "âge, qui est connu sous te nom de Bible Guyot. Cinq chansons sont attribuées à Chrétien de 'oyes ; mais deux seulement semblent être certai- sment de lui, encore une des deux lui est-elle dis- rlée par Guyot de Dijon et par Gasse Brûlé. C'est î leur ancienneté que ces chansons tirent leur prin- pal mérite, et ce n'est point là qu'il faut chercher « titres de Chrétien à la renommée (d). On nous trouvera peut-être bien hardi d'avoir »lacé Cardon des Croisilles dans la liste des chan- (a) Histoire littéraire ^ XVIII, pages 806 et suivantes. (i) Art de vérifier les dates, II, 49Q; voir notre tome III, p. 1 12. {e) H. Paulin Paris, dans l'Histoire littéraire de la France, JUII, 610-612. Tarbé, Poètes de Champagne antérieurs attrièele m François /•', xvni-xx. (d) H. Paulin Paris, dans VBtstoire lUtéraire, XXIII, 5S4456. 4S — 668 — •ooniers de Champagne. En effet, parai les breox villages de ce nom qui existent en Fraies^ aucun n'est situé dans notre province. Mais Gardw des Croisilles paraît être le même que Cardon de Reims; dans tous les cas, si Cardon des Croisilhi n'était pas à proprement parler Champenois, de«x de ses quatre ohansons ayant été composées pour des seigneurs de Champagne ne peuvent èCte pai» sées sous silence dans un travail consacré à rhistoire littéraire de cette province. L'une est adress2e i Erard de Brienne : ChançoD va t'en à monseignear Erart, Celui de Brane, et 11 di que bien gart Loial amor, ne en désespérance Ne doit estre qui loiaument avance. M. Paulin Paris suppose que cet Erard de Brism» serait le comte Erard II (a), une des victimes de h troisième croisade (b). Suivant M. Tarbé, il s'agirait ici d'Erard de Brienne, seigneur de Ramerapti ood* current de Thibaut IV au comté de Champagne (c). Une autre chanson de Cardon est dédiée à BenaMi de Choiseul : A ChoisO va, chanson, grant alëure ; Et di Renaît que tous jours sans mesure. Aim loiaulment et de fin cuer entier, Car los et pris Ten rendront grant louier {ij. (a) Hiitoire littéraire, XXIII, 536. (b) Voir plus haut, p. 54. (c) Les Chanionmers de Champagne aux XIV ei XIII^ nèel^' p. XXV. {ij Le$ Chamonniers de Champagne aux XIP ei Illt ék0^' p. 31. — 6R9 — D'après ]kl- T^rbé on devrait, dans ce Renaud de Çboiaevil, reconnaitre Rainard III (a), qui fut sire àfi Cbcûieul de 122& à i3â9; maia oo, peut cfoire tout aussi bien que c'est Rainard II, qui régna de 1186 wvirçp à 1228 (6), et qui fiit^ pajr coi^séqueo^ con- tjçmporain d'£r$ird I|, comte de Brienne, Celte hypo- Uiése rentre dans le système de H. Paulin Pa,ris sur la désignation du per&onnage auquel ji^ur^it été adressée la premi^ir^ desi deux chansons dont nous Yçno^s de parler. {l)Ie nous perniiet de maintenir, avec M. Paulin Paris et contre M. Tarbé, Cs^rdQp des Croisilles parmi les chansonniers d^ xu* siècle. Une autre circonstance rend grandement proba- ble l'exactitude de l'opinion de H^ Paulin Pans. Qautier d*Epinal^ dans ses chanson^, parle du cpnite ()e Brienne. Il ne dit pas le npo^ de ce çoipte,.mais comme il a fait des vefs pqur Philippe d'Alsace, ççmte de FUndrCi^ qqi régqa de 1468 à 119^ 041 q^i ep drpit de supposer que |e comte de Brienne dQ#,t il s'est occupé était un contemporain de Philippe, par conséquent Erard II (c). Gautier d'Epinal en- "voyant une chanson à ce prince, comptait qu'il la «hanterait : Chansons, aies isnelement, Al conte de Brene direz Soie merci que il vos chant {ij. (a) Les Chan$onnier$ de Chatêpagne eux XJfi el XIIf$Hele$, II. XXT, XXYI. (b) Jolibois, la Baute-Mame, p. 144» (e) M. PauliQ Paria» dans r£ri«l«if«Mr^rMr«vXXIU,S14.&75. (^ Tarifé, le$. Clmi^çM,urt de, Çhqfnpagtèô q^x W ^ Wl* — 660 ~ Erard II, comte de Brienne, était donc amateor de chansons. Ce fait concorde avec l'hypothèse qui le met en relation avec le chansonnier Gardon des Groisilles. Erard II, comte de Brienne, et Rainard 11, sei- gnear de Choiseul, paraissent être les seuls barons champenois qui, au xii* siècle, aient, à Texemple de la comtesse Marie, encouragé l'art des chanson- niers ; et dans ce siècle. Hue d'Otsy est, à notre cmi- naissance, le seul membre d'une de nos grandes fa- milles qui Tait pratiqué. Mais au xiii* siècle, Thibaut IV, le prince des chan- sonniers de son temps, nous apparaît entouré d'une sorte de pléiade de chansonniers barons, ses vas- saux; tels sont : Jean, comte de Brienne; Thibaut II, comte de Bar-le-Duc (a) ; Jean le Sage, comte de Ch&lon (6) ; Jean II, comte de Roucy ; Philippe II de Nanteuil (c); Raoul de Soissons (d)i Bouchard de Montmorency-Marly (e) ; Guillaume I** de Gham- (a) Les comtes de Bar étaient vassaux des comtes de Cha» pagne, voir notre tome II» p. iv, art. 24; p. a, art. 92; p. xvi, art. 227. (6) En 1229, Jean, comte de ChUon, fit hommage à Thibaut IT pour une rente de 140 livres, Catalogue, n<*1972; voir aussi plus haut, p. 231,391. (c) Sur l'hommage fait à Thibaut IV par Philippe 1, seigneur de Nanteuil, père de Philippe II, voir plus haut, p. 125. PhiUppelI fit lui-même hommage à Thibaut en 1227 (1793). . (d) Raoul de Soissons fit hommage à Thibaut IV en 1245 (2720). (e) Bouchard et Pierre, son frère, tinrent quelque temps de Thi- baut IV une rente de 40 livres sur les foires de dûrmpagDe i^/UBf. — 661 — itte, prince de Morée (a) ; la duchesse de Lorrai- (6); Geofroi II de Cbàtillon. A la suite de ces hauts rsonnages, nous voyons marcher d'autres chan- Doiers qui, sans occuper un rang aussi élevé, ap- rienaient à la noblesse de Champagne :. comme 9n de Louvois, Gilles de Vieux-Maisons. D'autres Bsaux de Champagne, trop peu hardis pour faire X • mêmes des vers , prennent sous leur patron- ge ceux qui en composent et donnent leur appui les chansonniers de profession ; tels sont : Jean de impierre, seigneur de Sain t-Dizier, connétable de lampagne, protecteur de Carasaus; Gautier, sei- leur de Vignory, et Hugues, comte de Vaudémont, mi nous trouvons le nom dans les vers de Colin Qset ; Erard de Chassenay, à qui Guyot de Dijon Iressa des vers; le seigneur de Ch&teauvillain j l'an poète anonyme remercie de ses dons. Parlons d'abord des grands vassaux de Cham- igne qui comptent parmi les chansonniers du fi* siècle. Jean de Brienne, second fils du comte Erard II, Ma le titre de comte de Brienne pendant la mino- é de Gautier lY, son neveu, de 1205 à 1331. Mais est surtout célèbre comme roi de Jérusalem et »mme empereur de Constantinople. Il passait pour {a) Guillaume 1 de Champlifte tenait des comtes de Champagne e rente sur les foires de cette province (610) ; il transmit à sa ^t^té cette rente qui était de 100 livres en 1245 (2722), et de livres au moins en 1285; voir notre tome II, p. lxxix, art. S. Sur Guillaume I. voir le même volume, p. 148-149. [b) Les ducs de Lorraine étaient vassaux des comtes de Cbam- p»4iès le xu' siècle ; voir notre tome IL p. iv, art. 23. — 6te — avoir p)u à Bhnche dé NaVàrre (à), ^'fl MimiC âé^ siré sans doute épouser, et qui, après fa tnort de Thibaut III en 4201, aurait été pour lai un parti plds avantageux que Théritière de Jérusaletn^ llÉitt Fhi* lippe-Auguste ne se souciant pas de le toif devenir mari de la comtesse de Champagne, lût persuada de contracter une alKance par laquelle Jean obtint oofe couronne. Nous avons trois chansons éà lean ûè Brienne s on peut supposer qu'il les fit pour pli^ à la jeune veuve dent il désirait la tùàin. YoixA m couplet d'une de ces chansons : Pensîs d'amour, dolens et corouciés, M*estt][et chanter, quant ma dame m'eki ptie. Nonques nus faon ne fo si esmaiëB, Grant paour ai que ne soit m*aneinte. Si est bien drois que por U chant et lie. Helas! dolens, jamais ne serai liés. Se sa pitiés ne vainc sa seignorie. Voici quelques 'Vers d'une autre chanson, qai fut à tort attribuée à Thibaut IV* Jean y dit en pariaot de l'objet de sa flamme : Trop me «eut bien «espnendré «t lilaner Au tel senbhnt et au sinplenesi rii^; Nus œ l'orroit si doucement parler, Qui de s*amor ne cuidast estre sire. Par Dieu, amors, ce vos puis je bien dire. On vous doit bien servir et honourer, Mais un petit s'i puet on trop fier (6). On se rappelle que Blanebe de Niavarre fit (n* duire en justice ttn aùioùteux qui lui avait exprimi (a) Voir plus haut, p. 19&, note a, (6) M. Paulin Paris, d^mVaisêmremérmrB, XXIH, 638440. — 663 — pasftiofi en termes trop vifs (a). Ainsi les rigueurs it 86 plaint Jean de Brienne s'accordent .avec ce 3 nous savons de la vertu de cette fière et chaste luté. >ulre les deux chansons dont nous venons de ci- quelques vens, nous avons de Jean de Brienne $ pastourelle dont la grâce décente fait un agréa- contraste avec Tinconvenance ordinaire de ce ire de composition. Peut-être a-t-elle été, comme daux chansons, chantée pour distraire la veuve Thibaut III. C'est un dialogue où une bergère ousse les avances d'un chevalier qui lui offre son (Mir. Eo voici les deux derniers couplets : — Pastourele, eu moie foi, Por çou que bêle te voi. Ceinte dame, noble et fiere, Se tu vek, ferai de toi. Laisse Tamour garçonnière, Si te tien del tout à moi. Aé! — Sire, or pais, je vos em pri : n*ai pas le cuer si faili. Qoe j*aim miex povre déserte Sous la foille od mon ami, Que dame en chambre coverte. Si n'ait-on cure de mi. Aé {b) ! Thibaut II, comte de Bar-le-Duc, 1260-1297, est ni que nous avons vu en guerre avec Thibaut V, Qte de Champagne, son mizerain, au sujet de i) Voir plus haut, page 196. ) M. Paulin Paris, dans YHMme méraire, XXlll, 64i-642. — 66* — Tabbaye de Luxeuil et de la ch&tellenie de U- gny (d). Il était neveu d*Henri I*, comte de Bar, qui avait, en même temps qu'Erard II, comte de Brienne, protégé le chansonnier Gaulier d'Epinal (è). Henri II, son père, comptait parmi les vassaux de Champagne qui, en 1229 et en 12S0, étaient entrés dans la ligue des barons contre notre comte. Fait prisonnier comme un grand nombre d'autres ba- rons à la bataille de Walcheren, le U juillet 425S (c), Thibaut II demeura longtemps captif, et plusieurs négociations tentées pour obtenir sa liberté et celle de ses compagnons d'infortune restèrent sans résuK tat. Ce fut alors qu'il composa une chanson qui est un véritable monument historique. U s'y adresse d'abord à Erard de Vallery, plus tard connétable de Champagne, et alors captif comme lui (d), puis à des amis et à sa belle-mère Marguerite» comtesse de Flandre, qu'il supplie tous de lui venir en aide {e). Jean le Sage, comte de Chàlon, fut un des alliés de Thibaut IV dans sa guerre contre les barons de France (f). Plus tard il 6t la guerre à Thibaut V; mais il revint bientôt à son hommage (g). No# avons de lui un salut d'amour, où il donne un dé- (/x) Voir plus haut, p. 389-408. (6) Hlitaire lUtéraire, XXIII, 574-575. (r) Voir plus haut, p. 493, 495496. (J) Voir plus haut, p. 494498. {e) Paulin Paris, dans VBistoire littéraire, XXIII, 760-763. (/•) Voir plus haut, p. 231 . (g} Voir plus haut, p. 390-391. — 668» — • menti aux envieux qui ont parlé des bontés de sa maîtresse pour lui (a). Jean^ comte de Roucy, fut du nombre des grands vassaux de Champagne qui restèrent fidèles à Thi-' batil IV pendant la terrible coalition de Tannée 1230 (b). Deux manuscrits lui attribuent une chan- son d'amour (c). Disons toutefois que des manus- crits plus nombreux la donnent à Honiot d'Ar^ ras (d). Nous avons déjà parlé de la part prise par Phir lippe de Nanteuil à la croisade entreprise en 1239 sous le commandement de Thibaut IV, son suze* rain (e). Le lecteur n'a pas oublié les vers par les- quels, prisonnier, il s'efforçail d'intéresser à sa déli- vrance des compagnons d*armes plus heureux (/), ni les vers que Thibaut lui adressa plus tard (g). On se rappelle aussi les relations de Thibaut IV avec Raoul de Soissons (A), qui l'accompagna en Terre -Sainte en 1239, et qui devint plus lard son vassal (2720). Baoul paraît être auteur de treize chansons (t). ; (a) Paulin Paris, dans l'iJi^/otre littéraire, XXIII, 554. (6) Voir plus haut, p. 233, et p. 236, note 6. (c) Tarbé, les Chansonnien de Champagne aux XII* et XIII* •ièdes, p. L-Lii, 108-109. (d) Paulin Paris, les Manuscrits français de la Bibliothèque du Rai, VI. 89. (e) Voir plus haut, p. 313, 320. if) Voir phjs haut, p. 322. {g) Voir plus haut, p. 336. [h) Voir plus haut, p. 334-335, 340. (t) Paulin Paris, dans Y Histoire litiéraire, XXIII, 698«705. — 666 — B Le seignor que tant aim. Suivant lui, de Champagne en Nayarre, il n*y a A— ' — —— ■ ■ ■^— ^^— ^— — ^— 0ielet, p. 78; cf. Pai# Paris, foit 1", p. XTin; cf. Paulin Paris, dans l'Hùtom |iÉ8 it i>ââ diàtirtiRi^ (•)é Ce btron si généreuoL est sans doute Simon I**) qui régna db 4 1 09 1 iS58y «t qui fut un des principaui alliés 4'£rard de BriQfine eontrQ Blanche de Navarre (6). |Iai« le poète ano^ Qyme n'avait pas le même succès partout^ Il frappait ^n vain à la porte des châteaux de Choiseul5 d^ Vî*r gnory et de Êeynel. Or vous dis que Choisnel Ne me vaut pas deus oes. • •»•••• Perdu û de«x chasielx Dont je cuis moût engrés, Et bien m'en doit cbaloir, C'est Vignori, Rignez ; Deux seignors i a belx Qui ne daignent valoir {e), Rainard II de Choiseul avait été le ppotïeciçor d# Cardon des Croisillef» au njy siècle Ci). 11 ne vivait sans doute plus alors, et nou3 rççonn^tron^ pu sqq fils Rainard III, ou son petit-6l3 Je9A I*' (e)^ dans \i^ châtelain inhospitalier dont se plaint 1^ ppèl^e ^nçr nyme. Le seigneur de Vignory, dont le même poète (a) On pourrait conclure de ces termes que la Navarre apparte- nait alors au comte de Champagne, et il s'en suifrait que cette pièee daterait au plus tôt de 12S4. (») Toit plus haut, p. lis, 160, Ml. (e) Tarbé, les Chansonniers de Champagne aux XII* et XIII* $iM^» 9' 34-35; cf. Paulin Paris, dans VBistaire mtéraire, XXIII, 822-823. (^ Voir pins haut, pages 658^60. {f(i USboi», la BmUê'Mame. f. m. — 672 — fait si peu de cas, est peut-être Gaaiier II, fils du protecteur de Colin de Muset (a). Hais ces barons, ennemis des vers comme le sei- gneur de Reynel, leur contemporain, ne paraissent avoir été que des exceptions à cette époque. Le goût de la poésie légère était alors général pa^mi les grands seigneurs, même hors de Champagne. Pierre Hauclerc, duc de Bretagne, dont il a tant de fois été question dans ce volume, a laissé ^ix chansons et deux recueils de proverbes (6). Nous avons deux sa- ints d'amour de Hugues II de Lasignan, comte de^ la Marche, qui joua comme lui an si grand rôle dans les guerres dont la France fut troublée pen- dant les premières années du règne de saint Louis (c). Les trois serventois écrits contre Thibaut IV par Hue de la Ferté sont un des monuments de l'histoire do XIII* siècle (d). ' Ainsi , autour de Thibaut IV, tout le monde chantait. Les roturiers chantaient comme les no- « blés. Nous avons déjà nommé Colin Muset (e), Pe^ rin d'Angecourt (f). De Troie la belle Doete 1 chantoit cette chansoDaette : (a) Voir plus haut, p. 670 ; cf. Jolibois, la Haute-Màmê^ 549. (6) Paulin Paris, dans YBistaire liUéraire, XXIII, C84-689. (e) Paulin Paris, dans YHiitoire littéraire, XXIII, 628-629. (d) Voir plus haut, p. 103, 226, 227, 236, 237, 241, S4S, 243, 249. ie) Paulin Paris, dans V Binaire lUtéraire, XXIll, 547-553. (/) PauUn Paris, dans VBittûire liuéraire, XXIU, 664-e0K — 673 — • Quant revient la seson • Que Terbe reverdoie (o). • Toujours en Champagne, mais hors des Etats de Thibaut, Reims au xiii* siècle nous donne trois poè- tes : Robert La Chièvre, dont nous avons six chan- sons (6) ; Gobin de Reims, qui a laissé deux chan- sons (c), et Eustache Le Peintre, sept (d). Thibaut IV fut le prince de tous ces chansonniers. La primauté politique qui, par respect envers la couronne de Navarre, lui fut déférée dans la croi- sade de 1239 sera pour lui aux yeux de la postérité un bien moindre titre de gloire que la supériorité de ses œuvres littéraires. On peut lui contester, non sans motif, un esprit de suite indispensable à l'utile maniement des affaires publiques; mais quand il s'agit de ces poésies légères, alors si goûtées et que tant gens haut placés s'amusaient à composer, ou qui étaient écrites par tant de littérateurs de profes- sion, on ne peut lui disputer le sceptre. Nous avons déjà cité un grand nombre de ses chansons. On en connaît aujourd'hui environ soixante-dix (e), le plus grand nombre amoi^reuses, quelques-unes exclusi- vement consacrées à des sujets pieux; enfin, une la) Roman de Guillaume de Dole, cité par Tarbé, les Chanson- nxert de Champagne aux XII^ e% XIII* siècle^t. page xxx ; Paulin Paris, dans V Histoire littéraire, XXHI, 557. (5) Paulin Paris, dans VHistoire littéraire. XXllI, 752753. (c) Paulin Paris, dans VHistoire littéraire, XXIU, 598-599. (d) Paulin Paris, dans VHistoire littéraire, XXlll, 562-563. {ê) Paulin Paris, les Manuscrits français de la Bibliothèque du Bm^^, 95-98; Hist. liU., XXIll, 796-799. — 674 — contient un éloquent cri de guerre, deai autres sont des pamphlets politiques. Si Ton admettait comme fondée une iogéniease hypothèse émise récemment par un des hommes qai connaissent le mieux notre vieille littérature fran- çaise, il faudrait ajoutera la nomenclature désoeu- vrés de Thibaut IV un roman d'aventure, le Aonum de la Poire (a). Ce serait à la fois un nouveau titre littéraire pour notre comte, et une preuve de plus dans le sens de la thèse qui lui donne Blanche de Gastille pour maîtresse. Mais H. Paulin Paris a dé- montré d'une manière concluante que l'auteur de ce roman et le chansonnier-roi n'ont de commun que le nom (6). Pour en finir avec la littérature française de Cham- pagne au XIII* siècle, il nous reste à citer quelques fabliaux et deux compositions d'une plus longue étendue : Le lournoiemeru de VAnteckristj de Huon de Méry, la Bible, de Guyot de Provins. Nous avons plus haut reproché à Thibaut IV de ne point garder toujours dans ses vers la réserve que nous souhaiterions. Les fabliaux doivent, pour la plupart, inspirer un regret analogue, et quelque vraie que soit l'idée quia inspiré l'auteur, sans doute champenois, du Pécheur de Ponl-sur-Seine ^ nous croyons agir sagement en imitant la concision d'un savant plus autorisé que nous, et en nous bornant à indiquer ce petit poème qui par sa verve piquante a (a) Voir l'analyse de ce roman par M. Littré, dans VBist. liU., XXII, 870-879. (6) Le Cabinet historique, 4* année, 5® livraison (mai 1888). -- 675 — érîté les honneurs d'une contrefaçon italienne (a). Un autre fabliau, probablement chanipenois et >nt le sujet ne mérite en aucune façon la même îtique que la pièce précédente, est le Tournoiement M darnes^ récit d'une joute qui aurait eu lieu à leaux entre des femmes de chevaliers (6). L'idée en lait sans doute, comme nous l'avons dit, emprun- ^ à une chanson de Hue d'Oisy (c). On peut ranger, parmi les compositions les plus lorales de ce genre, La bourse pleine de sens, qui oet le dévouement d'une femme mariée en paral- ^ie avec l'égoïsme d'une maîtresse, sa rivale. Ce fa- Hau se rattache à notre province par le sujet ; car est aux foires de Troyes que l'auteur nous conduit. e plus, cet auteur, Jean Le Gallois d'Aubepierre, lait Champenois, si l'on admet que le village dont porte le nom fût Âubepierre, prés d'Ârc-en-Bar< >ift (Haule-Marne) (d). Courtois d'Ârras, auteur de Boivin de Provins^ est tranger à la Champagne; mais comme il donne ïovins pour théâtre aux cyniques exploits de son cros, nous mentionnons ici ce fabliau en nous féli- itant de ce qu'on n'a point à reprocher à une plume (a) M. V. Leclerc, dans [Uist, litt., XXUI, 203. (6j W. V. Leclerc. dans YHist. liu., XXUI, 478. (c) Voir plus haut, p. 653-654. (d) W. V. Leclerc. dans YHist. lUt., XXlll. 187. Ce fabliau, iblié par M. Assier dans le volume intitulé : Ce qu'on apprenait IX foires de Troyes, a été, coname le Pêcheur de Pont-sur- Seine , lité en Italie. — 676 — champenoise cette peinture des mauvaises mcean de nos aïeux (a). Le loumoiement de V Antéchrist, de Huon de Héry, ne mérite aucune critique analogue; c'est, sousone forme allégorique, la peinture du combat qqe se livrent depuis si longtemps, et que se livreront long- temps encore, le vice et I9 vertu. Hmob m^t d'an côté Dieu, ses anges et ses saints ; de l'autre l'Anté- christ et ses suppôts. Une bataille commence, et, après une vigoureuse résistance, la victoire reste à Dieu. Huon se présente comme témoin oculaire. Blessé d'un trait amoureux pendaqt la lutte, |1 a été chercher la guérison et le repos à l'abbaye de Saint- Germain-des-Prés, et c'est là qu'il écrit sop livre, L'ouvrage est daté, car l'auteur aurait, dit-il, assiil^ à ce lournoiemerU en Bretagne à l'issue de l'ei^pédilioy que Louis IX fit dans cette province, après l'envahit- sèment de la Champagne par les barons en i.39Q, ft> après la mort du comte de Boulogne, i8 janvier 1234 (6). Cette expédition en Bretagne est évidem- ment celle qui commença à la Saint-Je^n 1334 (^}* Huon en dit quelques mots qui peuvent coqiptef parmi les sources de notre histoire (d). Ailleurs, fiii- sant allusion à la persécution qui , dans le même temps, eut lieu en France contre les Albigeois, soos (a) M. V. Leclerc, dans YHist. lia., XXIII , 186-187; cf. Bourquelot, Hist. de Provini, I. 273-274. (b) Tillemont, Vie de Saint- Louis, II, 222 ; cf. Art de vérif» Us dates. II, 767 ; et plus haut, p. 260-261. (0) Tillemont. Vie de Saint-Ums. Il, 2U. (d) Edition Tarbé, p. 2. — 6T7 — irection du dominicain Robert (a), il range parmi compagnons de rAntechrist : Hérésie Qui ert cousine Ypocrisie. Celle avait molt grant compaigne De ceaux de Cahours par la plaigoe : D'Âubijois et de Toulousan, Et de Pavie et de Melan. I ot milliers, mes ne sai quans, De Bogres et de Popelicans. • ••••••a Sainte Foi lor vint devant Et frères Robers li bougiers (b) Qui n'iert pereceus ni laniers (c). $ taumaiemerU de rAnUckrist est l'oeuvre d'un rerti qui veut donner aux gens du monde l'ex- itk>n de son changement de vie et leur inspirer ésir d'aller comme lui demander à la vie reli- se une sauvegarde contre les séductions du e. 1 Bible Guyoi a aussi un moine pour auteur. M de Provins, après avoir couru le monde et ité l'amour (cl), avait revêtu l'habit de saint Be- . Mais était-ce avec une vocation réelle? Don- •ii des preuves d'une conversion sincère? Dans les cas ia vie monastique, au lieu de lui procu- Voir plus haut, p. 296 et suivantes. Robert avait été hougier, c'est-à-dire manichéen (voir plus p. 296). Edition Tarbé, p. 82-83. — Sur Huon de Méry, voir une I de M. À. Duval dans YHist. litL, XVIII, 800-806. Voir plus haut, p. 656. — 678 — rer la paix de Tàme, parait avoir fait germer oo en- tretenu chez lui un sentinaent de misanthropie et àt haine universelle qui n'a rien de chrétien. La BibU Guyol est une satire violente de toute la société da temps : grands, haut clergé, religieux, religieuses, gens de loi, médecins, il ne respecte rien ; le pape lui-même n*est pas épargné (a). Nous terminons ici le tableau de la littérature française en Champagne au xiu* siècle. Nous n'a- vons pas la prétention d'être complet. Peut-être avons-nous eu tort, par exemple, de ne rien dire de ce fameux Rutebeuf, si célèbre par ses satires, ses fabliaux et ses complaintes, et que plusieurs savants supposent avoir été Champenois (6). Quoi qu'il en soit, nous serons satisfait si nous avons iait com- prendre au lecteur l'importance du mouvement littéraire qui eut alors pour foyer la cour de doi' comtes. Malgré la préférence marquée de cette cour et de la société laïque pour la langue française, et qnoiqoe des moines môme, comme Huon de Méry et Goyot de Provins, écrivissent en français, la culture des lettres latines n'était point encore en Champagne bannie de la Société. Loin de là ! car, en règle géné- rale, le latin était resté la langue du clergé, c'est-i- dire de la classe savante et lettrée par excellence. (a) HisL lut., t. XVIII, p. 808 et suivantes. (b) Voir la notice de cet auteur par H. Paulin Paris, dans YBiâ, lin., XX, 719-783, et notamment p. 721. Nous avons déjà partf (te la complainte de Rutebeuf sur la mort de Thibaut V (voyez ph» i haut, page 421). Cette complainte vient d'être réimprimée pr M. Tarbé, Romancero, III, 149. — 679 — En regard des ouvrages historiques écrits en fran- çais par Villebardouin, par Joinville et par Fauteur anonyme de h, Chronique de Rains, le clergé cham- penois du xiii* siècle pouvait montrer avec un légi- time orgueil deux livres importants qui sont encore une des sources les plus précieuses de notre histoire: la Chronique de Gui de Bazoches, chantre de la ca- thédrale de Ghàlons-sur-Marne, qui, de 674 à 1197, a fourni d'importants extraits au moine Albéric (a); les Gestes de Louis VIII , en 1870 vers hexamè- tres, par Nicolas, doyen du chapitre de Bray-sur- Seine (6). Et, quelques maigres et arides que soient alors nos chroniques monastiques, il serait injuste de passer sous silence celle des abbayes de Brais- ne (c), de Saint - Nicaise de Reims (d), de Saint- Pierre de Chàlons-sur-Marne (e), puis, dans un des ordres nouveaux où l'esprit religieux des premiers âges revivait alors avec sa sève et sa vigueur native, la chronique aujourd'hui perdue qu'avait rédigée le dominicain Jean de Mailly, originaire de Mailly-le- Chàteau (f). Tous ces ouvrages ont été composés en latin. (a) Hist. litt . XVI, 447451 . XVlll, 283 ; Wilraans dans Pertz, Archiv., X, ^206-208. Gui de Bazoches éuit frère de Nicolas {•', seigneur de Bazoches et Gis de Gervais, également seigneur de Bazoches. C'est lui qu'A. Duchesne, Hist. de la maison de CM- li//ofi, p. 684, qualifie de chanoine de Boissons. (b) Hist, nu., XVIII, 80-86. (c) Hiit. litt , XXI. 704.705. (d) Hist. /i/^, XV, 600; XXI, 769. {e) Hist. litt.. XXI, 675. if) Hist litt.. XVIII, 532. — 6»0 — Ce fut en latin que Gui, abbé de GlairvaQi, écrivit rhistoire des hommes illustres de ce monastère (a); Thomas de Reuil, moine d'igny, la vie de Pierre Mo- nocule, autre abbé de Clairvaux (6). Ce fut en latin que le dominicain Pierre de Sézanne rendit compte de la mission envoyée en Orient par le pape en 1233 pour négocier la réunion de TEglise grecque à TE^Iise romaine (c). Godefroid, moine de Glairvaux, rédi- gea en latin la relation des recherches que, pendant un voyage en Italie comme visiteur de son ordre, il avait exécutées pour s'assurer de la provenance de quatre corps saints conservés dans son abbaye (dC). Pierre, chanoine de Saint-Martin-és- Aires de Troyes, chapelain de Garnier de Trainel , évêque de cette ville, écrivit en latin une notice sur un fragment du chef de Saint-Victor, venu de Constantinople, et dont il avait été quelque temps possesseur {e). Tandis que notre comtesse Marie de France fai- sait entreprendre une traduction de l'Ancien Testa- ment en vers français qui n'a pas été terminée, le chanoine rémois, Pierre Riga, écrivait en 15,000 vers latins une paraphrase complète des deux Testaments qui , revue et corrigée par Gilles de Paris, eut an (a) HisLlitL, XVII. 177. (6) Bibliothèque de Troyes, ms. 1133. — Nous ne pouvons nous trop féliciter d'avoir eu à notre disposition TexceUent CaÉa- logue dressé par ie savant bibliothécaire M. Harmand. (c) im. mt.. XVIII. 299-305. (d) Bibliothèque de Troyes, ras. 401. ie) Hist. litL, XXI, 788. — 681 — immense saccés, car peu de livres ont été copiés plus souvent (a). Nous ne pouvons pas faire une énumération com- plète de tous les écrits tbéologiques composés en latin par des ecclésiastiques champenois du xiii* siè- cle; mais nous citerons les sermons des deux Gérard de Reims (6) ; ceux de Garnier, abbé de Ciairvaux^ puis évéque de Langres, qui se démit de ses fonctions vers 1198, et qui vivait encore en 1222 (1488) (c); ceux de Pierre de Bar-sur-Aube (d); ceux du domi- nicain Pierre de Reims (e); les commentaires faits sur la Bible ou sur certaines parties de la Bible, par Pierre de Corbeil, archevêque de Sens (f)^ par Gui, abbé de Glairvaux (jf), par Jean de Limoges, moine de ce monastère {h) ; le dictionnaire mystique de la Bible, auquel Gàrnier, évéque de Langres, déjà cité, donna le nom d* Angélus (t); la Somme de Théologie, de l'archevêque Pierre de Corbeil (j). L'étude des anciens auteurs, môme profanes, de l'antiquité, était pratiquée jusque dans les monas- (a) Hist. lut., XVll 26-34. (b) Hisi. liU.. XXI. 311-313. (c) Tissier, Bihl, patr. mt,, III, 75. {d) Hist.litt., XXI, ZlO. {e) Bibliothèque de Troyes, luss. 249, 303, 973. if) Htst. tttt., XVn, 223-228. {g) HisL litL, XVII. 178. {h) Bibliothèque de Troyes, mss. 556, 1534, 1624, 1714, 1857. (i) Bibliothèque de Troyes. mss. 32, 392. 1697. 1704 ij) Voir plus haut, la note f. — 682 — tères qui, par le but exclusivement ascétique de leur 'institution, semblaient répugner le plus à ce genre d'occupation : la preuve nous en est conservée dans les recueils d'extraits composés par les moines de Clairvaux Guillaume de Montaigu et Jean, où l'on voit Cicéron, Virgile, Lucain, Sénéque, coudoyer saint Augustin, saint Ambroise, saint Jérôme (a). Guillaume de Montaigu devint plus tard abbé de Cîteaux. Vers la fin du siècle, un autre abbé du même or- dre, Humbert de Prully, auteur d'un Ars Praâi" candi (6) et d'un commentaire sur les sentences de Pierre Lombard, devait laisser aussi un commen- taire sur deux ouvrages d'Aristote, la Métaphysique et le Traité de Vâme (c). En effet , la philosophie n'était pas bannie des cloîtres cisterciens : vers la même époque, un moine de Clairvaux, dont nous avons déjà parlé, Jean de Limoges, écrivait un traité du syllogisme (d). Tous ces ouvrages, bons ou mau- vais, la plupart médiocres, composés en un latin barbare, témoignent cependant de la vie énergique conservée dans la société ecclésiastique et savante par une forme littéraire qui, en dehors de ce monde spécial, avait perdu toute popularité, mais qui avait pour elle une tradition séculaire et qui n'était point encore ce qu'elle devint souvent plus tard , uoe œuvre d'artifice et une langue de convention. (a) Bibliothèque de Troyes, ross. 186, 1916. (b) Bibliothèque de Troyes, ms. 1922. (^ Hist. /!((., XX!, 86-90. {dj Bibliothèque de Troyes, ros. 893. — 683 — CHAPITRE V. L'organisation militaire de la Champagne fut, sous les successeurs d'Henri le Libéral, la même qu'au temps de ce prince (a). Nous ne savons pas quel nombre d'hommes nos comtes pouvaient met- tre sous les armes, nous pouvons seulement dire que 2,030 chevaliers devaient- le service de guerre à Henri V (6), et que sous Henri II le chiffre s'éleva à 2,200 (732 bis). Ceux qui ayant été convoqués pour une expédi- tion ne s'y rendaient pas, étaient condamnés à l'amende ; telle fut la peine infligée à Gui de Villiers qui, sommé de se réunir au corps de troupes con- duit par Thibaut IV au siège de Metz en 1221 (c), n'avait pas répondu à cet appel (d). Nous avons donné dans notre tome III, pages 209- 210, une liste de vassaux nobles qui, au temps d'Henri le Libéral, devaient tous les ans, pendant un nombre de jours ou de mois déterminé, tenir (a) Voir notre tome III, p. 209-214; cf. Boutaiic, ImtUvtimi militaires de la France. ib) Voir notre tome II, p. xi. (c) Voir plus iiaut, p. 195. (d) Voir notre tome II, p. xxxii, art. 409. — 68* — garnison dans certains chàteaaz de nos comtes. Cette obligation resta une des bases de l'organisa- tion militaire sous les successeurs de ce prince (a). D'autre part, nos comtes avaient le droit d'en- voyer, en cas de guerre, une garnison dans un grand nombre de forteresses, châteaux on maisons- fortes appartenant à leurs vassaux. Voici la liste de ces forteresses au xiii* siècle : Ageville (1572). AUibaudières (2300, 2525). Bar-sur-Seine (F 173, 258) (6). Bernay (F 475, 187). Bemon (F 200). Blaise-sous-Arzillières (968). Bligny (F 196). Bourlémont (Vosges) (F 180). Champlost (F 168). Ghapelaine (F 171). Chftteau-Porcien (F 172, 297, 3&7). Clefmont (2697, 3016). Courpalay (F 185, 245). Coursan (F 412). Crécy (1224, 1621, F 179, 288). Crèvecœur (1224, 1621). Dampierre (Aube) (1577, F 198). Dampierre-le-Ghàteau (F 293). (o) Voir notre tome II, p- xv, xviu. XLVin, li; art. 213, 238. 572, 600, et Coiaiogue n» 657. 2157. 2462. 3225. 3808- 3818. (6) Les Duméros précédés de la lettre F renvoient aux artides des extraits du Feoia CampanM, publiés dans notre tome II, p. I-LV. — 685 — Deuiliy (Vosges) (2150, 2560). Ecot (F 202). Givron (1257 bit). GoDdrecourt (132&). Gueux (F 208, 204). Herbigny (1093). Isle-sur-le-Serein (F 622). Isle-sur-Marne (968). Joigny (1359, 1606, F 467, 257). Jully-sur-Sarce (1336, F 1^). La Fère (667). Lagesse (F 189, 291). La Houssaye (F 188). LignoD (2118). Louvois (F 205). Lucémont (F 192). Mareuil (2605). Marigny-le-Cbàtel (F 169, 276). Montigny (F 206). Mont-Otran prés de Buzancy (2629). Montreuil (Haute-Marne) (706). Mortcerf (1226, 1621). Nesle (1718). Nesle-la-Gilberde (F 186). Neufchàteau (Vosges) (1283). Nogent-l'Artaud (F 195). Plessis-Féaassou (F 177). PoDt-Minard (2723). Riel-les-^ux (1937). Rimaucourt (F 265). Romilly- sur-Seine (F 170). Rumigny (Ardennes) (F 350). Sablonnières (F 190). — 686 — Saint-Jean- sur*Tourbe (1338, 4270, F 183). Saint-Just (F 612). Saint-Ouen (F 183). Sexfontaines (1387, 1303, F 19&, 315). Sompuis (t636). Souain (F 193). ThiernyJes-Presles (F 181). Tour-en-Voëvre (1634). Touquin (F 174). Vignory (3286, F 307). Villemoiron (F 430). Villeneuve-le-Gomte (1324, 1631). Villiers-sous-PrasIin (F 199). Cette liste est bien plus considérable que celle qu'a citée Brussel (a), et cependant on n*y voit pas le nom de beaucoup de forteresses importantes qui relevaient de nos comtes, telle que Braisne, Brienne, Grand-Pré, Ramerupt, Rethel, etc. Cette observation vient à Tappui de l'opinion de Brussel, qui croyait que les forteresses jurables et rendables étaient l'exception. On comprend le sens de Tépithète de rendable. Quant à celle dejurable, elle vient de ce que le suze- rain auquel un château était rendable avait le droit d'exiger le serment des habitants de la place dont il s'agissait et des vassaux nobles qui devaient hom- mage au propriétaire de cette place. On nous a con- servé le procés-verbal de la prestation du serment qu'en 1333 Blanche de Navarre se fit fiiire par les (a) Page 389. La liste citée par Brussel est imprimée in ex- tenso daDs notre tome U» p. xu-xiv. — 687 — lourgeois du château et par les chevaliers de la cbà- ellenie de Joigny. Douze chevaliers et trente-sept )ourgeois y comparaissent en présence de quatre commissaires envoyés , moitié par la comtesse de Champagne ^ moitié par le comte de Joigny, et Is jurent que, dans le cas où le comte ne livrerait pas le château à la comtesse à chaque réquisition de cette dernière, ils quitteront l'hommage du comte pour devenir vassaux immédiats de la comtesse (1359). Si toutes les forteresses de Champagne n'étaient pas jurables et rendables au comte; si, par consé- quent, une partie d'entre elles lui étaient inutiles en cas de guerre, il y avait du moins un principe de droit féodal qui interdisait d'employer jamais contre lui ces forteresses, quand môme les fiefs dont elles faisaient partie n'auraient été tenus de lui que médiatement, et quand même, en ce cas, le sei- gneur immédiat aurait été en guerre avec le comte. En effet, toutes les forteresses de Champagne de- vaient être tenues immédiatement du comte (1596). C'était une garantie : cependant elle ne fut pas trouvée suffisante, et un autre aiiome de droit por- tait qu'un vassal du comte de Champagne ne pou- vait pas construire de forteresse sans le consentement du comte de Champagne, et que ce même consente- ment était nécessaire quand on voulait exécuter des travaux neufs assez importants pour changer le ca- ractère d'une forteresse déjà établie. Le droit qu'avaient nos comtes d'empêcher l^urs vassaux d'élever aucune forteresse dans la mou- vance de Champagne fut reconnu, en 1310, par le comte de Dreux , qui faisait alors construire une - 688 — maison à Lizy-sur-Ourcq (730); en ISSS^ par ^a^ chevêque de Reims, au sujet de la maison de Bau- douin de Reims à Gueux (2173); en 1250, par le sei- gneur de Dampierre, à l'occasion de contestatioDs auxquelles avait donné lieu la maison d'un seigneur de Dommartin-le-Coq, son vassal (2966). On nous a conservé un jugement rendu par la cour de Thi- baut IV en vertu de ce principe, dans un procéi entre ce comte et les propriétaires de deux maisons situées à Courcemain (2513). Nous pouvons donner les noms de plusieurs for- teresses construites avec l'autorisation de nos com- tes par leurs vassaux pendant le cours du xiii* siècle: La forteresse de Givry, prés de Mirvaux, bâtie par Henri de Mirvaux en 1223 (159&); La maison-forte de l'Etang de MuceiOy par Pierre de Bourmont, en 1228(4899); Celle de Riei*les-Eaux, par Ponce de Mont-Saint- Jean, en 1229 (1937); La forteresse de Bagneaux, par Erard de Rrienne, en 4230 (1365, 20&8); Celle de Lignon, par Guillaume de Dampierre, en 1231 (2118); La maison-forte de Mareuil, par Eustache de Con- flans, la même année (2135, cf. 2605); La forteresse d'Allibaudiéres, par Jean III de Thourotte, en 1234 (2300, 2625); La motte de Chàtillon, par Eudes de Broyés, eo 1242 (2597); La maison forte de Pont-Minard , par Simon VI, seigneur de Clefmont, en 1245 (2723). Quelques actes déterminent la nature des forti6* cations autorisées; ainsi, Erard de Brienne pouvait — 689 — entourer sa forteresse de fossés et de mars, mais D'àvait pas le droit de flanquer ces murs de tours (1365). Le mur de la forteresse de Givry devait être haut de quinze pieds et demi sur une épaisseur de deui, sans fossés, tourelles ni allours (159&). Eus- tache de Conflans obtint une première fois la per- mission d'élever des murs autour de sa maison de Mareuil (2135), et plus tard Thibaut consentit à ce que des fossés, larges de 25 pieds, fussent creu- sés en avant de ces murs; mais Eustache ne reçut, pas plus qu'Erard, l'autorisation de construire des tours (2605). La motte de Gbàtillon devait être entourée d'un fossé large de cinquante pieds; mais au lieu de murs de clôture, elle ne pouvait, en ar- riére de ce fossé, être fermée que d'une palissade, pour la porte seule l'emploi de la pierre était facul- tatif (2597). Jean, comte de Roucy, fit, avec Tas- sentiment de Blanche, creuser autour de sa maison de Marcilly un fossé large de trente pieds; mais derrière ce fossé, il ne dut mettre qu'une haie (1081). L'autorisation de créer ces forteresses ne fut, en général, donnée qu'à la condition qu'elles seraient jurabies et rendables au comte de («hampagne. Quand Erard de Brienne construisit sa forteresse de Bagneaux, Thibaut IV ne lui imposa pas cette con- dition ; mais Erard prit l'engagement de détruire sa forteressse si, dans une guerre contre le comte de Champagne, le comte de Nevers y voulait mettre garnison (20&8). Tant de sûretés ayant été ainsi prises pour em- pêcher que jamais les forteresses des vassaux de Champagne ne vinssent à être employées contre nos — 690 — comtes, et pour en garantir à ces derniers t'asage contre leurs ennemis, on ne s'étonnera pas si, à plu- sieurs reprises, on voit les princes champenois en- courager par des subventions ceux de leurs vassaux qui font construire ou mieux forti6er des châteaux ou des maisons-fortes. Ainsi, Blanche donna 200 li- vres à Simon de Passavant pour fortifier Montreuil (706); autant à Jeai) du Thoult pour fortifier Her- bigny (1093). Thibaut IV accorda un secours de 100 livres à Renier de Nogent-le-Roi pour l'aider dans la construction d'une forteresse à Ageville (1572), et la même somme à Geofroi , seigneur de Bourlémont, qui voulait réparer ou augmenter les fortifications du château de ce nom (2915). Ces propriétaires de forteresses et les autres membres de la noblesse ne constituaient pas à eux seuls Tarmée de nos comtes. Le service de guerre était une charge imposée d'une manière générale aux vassaux roturiers (a). Il parait même que de droit commun les étrangers résidant en Champagne (a) Voir notre tome lit, p. 210; voir aussi dans notre Catalogue, les n®» 1494, 1733, 1976. clc, par lesquels des sujets roturiers de Thibaut IV sont exemptés du ser\'ice de guerre ( les n*" 500, 13-21, 1565. 1658, 1754, 2276, 2414. 2518, concernent entre autres choses In service de guerre dû à nos comtes par les habi- tants de diverses localités de Champagne); voir enûu les chartes de commune dont il sera question dans le chapitre suivant. Nous mentionnerons aussi l'Histoire des milices bourgeoises en France depuis le xii* siècle jusqu'au milieu du xv*, par Jean Yanoski. dans les Mémoires présenlés par divers savante à l'Académie des Inscriptions et Belles- Lettres, 2* série, t. IV, 2* partie, p. 1-106. — 691 — y étaient assujettis, car plusieurs d'entre eux s'en Brent accorder la dispense (a). Nous ignorons à quel âge les vassaux roturiers pouvaient ôtre appelés à l'armée ; il est fort probable qu'on était en droit de les contraindre à prendre les éirmes dés qu'ils avaient atteint leur majorité, c*est- i-dire leur quinzième année. Plusieurs chartes de commune fixent à soixante ans Tàge auquel le service de guerre cessait d*étre obligatoire; une en dispense les maris des femmes nouvellement accouchées ^iTfi?). Elles admettent, en certains cas, le remplacement militaire. Ainsi, pendant le temps des foires, les marchands et les changeurs qui s'y trouvaient occupés pouvaient envoyer un suppléant, et quand les hommes de soixante ans et au delà étaient assez riches pour en payer un, l'exemption du service ne leur était accor- dée qu'à la condition de le fournir. Chacun était obligé de se procurer ses armes à ses frais. Des rè- glements imposaient dans plusieurs villes à tout bourgeois propriétaire d'un capital de 20 livres ou plus l'obligation d'avoir toujours chez lui une ar- balète et cinquante quarreaux (b). En 1236, les hommes de Villeloup, convoqués pour faire la guerre à saint Louis, durent apporter avec eux, outre leurs armes, des vivres pour deux mois (2&lâ); d'autres ne se nourrissaient qu'un jour à leurs frais {a, Voir notre Cataloctue, n°» 1499, 1500. 1911, !2002, 2008, 2027.2111.2528. (6) Ces dispositions se trouvent dans la charte deTroyes et dans les semblables. — 692 — (670 bis). Aussi, en 1218^ nous voyons le prévôt de Nogent-sur-Seine envoyer, au compte de Blanche de Navarre, des vivres à l'armée de Vassy (a). Dans tous les cas, les soldats cherchaient dans le pillage un dé- dommagement aux pertes que leur faisait subir cette onéreuse obligation du service de guerre. Le' butio était considéré comme la propriété de celui entre les mains de qui il tombait, et si le chef de l'armée le faisait rendre, il devait une indemnité à l'homme qui s'en était emparé sur l'ennemi (6). I^ service était dû pendant toute la durée de l'expédition pour laquelle on était convoqué (2&1A), sauf les exceptions résultant de certains privilèges locaux : ainsi les habitants de quelques villages avaient le droit de rentrer chez eux le lendemain de leur départ (595, 2769), d'autres au bout de huit jours (2552). Quelques-uns ne pouvaient être contraints à pas- ser la Marne (523, 69/i). Les habitants de Saint-Julien-sur-Rognon ne de- vaient prendre part qu'aux expéditions faites, soit pour la défense du pays, soit pour recouvrer du bu- tin (2552). Quand le comte de Champagne voulait mener les habitants de RIancbeville (Haute-Marne) dans la dî< rection de Bar-sur-Aube , Vassy ou Sainte-Mene- hould, il ne pouvait exiger d'eux qu'une journée de marche; mais dans la direction de Bourgogne, de (a) Bourquelot, Fragments de comptée du XIII* tiède, dans II Bibliothèque de VéeoU dei chartes, 5* série, IV. 64. {b) Bourqueiot, ibid. - 693 — Lorraine ou d'Allemagne, il avait le droit de les con- duire aussi loin qu'il jugeait à propos : seulement alors il devait les nourrir (a). Le comte pouvait exiger que les habitants de la Neuville-auxLarris l'accompagnassent non seule- ment à la guerre, mais même à un tournois, dans le cas où un des jouteurs aurait menacé de l'enfermer dans une forteresse ou de dévaster sa terre. (670 biê). Les roturiers combattaient la plupart à pied, quelques-uns à cheval. Parmi ces derniers était Jean d'Aunoy, prés de Coulommiers, contemporain du comte Thibaut V (6). Jean et les vassaux de sa classe étaient obligés de fournir leur cheval à leurs frais ; mais quand le comte frappait de réquisition les che- vaux de ses autres vassaux roturiers, il leur devait une indemnité qu'une charte de l'année 12&2 (2626) fixe à huit deniers par jour et par cheval (c), non compris la nourriture. En outre, quand on ne ramenait pas les chevaux, le prix était dû aux pro- priétaires. Ces chevaux, enlevés de force bien que loués, servaient habituellement à conduire des cha- riots, tels que celui où (jilles de Saint-Jean fui emmené prisonnier en 1218 (d), ou ceux qui furent employés plus tard à conduire des bagages dans (a) Charte de Blâncheville dans Jolibois, La Haute Marne, p. &à. (6) Voir noire lome II, p. xlvi. art. 558. (c) 66 centimes au pouvoir de 3 f. 30 c. (d) Voir plus haut, p. 163. - 694 — la guerre de Lu\euil, 1258 (a), et dans celle d'Ara- gon (6). Une autre charge imposée aux vassaux roturiers, était de travailler aux fortifications du château chef- lieu de la chàtellenie dont leur village faisait partie. En 4235, Thibaut IV déclara exempts des corvées de cette nature les hommes de Tabbaye de Montier- la-Celle et de l'abbaye de Notre- Dame-aux-Nonnaini qui habitaient la chàtellenie de Méry- sur -Seine (2362-2364) (c). Une charte fixe la durée de ces corvées à une semaine par an (523). Souvent le comte remplaçait la prestation en nature par une imposition (2063, 2136, 2294); alors les travaux étaient confiés à un entrepreneur. Ce fut ainsi qu'Etienne de Villefranche se chargea de faire creuser, au prix de 30 sous la toise, les fossés du château de Lachy (2777). Quand, pour faire exécuter des travaux neufs, le comte était obligé de s'emparer d'immeubles qui ne lui appartenaient pas, il indemnisait les proprié- taires expropriés. Ainsi, en 1219, nous voyons figu- rer dans un compte une somme de 60 sous pour deux maisons détruites qui cédaient la place à des fortifications (d). En 1227, le curé de Montereau, à (a) Voir plus haut, p. 390. et Bourquelot. Fratjments décomptât du XIII'' siècle , dans la Bibliothèque de l'école des chartes , 5« série. IV, 70, 73. (6) Voir plus haut, p. 549. (c) Voirai:ssi dans notre Catalogue len° 1040, concernant h\e- Aumont. [d] Bourquelot, Fragments de comptes au XI 11^ siècle, dans la Bibliothèque de l'école des cliartes, 5* série, lonfie IV, p. 65. — 695 - qui les nouvelles forlitications de celte ville avaient porté préjudice, reçut une rente de froncent à titre de dommages-intérOls (1818). Thibaut IV donna plus tard des dédonnmagements analogues au chapi- tre de Saint-Quîriace de Provins (2281) et au cha- pitre de la cathédrale de Meaux (236/4), à qui avaient fait tort les travaux exécutés par son ordre pour améliorer le système de défense des places de Pro- vins et de Meaux. — 696 — CHAPITRE VI. ■ervsfie. — ■•arpeolsle. — inatittiitoBS SECTioif U^, — Servage. Dans notre précédent volume, nous avons dit que presque tous les habitants de la Champagne parais- sent avoir été serfs au xii* siècle (a). Des savants, dont la bienveillance envers nous égale Téradition, ont révoqué en doute l'exactitude de cette asser- tion. Il peut y avoir eu dans les termes dont nous nous sommes servis quelque chose de trop absolu, et dans notre pensée un peu d'exagération. Cependant une des principales objections qui nous ont été faites tombe si Ton se reporte au titre de notre livre, et si Ton songe que dans cet ouvrage, surtout lorsqu'il s'agit des institutions de nos comtes , le mot de Champagne doit s'entendre des pays soumis à Tau* torité de ces princes célèbres et non des trois com- tés de Reims, de Châlons-sur-Marne et de Langres. Reims, Chàlons-sur-Marne et Langres étaient com- plètement indépendants des comtes de Champagne et relevaient immédiatement du roi. Ces trois villes (a) Tome III. p. 215. »' — 697 — I les pays qui en dépendaient politiquement ont été I resteront toujours en dehors de notre sujet. )ans ce chapitre et dans le chapitre correspondant le notre tome III nous ne parlons même que de ïe qui se passait dans les domaines des comtes de îlliampagne, en laissant de côté les actes de leurs ^assaui. Si le servage était au i^ii* siècle moins commun m Champagne que nous ne l'avons dit, il est ceN ain qu'il y existait. Le serf, suivant Beaumanoir, se *econnait à trois caractères principaux : il ne peut levenir clerc ou religieux sans le consentement du ieigneur(a); il est sujet au droit de main-morte et I celui de formariage (6). Nous avons établi qu'au LU* siècle, en Chumpagne, une partie de la popula- ion était soumise à cette triple servitude (c). Au XIII* siècle, il est évident qu'un certain nom- bre d'habitants restait sujet au droit de main morte, 3e signe fondamental du servage. Ainsi, en 1229, Thibaut IV accordant la liberté au domestique et lux héritiers du domestique de son médecin, déclare ]|u'ils pourront disposer de leurs biens. Donc, avant l'obtenir cette faveur, ce domestique était incapa- ble de faire ni donation ni testament, il était main- mortable (1976). En 1239, Thibaut IV accorda for- mellement l'exemption du droit de main-morte à un lombard d'Asti, qui était venu s'établir à Provins [2528). ia) Chapitre xlv, § 28, édil. Beugnot. 11, 231. (b) Chapitre xlv, g 31, édil. Beugnot, II, 233 (c) Voir notre tome III, p. 217, 218. — 698 — Ce sont là, dira-t on, des faits isolés; mais nous avons des documents qui présentent un caractère plus général : en 1222, Thibaut IV autorisa tous les homnDes de Château-Thierry à léguer aux deux hô- pitaux et à la léproserie du lieu leurs robes, leurs lits et le tiers de leurs meubles (ISIA). Or^ nous dit Reaumanoir, tout gentilhomme et tout roturier qui n'était pas serf avait, par acte testamentaire, la libre disposition de Tintégralité de ses meubles (a). Donc les habitants de Château-Thierry étaient serfs ; ce- pendant Château-Thierry était un chef-lieu de chà- tellenie. Ce n'est pas tout, les habitants de Soulaines n'ob- tinrent qu'en 1230 la remise de la main-morte (2070). Ce fut seulement en 1259 que ceux de No- genl-Ie-Roi reçurent la même faveur (3179), Soulaines et Nogent-le-Roi étaient, comme Châ- teau-Thierry, des chefs-lieux de chàtellenie. A côté des documents qui nous montrent nos comtes adoucissant la rigueur de l'ancien état des personnes, d'autres constatent le maintien du i(a(ti quo. En 1220, la mère de Thibaut IV convint de par- tager, avec l'abbaye de Montiéramey, le produit du droit de main-morte dans la prévôté de Méry-sur- Seine (1250). En 1213, il avait été décidé que les re- cettes provenant de l'exercice des droits de main- morte et de formariage à ta Villeneuve-au-Frêne appartiendraient moitié à cette princesse, moitié à l'abbaye de S'-Remy de Reims (6). En 1240, Blan- (a) Chapitre xii, § 5, ëdit. Beugnot, I, 180. ih) Ajoutons que les vassaux de l'abbaye de Montiérender étaient — 699 — che avait acquis la main-morte et le formariage des hommes et des femmes de Tabbave de Saint-Ger- maîn-des-Prés, qui, dans les chàtellenies de Provins et de Bray, pourraient à l'avenir épouser des hom- mes el des femmes des comtes de Champagne (1035) . En 1205, réglant les droits du maire de Poivre sur les mainmortes el les formariages, elle avait fixé à 20 sous la part de ce fonctionnaire, et s'était réservé le reste du produit (63â). Après avoir mentionné des actes aussi décisifs, il sera peut-être superflu de signaler trois affranchis- sements accordés par Thibaut IV, l'un à une famille entière (lAQS), un autre au fils d'une femme de corps (1963), el le dernier à une femme (2908), les deux premiers à titre héréditaire, le troisième à titre purement viager. Les termes employés ne peuvent pas donner lieu à discussion : Manumisil et ab omni servitutis nota esse voluit liberos et immunes (1693); quandtu ipsa vixerù^ ab omni jugo servitutis manumisit penitus et absolvit (2908). Du reste, Texistence du servage en Champagne à l'époque dont nous sommes occupés est mise hors de toute contestation par le coutumier connu sous le nom de Li drois et li coustumes de Champai- gne et de Brie. Ce document, qui date du commen- cement du XIV* siècle, traite du droit de mainmorte dans cinq chapitres (a), et il en consacre un autre mainrnortables en 1230 (2042), comme les hommes de Saint-Bé- nifçne de Dijon à Heiltz-lc-iMaurupt el dans les environs, en 1261 (3229). (a) Chapitres vi, xiii. xxix, xxx, lx. — 700 — à exposer les effets du mariage d'une serve avec un homme libre (a). Les textes que nous venons de citer ne détermi- nent pas, il est vrai, quel était au xiii* siècle le nom- bre des serfs en Champagne. On peut en dire autant de ceux quenous avons allégués comme preuves dans notre tome précédent. C'est en ce sens qu'il serait peut-être vrai de dire que nous aurions donné une forme trop absolue à la proposition par laquelle débute le chapitre vu de notre livre VIII, et qu'on pourrait nous blâmer d'avoir présenté comme chose à peu près certaine une hypothèse non encore suffisamment démontrée, à savoir, qu'en Champa- gne, au XII* siècle, les serfs auraient été la majorité et leur misérable condition le droit commun. Ce- pendant il nous semble résulter du chapitre xxxii de Li drois et li coustumes de Champaigne et de Brie^ que dans les premières années du xiv* siècle si cette condition n'était pas le droit commun des villes, elle était celui des campagnes : fc Coustume est en Champaigne que homs de » pôté ne puet avoir franchise, ne ne doit, ne ne se puet appeler frans, se il n'a de son seigneor » lettres ou privilège. » Or, homme de pôté est, dans le chapitre vi, doo- né pour synonyme de vilain, terme dont le sens est clair et qui signifie habitant d'une ville^ c'est-à- dire d'un village, car alors les centres de population plus importants portaient le .nom de bourgs, de châteaux et de cités. Donc, au commencement du (a) Chapitre un. — 701 — UT* siècle, aucun habitant des campagnes ne pou- vait prendre le titre de franc ou d'homme libre au- trement que par privilège et par exception au droit commun. Section 2*. — Bourgeoisie. Entre les serfs et la noblesse se plaçait une classe de plus en plus nombreuse et influente; nous vou- lons parler des roturiers libres, des bourgeois. Rien D*était variable comme leur condition , toutefois elle était soumise à certains principes généraux. Deux chartes de Thibaut IV accordant diverses fran- chbes au fripier Jaquet, au charpentier Thomas de Vitry, aux enfants et petits-enfants de ce dernier et à quatre hommes de Voulton, décident que les des- cendants de ces privilégiés ne jouiront pas des mô- mes avantages : « Mais, o dit le comte, « ils seront a aux usages et coutumes des autres bourgeois de »# ma terre (1596, 1606, 1927). i> Cependant nous De saurions déterminer d'une manière précise et complète quels étaient les droits et les charges des bourgeois de Champagne au xiii® siècle. Tout ce que nous savons, c'est que ces bourgeois étaient corvéables, taillables^ astreints à payer sous les noms de tolte, de demande, d'exaction et de tonlieu .une foule d'autres impôts directs ou indirects, qu'ils étaient obligés d'accompagner le comte dans ses ex- péditions, et que lorsqu'il les laissait chez eux il pouvait les contraindre à tenir garnison dans ses forteresses et même à monter la garde dans ses pri- sons; enfin ils étaient justiciables en première ins* — 702 — tance des prévôts, et en appel des baillii de Cham- pagne. On attachait grand prix à Texemption de toutes ces charges. Thibaut IV l'accorda héréditairement en 1230 à un Espagnol qui était venu s'établir en Champagne (2142); mais en général Texemption de la justice des baillis et des prévôts ne s'obtenait pas, et les étrangers seuls étaient dispensés de pren- dre part aux expéditions commandées par le comte en personne ou par son maréchal. Nous avons recueilli plusieurs exemples où la dé- charge complète du service militaire est accordée à des étrangers. Les mêmes actes les dispensent de payer aucun impôt, sauf ceux à ia perception des- quels leur commerce pourra donner lieu. La con- dition ordinaire de cette double exemption est de fournir chaque année au comte une coupe d'argent du poids d'un marc (a). Il est quelquefois stipulé que cette coupe sera dorée en dedans (1911, 2003, 2008, 2027). Dans un cas la redevance est d'un marc d'argent (211 1), dans un autre de deux (2528), dans un troisième elle s'élève à la somme énorme de 10 livres, soit 202 fr. 64 c. au pouvoir de 1,013 fr. (2058). LesexemptionsaccordéesàdesChampenoisétaient quelquefois restreintes aux im pots et à la corvée (1 596, 2897), quelquefois elles comprenaient le service des places fortes et des prisons, en laissant l'impétrant (0) Catalogue, n«» 1499. 1500, 1911. 2002. 2008, 2027. Les chartes n""* 1521 el 1522 étant accordées à des femmes» il n'y est pas question de service militaire. — 703 — obligé de prendre part aux expéditions du comte (a). La plupart du temps le bourgeois privilégié ne pou- vait refuser de se rendre aux expéditions où il était convoqué lorsque ces expéditions étaient conduites par le comte de Champagne (6) ou môme par le maréchal à défaut du comte (c). Nous n'avons ren- contré que trois exemples d'exemption absolue du service militaire accordées par nos comtes à des Champenois. Cette exemption fut obtenue par le do- mestique d'un médecin de Thibaut IV (4976), par les fourniers de l'Hôlel-Dieu de Troyes(l733) et par Gilles, drapier de Méry, d'abord homme de corps de Simon de Méry, et qui ayant acquis sa liberté par achat, prit Thibaut IV pour seigneur et s'engagea à lui payer une rente annuelle de iO sous (2507) (d). Ces privilèges étaient quelquefois gratuits (e); le plus souvent ils n'étaient accordés qu'à charge de payer une redevance annuelle dont le montant va- riait. Nous avons rencontré les chiffres d'un marc d'argent (2897) de 40 sous (1520), de 25 sous (1600), 2010), de 20 sous (1596, 1964, 1965), de 10 sous (2507, 2872), de 3 sous (2064), par ménage. Un père et un fils s'engagent à payer à eux deux. (a) Voir notre Catalogue, ii»» i481. 1489, 1927, 2010. 2084, 2113. (b) Voir notre Catalogue, n«« 1494, 1511. 1964, 1965. 2078, 2089. 2872. (c) Voir noire Catalogue, 1413, 1519, 1320. 1599, 1600. {d) La charte n® 2078 donne aussi un exemple d'hommes qui s'étant rachetés devinrent bourgeois de Thibaiil. (e) Voir notre Catalogue, n»» 1413, 1494, 1511, 1976. 2113. — 70* — chaque année^ ud marc d'argent dont le Mmphrant restera débiteur (2089); quatre frères chacun un demi-marc (1927); deux autres frères chacun 5 sous (2078). Les redevances d*un marc d'argent, de iOO souf, de 40 sous et de 20 sous que plusieurs vassaux rotu- riers de Thibaut IV s'obligèrent à payer à ce prince sous la foi du serment étaient sans doute le prix de faveurs analogues (a). Rarement ces privilèges individuels étaient concé- dés héréditairement (6). Us étaient presque toujours viagers. Section 3«. — iNSTiTunons commuiialbs. l 1". - Généralités. Les privilèges accordés à des communautés d'ha- bitants étaient conférés à perpétuité. Du reste, rien de variable comme les clauses contenues dans les chartes de cette dernière espèce. Cependant, en par- tant de certains principes fondamentaux, on peut les distinguer en plusieurs catégories bien tran- chées. On sait qu'en droit commun les populations ro- turières étaient administrées et jugées par des fonc- tionnaires désignés par nos comtes, et qui portaient le nom de prévôts dans les localités les plus impor- tantes, de maires dans les autres. En France comme en Champagne la charge de prévôt était quelquefois (a) Catalogue, n" 2770, 2854. 2897, 3020, 3025, 3031. (6) Voir cependant les n»* 1976, 2112. — 70B — ▼endoe aa plas offrant, ce qui n'était une garantie ni de capacité ni d'équité. Certaines chartes, en laissant subsister cet état de cboses, se bornèrent à déterminer par un règlement les droits respectifs du seigneur et du prévôt, son représentant, d'une part, les droits et les charges des habitants, de l'autre. Telles sont les chartes de Chaumonl-en-Bassigny (603) et d'Ervy (501), tou- tes deux imitées de la coutume de Lorris (a), et un certain nombre de chartes analogues. Dans d'autres localités, pour mettre les habitants à Tabri des vexations des prévôts, on recourut à un moyen beaucoup plus radical. Les populations fu- rent complètement affranchies de l'autorité de ces fonctionnaires, dont le pouvoir passa entre les mains de maires électifs, entourés d'un conseil également électif. C'est ce que nous trouvons dans la coutume de Soissons, adoptée aussi à Sens et donnée succes- sivement par nos comtes à Meaux (b), à Fismes (1736) et à Ecueil (1930). C'est encore un des ca- ractères de la loi de Beaumont (c), en ce point imi- tée de la constitution municipale de Reims (d), et qui (a) Voir la charte de Louis VII qui, en 1155, confinM-les coutumes données à Lorris par Louis-le-Groa : Ordonnance$,xl, 200 i Isambert. I, 153. (^ Voir notre tome III, p. 222-223; cf. Quantin, CartuL de l'Yonne, I, 405-408, et Aug. Thierry. UUre$ $ur l'Histoire de France, XIX. (c) Charte de Guillaume de Champagne, archevêque de Reims, 1182. dans Teulet, Layettes du Trésor des Chartes, 1. 134 137. {d) Reims obtint d'abord, en 1139, la charte donnée à la ville de Laon par Louis-le-Gros en 1128; elle la perdit ensuite, piùs 45 — 706 — fut «nccordée par Blanche de Navarre à la Neuville-ao- Pont (595), puis avec de légères modifications par Thibaut IV à Blancheville (a) el à Florent (17&7). Ailleurs le corps municipal, investi de rautorité administrative et judiciaire du prévôt, ne procède pas du suffrage des habitants, il est à la nomination du seigneur; c'est le plus fréquent et œ que nous remarquons, par exemple, dans les locaÛét dont voici la liste : Chaudefonlaine, 1206(655). La ville neuve, fondée la mémeannée par Blanche de Navarre, et l'abbaye de Saint Remy de Reims, prés de Villiers-en-Argonne (663, 66&, 69&). Bray-sur-Seine, 4226 (1709). Provins, 1230(2061), Troyes, 1230 (2062). Saint Florentin, 1231 (2125). Saint-Memmie, 1231 (2126). Coulommiers, 1231 (2130). Bar sur-Seine, 1231 (2131). Villemaur, 1231 (2132). Chàtillon-sur-Marne et Dormans, 1231 (21â3). La Ferté-sur-Aube, 1232 (2169). Entre ces deux modes d'organisation municipale, fondétfM'un sur l'élection par les habitants, l'autre ellf^ recouvra son échevinag<) ëlectif par la libéralité de Guillaume de Champagne, aux termes d'une charte qui porte la même date 'que la loi de Beauuiont. (Ordonnances, XI, 185; Varin, Arckint admimstrativeê de Reim. ï, 297 299, 391-395; TeuleU LayelUt du Trésor des Chartes, \, 133-134; Âug. Thierry, Lettres tur f Histoire de France, XX, XXI. (a) Jolibois, la Haute-Marne, p. 63-65. — 707 — sur la nomination par le seigneur, il y avait place pour un système mixte où le chef du corps munici- pal étant désigné par le seigneur, ses assesseurs de- vaient leurs pouvoirs à Télection. La charte de Villeneuve-au-Châlelot , 1175 (237), et la charte accordée en 1248 par l'abbaye de Chatrices et par Thibaut IV à un village qu'ils fondent sur la mon- tagne de Passavant , nous donnent un exemple de cette transaction (2822). L'organisation donnée en 4207 par Blanche de Navarre et par Tabbé de Sauve-Majeure à la Neu- Yille-aux-Larris parait avoir été la même (670 6i's). On peut donC) au point de vue des libertés muni- cipales, distinguer quatre systèmes dans les chartes accordées par nos comtes à des communautés d'ha- bitants. Mais nous n'adopterons pas, pour l'ordre de no- tre travail, cette division trop théorique pour n'ôtre pas dans la pratique un peu gênante. Nous allons étudier d*abord trois types étrangers à notre comté et auxquels correspondent trois familles de chartes : nous voulons parler des lois ou coutumes de Lorris, de Beaumont et de Soissons. Nous fini- rons par le système tout local dont la charte de Troyes nous donne le modèle le plus complet (a). 2 2. ~ Imitations de la coutume de Lorris. La coutume accordée aux habitants de Chaumont (a) La charte de La Ncnville-aux-Larris ne rentre dans aucune de ces familles, mais elle est trop peu importante pour que nous ne nous bornions pas à y renvoyer (630 bis). - 7W -- par Henri II en ii9f) (4Q3) d^l,ar^ qw k mk^ ^ fois qu'ils n<Çi ferppt pas acte de comn^Qrçe^ Us. %?rQiii exempts des ifppôts indirec;!^ cpnqus ^ias le nQmd% toplieu, de minage et de forage* Sillet intt^rdU U h^ vée d*aucuqe tq^le^ Iç^ s|su1q$ chAngei^ fiqaoQMirts qu'elle niaiçtienne sont : un, cei).$ ()ei ^i 4^niefll pan maison, un,e redevance de 2 bjçt^ts defrome«| pur euitivateur, les impôts indirects siip le% OQWOMIC* çants, le monopole de la vente di| vÂp. r^é^rvié iifc comte UQ pois parap» Qn6n,le droi^ pQjtir Q^ der- nier, d'avoir quinze jours de^ ci;édîj qiiand< U %chiAt* des yivr^^. Elle conserve unç qçf vée ^eigneviwlti^ tous les hi^hitant^ qui s^urqn^ ui» cba;^iQl,Qt detcht- vaux, poujrt^oQl, ô^re mi^ ^ réqui^itioipi. u^ fpis. loufi les ans pour t^çansporter de Ba/^T^tyr-AMlM) k Cten- mont le vin du comte. Celte charte contient UQrtuol de?, an^endes. bea,uçoup moip^ ^levé que cqIuî. qui avait ordin^iren[)€;n;i, çpiursy. Elle aswri^ au préwno la liberté 9pus csmiipn ju^qu's^u p^onolM^é, du.jiUg^ ment (a), et à, Iqus.l^s habitants 1a facuUé à^ vmdnti leurs biens ^t 4q qu/ltc;r U vil|e poura|l«odeaiciiret' où ils voudroQt|,^ nooinsqiA*i|s,n'9^t coAmistdans^ la ville m^me qp cr^me, ou d^it.^l, n'aient pas subi leur peine. Ces dispositions sont i^eproduites;àpeu près Uttè- ralement dans la coutume donnée à Ervy par Thi- baut m en 1199 (501). Çepwdaat à Ervy on re- marque une différence fondamentale : il n'y est pas question d'exemption de tailk. Mais il faut attacher (a) Sur II question de la liberté sous caution , voir AoMttKSr wnenti de SêUU'LùuU, livre I. c^apij^.cyy. — tt)9 - inôiiis d'im^ôHànee hux modifications qoi pofïent sur la nature et le montant des redevances et sur la désignation de la localité oà les corvéables iront chercher le vin du comte; cette localité est ici Dàn* nemoîne; la redevance due chaque antoée pat chaque t^ltivateur est d'une mine au lieu de deux bichets, et tons les oenS, toutes les redevances quelconques finieédenlment dus pour des maisons ou des termes «ont maintenus^ tandis qu*à Chaumont on ne de- vait payet que les cens et redevances stipulés dans la charte. Les coutumes de Chaumont et d^Hy reprodùi- tent la plupart des dispositions de celles de Lorris ; ^' telles en sont en général, et a de légères modifica- i lions prés^ une copie littérale; il y a cependant une différence essentielle : Tariicle S de la coutume de Lorris est ainsi Conçu : tt Personne n'ira à une che- n vauchée ni à une expédition sans avoir le droit » de reVMir chez lui le joui* même, it Cet article né se trouve pas dans là cootunie de Chaumont, et dans telle d*Ervy il est reniiplacé par celui-ci : « Ils iront o en expédition et à l'armée chaque fois qu'ils etf ift seront requis de ma part. » Le sens de cette clause est précisément lé contraire de ta clause correspon- dante de la coutume de Lorris. Cette grave rhô- diâcatiôn n*a pas empêché Henri II et Thibaut III de déclarer en tête des coutumes de Chaumont et d'Et*vy qu'ils donnaient la coutume de Lorris àût | habitants de ces deux localités. On ne trouve pas la mêttlê déclaration en tête dé huit chartes, sur lesquelles nous allôrls nâaintebliAt appeler Tatténiton du lecteur, les troi^ pfëmiéréÉ àè-' coûtées par Henri I^ aux habitants de Chaource, léOS î «' , \^ — 710 — (435), de Maraye-en-Othe, 1173 (21& bi$), de Ville- neuve-au-Chàtelof, 1175 (237); les quatre suivantes données par Thibaut III, et dont la première étend les privilèges de Maraye à Saint-Mards et à Vaucbas- sis, 1198 (&CG), tandis que les autres concemeat Jonchery, La Haro^and, Treix et Bonmarchais, 1198 (678), les habitants de la montagne située au-delà de l'Aisne, vis à-vis de Sainte-Menehould , 1200 (523), et ceux de Maurupt, 1200 (526) ; la dernière, émanée de Blanche de Navarre, et relative aux ha- bitants d'un nouveau village fondé n Villiers-en-Ar- gone, 1208 (694). .' Ces huit chartes, beaucoup moins développées *'* que celles de Chaumont et d'Ervy, peuvent être considérées comme des abrégés de celle de Lorris. Elles ne restreignent cependant aucune le service militaire autant que la coutume de Lorris. L'habi- tant de Lorris, conduit à une expédition pour le service du roi, pouvait rentrer chez lui le jour même. La charte de Chaource (135) ne conserve cette dis- position que pour le cas où le corps d'armée serait commandé par un prévôt, et elle laisse à l'obligation du service militaire toute son étendue lorsque le comte ou un de ses grands officiers sera comman- dant en chef. La' clause relative aux corps d'armée commandés par les prévôts ne se trouve, à notre connaissance, nulle part ailleurs que dans la charte de Chaource; f mais la disposition d'après laquelle l'obligation de prendre part aux expéditions cessera d'exister si le comte ou un de ses grands officiers ne les commande pas se retrouve dans les chartes de la montagne au- delà de l'Aisne en face SainteMenehould (523), — 711 — de Maurupl(526)elde Villiersen-Argonne (694). La charte de Villeneuve-auChàtelot déclare que, si le comte lui-même n'est pas présent, ce service ces- sera d'être obligatoire (237). Mais les deux chartes de Maraye (214 bis, 466) gardent le silence sur cette matière, et ce silence doit être sans doute inter- prété dans le même sens que Tarticle suivant de la charte de Jonchery, La Harmand, Treix et Bonroar- chais, qui, dans sa nette concision, maintient le droit du comte dans son étendue et sans restriction : a Les » hommes de ces villages iront aux expéditions et » aux chevauchées. » « La charte de Chaource résume ainsi les exemp- ^^' tiens accordées en matière d'impôts par la coutume '^ deLorris (a) : c Les habitants, dit elle, seront francs )) de taille et de toute autre exaction, et dans ma )) terre ils ne me devront ni péage ni tonlieu(135).i) Cet article est littéralement reproduit dans les deux chartes de Maraye (214 &t5, 466). Celle de Maurupt contient l'équivalent : « lis auront immunité de » taille, d'exaction et de coutume (526); » cepen- dant on peut se demander si ces termes entraînaient décharge de péage et de tonlieu. Quant aux habi- tants de Villeneuve-au-Chàtelot, ils n'étaient exempts que de tonlieu et de péage ; ils restaient par consé- quent sujets à la taille (237). Les redevances annuelles maintenues par la cou- tume de Lorris sont un cens de six deniers par mai- son et une rente d'une mine de seigle par cultivateur ^ % (a) Voir les articles 2, 4, 9, 20, 26 et 28 de cette coutume. Le comte de Champagne est ici plus lit)éi*al que le roi. * ' — 712 — d'une charrue (a). « Tous les habitants, » dit la charte de Chaource, « paieront chaque année une » mine d'avoine et douze deniers (135). i» Celle de VilIeneuve-au-Chàtelot contient la même disposi- tion, mais elle ajoute à cette charge un cens de qua- tre deniers par arpent de terre ou de pré (237). Les chartes de Maraye distinguent à ce point de vue deux classes d'habitants : ceux qui ont des animaux de culture et ceux qui n'en ont pas. Les premiers paient une mine d'avoine et douze deniers, les autres douze deniers seulement (214 6û, 666). Les ehartes de la montagne au-delà de l'Aisne et de Villi^ra-en- Argonne font la même distinction, seulement Timpôt est plus élevé : il se monte à deux sous et an setier d'avoine pour les cultivateurs, à deux sous seule- ment pour les autres habitants (523, 694). A Jon- chery, la redevance est proportionnelle au nombre de bêtes qui tirent la charrue : elle est de douze deniers par tête (478). A Maurupt, c'est le nombre de jugera qui sert de base : quiconque en possède deux paie deux sous et un setier d'avoine (526). Le tarif des amendes de Lorris est ainsi conçu : d 1* L'amende de soixante sous sera réduite à cinq, D celle de cinq sous à douze deniers, et les épiées » du prévôt dans un procès civil seront réduites à » quatre deniers; — 2'' Si des hommes de Lorris ') donnent témérairement des gages de duel, et si, » du consentement du prévôt, ils s'accordent avant » d'avoir fourni des cautions, chacun paiera deus sous et demi; dans le cas où les cautions auraient (a) Articles 1 et 22. ~ 713 — • été foornies avant l'accord, chacune des parties • paiera sept sous et den^i, et quand le duel aura eu » lieu, les cautions du vaincu paieront cent douze o sous. » Si, pour juger de l'importance de ces dispositions, nous cherchons dans la coutume de Beauvoisis le droit commun de la France septentrionale, nous ▼enronsqueles amendes infligées aux roturiers étaient ordinairement de soixante ou de cinq sous (a), mais qu'en matière de due) et lorsqu'il s'agissait de crime ou lorsqu'on accusait son juge de faux jugement, les parties ne pouvaient transiger sans l'assenliment du seigneur, qui fixait arbitrairement le taux de l'a- mende (6). Les deux articles du tarif des amendes de Lorris, copiés textuellement dans les chartes de Chaumont el d'Ervy, se trouvent antérieurement reproduits dans celle de Villeneuve- au -Chàtelot. De la ré- daction adoptée dans cette dernrére charte^ il res- sort deux seules différences : l'assentiment du pré- vôt n'est pas déclaré nécessaire pour la validité des transactions en matière de duel, et l'amende due par le vaincu est réduite de 142 sous à 100 (237); mais ces modifications ne sont pas admises dans la charte de Jonchery, La Harmand, Treix et Bonmarchais, dont un article déclare que le droit pénal de ces lo-- (a) Chapitre nxx, édit. Beugnot, I, 415 et suivantes; cf. Instù- tûtes coutumiéres. A' Aiïiome Loisel, liv. VI, tit. ii, art. 30; édit. Dupuis et Lal>oulaye, II, 219. (6) Chapitre lxi, § 48, chapitre lxiv, § 14, édit. Beugnot, H, 394, 439, InstHutes cantumièru; édit. Dupin et Laboolaye, II, 196; Brusael, p. 988-990. — 714 — calités sera identique à celui de ChaamoDt (&78). Dans les chartes de Chaource et de Haraye^ il n'est fait aucune mention du combat judiciaire, et pir conséquent le second article du droit pénal de Lorris n'y a pas été transcrit, mais on y voit la reproduction presque littérale du premier : réduction des amende! de 60 sous à 5 et deSsous à un, fixation desépicesda prévôt (135, 2U bis, 666). Les chartes de la mon- tagne au-delà de l'Aisne (523), de Haurupt (5i6) et de Villiers-en-Argonne (694), maintiennent le principe de la réduction d^ amendes de 60 et de 5 sous, mais le reste du droit pénal est dans ces trois localités tout diiïérent de celui des précé- dentes : « Pour le sang versé, 15 sous. Je réserve dans ma main le vol, le rapt, l'homicide et l'as- sassinat. Pour le duel convenu en justice, si Ton » transige, chacun i2 deniers, et, s'il y a déjà do » sang versé, 12 sous; une fois la bataille livrée^le vaincu paiera 9 livres. » Enfin, les chartes de la montagne au-delà de l'Aisne et de Villiers en-Argonne contiennent una^ ticle incompatible avec un des principes fondamen- taux de la coutume de Lorris, et où l'on voit fonc- tionner un rouage de création toute champenoise. Cet article, en effet, nous fait sortir de l'ordre des idées où se meut la liberté civile pour nous transpo^ ter dans le domaine de la liberté politique : o Quand A il y aura eu dans le village une rixe, celai qui en « sera accusé pourra obtenir son acquittement s'il » jurequ'il est innocent et si deux personnes le jurent avec lui ; mais il ne sera pas admis à fournir cette preuve lorsqu'un des jurés aura été témoin delà rixe. ^ En effet, les habitants de la montagne au-ddk -716 - eTAisneetde VilIiers-en-Argonne, comme déjà ceux e Villeneuve-au-Châtelot, donnaient pour asses- rars au prévôt ou au maire nommé par le seigneur, ce magistrat unique; seul admis par la coutume de .orris, d'autres magistrats, ceux-ci électifs et con- us sous deux noms, l'un d'origine latine juré^ Tau- re d'origne germanique échevin, «f Je leur accorde,» dit la charte de Villeneuve- to-Châtelot, (c le droit d'avoir six échevins qui admi- » nistreront les affaires communes de la ville et as- ► sisleront mon prévôt dans ses plaids (237). »> Les chartes de la montagne au-delà de TAisne [623) et de Villiersen-Argonne (694) réduisent de 3eax le nombre de ces fonctionnaires : « Il y aura dans le village quatre jurés qui conserveront nos b droits et ceux du village. » Aucune de ces chartes ne dit, en termes formels, que ces échevins ou jurés fussent électifs; mais il va de soi qu'ils Tétaient, puisque le droit commun le voulait ainsi et que ces chartes ne font à ce droit iQCune dérogation. D'ailleurs, après avoir parlé des quatre jurés^ Blanche de Navarre, auteur de la charte de Villiers-en-Argonne, a soin d'ajouter immédiate- i&ent qu'à elle, à Tabbé et au couvent de Saint- Bemy.de Reims appartiendra le choix du maire; son silence au sujet du mode de désignation des ju- rés est assez significatif pour ne pas avoir besoin de commentaire. I 3. - Imitations de la loi de Beaumont. Quand Thibaut IV, Tabbé et le couvent de Cha- r/ces fondèrent un village sur la montagne de Pas- — 716 — savant) ils placèrent à la tête de oe noofMii onitit de population un corps de magistrature orguiséde la môme manière que sur la montagne ao-delà di l'Aisne ou à Villiers-en-Argonne : un prévôt nomni par les seigneurs et quatre échevins électib. Void l'article de la charte émané de Tabbé : « Li prévos sera mis par nostre assent et U ÏM^ jois de la vile metront quatre eschevins, li quel o jureront sor sainz au conmandemant lo roi et M notre amsamble qu'i garderont les drois loroict » les nos et ces de la vile; et par ces seront kl « amandes jugiés et levées au droit de la vile; el » chacun an remueront li borjoii ces quatre esdM* vins le jor de la saint Jehan Baptistre (3829). s Hais cette charte n'est plus, en aucune de ses dit* positions, imitée de celle de Lorris; elle reprodaii presque entièrement la fameuse loi champenoise ds Beaumont. La loi de Beaumont a joui d'une grande popeb» rite en Cliampagne, en Lorraine et dans la coflilidi Chiny à la fin du xii* siècle et pendant le xiii* (i)* Mais les populations qui l'ont obtenue de levrt ssî> gneurs ne sont pas toujours parvenues à m faire ae^ corder la totalité des libertés municipales qne, par la charte primitive, Guillaume de Champagne avail conférées aux habitants de Beaumont-en-Argonna» A Beaumont-en-Argonne, le maire, eomme kl échevins ou les jurés,était nommé chaque année pstf les habitants. Ce corps électif était investi de l'autorité jndiciaiiei irfiJb> (a) Voir aotre tome II, p. ooucfi-exxxvin. snol app€;| ^ux jurés de Bruy^rea, et U prononçait \^ amendes d'après un tarif be^^ucoup plus développé que celui deLorris et complètement différent. Ainsi^ dans mx procès civil, le perdant payait S sous au lieu de à deniers. Une des dispositiona les plus singulières de la loi, de Beaumont est la peine infligée à toute femme qui, ap^ès 9voir insulté une autre femm^el été condanmée sur le témoignage de deux autres^, aurait refusé de. payer rameode de 5 sous à laquelle c^ délU est tadfé : a Elle portera des pierres dans* a sa chemise le dimanche à la procession. » Une petite p;s|rt d(S& i^mendes était attribuée comme salaire au maire eR W% jurés. Ainsi, celui qui aura traité un a^utre de menteur paiera 5 sous, dont A 4/3 pAur le. sfîigneni! et 6 deniers pour le maire. Celui qui dira à quelqu'un : Vous êtes hors la loi, paiera* 10. soinis,. 6 pou,r le seigneur, 2 pour le plaignant, 1 pour l^x maire, 1 pour les jurés. La moitié des agniindes attribuées au seigneur devait ôtre versée dans une caisse particulière et employée aux fortifi^- caUon^ de la ville ; Tadministration de c^te caisse- appai:tenait à un, conseil composé de trois person^ oes : doux jurés désignés par les habitant» et un ser- gent nomipé par le seigneur. A Q^téde.réchevinage et du comité qui avait le mfwjement des fonda destinés aux fortifications, la> loi de Aefkun^OiH avait institué une troisième compah» gnie : ^!éldit un conseil de quarante bourgeois, dent l'approbation parait avoir été nécessaire pour don- ner aux actes administratifs de l'échevinage un ca- rac^tère définitif, ce Si, par la décision du maire, des a jurés et de quarante discrets bourgeois, une me- 9 sure a été prise pour l'honneur et l'utilité de ta — 718 — x> ville, elle sera stable^ et si quelqu'un cootreditil » paiera 12 deniers (a). » La charte donnée par Blanche de Navarre à La NeuvilleauPont est presque partout une copie lit- \i térale de la loi de Beaumont. Nous ne signalerons que trois différences. Quand on voudra faire casser un jugement de Téchevinage, il faudra porter l'ap- pel non pas devant les jurés d'une autre localité, mais devant d'autres jurés du même village, sans doute devant ceux de Tannée suivante. Le nombre des membres du conseil des quarante bourgeois est réduit à sept. Enfin, on ne retrouve pas dans cette charte l'article de la loi de Beaumolit qui décide que la moitié du produit des amendes attribuée parle tarif au seigneur sera employée aux fortifications (535). Cet article manque aussi dans les chartes de Blan- cheville, de Rochefort (6) et de Florent (4747), éga- lement imitées de celle de Heaumont. Le nombre des membres du conseil des quarante bourgeois y est, comme à La Neuville, prodigieusement réduit, car il est fixé à dix. Ce conseil est investi d'une auto- rité beaucoup plus grande qu'à Beaumont et à La Neuville. C'est à lui que sont portés les appels des jugements rendus par les échevins, et ses membres ^ portent le titre de jurés, par opposition aux échevins,^^ tandis que dans les chartes de Beaumont et de La Neuville, les termes de juré et d'échevin sont em* (a) Voir la loi Beaumont dans Teulet : Layetlet du Trésor ie» Chartes, 1. 134-157. (6) Jolibois, La Hante-Marne, p. 63-05, 465. — 719 — fés comme synonymes. Une autre circonstance le de remJirque, c'est que le nombre des éche- i, laissé indéterminé par les chartes de Beaumont e La Neu viile-au- Pont , est fixé à sept par les chartes îlancheville, de Rochefort et de Florent (a). .a loi de Beaumont fut encore adoptée dans les laines de nos comtes pour le village nouveau i sur la montagne de Passavant. Mais nous ns déjà dit que dans cette localité le maire élec- ut remplacé par un prévôt à la nomination des :neurs; études trois conseils électifs qui existaient eaumont, un seul y fut maintenu : c'était un evinage composé de quatre membres (2822). le fut aussi la loi de Beaumont qui servit de mo- ; à la charte de Saint-Julien sur-Rognon (2552) ; s là tout conseil électif a disparu et Ton ne voit s qu'un seul magistrat, un maire nommé par les ;neurs. Il est bien entendu que, dans ces deux niéres chartes^ on ne trouve pas plus que dans es de La Neuville et de Florent^ la clause qui obli- it le seigneur à employer aux fortifications une tie du produit des amendes. Ainsi la charte de it'Julien sur-Rognon, bien qu'étant, au point de ! du droit civil, du droit pénal et de diverses re- ances, une imitation de la loi de Beaumont, nous léne, au point de vue des libertés politiques et :) La charte donnée à La Villenouve-au-Ch^ne par Jean de Mv, en 1255, vi imitée aussi de celle de Beaunrïont, prescrit lêine I élection de dix jurés et de sept éclievins. Les jurés y re- enl, connme à Blanchcvilie, à Rochefort et à Florent, l'appel jugements rendus par les échevins. (Valletde Viriville» Arch, , de l^Aube, p. 363, ait. 3; p. 364, arl. 15). — 780 — municipales, à cette négation abftoliie qui est une des bases de la coutume de Lorris. I 4. — Imitations de la charte de Soissons. Un des caractères distinctifs de la charte de Soissons, et par conséquent de celle de Meaax, qui en est la copie, est l'excès de l'indépendance communale (a). La commune de Meaux avait droit de guerre : « Si, m dit la charte, « la commune x> sort un jour pour combattre ses enneniis, per- » sonne de la commune ne parlera avec eux » sans la permission des magistrats qui garde- 1) ront la commune. » Ces magistrats étaient uo maire et des jurés dont le nombre n'est pas fixé, et qui, bien que la charte n'en dise rien, étaient évi- demment électifs; ils avaient droit de justice, sauf les cas de vol, meurtre, rapt et incendie réservés an prévôt du comte. Les amendes appartenaient au sei- gneur et se payaient d'après un tarif complètement différent de ceux de Lorris et de Beaumont. Dans ce tarif, l'amende maximum est de 60 sous^ et Tamende minimum de 5. Une clause insérée déjà dans la charte de Lorris donne au comte droit à quinze jours de crédit pour les denrées achetées le jour ou le lende- main de son arrivée à Meaux ; d'autre part, à Ueaux comme à Lorris, la taille est supprimée; mais ce sont à peu près les seules ressemblances qu'on puisse signaler entre ces deux coutumes. Malgré les dangers que devait présenter le droit (a) Voir l'inalyse de cette charte dans notre tooie Ul, p. 232- 223. — 721 — de guerre accordé à la commune de Meaui, la charte de celte ville, donnée par Henri l** en 1179 (304), fut confirmée par Thibaut III en 1198, par Blanche de Navarre en 1203, par Thibaut IV en 1222(1421), par Thibaut V en 1258 et en 1268, par Henri III en 1274, et par Philippe le Bel en 1284 (a). 11 est vrai que cette charte n'était pas pécuniairement très- désavantageuse au comte; elle lui conservait un ta- rif d'amendes plus élevé que celui de Lorris; si, à Meaui comme à Lorris, il n'avait pas de taille à percevoir, il touchait à Meaux une indemnité que la coutume de Lorris ne lui accordait pas .: la com- mune lui payait une redevance annuelle de 140 livres pour prix de sa liberté. Un motif semblable détermina Thibaut IV adon- ner la même charte, sauf quelques variantes , aux habitants de Fismes en 1227 (1736), et à ceux d'Ecueil en 1229 (1930). La redevance annuelle fut fixée, pour Fismes, à 180 livres, et pour Ecueil, à 80. g 5. — Charte de Troyes. La charte de Meaux n'est point une œuvre ori- ginale. Nos comtes n'ont rien créé non plus quand ils ont donné à tant de localités de leurs Etats des franchises imitées de celles de Lorris et de Beau- mont. Cependant il y eut dans les domaines de nos comtes, à côté de ces chartes d'importation étran- gère, un type local et qui ne nous parait pas devoir (a) Du Plessis, Histoire de Véglise de Meaux, II, 658; Teulet, Layettes du Trésor des Chartes, 1» 126. 46 — 7aa — comme elles son existence à un empruot, c'est la charte bien connue qui fut donnée à la ville de Troyes par Thibaut IV au mois de septembre 1230 (2063). Nous avons déjà fait remarquer ce qu'elle a surtout de caractéristique au point de vue des libertés municipales : le maire et ses assesseort, échevins ou jurés, sont désignés par le seigneur, tandis qu'à Beaumont et à Meaui ils étaient électifs; mais il y a aussi deux dispositions curieuses à remar- quer. Le droit de justice était accordé à l'échevinage de Beaumont et de Meaux en ce sens que le maire et les échevins jugeaient. Mais dans ces deux villes et dans celles qui obtinrent les mêmes franchises, les amendes appartenaient au seigneur. A Beaumont, il est vrai, un privilège spécial obligeait le seigneur à consacrer la moitié des amendes aux fortifications de la ville; mais ce privilège ne se trouve pas dans les chartes que nos comtes imitèrent de celle de Beaumont. A Troyes, la concession du droit de justice se fit d'une manière plus étendue, et Thi- baut IV abandonna à la commune le produit des amendes, sauf les réserves suivantes : quand un étranger subit une condamnation à Troyes, la com- mune ne peut exiger que 20 sous, le reste appartient au comte; les condamnations pour fausse mesure donnent lieu à une amende de GO sous, dont encore 20 pour les bourgeois et le reste pour le comte; en cas de meurtre, de rapt, de vol, et lorsqu'un duel se termine par la défaite de l'une des deux parties, l'amende ou le produit de la confiscation appartient également au comte. Ainsi Thibaut IV se conserva une portion importante des produits de la jiÂStice; — 723 — mai» dans un grand nombre de cas ces produits en- traient en totalité dans la caisse communale, privi- lège que n'avaient obtenu ni Meaux ni Beaumont. Du reste^ le comle n'y perdait rien, car en com- pensation les bourgeois de Troyes s'engagèrent à lui payer une rente de 300 livres (a). Une des consé- quences de cette combinaison est qu'on ne trouve pas dans la charte de Troyes ce long tarif d'amendes qui tient tant de place dans la plupart des chartes accordées par les seigneurs n leurs communautés d'habitants : à Troyes, le taux des amendes n'est fixé que dans deux cas, celui de fausse mesure et celui de duel outré (6). En effet, ce taux ne pouvait, dans la plupart des cas, donner lieu à aucune contesta- tion entre le comte et ses sujets de Troyes, puisque presque toutes les amendes prononcées contre les bourgeois de Troyes Tétaient par Tèchevinage et ap- partenaient à la commune, et que, sauf les cas de (a) De toutes les communes auxquelles la charte de Troyes fut accordée, Troyes paraît être celle qui s'engagea à payer la rede- vance la plus élevée; les habitants de Châlillon-sur-Marne et Dormans ne durent au comte que 286 livres par an (2143), ceux de Provins, 250(2061), ceux de Barbonne, 184, ceux de Villemaur, 170(2132), ceux de Coulommiers, 169 (2130), ceux de Bar-sur- Seine, in (2131), ceux de la Ferté-sur-Aube. 80(2169). ceux de Saint-Florentin, 72 (2125). Ces chiffres sont assez curieux en ce qu'ils peuvent nous donner une idée de l'importance compara- tive de ces localités. La valeur intrinsèque des 300 livres dues par la ville de Troyes serait de 6,079 fr. 15 c, au pouvoir de 30,396 f. (Voir le Mémoire de M. de Wailly $ur les variations de la livre tournois, page 222.) (b) hd duel était outré quand il se terminait par la défaite de l'uae des deux parties. — 724 — fausse mesure et de duel outré, les cas réservés au comte donnaient lieu de droit commun à amende arbitraire ou même à confiscation : en un mot, met- taient les biens comme la personne à la discrétion du seigneur. Enfin, la charte de Troyes contient un tarif pour la levée de la taille. En accordant la coutume de Lorris aux habitants de Chaumont, nos comtes les avaient déchargés de cet impôt ; ils avaient conféré aux habitants de Chaource le même avantage. A Troyes la taille fut maintenue, mais dans des condi- tions toutes spéciales. Dans certains pays la taille était arbitraire , dans d'autres elle était ce que de- vint plus tard l'impôt de ce nom dans la monarchie française, un impôt de répartition. Ainsi, en 1190, Henri II, abonnant à 600 livres la taille de la chàtelle- niede Provins, en fit un impôt de répartition (398). Même observation sur la (aille de Poivre, qu'en 1205 Blanche de Navarre fixa par abonnement à 50 livres et à 1,200 setiers d'avoine (63/i). Le droit de gite de Luyéres, réglé par Henri 11 à 6 livres de rente en 1187 (362), était aussi un impôt de répartition. A Troyes la taille devint, sous le nom de jurée, un im- pôt de quotité. La jurée était proportionnelle au ca- pital; elle consistait en 6 deniers pour livre, c'est-à- dire en un quarantième du capital mobilier, et en 2 deniers pour livre ou un cent vingtième du capital immobilier. Dans le capital mobilier on ne compre- nait ni les armes, ni les vêtements, ni les meubles- meublants à l'usage du contribuable. La charte de Troyes est rédigée en français. L'ori- ginal en existe encore; c'est le plus ancien document émané de nos comtes et écrit en français qui, à no- — 725 — tre connaissance, subsiste aujourd'hui autrement qu'en copie. Nous ne connaissons pas de charte de commune qui ail eu en Champagne une fortune plus brillante, puisque du mois de septembre 1230 au mois de janvier 1232 elle fut donnée certainement à neuf villes ou villages de noire province (a), proba- blement à sept autres au moins (6), et qu'à La Ferlé- sur-Aube, par exemple, elle était encore en vigueur au siècle dernier. Les^ trois principes fondamentaux que nous avons signalés dans la charte de Troyes : nomination du maire et des échevins par le comte ou par ses délé- gués, concession à l'échevinage de la juridiction et des produits de la justice sauf quelques cas réservés au comte, transformation de la taille en un impôt de quotité suivant un tarif fixe, ces trois principes ont été connus et appliqués par la cour de Champagne avant l'année 1230. Ainsi, bien antérieurement à Tannée 1230, nous trouvons en Champagne des corps municipaux dont les membres sont désignés par les seigneurs. Chau- defontaine, en 1206 (655), reçut de Blanche de Na- (a) Provins (20r)l), Saint-Florentin (2125). Coulommicrs(21SO), Bar-sur-Seine (2131), Viileniaur (2132). Châlillon-sur-Marne et Dormans (2145). La Fertésur-Aube (2169). (h) Barbonne et Chantemerle (Lefèvre, Les finances de la Cham- pagne, p. 51), Bar-sur-Aube (2372, voir aussi notre Histoire de Bar-sur 'Aube, p. 22), Epernay (2375), Sézanne (2459), Vassy (2577. 2608), Vertus (5768), Vitry (2219; Du Gange, édit. Henschel, 11, 485. date celte commune d'avril 1230), Isle-Aumont (voir aux Archives de l'Aube, Inventaire de Montier-la-Cellet f« 58, v®, une charte de juin 1235. émanée de Bouchard, maire de la commune d'Isle). — 726 — xtrre et de l'abbaye de Saint- Vannés de Verdun vm iiMlire et des éche vins investis de l'autorité judidaire, viab qui êlaieni choisis par le prévôt des moines à CbiMMiefootaine, et par le prévôt de Sainte -Mene- WmkJU délégué de la comtesse. Blanche et l'abbaye lie Satnt-Remy de Reims organisèrent de la même OMteière, la même année, la ville neuve qu'à cette ^>que ils fondèrent à Villiers-en-Argonne (663, $Sà). Mais, quant au produit des amendes et à l'as- siette de la taille, les habitants de Chaudefontaine et de Villiers-en-Ârgonne restèrent dans le droit com- mun. En mai 1226, Thibaut IV fixa le montant de la taille pour les habitants de Bray-sur-Seine à U deniers pour livre, c'est-à-dire à un soixantième, pour le ca- pital mobilier, et à 2 deniers pour livre, c'est-à-dire à un cent-vingtième, pour le capital immobilier (1709). Nous trouvons donc dans cette charte, anté- rieure de quatre ans à celle de Troyes, la taille deve- nue déjà un impôt de quotité et soumise à un tarif. Thibaut IV accorda en 1228 le même privilège aux habitants de Vinneuf, Gourion et Balloy, et à tous ceux de ses hommes qui demeuraient entre Bray* sur-Seine et Sens dans la prévôté de Bray (18&6); mais cette dernière charte ne parle ni d'institutions communales, ni d'abandon de la juridiction, ni de cession des produits de la justice. La charte de mai 1226 traitait beaucoup plus li- béralement les habitants de Bray sur- Seine; elle leur donnait un maire et des échevins, conférait droit de justice à ce corps municipal; elle faisait à la com- mune ainsi créée abandon du produit des amen- des, sauf les cas de vol, d'homicide, de rapt; sauf — 727 — auMî les amendes dues en cas de non paiement des droits de péage, de minage et de tonlieu appartenant au comte. 11 y a donc entre cette charte donnée aui habitants de Bray et celle que les habitants de Troyes obtinrent quatre ans plus tard une grande res- semblance ; mais l'organisation municipale accordée à Bray-sur-Seineen 1226 et celle que Troyes reçut en 1230 sont toutes différentes : les officiers municipaux de Troyes sont, nous l'avons dit, au choix du comte; ceux de Bray-sur-Seine doivent leur nomination au suffrage de leurs concitoyens. Cette dissemblance fondamentale n*est pas ia seule. Au lieu de douze jurés ou échevins comme à Troyes, les habitants de Braysur-Seine en ont six. La charte de Bray contient un tarif d'amendes par- faitement inutile et qui fut supprimé lors de la rédac- tion de la charte de Troyes. Le tarif de la taille est, pour le mobilier, moins élevé à Bray-sur-Seine qu'à Troyes. On y paie, avons-nous dit, Ix deniers pour livre ou un soixantième, et non 6 deniers, soit un quarantième comme à Troyes. Enfin, la charte de Bray est rédigée en latin, tandis que celle de Troyes est écrite en français. Toutefois on ne peut contester qu'on ne trouve exprimés dans la charte de Bray deux des trois principes dans lesquels nous avons résumé celle de Troyes : transformation de la taille en un impôt de quotité avec tarif, abandon à la commune des produits de la justice dans la plu- part des cas. Âlbéric nous apprend pourquoi Thibaut IV donna une charte aux habitants de Troyes en 1230, et pourquoi, vers la môme époque, tl étendit le môme avantage à un si grand nombre de centres de popu* — 728 — lations : a Le comte de Champagne, » ttont^ dît-il sous la dale de 1231, « établit des commune» de «> bourgeois et de paysans auxquelles il se fiait plus » qu'à ses chevaliers (a). »> On se rappelle la cam- pagne terrible faite dans notre province en 1230 par les barons coalisés. Nous avons déjà dit qu'ils étaient probablement sous les murs de Troyes vers la fin d'août. Ce fut là que la guerre se termina, et si elle n'eut pas une issue aussi malheureuse qu'on l'aurait pu craindre, Thibaut le dut pour une bonne part à la fidélité des habitants de Troyes (6)» Les préliminaires de la paix sont datés du 25 septembre 1230 (c). L'acte par lequel Thibaut institua la com- mune de Troyes est aussi daté de septembre 1230. 11 est donc vraisemblable qu'il fut la récompense de la fidélité des habitants de cette ville. Celle des ha- bitants de Provins qui, après la défaite de l'armée champenoise sous leurs murs (d), était restée iné- branlable, reçut à la même date la même rémuné- ration. La concession de cette charte aux habitants d'Epernay, de Sézanne et de Vertus put être consi- dérée comme une indemnité de la destruction de leurs villes pendant la guerre (e). A Saint-Florentin et à Bar-sur-Seine, elle fut sans doute, quoiqu'un peu tardivement, la récompense du courage montré par les habitants ou la réparation des pertes qu'ils avaient souffertes pendant la campagne de l'année (a) Albéric, ap. D. Bouquet, XXI. 606 C. (b) Voir plus haut, p. 248-249. (c) Voir plus haut, p. 253. (d) Voir plus haut, p. 245. (e) Voir plus haut, p. 244-245. — 729 — précédente (a). Si elle fut étendue à bien des popu* lations qui n'avaient pas subi d'aussi redoutables épreuves, ce fut probablement parce qu'il était à craindre que les faveurs accordées aux uns n'inspi- rassent de la jalousie à d'autres qui ne les auraient point partagées. Nous n'entreprendrons pas l'histoire de la charte de Troyes dans toutes les communes qui l'obtinrent. Mais nous donnerons quelques détails sur ce qui se passa dans les deux villes de Troyes et de Pro* vins. A Troyes, les institutions municipales n'étaient pas, en 1230, une nouveauté, et sans remonter au XII* siècle, dont les nuages ne sont pas encore dissi- pés, nous trouvons dans cette ville, en 1215, des échevins servant d'assesseurs au prévôt (6), comme à Villeneuve-au-Chàtelot , comme sur la montagne aa*delà de l'Aisne, en face de Sainte-Menehould, et à Villiers en Argonne (c). Mais en 1222 Troyes n'a- vait plus d'échevinage (d). Ainsi, les institutions municipales n'avaient pas dans cette ville des racines bien puissantes. A peine érigée, la nouvelle commune se trouva surchargée de dettes. Dés le mois de décembre 1232 elle devait 1,000 livres de rentes (e), dont la valeur .-' (a) Voir plus haut, p. 228. (6) Voir notre t. III, p. iU, note 4. (c) Voir plus haut, pages 714-715. (d) Voir notre t. III, p. 224, et p. 261. pièce III. , (e) Voir une charte de Pierre Legendre, maire, des échevins et de la commune de Troyes, publiée par Vallet de Viriviile, Archi- — 780 — ÎDlrinséque serait acrjoard'hui de30,26Sfr. 89 e. (a), au pouvoir commercial de 101,319 fr. Nous igno- rons complètement quelle était l'ori^ne de cette dette. On peut croire que le capital avait été em- prunté par la ville pour faire aux fortifications des travaux que l'approche des barons et la menace d'un siège avaient rendus urgents. Peut-être d'autres sup- poseront-ils que Thibaut avait vendu aux habitants de Troyes les privilèges contenus dans la charte do mois de septembre 1 230 ; mais cette hypothèse noai semble peu vraisemblable. Si ces privilèges avaient été vendus à Troyes, il est grandement probable qu'ils n'auraient pas été donnés gratuitement aux autres communes qui les obtinrent, et les embarras financiers que nous constatons à Troyes n'auraient pas été, comme ils le paraissent, une exception. Quoi qu'il en soit, Jean de Thourotte et Léon de Sézanne, dont nous avons vu plus haut les oomi dans la liste des gouverneurs et dans celle des rece- veurs de Champagne (6), furent chargés par Thibaut d'aviser aux moyens de délivrer la ville de Troyes d'un si pesant fardeau. D'accord avec le maire, les écbevins et le reste des habitants, ils firent un traité avec une compagnie de négociants qui prit l'engage- ment de verser tous les ans, pendant cinq ans, 5,300 livres, soit en tout 26,500 livres valant ves historiques de l'Aube, p. 376-377 ; cf. Calahgue, a^ 2192. Î193, 2200. 2222. (a) Voir le travail de M. de Wailly. intitulé : Mémoire sur te fMiriâiianê de la livre ioumoiê, p. 223. (h) Voir plus baut, p. 458 et 470. — f Si — 536,991 fr. aa ponvoir de 2,68&,956 fr. Mais pen< dant ce temps, tous les habitants de Troyes devaient payer entre les mains de cette compagnie U deniers poar livre de leurs acquisitions mobilières ; la com- pagnie devait en outre jouir des produits de la justice municipale, de ceux de la prévôté, de ceui des fours et des moulins du comte à Troyes, etc. (2561). Nous ne savons pas si ce traité s'exécuta. L'année suivante Thibaut supprima la commune de Troyes (a), ne laissant plus aux habitants que deux privilèges : ils continuèrent de payer la taille d'après le tarif insti- tué en iS30 ; de plus, la nouvelle charte décida que (a) La commune de Troyes avait duré douze ans. Voici les noms de quelques-uns des maires qui Font administrée pendant cette période : Décembre 1231, Girard Héiétaine ou Mellétaire (Arc}w9e$hniû- riquêsdeVAube^ p. 181.) Février 1252, le m$me (Archives de TÂube, premier cartulaire de rmiel'DieU'le'Comte, f<» 22). Décembre 1232, Pierre Legendre (Archives historiques de l'Aube, p. 376). Août et octobre 1234, Girard Mélétaire (Archives de rA(4)e, ifweflkûre de MonUer-la-Celle, f^ 58 v«, 59 r<> ; preumr cartu- lair0 de r Hôtel- Dieu-le-Comte, P» 33 r« ; cf. Cartulaire de Chif vaux, Elemosine, lxxi. Septembre 1235, Jacques Garnier (Archives de l'Aube, premier cartulaire de f Hôtel- Dieftle-Comte, f> 33 r«). Février 1236, le même {Ibid,, f° 32 r«). 1256, Bernard de Montcuq (Archives de la COte-d'Or, deupHème cartulaire de Molesme, f* 50 v»), 26 a^ril 1239, le même {Archives historiques de l'Aube, p. 181- 182). On se rappelle que Girard Mélétaire et Bernard de Montcuq furent chambeilaBs de Thibaut iV (voir plus haut, p. 508, S09), et Pierre (^^ndre, bailli de Provins (v#ir {>li^ hmi» p. 480). - 732 — cet impôt serait levé par une commissioD de douze de leurs concitoyens dont le comte se réserva la no- mination ; elle conserva par conséquent les jurés que la charte de 4230 avait établis; mais ces jurés n'ea* reot plus de fonctions judiciaires, et la dignité de maire disparut pour des siècles (2626). Le seul dé- bris d'indépendance municipale qui existât àTroyes lors de la réunion à la France paratt avoir été le droit de concourir par des mandataires électifs à Tadministrafion des fonds consacrés à l'entretien des rues et au service du guet. L'emploi de cqs fonds devait, aux termes d'une charte de Tannée 1270, être confié à deux « prudhommes » nommés l'on par le comte, l'autre par les habitants (36&8). Et malgré cet amoindrissement des libertés locales, les dettes de la ville de Troyes n'étaient point encore entièrement soldées en 1270 (3669). La commune de Saint-Memmie vers 1263 (2663), celle de Chàtillon-sur-Marne en 1266 (2739), eurent le môme sort que celle de Troyes. Au contraire, celle de Bar-sur-Seine fut confirmée en 1267 (3629), et Raoul, maire de la commune de Bar-sur-Seine, figure dans une charte de l'année 1272 (3721); elle devait conserver beaucoup plus tard ses libertés municipales. Celle de Provins était aussi pleine de vie, quand la Champagne fut réunie à la France. Mais les princi- pes posés en matière d'impôt par la charte de 1230 n'eurent pas dans cette ville la même durée qu'à Troyes. Nous avons déjà fait observer que ces prin- cipes constituaient une innovation : aux termes delà charte de 1190, la taille était un impôt de réparti- tion (398). Elle devint, par la charte de 1230, on — 733 — impôt de quotité. En 1252, Thibaut IV rétablit Tan- cien système, seulement le chiffre de la taille, fixé à 600 livres en H90, fut alors élevé à 1,600, soit 32,422 fr.,au pouvoir de 162,110 fr. Thibaut V - supprima l'abonnement et rétablit le tarif de 1230 (3/i95, 3519). Henri III inaugura un système nou- veau : il déchargea complètement les habitants de la taille et remplaça cet impôt direct par un impôt indirect sur les industries de la draperie et de la tein- ture et sur le commerce de Provins (3781). Nous avons parlé des conséquences de cette mesure et de la révolte qui, en 1280, fit suspendre les privi- lèges de cette ville; mais cette suspension ne fut que momentanée, et Provins recouvra sa commune en 1281 (a). Il y a en Champagne peu de communes dont l'histoire nous soit connue d'une manière plus dé- taillée. Provins doit cet avantage à la conservation du registre si curieux qui est connu sous le nom de Cartulaire de la ville de Provins, et où se trouvent réunis des comptes municipaux dont le plus ancien remonte à Tannée 1274, une série d'actes de Téche- vinage à partir de Tannée 1271, et nombre de chartes importantes émanées des comtes et des gou- verneurs de Champagne, des rois de France, des baillis de Meaux, etc. Nous nous bornerons à renvoyer, pour la plupart des détails, au travail publié par notre savant con- frère, M. F. Rourqucloi, sous ce titre : Notice sur le manuscrit intitulé Cartulaire de la ville de Provins (6). (a) Voir plus haut. p. 450452. [h] BibL de V Ecole des Chartes, 4« série, t. II, p. 194, 428. — 7»t — Cependant nous croyons devoir signaler, d'après M. Boarquelot, l'existence à Provins, dés 1281 au plus tard, d'un conseil distinct de l'écbevinage et dont les membres portent le nom de jurés employé comme synonyme d*échevin dans la charte de 1230. Les jurés étaient au nombre de quarante en I31S. Nous avons déjà fait observer que la loi de Beau- mont institue à côté de Téchevinage un conseil de quarante bourgeois. On se rappelle que les membres de ce conseil, dont le nombre fut réduit à dix par les chartes de Blancheville, Rocbefort et Florent, portaient dans ces trois localités le nom de jurés^ par opposition au titre d'échevin. La charte donnée en 1207 à La Neuville-aux-Larris, par Blanche de Na- varre et par l'abbé de Sauve-Majeure, distingaB aussi les jurés des échevins ou juges municipaai (670 bis). Ainsi, l'institution du conseil des quarante jurés que certains documents nous montrent à Phh vins en regard de l'échevinage était dans celle ville l'imitation d'un mode d'organisation municipale adopté déjà dans d'autres parties de notre pro- vince. ■ t 'tm — 73» — CHAPITRE Vil La publication prochaine de l'ouvrage de notre savant confrère, M. Bourquelot, sur les foires de Champagne et de Brie, la haute distinction que cet ouvrage a obtenue et la connaissance personnelle qu« nous avons du mérite du livre comme de Tauteur, sont des raisons décisives pour nous imposer^ dans ce chapitre^ une très-grande brièveté. Si les deux volumes in-quarto que va faire paraître M. Bourque- lot avaient déjà vu le jour, nous pourrions essayer d'en donner ici un résumé qui formerait cornm^ un tableau complet de l'histoire commerciale et indus- trielle du comté deChampagne au moyen-âge. Etant, quant à présent, dans Timpossibilité d'entreprendre cette analyse, nous nous bornerons à signaler en quelques mots la part que nos comtes ont prise au développement industriel et commercial du pays, ou les mesures par lesquelles ils l'ont contrarié dans la période qui fait l'objet de ce volume. La principale industrie de Provins était la drape- rie (a). Les ouvriers drapiers de cette ville crai- (a) Une des industries accessoires de la Araperte Aalk U X^t-^ ture. Voir notre t. lii, p. 241, et Catalogue, n'^SISL U&4ê dlr parlons pas des petites industries comme la fabrication des lan-< ternes (1842). — 786 — gnaient la concurrence des ouvriers étrangers : sur leur demande, Thibaut IV décida que pour exercer le métier de drapier à Provins, il faudrait ou être do- micilié à Provins, ou être homme du comte de Champagne, 1223 (1602). Une ordonnance aussi peu libérale ne peut être considérée que comme on acte de faiblesse ; nous en dirons autant de celle qui, sous Henri III, substitua à la taille un impôt indi- xect sur la fabrication des draps, 1273. A cette époque, les drapiers de. Provins constituaient une corporation, à la tête de laquelle étaient placés huit maîtres électifs (3781). C'était une puissance. Il fal- lait compter avec elle. Nous avons déjà raconté comment l'ordonnance de 1273 fut le point de dé- part des difficultés qui provoquèrent, sept ans plus tard, une révolte et la mort tragique du maire Guil- laume Pentecôte, si rigoureusement vengé par Jean d'Acre (a). Tandis qu'à Provins nos comtes entouraient d'en- traves la pratique d'une industrie établie depuis longtemps, ils travaillaient à l'introduire à Troyes. On ne comptait, paraît-il, que deux drapiers à Troyes en 1222, encore était-ce deux étrangers : Alerme de Bray, sans doute de Bray-sur-Seine, ville qui à cette époque avait des drapiers (15S8), et Guil- laume le Normand, dont le surnom fait connaître la patrie. Thibaut accorda l'exemption de la taille pen- dant dix ans à Nicolas Winemaut et à sa femme, ve- nus de Sens à Troyes pour y exercer la même pro- fession (1518). La draperie de Troyes est mentionnée en 1225 (1672). (a) Voir plus haut, p. 450-451 . ^ 737 ^ Uoe des industries de Troyes était la tannerie (a), qui tirait de la forêt d*Othe les écorces néces- Baires à la préparation des cuirs (&8/i, 488, /i89). Constant de Montgueux, tanneur à Troyes, était hQo^medeHuedeLuyères; il acheta sa libertés livres, soit 161 fr. 14 c, au pouvoir de 805 fr. 55 (2755), et prit pour seigneur Thibaut IV, auquel il promit de payer, sous la foi du serment, une rente annuelle de 10 sous, soit 10 fr. 13 c, au pouvoir de 50 fr. 65 c. (990Q). Un corroy^ur de Troyes est du nombre des vas- saux fidèles dont, en 1233, une donation de Thi- baut IV récompensa les services (2253). (L'art de Torfèvrerie était aussi pratiqué à Troyes. Nous avons déjà nommé deux orfèvres établis dans cette ville au mV" siècle (b). Au xiii* siècle nous y trouvons l'orfèvre Jean (1672). Mais l'orfèvrerie de Champagne n'obtint pas de nos comtes le plus ^rapd encouragement que les arts puissent recevoir d'iin souverain; ce ne fut pas à un orfèvre champe- nois, mais à un limousin, que Thibaut V commanda 'te tombeau de son père (3/i37). Mous avons, dans notre précédent volume, parlé des encouragements accordés au contraire par Henri II bus établissements métaUurgiques créés 1>ar l'ordre de Ctteaux (c). Thibaut IV posséda lui- même un moulin à fer à Nogent-sur-Seine, puis il donna ce moulin à Jean de Pampelune, en lui défen- (a) Voir t. III. p. 241. (b) Voir notre t. III, p. 240. (c) Voir notre t. III, p. 240-241. À1 — 738 — dant d^établir à la place un moulin à blé, et en sti- pulant le droit de retour pour le cas où, soit Jean, soit les héritiers de Jean, cesseraient d'habiter les domaines du comte de Champagne (2896). Au point de vue commercial, nous avons à signa- ier l'établissement de plusieurs foires nouvelles de second ordre, la création de nouvelles halles ou la conservation des anciennes dans plusieurs localités commercialement peu importantes, l'augmentation de la durée des célèbres foires de Champagne, la protection que nos comtes ne cessèrent de leur donner. Les foires nouvelles créées par nos comtes furent .par exemple celles de la léproserie de Troyes (335), de la léproserie de Vertus (688) et de la léproserie de Har-sur-Aube (1869). Ces foires durent leur fondation : la première, à Marie de France; la seconde, à Blanche de Na- varre; la troisième, à Thibaut IV. Les deux pre- mières devaient durer un jour^ la dernière deux, et le produit de chacune des trois devait appartenir à l'établissement dont elle portait le nom. Peut-être devons-nous mentionner aussi la foire que les moines de Vauluisant prièrent Thibaut V de leur accorder, et qui, si leur requête fut accueillie, dut se tenir chaque année à Serilly le jour de la Saint-Laurent (3342) (a). (a) Les principales foires de second ordre en Champagne ao xiii* siècle étaient celles de Saint-Martin de Provins, de Sainte Laurent de Nogent-sur-Seine, de Saint-Crépin de Neuilly-Saint- Front, de l'Ascension de Saint-Florentin, de l' Ascension de Cbii- teau-Tliieny, du châtelain de Vitry, de Saint-Jeao de Somme- — 739 — En même temps que nos comtes établissaient de nouveaux centres commerciaux, ils facilitaient les progrés du commerce dans les localités où il avait une existence traditionnelle. Thibaut IV créait des halles nouvelles à Sézanne (2322), à Chàtillon sur- Marne (2433), probablement à Château-Thierry ( 2i6i ). Blanche de Navarre dépensait 35 livres 5 sous l\ deniers, soit lik fr. 63 c.^ au pouvoir de 3,573 fr. pour la réparation des halles de Nogent- sur- Seine (a), et Thibaut IV y transférait la foire de Saint-Laurent, qui jusque-là s'était tenue en plein air à côté de l'église (2339). Bray-sur'-Seine (1538), Epernay (2400), Pont-sur-Seine (2730, 3722), Vil- leneuve-au-Chemin (3786), possédaient alors des halles, et l'évéque de Meaux, avec le consentement de Thibaut V, en faisait construire une dans sa ville épiscopale (3366). Le xiii* siècle en Champagne est en grand progrès sur le XII* au point de vue commercial. Ce qui le prouve, c'est surtout l'histoire des six fameuses foi- res de Troyes, de Provins, de Bar-sur-Aube et de Lagoy. Nous n'entendons point, comme nous l'a- vons dit, l'entreprendre ici, mais nous signalerons deux faits d'où résulte d'une manière évidente l'aug- mentation du nombre des transactions. Tourbe, de Mandres. Nous citerons aussi les marchés de Troyes, de Saint-Florentin, de Bar-sur-Seine, de Provins, de iViontereau, ceux qui se tenaient le jeudi à Chaource, le lundi à Isie-Aumont, le mercredi et le vendredi à Coulommiers, etc. A. Le Fèvre, la Finances ae la Champagne, p. 59. (a) Bourqnelot, Fragments de comptes du xiii* siècle dans la BMolhèque de l'École des cliarUs^ S* série^ t. JIV^ p. 63. — 740 — En li60, la foire de Bar-sur-Aube durait qnînxe jours. Elle commençait avec la troisième semaine de carême; elle finissait avec la quatrième (78) (a). Eo 1170 elle atteignait probablement la cinquième (178); en 1250 elle se prolongeait pendant la sixiè^ me (2967), ce qui lui donnait une durée de vingt- huit jours non compris la semaine consacrée ao paiement; en 1182, Tépoque du paiement était h sixième semaine de carême (326); ultérieurement les paiements eurent lieu plus tard : ainsi en 1219, où Pâques tombait le 7 avril, Blanche de Navarre versa, le 13 avril, une somme qui devait échoir à l'époque du paiement de la foire de Bar-sor-Aube (1191); en 1220, où la fête de Pâques fat célébrée le 29 mars, elle paya la même somme le A avril (<263). Comme la foire de Bar-sur-Aube^ odle de Saint- Jean de Troyes se terminait, au xiii* siècle, plus tard que sous Henri le Libéral. Une charte de l'an- née 1228 constate qu'à l'époque où fut écrite cette pièce, le terme du paiement de la foire de Saint* Jean arrivait quelquefois après la foire autrement dite le marché de l'Assomption de Notre-Dame-aux- Nonnains de Troyes, et elle présente comme nou- velle cette coïncidence que les chartes données pré- cédemment au sujet de la foire ou du marché de l'Assomption n'avaient pas prévue. La foire ou le marché de l'Assomption n*avait pas lieu le jour même de la fête, le 15 août, mais devait le précé- der de peu (1833). (o) Voir noire t. IH, |).'232, note 1. ■rf*. — 741 ~ Si la foire de Saint-Jean de Troyes commençait dès cette époque le troisième mardi après la Saint- Jean, elle s'ouvrait au plus tôt le 9 juillet, et au plus tard le 45, et pour que Téchéance do terme de paie* ment arrivât aux approches de l'Assomption, il fal* lait qu'elle eût lieu environ un mois après l'ouver* ture de la fotre. Originairement Téchéance du terme de paiement arrivait plus tôt, parce que sans doute cette foire, comme les autres, durait moins long- temps. Ce développement du commerce en Champagne était dû en partie à la prospérité générale dont la France jouit au xiii^ siècle, mais il avait aussi pour cause l'active protection dont nos comtes entouraient les commerçants qui se rendaient aux foires de Champagne, et la sécurité qu'ils leur procuraient non seulement dans leurs Etats, mais môme hors de leurs Etats. Nous avons analysé la longue procédure à laquelle donna lieu en Champagne un vol commis près de Plaisance sur des négociants italiens en 4242 (a). Nous avons recueilli des exemples de resti- tutions exigées par Thibaut IV à la suite de vols dont des marchands allemands avaient été victimes en Bourgogne (2937) et en Lorraine (2957). Le moyen dont se servaient nos comtes pour atteindre les coupa- bles consistait à interdire l'entrée des foires aux sujets du souverain qui refusait d'accorder ce qu'avait dé- cidé la cour de Champagne. Cette peine n'était pas infligée seulement lorsqu'il s'agissait de vol. Sous Thibaut V, les marchands de Cologne se virent ex- la) Catalogue, n«» 2610, 2638, 2650, 2658, 2727. — 742 — dus des foires de Champagne sur la plainte des créanciers de leur archevêque, qui ne crurent pas pouvoir obtenir autrement le paiement de ce qui leur était dû (3211). Sous Thibaut IV, le pape Gré- goire IX demanda que les marchands de Toulouse, mis comme hérétiques au ban de catholicité, fas- sent frappés de la même exclusion (1803). — 743 — CHAPITRE VIII. AdmtnlstraMoii ho«|ilUillère« Au xiii® siècle, nous voyons quatre autorités pren- dre part à la nomination des maîtres, précepteurs, proviseurs ou prieurs placés à la lôte des établisse- ments hospitaliers; ce sont : le comte, habituelle- ment représenté par son aumônier, Tévêque diocé- sain , la communauté de religieux qui dessert l'établissement, enfin lorsqu'il s'agit de certains hôpitaux ou de certaines léproseries, le chapitre ou l'abbaye dont chacun de ces établissements est une dépendance, les habitants des villes qui sont con- sidérées comme fondatrices. A PHôtel-Dieu-le-Comte de Troyes, aux termes d'un règlement de l'année 1213 (812), c'était le comte de Champagne qui nommait et qui révoquait le maître; mais pour prendre l'une ou l'autre de ces mesures, il devait appeler à son conseil le doyen et deux ou trois chanoines du chapitre de Saint-Etienne de Troyes. Le maître de l'Hôtel-Dieu-le-Comte était alors Herbert, qui, nommé par la comtesse Marie en 1198 au plus tard, résigna ses fonctions entre les mains de Thibaut IV en 1224 (1581). Herbert avait un canonicat à Saint-Etienne, et dans un acte Thi- baut m le qualifie de médecin (690). Thibaut IV récompensa ses services en donnant 10 livres de rente à son neveu (1825). Nous ne lisons nulle part qu'Herberl eût reçu de Tévéque de Troy es rînslitulion canonique, mais on peut le ocmcluFe des termes delà démission adressée par lui à Thibaut IV : il n'y parle que de l'administration temporelle, euram lempora- lium; il n'y dit rien des pouvoirs spirituels que Té- vêque lui avait sans doute conférés et qu'il ne pou- vait rendre qu'à l'évoque (1581). Ce droit de l'évoque est formellement énoncé dans un des actes relatifs à la fondation de Phôpital de Chaumont-en Bassigny. L'évéque de Langres y déclare que le comte aura la nomination du maître, mais il réserve le droit du diocésain, notamment ce- lui de visite et de correction tant sur le maître que sur toute autre personne (2328). Le droit du diocé- sain doit s'entendre d'abord de l'institution cano- nique, et la principale sanction du droit de correc- tion était la faculté de retirer au maître les pouvoirs spirituels, ce qui équivalait à une révocation. Deux pièces relatives à l'hôpital de Meaufx nous donnent l'expression la plus catégorique de cette théorie. Dans l'une, Thibaut IV reconnaît que le maître nommé par lui peut être rejeté par révêque, si ce dernier croit devoir lui refuser l'instituliOD ca- nonique. Si le maître une fois en fonctions se con- duit mal, ajoute le comte, l'évêque me donnera qua- rante jours pour le révoquer^ ou si je ne tiens pas compte de cette invitation, il aura droit de le dépo- ser lui-même, et alors je devrai présenter le succes- seur (1755). Dans une autre pièce, postérieure de trois ans, révê(}lue de Meaux, en exécution des régies qui viennent d'être exposées,donne à Thibaut un délai — 746 — ie quarante jours pour prononcer la destitotion eu Mitre de l'Hôtel-Dieu de celte viile (2032). A l'Hôtel-Dieu de Provins c'étaient les religienx 3t les religieuses qui nommaient le maître; mais, comme dans les autres couvents de Tordre de Saint- Augustin, ils étaient obligés de demander préalable- ment Tautorisation du comte (a). Nous avons deux lettres par lesquelles ces religieux et ces religieuses prient humblement Blanche de Navarre (1338) et Thibaut IV (2606) de leur accorder la permission de procéder à une élection. Dans la première, ils sup- plient la comtesse de leur pardonner les torts que, par simplicité et par ignorance du droit, ils ont eu envers elle dans une précédente élection : « Proster- D nés à vos pieds, » disent-ils, « avec nos pauvres o et nos malades, nous vous demandons miséricorde x> et non jugement. Nous sommes prêts à faire tou« » tes les réparations et à vous donner toutes tes sa- » tisfactions que vous désirerez. » L'irrégularité dont se plaignait Blanche consistait sans doute en ce qu'une élection antérieure avait eu lieu sans autori- aation préalable. Le même fait se renouvella en i2&l. Les religieux et les religieuses de l'HôtelDieii de Provins ne trouvant pas dans la communauté un sujet capable d'être élevé aux difficiles fonctions de supérieur, choisirent un étranger auquel ils confiè- rent l'administration provisoire de l'établissement, et ne considérant pas cet acte comme une élection proprement dite^ ils crurent pouvoir se passer de l'autorisation préalable du comte ; mais Thibaut se (a) Voir plus haut, p 616-617. — 746 — montra fort mécontent de cette violation de aes droits. Les religieux et les religieuses lui envoyèrent un député avec une lettre où ils exprimèrent leur cha- grin « de voir tourner contre eux cette majesté » royale (a), qui était leur seul refuge et l'ancre D unique de leur espérance. » et Prosternés aux » pieds de Votre Majesté, »> ajoutent-ils, c< nous » supplions Votre Excellence de nous accorder » grâce et pardon (2579). » Deux communes à notre connaissance prétendi- rent nommer le maître de leur léproserie : ce furent celles de Meaux (2353) et de Vertus (3&40). A Meaux, il fut décidé que le maitre serait élu par les religieoi de la léproserie, puis présenté à l'évéque qui serait libre d'accorder ou de refuser l'institution canoni- que ; le comte se réserva le droit d'exiger la révoca- tion (3236). A Vertus, Tabbaye de Notre-Dame avait la juridiction spirituelle sur la léproserie, et préten- dait tenir aussi dans sa dépendance le temporel, dont les bourgeois revendiquaient l'administration. Thibaut V donna raison à l'abbaye (3640). Il est probable qu'à Troyes les bourgeois avaient, dès cette époque, la haute-main sur leur léproserie. Les comptes de l'Hôtel-Dieu-le-Comte de Troyes devaient être rendus devant une commission com- posée d'un ou deux chanoines désignés par le chapitre de Saint-Etienne, d'un ou deux bourgeois choisis par le comte de Champagne, de l'aumônier de ce prince et du maitre de l'établissement (812). A l'Hôtel-Dîeo de Meaux, la commission se composait de l'aumônier (a) Thibaut était alors roi de Navarre. — 747 — du comte et de l'official de Tévéque ; de plos^ le comte et l'évéque s'étaienl réservé de prendre part eux-mêmes aux délibérations s'ils le jugeaient con- venable; ni les bourgeois ni le chapitre n'y étaient représentés, et le maître de THôlel-Dieu n'en faisait point partie, car c'était lui qui tenait les comptes de la maison, et par conséquent il était justiciable de la commission dont il s'agit. La charte à laquelle nous empruntons ces détails nous apprend qu'il devait ren- dre ses comptes à cette commission quatre fois Tan : le lendemain de la Circoncision (2 janvier), le ven- dredi de Pâques, à Toctave de la Saint-Jean (1*' juil- let), et à l'octave de la Saint-Denis (16 octobre). L'official et l'aumônier pouvaient, en cas d'absence, se faire suppléer par un délégué (1755). Le régime intérieur de ces maisons nous est fort incomplètement connu. Aux termes du règlement de l'année 4213, les hommes et les femmes qui vou- laient se consacrer au service des malades à l'Hôtel- Dieu-le-Comte de Troyes devaient commencer par se présenter au comte de Champagne, qui, assisté de son conseil, du doyen de Saint-Etienne et de deux ou trois chanoines de ce chapitre désignés par le doyen, prononçait l'admission ou le rejet. 11 fal- lait qu'on eût été admis par le comte pour recevoir l'habit, et c'était des mains du doyen du chapitre ou de son délégué qu'on prenait l'habit (812). Mais cette intervention de l'autorité séculière était trop contraire au droit habituel des communautés reli- gieuses pour être longtemps maintenue. Le règle- ment de l'année 1263 ne parle plus du pouvoir exor- bitant conféré au comte et au chapitre par le règle- ment de 1213. a Quiconque, » dit le règlement de — 748 — 1S63, « veut renoncer au siècle et servir les pauvres » commencera par demander le consentement do » prieur et du couvent. On lui exposera la règle : » s'il veut Tobserver et s'il le promet, il sera pré- » sente par le prieur au couvent réuni dans le cha- » pitre, et alors il sera reçu par le prieur et le coa- » vent (8307). » L'Hôtel-Dieu-le-Gomte de Troyes paraît avoir eu à cette époque quatre religieux prêtres (a). Le nom- bre des frères lais était fixé à dix, celui des religieuses était le même ; tous, sans exception, devaient assis- ter la nuit à matines, le jour au reste de l'office et à la messe. Ils se confessaient au moins quatre fois l'an. Ils faisaient maigre quatre jours par semaine : les lun- di, mercredi, vendredi et samedi (3307). La mala- drerie de Vertus avait, en fait d'abstinence, le même règlement : de la viande trois jours par semaine, c'est-à-dire de Pâques à l'Ascension chair salée et potage, de l'Ascension à la Saint-Jean mouton et po- tage, de la Saint-Jean à Noël bœuf et potage, de Noël à Carême-Prenant porc et potage; en temps d'abstinence, un jour un quartier de fromage, l'au- tre jour quatre œufs; en Carême, cuisine à Thuile et un hareng par jour pour chacun (8&10). Dans la même léproserie, chaque religieux et chaque religieuse devait recevoir chaque année pour son vestiaire UO sous, soit &0 fr. 52 c., au pouvoir de 202 fr. 60. Tandis que les léproseries étaient des hospices (a) Gurignard, Les anciens statuts de Ittâtel-Dieu-le-CamÊe éé TroyeSf p. 13. — 749 — ^'ÎDCorableSy les Bôtelt-Pieu ayaient deapL destina- tions : d'abord, abriter les pauvres voyageurs; c'imt ceqae portait en termes formels un des actes relatifs à la fondation de l'HôtelDieu de Chaumont (2328); ensuite, donner un asile et des soins aux personnes atteintes de maladies, ou mortelles, ou que Ton pouvait guérir. « Qu'on ne reçoive pas ici, o dit un règlement de rJHôtel-Dieu-le-Comte de Troyes, « les lépreux, les mutilés, les estropiés, les man- » chots, les aveugles, car leurs infirmités ne consti- tuent point une maladie. Si, cependant, quelque » maladie grave leur survient, on les admettra ; mais » une fois guéris de cette maladie, ils sortiront. » Un autre article défend l'admission des enfants trou- vés. « Si nous les recevions, il en viendrait une telle A quantité que les biens de la maison n'y suffiraient j» pas; ce n'est pas à nous, mais aux églises parcns- » siales que revient cette charge. » Les femmes en couche étaient accueillies à rHôteLrDieu-ieComte de Troyes; on leur donnait des bains trois fois par m^ maine, et elles ne quittaient pas rétablissement avant leurs relevailles; mais on évitait autant que possible les accouchements dans la maison, de crainte jies curer les fonds, ils firent en différents endroits placer en travers des rues des chaînes de fer mo- biles confiées à des agents qui ne laissaient pfBser personne sans exiger l'acquittement d'une rede- vance. Aux termes d'un traité conclu entre le comte, l'évéque et le chapitre, ces barrières durent subsis- ter six ans. Les péages, dont le produit était affecté à la voi- rie, étaient tantôt mis en régie, tantôt affermés. En 1203, Blanche de Navarre voulant rétablir ou créer une chaussée pavée et deux ponts à Baude- ment, sur la roule de Troyes et de Méry-sur-Seine à Sézanne et à Meaux, dans la traverse de la vallée — 7B& — de l'Aube, abandonna pour sept ans, à trois entre- preneurs, la jouissance du péage (^pedagium) et de la chaîne (caûiena)^ c'est-à-dire des droits dus par les piétons (pedagium)^ les chevaux, les bestiaux et les voitures (cathenà). Ces entrepreneurs s'engagèrent à payer, au chapitre de Saint-Etienne de Troyes, une redevance annuelle de 10 livres et à faire cha- cune des années du bail un septième de la chaussée. A la fin du bail, la chaussée devait être pavée toute entière etjes^ ponts construits sans autre dépense pour Blanche que la fourniture des gros bois néces- saires pour ces ponts. A Troyes, le système de la régie était préféré. Le péage dit la chaussée était administré par un pru- dhomme nommé par le comte, et auquel un règle- ment de Tannée 1270 adjoignit un auire prudhomm$ élu par les habitants (3668). Un système analogue fut adopté à Meanx quand^. en 1263, la réparation des rues fut entreprise : Thibaut choisit deux prudhommes qui durent rece- voir le produit des péages et jurer d'employer bien, et loyalement tout cet argent en travaux de voirie; et nojA content d'exiger d'eux ce serment, il établit un troisième prudhomme devant qui les deux pre- miers devaient, tous les mois, rendre compte des fonds versés entre leurs mains (3300). Ces prudhommes étaient administrateurs et comp- tables, mais non magistrats. Quand il s'agissait de donner un alignement, on voyait intervenir l'au- torité du comte. Ainsi, en 1251, Jean de Roncenay voulant faire construire un perron sur la façade de sa maison au marché de Troyes,. près de Saint-Pantaléon, dut, au . — 787 — préalable prendre rengagement de supprimer ce perron à la première réquisition de Thibaut V, alors comte de Champagne (2991). On ne pouvait changer la direction d'un cours d'eau sans l'autorisation du comte. En 1235 il fallut au prieur d'Herbisse le consen- tement de Thibaut IV pour détourner dans un ca- nal Teau de THerbissonne et la conduire à son prieuré, où il voulait avoir un moulin (2355). Ce fut Henri III qui, en 1273, autorisa Renier Acorre à faire venir, dans les maisons que ce dernier possé- dait à Provins, l'eau nécessaire à l'établissement de fontaines (3779); et, pour établir quatre nouvelles fontaines dans cette ville en 1281, les habitants de- mandèrent et obtinrent le consentement d'Edmond (3852). Il était de règle que le comte avait le droit de donner aux cours d'eau la direction qu'il jugeait convenable, sauf indemnité pour les propriétaires expropriés. Ce principe est proclamé par une charte de Thibaut V, datée de 1267, où il s'agit du cours de la Seine au-dessous du moulin de Saint-Julien, qui alors appartenait aux Templiers : # « Nous poons et pourrons faire aler et decourre » l'agout et les eaues qui descendent et descendront » des escluses et des rives de Seine par dessus les devant diz molins par les lieux où il semblera à o nous et à nostre conseil estre plus profitable, par » les dommaiges rendant aux devant diz maistre et » frères et à leurs hommes se aucunes choses es- o toient prinses de \euré et qui consistait pour partie en une dérivation do » monogramme de Raoul ou d'Eudes Ils inven- k) tèrent ainsi la double légende de Sens et de Pro- )) vins (a), o Nous avouons que l'hypothèse propo- sée par M. Salmon nous parait être très-contestable, et nous préférons suivre un ordre d'idées basé sur un principe posé par M. Fillon et qui nous a tou- jours guidé sûrement (6). Ce principe, le voici : 6xer l'époque à laquelle un type royal fut immobilisé dans (a) Rev. imm.. 1854, p. 217. ih) Fillon, CùtuidértUianê kiti. H arhfl. nrr les numn, in Frûm»^ p. 96. — 763 — une localité, c'est déterminer la date du passage de :elle localité, et par conséquent de la conirée où ?lle se trouvait, sous le régime féodal; c'est aussi Bxer la date de la fondation de certains ateliers mo- nétaires. — Appliquons ce principe à la numisma- tique provinoise. Le type de la monnaie de Provins procède du monogramme de Raoul, 923-936, qui lui-môme ne faisait guère que copier celui du roi Eudes : Eudes et Kaoul frappaient monnaie à Sens; il en ré- sulte que le monnoyage de Provins date de la se- conde moilié du x* siùcle. — Or, il nous semble très- probable que Herbert II de Vermandois, le premier de son nom qui fui comte en Champagne, 9G8 993, peut être considéré comme élant le fondateur de la monnaie féodale de Provins; ce fait n*est pas sans im[)orlance pour les annales de celle ville, puisqu'il Fournil un polul de dépari certain à une époque où l'histoire de Provins est peu connue. L'imporlance de Provins sous les premiers caro- lingiens est incontestable : nous voyons cette localité chef-lieu d'un pagus en 802 sous Charlemagne, puis :aslrum royal en 833, lorsque les fils de Louis le Dé- bonnaire y enfermèrent Charles, leur jeune frère ; mais entre celle dernière date et les premières années duxr siècle, leschroniqueurs se taisent sur Provins : [)'est la numismatique qui vient poser un jalon dans cette période incertaine et nous apprendre que Herbert de Vermandois en fit, en quelque sorte, sa capitale dans le grand fief dont il ébauchait la formation (a). {a) F. Bourquelot, Histoire de Provins, t. 1, p. 70 et seq. - tu — Nous avons déjà indiqué que le bat d'Herbert, atteint par ses successeurs, avait été de créer ao nord-ouest de la France un fief d*une importance égale aux grands fiefs voisins qui existaient déjà (a). Nous avons aussi avancé que, dans notre convic- tion, Provins avait appartenu à ce personnage (6). Qui donc, si ce n'est lui, aurait pu copier à Provins la monnaie royale de Sens ? La persistance séculaire du type provinois n'est-elle pas une preuve indirecte qu'il se rattachait traditionnellement à l'origine dtt pouvoir des comtes de Champagne? Nous n'hésitons pas, par conséquent, à attribuer à Provins et aux comtes de la maison de Verman- dois les monnaies aux noms de Provins et de Sens que nous avons décrites plus haut. Généralement on est porté à voir dans l'établissement d'un atelier mo- nétaire féodal l'arrière-pensée de faire acte de souve- raineté. Nous pensons que le seul mobile était le désir de se créer une source de revenus. Le monnoyage avait une raison d'être dans une localité comme Provins, dont les foires avaient déjà une grande notoriété au x* siècle. Entre 996 et 999 nous avons vu le comte Etienne I^ donner à Saint-Ayoul le quart des revenus de la foire (c). Maison deBlois. — Il y a une série de monnaie prd- vinoises sur lesquelles les noms de Sens et de t^rovios sont complètement dénaturés, mais dont la date d'émission peut être approximativement établie par (a) Voy. ci-dessus, 1. 1, p. 89 et seq. (b) Ibid., p. 91, note, (e) Ibid., p. 463. — 76fr — la comparaison du type avec celui d'espèces dont l'époque est aussi certaine que possible. Rappe* Ions ici que c'est à la perspicacité de Duchalais (a) qu'est due rallribulion de celte série à Provins. Voici la description des principales variétés : 5. ^ RiL.DVNis CATO. Le monogramme de Raoul est altéré au point qu'on ne voit plus qu'un peigne (6) sormonlé d'une croisette placée entre deux aune- lçt3. i|^* -f^ SEEiiOMis civi. Croix accostée en chef de deux Lésants : les lettres alpha et oméga sont pea* dues à ses branches (deniers et oboles). 6. ^ BiLDVNS CATO. Môme type. %. ^ sEEiiOMS Cl VI. Même typia. 7^ ^ BiEPVMis CATO. Même type» %. SBEFOMS civi. Même type. 8.^ piRPviMis CA^To^ en légende rétrograde. Même type. i)r. sBEiiOEMS, en légende rétrograde* Même tyfïe. 11 suffit de placer le revers de Tune de ces mon- naies auprès d'un denier frappé à Sens au nom du roi Philippe 1*' pour reconiKaitre que ces provinois ne peuvent pas être antérieurs aux deniers royaux qui leur ont servi de modèles^ Philippe 1^ ayant régné de 1060 à 1108, et les premiers provinois portant le nom d'un comte de Champagne étant de Thibaut 11^ 1125-1152, cette série nous représente (rt) Dibl. de Y Ecole des Charles, 2* série. T. I, p. 239 cl seq. {b) Nous nous servons du mot peigne, parce qu'il donne une idée assez eiacte du type, bien qu'il ne "s'agisse pa6 ici d'un peigae prppremeot 4it — 766 — les monnaies qui furent frappées à Provins^pen- dant soixante-cinq ans, de 1060 environ à 1125, ce qui embrasse les règnes de Eudes 11, Thibaut 1", Eudes III et Hugues. Nous ne nous avançons donc pas imprudemment en considérant ces pièces comme le produit du premier monnoyage de la maison de Blois à Provins. Entre les monnaies de la maison de Vermandois et celles des premiers comtes de la maison de Blois, nous sommes très-disposé à placer les pièces sui- vantes : 9. ^ GRACiADiTis. Type du peigne identique avec les monnaies décrites cidessus. Rr. SENONS civ. Croix. 10. Pièce semblable, avec la légend ^ graqa DITI. 11. CBVCivDRisi. Type du;)etgfne. ^. SNCois civi. Croix. Ce sont là de véritables provinois^ mais nous les considérons comme frappés à Sens. Voici nos rai- sons : Les monnaies qui portent des légendes en désordre ne peuvent être des espèces officielles : ce désordre est calculé pour les faire confondre avec un numé- raire que Ton a eu intérêt à imiter. Ici nous voyons le nom de la cité de Sens, et la légende carolingienne Gratia Dei rex accompagnant un type qui est exclu- sivement celui de Provins pendant toute la seconde moitié du xi^ siècle. L'absence du nom de Provins ne permet pas cependant d'attribuer ces monnaies à Tatelier de cette dernière ville. Or, de 1031 à 1033 Sens fut au pouvoir du comte Eudes de Blois , le premier de cette maison — 767 — qui eut les domaines qui devaient plus tard former le comté de Champagne. N'est-il pas naturel de pen- ser que Eudes de Blois, pendant qu'il fut maître de l'atelier de Sens, y fil frapper des provinois en con- servant le Gralia Dei rex qui était la légende tradi- tionnelle des monnaies royales de cette cité? Cette série se placerait donc immédiatement avant celle que nous avons décrite ci-dessus et dont la date est mathématiquement fixée (a). Les plus anciennes mentions de la monnaie de Provins ne remontent pas, dans les actes, au-delà de la fin du XI* siècle, sous les règnes Thibaut I*', Eudes 111 et Hugues. Entre 1079 et 1099 Ursion, prieur de Saint-Martin-des-Champs , donnait à la femme de Nantier de Montjay sexaginta solidos Pru- tinensium (6). Deux actes qui se rattachent à Etienne- Henri, comte de Blois, qui eut la Brie, parlent, l'un de XL solidos pruviniensis monele (c), l'autre de xxv so- lidos proviniensis monele {d). Depuis le xii* siècle les mentions de la monnaie de Provins deviennent si (a) M. Ph. Salmon {Rev. n»m., 1854, p. 220 et seq,) suppose que ces deniers ont été forgés par le roi qui, convoitant la Cham- pagne et le Sénonais, aurait voulu créer une monnaie qui, sans trop différer de la sienne, se serait éloignée de celle du comte de Cham- pagne et de celle du comte de Sens, ses ennemis. Nous croyons plus logique de penser que l'imitation est due au comte de Cham- pagne et non au roi de France. (b) D. Marrier, Hisl. de Saint-Martin-des-Champs^ p. 487. (c) Coll. Dupuy, vol. 910, f« 35 r«. (d) CarluL de N.-D. de Paris, 1. 1, p. 289. La rectification de la date attribuée à ce diplôme fait l'objet d'une dissertation qui pa- raîtra prochainement. — 768" — multipliées qa'il devient inutile de les relater ici : nous ne pouvons que renvoyer aux travaux de no- tre confrère M. Félix Bourquelot (a). La monnaie de Provins cessa d'être anonyme sous le comle Thibaut II, 1125-1152. A dater de ce prince, et pendant plus d'un siècle, le numéraire champenois est signé, à Provins, par les person- nages qui se succédèrent dans le comté de Champa- gne. C'est à Thibaut II, ainsi que nous l'avons éta- bli, que remonte la constitution définitive du comté de Champagne en grand fief (6). Nous avons un monument singulier qui sert à déterminer la monnaie de Thibaut II : c'est une charte-notice de 1138, commentée par Duchalais, et relative à l'abbaye Saint-MaurdesFossés. Adam, vicomte de Melun, ayant été condamné à payer à l'abbé unum pruvinensem nummum, cette monnaie, en vertu de la sentence, fut percée et attachée an bas de Tacte qui existe encore aux archives de rem- pire muni de ce sceau bizarre. Or ce numtnus pruti- nensis porte le nom du comte Thibaut. En voici la description : 12. CASTRi pRvviys. Peigne. Au-dessus un t ou un Y accosté de deux annelets. %. ^ TEBALT coMBS. Croîx cantounéc au 1* et à* d'un besant, au 2' d'un alpha^ au 3* d'un oméga. (a) Histoire de Provins, t. 1, p. 429 el»^. — Eludes sur les foires de CJuLmpagne et de Brie, publiées dans les Mémoires pré* sentes par divers savants à l'Acadéuile des Inscriptions et Belles- Lettres, t. V, 11* partie, i" série. (b) Voy. plus haut, t. il» p. 420 et seq. — 769 — 13. Le inonnoy âge d'Henri I*' est coinpIè|ement semblable à celui de Thibaut II, il n'en diffère que par la légende hbnri cokes. Il semble que sous le règne d*Henri V la monnaie épiscopale de Meaux était celle qui avait, par le fait, le cours le plus répandu dans la Brie. On ne peut eipliquer que par cette faveur l'empressement avec lequel le comte de Champagne fit forger, dans ses ateliers, des monnaies de Meaux probablement de moins bon aloi que celles du prélal. Dans la charte en date de 1165, par laquelle le comte déclare qu'il a eu tort, et que désormais il ne fera plus de mon- naie meldoise, soit bonne, soit fausse, nec bonam nec ^a/5am, il semble s'excuser en représentant comme le résultat de représailles l'acte peu délicat qu'il avait commis : Nolum fado quod orta discordia inler me el dominutn Meldensan episcopurriy Stq)hanumy monetam Ueldensi momie similem feci in terra mea (a). L'évêque de Meaux y gagna que sa monnaie, depuis 1165, fut reçue en Champagne, sans aucun change, sur le péed de la monnaie du comte. Le privilège monétaire des évéques de Meaux pa« ratt, du reste, avoir déjà antérieuremeni excité ^ convoitise de ses puissants voisins. L'un des prédé- cesseurs d'Etienne, Bernard, eut des démêlés avec deux individus qui prétendaient jouir héréditaire- ment du droit de fabriquer la monnaie de Meaux, concédé temporairement à leur père par le prélat ou son prédécesseur. Le comte Thibaut intervint pour (a) D. Hartenne, Ampliss. coll.. 1, 873 {CataL n» 131). Cette charte est suivie d'un acte par lequel Etienne de Champagne, sei- gneur de Sancerre, garantit la promesse de son frère. '< ^ > — 770 — obtenir que ces particuliers, qui étaient ses vassaux, pussent Jouir leur vie durant du droit en litige (a). Henri II modifia légèrement le type des monnaies de ses prédécesseurs. Voici la description des pièces qui peuvent lui être attribuées : 16. ^ HENRI coMBS. Peigne surmonté d'un t ou d'un V accosté à droite d'une étoile, à gauche d'un annelet. %. CASTRi PRTviNs. Croix cantounée au l* et au b* d'un besant, au 2* d'une étoile, au 3* d'un an- nelet. 45. Obole aux mômes types et légendes. Nous passons à la monnaie de Thibaut III : 16. ^ TBBAT COMBS. Croix cautonnée au 1* et au 4* d'un besant, au 2* de Vatnéga^ an 3* de Valpha. %. CASTRi PRVvms. Peigne surmonté d*nn t oq d'un v accosté de deux croissants renversés. 47. Denier pareil avec la légende *{* tbbalt COMES. Thibaut IV remplaça l'ancienne monnaie cham- penoise de Provins par des espèces nouvelles. Nous a|ons sur cette mesure des détails certains et inté- ressants. Déjà précédemment il y avait eu une ré- forme monétaire sur laquelle nous dirons quelques mots en passant. Depuis le milieu du xu"* siècle, on remarque dans les actes une distinction bien établie dans les mentions de monnaies de Provins : il y avait des stipulations en deniers /br(û monele pruvinensis, ou prumnenseê forUs^ (a) D. Marteone, Ampliu. oeil., t V. p. 696. — 771 — provenisiens fors, qui prouvent implicitem^ Teiis- tence simultanée d'une monnaieplus faible. Cette dis- tinction coïncide avec le régne de Thibaut II, qui, nous l'avons vu, fut le premier à signer la monnaie de Provins. H faut en conclure que cette distinction, par le fait, indiquait la vieille et la nouvelle mon- naie. Un texte emprunté à une chronique rimée da XIII* siècle signale la réforme de Thibaut IV : L'an mil deux cens et vint et quatre Fist Thibaus sa monnoie abatre La viez monnoie de Provins C'est aussi à dater de 1225 (1670) que dans les actes on trouve des mentions de veteres et de novi pruvinenses. Voici une charte qui nous parait avoir pour but de réglementer la fabrication des mon- naies de Champagne à cette époque, relativement à une association antérieure avec Tévéque de Meaux, sur laquelle nous reviendrons dans un moment (a) : a Ego Theobaldus Campanie et Brie comes, comes •> palatinus, universis présentes litteras inspecturis o notum facio quod Gaillardus de Caturo, Acharias » de Vriliaco, Nicolaus Bocellus, Stephanus ^e » Castro et socii eorum in presencia mea constituti » recognoverunt se debere venerabili patri P. Mel- o densium episcopo pro servicio monete sue Hel- » densis quam ipsi habent ad cudendum cum mo- o netis meis Pruvinensi et Trecensi CCCCXXXIII li- » bras et VI solides et VllI denarios pruvinensium » nostrorum solvendas per très annos, videlicet in (a) Bibl. Imp., ms. N.-D., 96, f» 3 f ; cf. Calo/ojfiie, D«1639. — 772 — « instaotibus nundinis Sancti Aygolfi sexiam par- tem, in nundinis Barrii sextam partem et sic dein- 9 ceps in subsequentibus nundinis Santi Aygulfi et Barrii donecpredictasummapecuniefueritiotegra- » literpersolula. Hancautemsummam pecuniereco- » gnoverunt coram me Gaillardus et alîi supradicti Y> se debere prefato episcopo prêter sex solidos quos » debent pro una qualibet libra qaam faciont sive » Meldis, sive Pruvinis, sive Trecis sicut in litteris » meis et episcopi quas habent pênes se monetarii )) conlinetur, quelibet est XXII solidorum et dimi- » dium, quorum VI denariorum ego habeo quatuor » denarios et episcopus duos. De bis autem conven- » cionibus observandis ego constituo me plegium io » solidum ; Matheus autem de Thusquino, Lanber- tus Bochutus constitutuerunt se plegios me pre- » sente. In cujus rei testimonium présentes litteras » fieri feci et sigilli mei munimine feci roborari. 9 Actum anno gracie M. CG. XXIV in octavis nati- » vitatis béate Marie virginis. » Ce règlement, fait avec les fermiers du monnoyage du comte au moment de la fabrication des noo- vejles espèces, avait pour but principal de fixer ia part qui devrait revenir au comte et celle qui appar- tenait à révéque de Meaux. Il en résulte implicite- ment qu'à cette époque, à Meaux, à Troyes et à Pro- vins, on frappait la même monnaie, c'est-à-dire des provinois. Avant de rappeler avec quelle faveur la monnaie provinoise était alors accueillie par le com- merce européen, examinons comment il se faisait que le comte de Champagne et l'évéque de Meaux monnoyaient en commun. ' Nous avons déjà pu remarquer les efforts que les — 773 — comtes de Champagne avaient multipliés pour faire prévaloir leur monnaie sur celle des évêques de Meaui. Henri II et Thibaut III allèrent plus loin, ils employèrent la violence; pour empAcher l'évéque de Meaux d'user de son droit dans sf ^^ropre cité, ils assiégèrent le palais épiscopal, s'Wtparèrent des ouvriers monnoyers : l'évéque se plaignit à Rome, et le pape Innocent III chargea le doyen de Paris de faire cesser ce différend en 1202. Ce fut sans doute pour mettre une fin à ce procès que, peu d'années après, la comtesse Blanche, en 1208, con- clut avec l'évéque Geoffroi. une afsociation moné- taire dont nous retrouvons les clauses rappelées dans la charte de Thibaut IV ci-dessus relatée (a). A dater de cette époque, on peut croire que les espèces frap- pées à Meaux furent des provinois. En 121/i, Guil- laume de Nemours écrivait à la comtesse pour lui offrir de maintenir ce qui avait été consenti par son prédécesseur (6). La réforme monétaire du comte de Champagne attira à Tévôque de Meaux les reproches du roi Louis X. En effet, bien que la monnaie forgée àMeaux fût, par le fait, de la monnaie provinoise aux noms et types de Thibaut IV, l'atelier et le droit de frap- per monnaie dans cette ville était toujours en prin- cipe à révéque. Une charte importante de 1225 éta- blit à la fois que Tévéque ne pouvait changer sa monnaie sans prévenir le roi quatre mois à l'avance, et, en outre, qu'il était tenu à accomplir la même (a) Gallia Christiana, Vlll, instr.. p. SIS%(Catal. n«695). (6) Rev. num., 1840, p. 147 (CataL n«862). — 774 -- formalité pour les changements qui se faisaient dans l'atelier de Meaux par suite de l'association consen- tie avec le comte de Champagne : « Ludoviciis^Dei gracia Francorum rex, noverint » univers! (I^esëntes pariter et futuri quod, cum dilectus Wl^elis noster Petrus Heldensis episco- pus faceret Meldis fieri novam monetam, veteri » reprobata , nos diximus quod hopines in feodis nostris manentes, in locis illis in quibus vêtus » moneta currere consueverat, ledebantur, eo quod » ante reprobacioném eis non fuerat nunciatum ut K) de veteri le liberarintj quia vero ad ipsius spec- » tat officium proifinam non ledere et subvenir» » oppressis, idem episcopus nobis concessit ut quo- o ciescunque ipse vel successores sui mutabunt » monetam suam Meldensem quam tenent a nobis, » faciendo fieri novam, veterem reprobantes, ipse D vel successores sui notificabunt^ et hoc signi6ca- bunt per quatuor menses antea, ut hominibus in » feodis nostris manentibus in locis illis in quibus » vêtus moneta currere consueverat faciamus nuo- » ciari ut se libèrent de veteri moneta; ita tamen » quod si karissimus et fidelis noster Theobaidos cornes Campanie vel successores sui facerent 6eri » novas monetas, veteribus reprobatis, idem episco- i> pus et successores sui quoad dominia et feoda » totam potestatem predicti comitis statim poeaent n monetam suam Meldensem veterem sicut supra 9 dictum est tenent a nobis rejirobare et novam fe- D cere. Quod ut perpétue stabilitatis robur obtineat » présentes litteras sigilli nostri auctoritate fecimus » roborari. Actum est anno domini M. CC. XXV^ D roense maio. » — 775 — Depuis le milieu du xii* siècle, la monnaie provi- noise est employée de tous côtés et non pas seule- ment dans les provinces limitrophes du comté de Champagne : on en- trouve des mentions en Poitou, en Normandie, en Flandre, en Picardié^^en Lorraine, en Bourgogne , en Angleterre , dapt 1e Luxem- bourg, etc. Rome eut apssi ses deniers provinois, copiés sur ceux du comte de Champagne. Quelques numisma- tistes supposent que les provinoîs romains commen- cèrent vers 11 AS, lorsqu' Arnaud de Brescia étabh't la république dans la ville éternelle. t>n en trouve encore des mentions au xv* iiècle. Nous n'entrerons pas ici dans des détails sur ces monnaies étrangères que M. Bourquelot a, du reste, savamment étu- diées (a). Les monnaies de Thibaut IV sont très-commu- (a) Bourquelot, Hist. de Provint, t. I, p. 446, Eut. des fairet de Champagne, 58 et seq. Nous croyons pouvoir donner la des- cription des principaux provinois romains : SENATUS p Q R. Cix)ix canlonnéo au l*' d'un besant, au 2* d'une étoile, au 3* de l'om^^a, au 4* de Yalpha, %. ROMA CAPVT MVNDi. Peigne surmonté d'un S entre le soleil et la lune. SENATVS F Q R. Croix cantonnée au l*' et au 4« d'un besant, au 2* d'un oméga, au 3* de Yalpha. %. ROMA CAPVT MVND. Peigne surmont d'un T ou d'un V ac- corté de deux croissants renversés (type de Thibaut III). ALMDS TRIBUNAT. Croiz. %. ROMÀ CAPVT MV. Pàçne surmonté d'uo S entre le soleil et la lune. t CAROLvs REx. S. Croix cantonnée du soleil, de la lune, d'a/- pha et d'om^^a. %. SRNATUS p Q R. Pmgne surmonté d'un S (Charles d'Anjou). — T76 — nés ; il ne peut guère en être autrement, puisqu'elles furent frappées simultanément à Meaui, à Troyes et à Provins ; nous pensons même que cette fabrica- tion fut continuée, sans changement de type ni de légendes souli ses successeurs, jusqu'à la réunion de la CbampagiKbà la couronne. Postérieurement à cette date, il se pourrait que l'évêque de Meaai ait continué à faire des provinois. Philippe le Bel, en 1307, recevait encore Thommage du prélat poar le droit de frapper monnaie ; mais sept mois après, il en suspendait l'exercice jusqu'à ce qu'il eût promulgué un règlement sur le monnoyage des pré- lats et des barons. En 1315, Louis X reconnaissait de nouveau le droit de frapper monnaie des év6- ques de Meaui; mais il ne parait pas que ceux-ci en aient usé (a). Les deniers et les oboles de Champagne, à dater de 1226, furent au type suivant : 18. ^ TEBAT coHEs. Croix cautonnéc au 1** d'un oméga , d'un croissant au 2* et 3* , d'un alpha au 4*. %. *|" CASTRi PRYYiNS. Peigne surmonté de trois tours crénelées (6). Les créneaux qui viennent modifier ainsi l'ancien type provinois sont empruntés au type que Thi- baut IV avait adopté pour les monnaies frappées par lui en Navarre. Dans ce royaume, ces créneaux (il) Rev. num., 1840, p. 147 et 148. (6) Le type fut copié par Louis de Flandre, comte de Rethd, 1290-1322. — 777 — furent continués par Thibaut V et par Jeanne de Champagne (a). A dater de la seconde moitié du xiii* siècle, les mentions de monnaies provinoises deviennent de plus en plus rares dans les actes : lesparisis et les tournois les remplacent peu à peu et finissent par les faire dis- paraître dans les transactions. C'était le résultat des ordonnances qui prescrivaient le cours général de la monnaie royale dans tout le royaume et restreignaient le cours des espèces baronales dans les limites des fiefs où elles étaient frappées. L'atelier monétaire de Provins était situé, dit M. Bourquelot, derrière THôlel-Dieu, au pied des degrés de Téglise Saint-Pierre. Comme il était établi sur des terrains dépendant du chapitre de Saint- Quiriace, celui-ci prélevait une redevance sur la fa- brication. Les actes nous révèlent les noms de plusieurs monnoyers des comtes de Champagne. Au xii* siè- cle : Eudes le Monnoyer, Andréas Monetarius; au XIII* : Jean le Monnoyeur, Jean Rrontins, Evrard, Etienne, Laurent, André, Pierre, Folésius, Ysabellis monetaria. L'hérédité de cet emploi est prouvé par la tombe de Simon d'Avalon, a monoier, jadis bour- o geois de Provins, » décédé en 1326, et qui n'avait probablement jamais forgé à l'atelier de Provins fermé déjà depuis longtemps. (a) Poey d'Avant, Monn, féodales de France, pi. lxxi, n*« 4, — 778 — I 2*. — Atelier de Troyes. 11 y eut un atelier monétaire à Troyes pendant toute la période carolingienne; on connait des piè- ces, de lecture incontestable, frappées dans cette ville aux noms de Pépin, Cbarlemagne, Charles le Chauve, Louis 111, Carloman et Charles III. Un fait cependant est à noter, c'est que Troyes ne se trouve pas mentionné au nombre des localités désignées en 866 par l'édit de Pitres comme ayant possédé un atelier officiel de monnaies royales; nous avons donc tout d'abord à examiner quelle était la nature des espèces forgées alors dans celte cité. Les rois carolingiens avaient opéré une réforaie radicale dans la fabrication du numéraire en cen* tralisant le monnoyage qui, pendant toute la durée de la première race, avait appartenu à Tindustrie publique. Ils avaient désigné les localités peu nom- breuses dans lesquelles le numéraire royal devait être forgé; mais ils s'étaient aussi réservé la liberté de concéder le privilège d'avoir des ateliers particu- liers. Ces concessions étaient exclusivement consen- ties en faveur de chapitres ou d'abbayes. Les mon- naies épiscopales ou abbatiales étaient aux types royaux. Nous avons encore quelques diplômes qui per- mettent de se faire une juste idée de ces concessions et des conditions qui y étaient imposées. Générale- ment le droit était conféré au saint patron du chapi- tre de la cathédrale ou de l'abbaye ; c'était^ à cette époque, le meilleur moyen de lui donner un carac- tère de perpétuité. Cependant le plus souvent les — 779 — preuves écrites manquent, soit que les diplômes aient disparu, soit que la concession ait été verbale, soit enfin que dans certains cas on ait imaginé une concession ancienne. — Nous pensons que la mon- naie carolingienne de Troyes fut purement épisco- pale, comme celle de Meaux. A Meaux, au milieu du xi* siècle, nous voyons les évéques graver leurs noms sur la monnaie de cette ville, que plus lard ils reconnaissaient tenir en fief du roi; ils la possédaient donc sans contestation dés auparavant. Or, nous ne connaissons aucun do- cument qui, à cette époque, puisse faire présumer une concession. Il est donc permis de penser que, au milieu du xi® siècle, l'évéque de Meaux com- mença à signer sa monnaie qui jusque-là avait été frappée au type royal. Cette conjecture n'a rien de hasardé, lorsque l'on voit dans d'autres lieux les mêmes faits se repro- duire et les textes les plus précis les expliquer : à Reims, par exemple, à Chàlons-sur-Marne (a), les évêques ne signent la monnaie que longtemps après la date des diplômes qui leur concèdent des ateliers monétaires. 11 semble que les prélats n'aient com- mencé à avoir des monnaies frappées à leurs noms que lorsque les seigneurs féodaux commencèrent eux-mêmes à s'attribuer un privilège réservé jus- qu'alors à la royauté. A Troyes, nous ne trouvons pas de monnaies signées par les évêques; mais au xi* siècle, il se ré- vèle sur les espèces troyennes un fait qui nous (a) Rev, n|im., 1851, p. 27 et ieq. — 780 — semble avoir la même valeur qu'âne charte : noas voulons parler de la légende petvs episcofus, oa BBATUS PBTBDS, qui rappelle évidemment un mon- noyage concédé précédemment au clergé local. Or, la cathédrale était et est encore sous le vocable de saint Pierre et de saint Paul. 11 faut en conclure qoe primitivement le chapitre de la cathédrale, sinon révoque de Troyes, obtinrent une monnaie dans cette ville. Si les évéques de Troyes ne signèrent pas la monnaie, c'est que justement à Tépoque où cet usage s^établissait ailleurs, les comtes de Troyes se substituèrent aux prélats. Nous essaierons plus bas de fixer, au moins approximativement, le moment où ce changement se manifesta. Il est permis de penser que dans une ville dont les foires étaient connues depuis le v* siècle, le be- soin d'avoir une monnaie locale avait motivé une concession royale en faveur du chapitre. Nous avons déjà établi que les célèbres foires de Provins avaient contribué à rétablissement et au développement de l'usage de la monnaie provinoise. — Nous avons malheureusement peu de documents sur l'histoire des évéques et de la cathédrale de Troyes aux vin* et IX* siècles. La Chronique deFlodoardnous apprend seulement que l'évêque Octulf ou Atuif, dans une lettre à Hincmar, lui parlait de son projet de recons- truire Saint-Pierre (a). Ce prélat vivait au milieu du IX* siècle, sous le règne de Charles le Chauve; mais nous n'avons rien qui puisse nous foire con« (a) Ed^"" de l'Académie de Reims, t. Il, p. 30. GalL CkrUt., XII, 492. — 781 — naître si Pépin, Charlemagne et Louis le Débonnaire furent les bienfaiteurs de la cathédrale de Troyes. En suivant pour Troyes la même marche que nous avons indiquée pour Provins, nous arrivons à indiquer une date contemporaine pour le commen- cement de l'atelier féodal dans ces deux localités En effet on peut remarquer que, à dater du régne de Charles le Simple, 893-929, le type de la mon- naie de Troyes s'immobilise. On connaît une série de deniers et d'oboles au monogramme et aux lé- gendes carolingiennes qui se continuent jusqu'au commencement du xi* siècle, et qui, par une suite de dégénérescences faciles à suivre, finissent par un type confus. Nous attribuons donc à la période pendant laquelle régnèrent les comtes de la maison de Vermandois les monnaies dont nous allons donner la description 923-1019. L'immobilisation des types et légendes de Charles le Simple nous porterait à croire que nos comtes commencèrent à déposséder l'église cathé- drale de Troyes de son droit de monnoyage. Vers la même époque, un fait analogue se produisait à Chartres et à Toulouse. Quand on étudie la numis- matique féodale de la France, on est frappé de ce fait que l'autorité laïque s'attacha à se substituer à l'autorité religieuse dans la fabrication des monnaies. On remarque aussi combien sont exceptionnelles les concessions monétaires aux seigneurs par les rois. A nos yeux, les pièces qui portent les noms des rois changeant suivant les règnes constitueraient le monnoyage purement épiscopal, et l'immobilisa- tion serait l'indice de l'influence féodale : — 782 — 19. R. P. (Rex Pipinuê). Dans le champ, deai points. %. ^ TRiCAS. En deux lignes. Denier. 20. CAROLVS. En deux lignes. %. TRiccAS. En deux lignes, séparées par une barre à l'extrémité de laquelle sont trois points. Denier. 21. ^ xHiiYTHVYiYiL Monogramme dc Carolui. %. ^ TiECAS ciYiTAS. Croix. Denier. Cette pièce est remarquable par le désordre des légendes assex fréquent sous la seconde race. 22. ^ CARLBHAN . REX. Honogrammc de Karobu. %. TRECAS civiTAS. Croîx. Denier. 23. ^ MiSBRicoRDiADiix. Monogramme de Im- dovicus. %. ^ civiTAS TRECAS. Croix. Denier. 26. *] GRACIA Di REX. Monogrammc de Karolui. %. ^ civiTAS TRECAS. Croîx cautonnée d'an point au 2* et au 3*. 25. Y GRACIA DEX ou GRACIA DIX. Uonogramme carolin. %. ^ TRECAS civi. Croix. 26. ^ GRACIA Di REX. Même monogramme al- téré. %. TRECENS civ. Croix (a). Avec la maison de Blois, nous voyons dans le monnoyage troyen des changements qui ne laissent pas que d'avoir une certaine importance, et que nous allons essayer d'expliquer. (a) L'ouvrage de M. Pooy d'Avant fait connaître plusieurs va* riétés de ces denici's. imites de ceux de Charles le Simple, qui, par leur Csibrique, se placent au commencemeot du xi* siècle. — 783 — H. de Longpérier a signalé le premier (a) les de- niers qui portent, avec le monogramme carolin Irés- altéré, les légendes trecas civi — maidis civitao. Dans cette dernière lettre, placée à l'endroit où un peu plus tard Thibaut 1^ plaçait son tbbo, nous proposons de voir Tinitiale du comte Eudes, odo, Î019-1037. Ce personnage, qui avait les comtés de Troyes et de Meaux, aurait émis des monnaies portant le^ noms de ces deux villes concurremment à celles qui étaient frappées par les évéques. Vers la même époque, nous voyons apparaître à Troyes des deniers qui semblent avoir été faits pour être distingués des monnaies que nous attribuons aux comtes de Blois : les unes, avec le monogramme carolingien, portent une croix dont la branche su- périeure est recroiselée; les autres sont au type anonyme de Sens ; les unes et les autres portent une légende analogue : Trecasi civi, Trescia civi. Les premières, à nos yeux, sont épiscopales ; les se- condes sont féodales. Nous avons établi ailleurs que les deniers anonymes de Sens avaient pu être émis de 1016 à 1055 (6). Voici la description de ces monnaies : 27. ^ ME1D1S, MBLDIS OU MEDIS CIYITAO. UonO- gramme carolin. %. *\' TRECASI civi. Croix. Denier et obole (c). 28. ^ GRACIA Di REX. Monogrammc carolin dé- généré. (a) Rev. num,, 1840, p. 131. {b) Rev. num., 1860, p. 372. {c) Voyez les variélés dans Poey d'Avant, Op. land.^ t. III, p. 245 et 244, pi. czxxvu. — 784 — ^r. *\' TRBCAS ciTi. Croix dite archiépiscopale. 29, TRBCsiA civi (par transposition pour trbcui). Croix. %. Sans légende. Croix. Entre les grenetis deoi croisettes. Sous Thibaut l'', il y eut évidemment un accord entre ce prince et le chapitre de la cathédrale ou Tévè- que pour la fabrication de la monnaie à Troyes. C'eit ainsi seulement que l'on peut expliquer ces denîen qui, avec le nom du comte au revers, offrent an droit le nom du patron de la cathédrale entourant un monogramme composé de manière à rappelefi au premier coup-d'œil, l'ancien monogramoie caio- lingien (a). 30. ^ PETus EPiscopus. Monogramme. ^,, TRECAS ClYl TEBO. Croix. Nous connaissons les monnaies de Hugaes, avec son nom, dont nous allons parler. Il faut donc pla- cer entre Thibaut 1^ et Hugues les pièces suivantes, identiques aux monnaies de ce dernier et qui ne portent pas de nom de comle; peut-être ont-elles été frappées non-seulement sous le règne d'Etiennel*, qui fut très-court, mais aussi pendant les premières années de celui d'Hugues. En eflet, en 1106, le comte Hugues était, avec Robert de Bourgogne, au siège de Nogent-le-Roi. U {a) Ce monogramme, jusqu'à présent, n'a pas été définitivement expliqué : nous pensons que l'on peut y voir le njot urbis, qui complète la formule : Peinis epiuopus urbis. Il e^t à remarquer que la légende, qui est presque toujours Petu$ ejneopuM, semble devuir emprunter le R du premier mot et l'S du second sa mooo- gramme. L«>' — 785 — confirma alors solennellement la donation faite par ce prélat à Sainte-Bénigne de Dijon do prieuré de Nogent, et l'investiture en fut donnée à Tabbé Jaren- ton par la tradition d'un denier qui fut attaché à la charte au lieu de sceau. Cet acte existe encore aux archives de la Haute-Marne, muni de son sceau mo- nétaire, et ce dernier est justement au type des mon- naies anonymes dont nous venons de parler. Les monnaies aux légendes pbtvs bpicopus — trbcas GiviTAS avaient donc cours encore en Champagne en llO/i, c'est-à-dire onze ans depuis Tavènement do comte Hugues. 81. 'Y PBTVS BPiGOPUs. Monogramme du mot urbis ? ^r. *\' TRBCAS ciYiTAs. Croix cantonuée d'une croisette au 6*. 33. *|* PBTVS BPIGOPUS. Mâme monogramme. ^. ^ TRBCAS Givi HVGo. Croix cautonuée comme lu précédente. Thibaut II mit franchement son monogramme TJKBO à la place où jusque-là avait été gravé le mot VRBis. Il modifia la légende consacrée au patron de la cathédrale, qui devint bealus Pelrus. Sous ce comte les actes contemporains, pour la première fois, men- tionnent des espèces troyennes. Nous renoarquons deux sous^ monnaie de Troyes^ dans une donation faite en 1126 à l'église de Pontigny par Bertrand de Seignelay, et cinq sous, aussi monnaie de Troyes, doqnés en 11 /il à la même abbaye (a). 33. ^ TRBGAS GiviTAS. Monogramme de Tbbo. (a) QuantiD, CarttU. de l* Yonne, 1. 1, p. 259 et 359. — 786 — %. BBATYS PBTRvs. Croîx cantonoée d'un anne- let au 2* et d*un besant au 3*. Sous Henri l*', le nom du patron de la cathé- drale disparait définitivement pour faire place dans la légende à celui du comte régnant : le mono- gramme de Thibaut est conservé et devient ensuite le type de la monnaie de Troyes. Noua avons dit plus haut quelques mots des entreprises du comte Henri 1^ pour dépouiller l'évéque de Meaux de son droit de frapper monnaie. Il paraît avoir agi de môme à Troyes^ mais avec plus de succès. Absorba- t-il, usant du droit du plus fort, la monnaie da chapitre? Indemnisa-t-il celui ci par suite d'un com- promis passé bon gré, malgré? c'est ce que nous ne pouvons affirmer. Un fait certain, c'est qu'à dater de ce prince la monnaie de Troyes devient pure- ment féodale. En 1165 il parlait de sa monnaie de Troyes en termes qui ne laissent supposer aucan partage; en 1173 il disposait, en faveur de la col- légiale de Saint-Etienne, d'une rente annuelle de 20 livres : In monela quandocunque Trecis fieri coïKîge- ril{a). Enfin, en 1179, il disposait du quart des ro- gnures des monnaies au profit de la maladrerie de Troyes (6). 3&. 'I^ TRECAS civtTAS. Monogrammo de Thibaut (Tbbo). %. *\' HENRicvs coHEs. Cfoix cautounée d'an annelet au 2* et d'un besant au 3*. Denier et obole. Nous n'avons aucun document sur la monnaie de (a) Cartul. de S.Steph. Trec, P> 5 r» {Catal., n» 212). {b) Société d'Agriculture, Se. ot Arts de TAube, 2' si^rie, 1. 1. p. 526 (Ca/aJ., n« 509). — 787 — Troyes pendant les régnes de Henri II et de Thi- baut m. Nous ne pouvons donc que signaler les mo- difications que ces comtes apportèrent aux types. Henri H changea le monogramme de Thibaut en substituant tantôt un croissant, tantôt un astre à l'o de TBBO. Nous pensons que le croissant fut adopté postérieurement à l'astre^ parce qu'il se trouve sur des deniers qui ne peuvent appartenir qu'à Thi- baut m. Ajoutons qu'Henri II le premier inscrivit son nom en langue vulgaire. 35. ^ HENRI coHES. Croix cantonnée d'une étoile au 2* et d'un S au 3**. La signification de cette initiale est encore à retrouver. i^r. ^ TRECAS civiTAS. Mouogramme de Thibaut (tbb astre). 36. ^ HENRI coHES. Ooix cautonnéc d'un anne- Jet au 2' et au 3«. ^. *|* TRECAS civiTAS. MoHOgrammc de Thibaut (tbb croissant). Nous n'avons qu'à décrire la monnaie de Troyes sous Thibaut III. 37. ^ TEBAV coMES. Croix cantonnée d'un anne- let au 2' et au 3«. ^. ^ TRECAS ciYiTAs. Monogramme de Thibaut (tbb croissant). Nous avons vu plus haut , lorsque nous nous sommes occupés de l'atelier de Provins, qu'à dater de 1225 le comte Thibaut IV avait frappé de nou- veaux provinois, et que cette nouvelle monnaie avait été en quelque sorte monopolisée entre les main$ des mêmes fermiers, de sorte qu'à Meaux, à Provins et à Troyes^ il y avait unité de monnaie et uniformité de type. Nous pensons donc qu'à dater — 788 — de 1225 jusqu'à la réunion de la Champagne à U couronne^ il n'y eut plus de monnaie portant le nom de la ville de Troyes. De 1201 à 1224 Thibaut IV fit encore frapper les pièces suivantes : 38. ^ TBBAV coMES. Croix cantonnée de quatre annelets. %. ^ TRBCAS civiTAS. MoHOgraoïme de Thibaut. Le T est remplacé par une fleur de lis. Parmi les monnoyers troyens, les actes nous font connaître Gaufridus^ fils de Witerudey vers 1100 (a); Leceliny en 1122; Lamenta^ fille de UaUon de Mo- neta^ en llAO (b); Ebrard (c); Amateur; Fako; Ebraldy Thibaut (d) et Odée^ fille de Eudes le Kom- nayer et femme de 'Simon de Bourges j dans le coa- rant du m' siècle. (a) Voy. t. m, p. 410. (b) Gall. Christ., XII, instr., col. 261. (c) Cart, S.'Steph. Trec, f> 1 ro. (({) Hist. des Ducs et des Comtes de Champagne^ t. III, 428; Grosley, I, 445. — 789 — CHAPITRE XI. RéflMciiees des eomles de Chamygnc. Les actes émanés de nos comtes nous fournissent, sur les résidences de ces princes, des témoignages au- thentiques. Ce sont des dates de lieu. Nous néglige- rons ici celles qui se réfèrent aux voyages et aux sé- jours d'Henri II, de Thibaut IV, de Thibaut V et d'Henri III en Terre-Sainle, en Navarre, à Paris, et dans d'autres parties de la France, hors de leurs Etats : nous avons déjà traité ce sujet d'une manière suffisante en racontant la vie de ces princes. Il nous reste à parler des dates de lieu qui se rapportent aux séjours de nos comtes en Champagne. Les localités dont sont datés les actes que nous allons citer sont, pour la plupart, soit des villes ou des châteaux appartenant à nos comtes , soit des monastères dans lesquels ils avaient ou prétendaient avoir droit de gite, soit des châteaux appartenant à des vassaux de Champagne. Les villes ou châteaux appartenant à nos comtes sont : l^ Trotes, habité : Par Marie de France, en 4181 (325) (a). — 1182(826,327). (a) Outre les actes émanés de nos comtes, nous citerons quel- — 790 — Par Marie de France, en I18û (335, 336, 837). — 1185(340,344,342). — i486 (344-348). Par Henri II, en 1187 (358 6t«-363). — 1188 (369 373 M- — 1189(380,386-390). — 1190(397,399 403). Par Thibaut III, en 1198 (466, 467). — 1 199 (490, 499, 500, 501 503). — 1200(510,511,517,625, 526, 540). ~ 1201 (535, 536, 543-545, 547). Par Blanche de Navarre, en 1202 (564, 569, 578). — 1203 (574, 585-587, 592). ~ .1204 (603, 604, 606, 608, 612). — 1205 (624, 629, 630, 634, 639, 641). — . 1206 (640, 648, 663). — 1208 (674, 687 692). — 1209 (714). — 1 21 (721 , 725, 742, 758). — 1211 (773, 785). — 1213 (812, 820). — 1214 (865). quefois des actes émanés d'autres personnes, mais qui constatent la présence de nos comtes dans un lieu déterminé. Telles sont, par exemple, les chartes par lesquelles un vassal déclare avoir fait hommage à un comte de Champagne. — 791 — ir Blanche de Navarre, en 1215 (902, 923). — 1217 (1092). — 1218 (1115 bù). ir Thibaut IV, en 1225 (1673). — 1226 (1697, 1707). — 1228 (1825, 1833). — 1229 (189/î, 1930, 1958, 1976). _ 1230 (2079). _ 1239 (2500). ir Thibaut V, en 1259 (3149). — 1260 (3185-3187). _ 1261 (3234). — 1262 (3262, 3263, 3266, 3283, 3284). — 1263 (3310). _ 1267 (3405). — 1268 (3476). — 1269 (3572). — 4270 (3577 , 3585 , 3620- 3627, 3629, 3630). ir Henri III, en 1271 (3687). — 1273(3734, 3737, 3771, 3773). ir Edmond, en 1276 (3836). 2°. Provins : ir Marie de France, en 1481 (324). — 1183(329). — 1184 (334). — 1186(349). — 798 — Par Henri II, en 1 188 (368,368Ki,868l, valant 68 fr. 82 c. «u pouvoir de 8t7 fr. JBxdé un autre eas^ 7 sous i denier de rente valant 7 fr. 18» 6. au pouvoir de 8G fr.^ sont le prii pafr arpent d'un canton dé bois aliéné par Thibaut Y. Cette valeur coifsidéfabte des bois ecrt pôurr consé- ^€tïce le cantonneuvenr de diverses forêts usagéres. Le plus ancien camonnemefnf que nous connais- sfons^ett Champagne date de rannée fâl4 : Blanche de Navarre abandonne aux Templiers la propriété de 800 arpents de la forêt de Traconne, et les Templiers renoncent au droit d'Usage qu'ils sfVaient dans cette forêt pour leurs maisons de Barbdnne, Queudes et La Foresfiéitf (893). A partir de cette date, nous pouvons citer onze canfodnemeuts (a\ Cakihgm» d«* M4», 2âSt. 267i. 9701. 28t«. ; on oonli- nua le travail du cantonnement les années suivsantes <1819,âl&7). Certains droits d -usage furent aisssi ra^- ohetés à prix d'argent (253/»)^ Moyennant la.' suppres- sion de tous ceux qui grevaient cet)to ibrât et xidie (a) Catalogue n«« 1754. 1819. 2147,2168. 2223. 2278,2280, 2W9,?5g|.2527,5&42. ib) Peut-être même en 1221, mrCi»$tiigi^ff^iWl 1112^ #. * — 822 — de Vassy, ces deux forêts purent être acceptées par Alh, reine de Chypre, pour 2,000 livres de rente, valant 40,527 fr. 64 c. au pouvoir de 202,638 fr. (a). I^es usagers n'acceptaient pas toujours facilement #qu'on interdit ou qu'on réglementât l'exercice de leurs droits. Vers 1250, les habitants de Pays (Aube), mécontentsdes restrictions mises par lesTempliersà l'exercice des droits d'usage dont était grevée la forêt du Perchois, se rendirent en armes dans cette forêt, y coupèrent et en emportèrent du bois pour une valeur, dit-on, de 300 livres, soit 6,079 fr. 14 c. au pouvoir de 30,395 fr., et ils poussèrent même la colère jusqu'à détruire parle feu les bâtiments de ferme des Templiers (3073). Cependant les suppressions de droit d'usage se faisaient quelquefois d'autorité et sans indemnité. C'est ce qui eut lieu par ordre de Gui de Chappes dans la forêt de Foolz, près de Bourguignons (Aube). Mais Gui de Chappes, arrivé à sa dernière heure, eut des remords, et par son testament il prescrivit que les usagers fussent remis en possession de leurs droits (1351 bis). Ce testament a été exécuté, et les usagers en ont si bien profité que depuis des siècles la forêt a disparu. Une autre grande forêt, où les droits d'usage sub- sistèrent, fut celle d'Isle-Aumont qui appartenait à nos comtes. Elle existe encore aujourd'hui. Hais l'exercice des droits d'usage parait y avoir été de bonne heure soumis à certaines règles. Ainsi, dès (fl) Voir plus haut, p. 263-264. Cf. Catalogue n" 1867. 2335. 2344. 2351, 2516, 2517. P — 823 — 1260, les religieux de l'abbaye de Saint-Loup ne pouvaient prendre de bois que dans un canton déterminé. Le même canton fut assigné aux Trini- laîres de Troyes (3186). La conservation de certaines forêts fut encore due au principe qui interdisait le pâturage pendant quelques années après la coupe. Ce principe existait dés 1214 (893); et en 1239, la période pendant laquelle, pour employer l'expression technique, les bois devaient rester en défends était, en Champagne, de cinq ans (2519). La durée de ce délai n'avait pas changé en 1271 (3702) (o). Mais nous n'avons trouvé nulle part trace d'amé- nagement régulier, ni de fixation d'époque pour la coupe des bois. Les actes que nous avons vus se bornent à imposer à l'adjudicataire un délai pour la vidange; ce délai est fort long : trois ans (1536), six ans (1091), et jusqu'à onze ans (1717). Nous ne nous étendrons pas sur le droit de chasse (2302, 2771, 3067), sur les droits de pâturage et de pasnage (1669, 2168, etc.), ni sur divers pro- duits accessoires, tels que les abeilles, la cire, le miel (6), et nous passerons à un autre ordre de revenus. (a) Notons -aussi qu'en 1254 il fut convenu que la forêt du Perchois ne pourrait être pâturée quaprèt la sixième feuille (3073). (b) Catalogue n* 1469, voir aussi notre tome II, p. Lxxii, art. 141. V — 824 — ^ 2*. — Sommes payées par les communes. Ces revenus se divisent en deux classes : l*" les ^droits de jurée; 2"" les censés ou indemnités annuelles payées au comte par forme d'abonnement pour lui tenir lieu des produits de la justice. La jurée, qui d'ordinaire se percevait comme im- pôt de quotité, pouvait être abonnée et se trouver ainsi transformée en impôt de réparlition. Voici un état du produit de^jur^ées ^rçues comme impôt de quotité en 1275 : Troyes i,100 livres. Château-Thierry 600 Chàtillon s.-Marne et Dormans. 256 Jouy 2/iO Bar-sur-Aube 220 Vassy 220 Coulommiers 200 Méry 200 Sézanne 200 Isle-Aumont 197 Bar-sur-Seine 180 Nogent 120 Villemaur 110 La Ferté-sur-Aube 85 Total 3,728 livres (a). (a) A. Le Fèvre, Les finances de la Champagtie, p. 52, d'après YExtenta. Cette liste ne parait pas complète, et d'ajotres documents pQrais9eQt nous autoriser à y ajquter : Vitry 364 livres- Saint-Florentin 191 Barbonne et Ghantemerle. . . 120 Larzicoart 109 Bray 38 Total 822 livres (6). Total général 4,550 livres, valant 92,200 fr. au pouvoir de 461,000 fr. La plus importante des communes à jurée abon- née fut Provins qui, de 1252 à 1268, paya à ce titre une rente de 4,600 livres (3044, 3495) valant 32,422 fr. 12 c. au pouvoir de 162,1 10 fr., non com- pris les 250 livres qu'elle devait de censé. Voici quelques chiffres de censés : Troyes 3001.(2062), Chàtillons.-MarneetDormans.. 286 (2143). Provins 250 (2061). Barbonne et Ghantemerle. . . • 184 (a) Fismes 180 (1756). Villemaur 170 (2432). Coulomroiers 169 (2430). Meaux 140 (304). (a) A. Le Fèvre, Les finances de la Champagne, d'après le compte de 1287. Dans cet état n'est pas oonopris Rosnay qui, en 1340, rapportait 54 livres 13 sous de jurée. Quaut à Vaucoul^rs dont la jurée figure aussi dans le compte 4e 1340, sa réunion au domaine de Champagne est postérieure à la période qui nous oc- cupe. (() A. Le Fèvre, te$fifumcê$de la Champagne, p. 51. _ 826 — Bar-sur-Seine 117 (2131). Gys-la-Commune 100 (a) Herbisse 81 (*) La Ferlé-sur-Aube 80 (2169). Ecueil 80 (19S0). Saint-Florenlin 72 - (2125). Total 1,909 livres, valant 88,683 fr. 63 c. au pouvoir de 193,418 fr. (c). Les censés étaient fixes et invariables, tandis que la jurée étant proportionnelle au capital des contri- buables, son rendement variait avec ce capital. Ce qui présenterait un haut intérêt serait, de comparer le produit de la jurée à différentes époques dans les mômes localités; rien n'établirait plus catégorique- ment quelle progression suivait le développement de la prospérité publique. Malheureusement, l'insuf- fisance des documents nous met dans l'impossibilité d'entreprendre cette étude pour la période qui nous (a) Compte de 1340; cf. Melleville, Dictionnaire historique i* département de l'Aisne, 2* édition, 1. 1, p. 332. (6) Compte de 1340. Voir aussi notre tome III, p. 224. En 1188, Henri II donna, à titre provisoire, cent sous de rente sur la ceose d'Herbisse (369). En 1236, Jean de Thourotte reçut de Thibaut IV 12 livres de rente sur la même redevance (2415), et Thibaut IV donna au prieuré du Meix 62 livre-s de rente également assises sur la censé d'Herbisse (2423). (c) La censé de Troyes et des communes analogues, c'est-à-dire Châtillon, Provins, Barbonne, Villemaur, Coulommiers, Bar-sor- Seine, La Ferté, Saint-Florentin, se payait à la Pentecôte. Li censé de Meaux et des communes analogues, c*est-4-dire de Fis- mes, de Cys et d'Ecucil, se payait le lendemain de Noël. Celle d'Herbisse à deux termes, la Toussiini ei Piques. - 827 — occupe. Tout ce que nous savons, c'est que Provins et les dépendances devaient, aux termes d'une charte de Tannée 1190, payer 600 livres de taille annuelle (398), et qu'une charte de l'année 1252 y éleva le chiffre de la taille ou jurée à 1,600 livres. On pour- rait conclure de là que, dans un espace de soixante- deux ans, la fortune privée à Provins se serait augmen- tée dans la proportion de 3 à 8. Cette conséquence serait en harmonie avec ce que nous savons de la prospérité croissante des foires et de l'élévation gra- duelle du prix des bois. i 3-. - Juifs. La population juive était nombreuse en Champa- gne, au xiii' siècle. Nous n'en avons pas de recen- sement complet ; nous possédons seulement quelques recensements partiels et des noms isolés. Les recensements partiels sont au nombre de quatre : deux sont datés du 30 avril 1247; ils con- tiennent l'état desjuifs qui, depuis dix-neuf ans, habi- taient Montereau (2792) et Bray (2793), et qui depuis cette époque payaient les tailler et autres redevances dues à Thibaut IV. Ces juifs étaient à Montereau : Vivent, Cortoise, Creissant, beau-frère de Flammin; le gendre de Creissant, son fils, Vivaut de l'Ecole et Reine, sa femme; Jocum, leur fils; Salenin, fils de feu Creissant, de Montereau; Justice et Dayot, son fils; Mosse, gendre de Samoë. Voici les noms des juifs de Bray : Dieudonné, fils de Léon; Benoit, son fils; Haquin, gendre de — 828 — fea Benoit ; Donce, de Dijon ; Bouée, ▼eave d'H«* quin; Céron, Aaron^ son baao-frére; Boce, BûfîUoo et Monel^ fils de feu Santon* La date des deux autres éta4s nous CMnqfie) mis nous si^posons qui^elle est à peu près la mênieïroyes^6t ivi doMia une quittance générale, taqt eneen ooni^ufaai nom 'de ses ^èrea; il posséda quoi^wc» tempa. à S^ant- ~ 629 — Saiiii(e4larie et à Sftinte-Siawd des prés dent Thi- baut IV fit plus tard donation à hier de la Brosse (2ùà9). Où se rappelle qu'ltier de la Brosse a été quelqife tettips gouverneur de Champagne (a). iacob de Dampierre était le même que le juif Jacob, maître des jui& de Troyes en 1222, et père du juif Haquin. Tbibaul IV fixa à 460 livres, soit 3,242 Tr. 21 Q^ au pouvoir de 16,211 fr., la part de Jacob et d'Haquin, fils de ce dernier, dans Taide que les juifs de Champagne s'étaient engagés à payer cette année. Jaoob était fils de Vaa^lia et avait troiîs frères, Bandin, Sonet el Haquin qui, avec lui, ^éelarèrent, en 1220^ l'abbaye de Saint-Loup libérée de toute dette envers eux, soit de leur chef, soit dm chef de leur père (6). Jacob et Sonet, son frère, possédaient dans lajuiverie de Troyes un terrain qu'ils vendirent à Itier de la Brosse et où Itier se bâtit une maison (226ift). Sandin el Jacob appartenaient an com4e de (Campagne, Sonet et Haquin, leurs frères, au comte de Tonnerre, ce qui donna lieu à l'intervention des deux seigneurs quand il fut question de terminer par un partage Télat d'indivision où ces quatre frérei» avaient d'abord vécu (1288). Cependant, Vaalin, leur père, habitait Troyes (c) ; du chef de leur père, ils devaient être juifs du comte de Champagne, mais sans doute leur mère était sujette 4u comte de Tonnerre : de là l'attribution de deux des quatre frères à ce comte. ta) V«ir ptos baut, p. 458. (b) Cartulaire de saint Loup, appartenant à M. De ht* P(jHe, folio 8frv*. (c) Cartulaire de'mM Lmj^, lôéoeilMo. — 830 — Vaaiin, père de Jacob, de Bandîn, de Sonet et d'Haquin, était, dans son temps, un des grands banquiers de Troyes; en i20&, il prêta 300 livres, valant 6,079 fr. 14 c, au pouvoir de 30,395 fr., à Eudes, duc de Bourgogne qui, pour lui assurer un remboursement prochain, lui abandonna la jouis- sance immédiate d'une rente sur les foires de Cham- pagne (610). L'abbaye de Saint-Renigne de Dijon était vers la même époque dans un grand embarras, elle avait, en 1196, emprunté à Vaalin une somme de 1,700 livres, valant 3/i,4â8 fr. 50 c, au pouvoir de 172,242 fr. : le taux de l'intérêt stipulé était de trois deniers pour livre par semaine, c'est-à-dire de 65 fr. 62 c. pour cent par an. L'abbaye resta onze ans sans payer, en sorte que la dette primitive, accrue des intérêts, atteignit, sans anatocisme, le chiffre énorme de 9,825 livres 11 sous 10 deniers, valant 199,103 fr. 95 c, au pouvoir de 995,519 fr. 75 c, tout prés d'un million (a). Pour se libérer, les moines furent obligés de vendre leur terre de de Morains (677). Il parait qu'en 1210 Vaalin était mort, car ii cette date Bandin, son 61s, voulant se libérer des dettes paternelles, entrait en arrange- ment avec la comtesse Blanche (743). A côté de ces notabilités financières, Troyes pent placer une des célébrités littéraires du judaïsme. Le fameux Salomon Jarchi, 1040-1105, était né dans cette ville (6). (a) Eludes sur Vétai intérieur des Abbayes dsterdennes, p. 229-301. (b) Voir sur lui une savante notice de M. Clément-MuUet» Mém. de la Soc. d'Agr. de l'Aube. 2« série, Vi, 143. — 831 — Nos comtes ne possédaient pas seulement des juifs à Montereau, à Bray, à Troyes et à Villemaur, il est question des juifs de Provins dès 1211 (775); et, sous Thibaut V, ces juifs étaient assez nombreux pour avoir un cimetière (3526). Les juifs d'Ervy sont mentionnés en 1216 (886). En 1220, nous trouvons à Villenauxe lejuif Vivet Herboutli qui a pour associé Bandit, son gendre; Tabbaye de Saint- Loup de Troyes leur doit âOO livres valant 8,105 fr. 53 c, au pouvoir de 60,528 fr. (1269). La même année, Abraham Lonet, de Rosnay, juif de la com- tesse de Champagne, était aussi créancier de cette abbaye (a). Vers la même époque, les juifs d'Eper- nay avaient une synagogue, et neuf d'entre eux, Salomon, Morel, son fils; Salomin-le-Petit, gendre de ce dernier; Semilin^ fils de Salomin-le-Petit; Saari et ses quatre filles, étaient créanciers de l'abbaye du lieu pour des sommes qui formaient un total de 1,676 livres 15 sous (6), valant 29,926 fr. 60 c., au pouvoir de 169,623 fr. Trente ans plus tard, Dieudonné, de Bar-sur-Aube, juif de Thibaut IV, s'établit à Moulins pour douze ans avec le consente- ment de ce prince (2929). Vitry-en-Perthois avait donné le jour à Simcha , qui fut un des disciples de Salomon Jarchi. Nous citerons encore quelques juifs qui apparte- naient à nos comtes, mais dont nous ne savons pas les résidences. Tels sont : Cresselin, dont la jouis- fa) Cart. de saint Loup^ f° 79. (b) Ms. de Montgérard à la bibliothèque d'Epernay, communi- cation de M. Parigot fils. — 838 - sance fit l'objet d'un traité entre Pbiiîppe-Aiigiiste et Blanche de Navarre (601), et à qai^ en 19S0, Gamierdé'Tratfiel devait liO livres valant 2,229 fr. 02 c, an pouvoir de ll,lâ5 fr. (1294), Hanassès Nigo, à qui la dame de Broyés devait, en 1205, 1,400 Kvpes valant 28,369 fr. 35 c, au pouvoir de 141,847 fr. (631); Pinon, qui ayant frappé un clerc du diocèse de Soissons fut, par jugement arbitrai, chasfsé de ce diocèse (1299); Crescence, qui vint s* établir en Champagne, en 1223, et qui s'engagea à payer à Thibaut IV, la première année, iO livres, valant 202 fr. 64 c, au pouvoir de 4,013 fr.; les années suivantes le double (1618). En Champagne, nos comtes n'étaient pas seub propriétaires de juifs : leurs vassaux en possédaîeat aussi. Tel était, par exemple, Erard de Brienne, seigneur de Ramerupt, à qui appartenaient Jacob de Chezy et Aara, sa femme, et qui prit l'engagement de ne pas les mettre en prison (1851). Tel était Clarambaud, seigneur de Chappes, dont un juif^ noRHné Sanson, donna une quittance générale à l'abbaye de Saint-Loup de Troyes et aux hommes de cette abbaye en 1221 (d). Le principal propriétaire de juifs en Champagno^ après le comte, parait avoir été le seigneur de Dam- pierre. En 1203, le comte de Rethel devait aux juib de Gai de Uampierre 400 livres, valant 8,105 fr. S3 c, au pouvoir de 40,527 fr. (597). En i206, leur importance motiva l'intervention de Gui de Dampierre dans l'ordonnance de Philippe-Auguste (a) CarL de saint Loup, f* 81 . — 833 — sur le taux de rintérél (658). Six ans plus tard, l'abbé de Saint-Loup de Troyes leur paya 120 livres valant 2,433 fr. 66 c, au pouvoir de 12,168 fr., que leur devait Clarin de Chauderey (a). En 1216 (953) et en 1218 (1163), ils étaient l'objet de traités entre Blanche de Navarre et les fils de Gui de Dampierre. Nous connaissons les noms de quelques-uns d'entre eux : en 1210, Sanson Le Roux de Dampierre, Hély de Saint-Just, Sachin de Dampierre, Sonin, Samuel, frère de ce dernier; Gochin de Saint-Dizier, et Salamin, frère de Sanson Le Roux; tous sept cautions de Randin, fils de Vaalin de Troyes, juif de la comtesse Blanche (7 A3) ; en 1220, Jacob, fils de Sanson Le Roux^ et créancier de Tabbaye de Saint-Loup qui s'engage à lui payer UbO livres valant 9,118 fr. 72 c, au pouvoir de â5,59/i fr.; ce Jacob est sans doute le môme que Jacot, créancier de Gautier de Chappes ea 1242 (2603). Dampierre avait une synagogue : il s^en trouvait aussi à Rame- rupt, à Plancy, à Lhuftre (6). Le prêt à usure était pour les juifs une source d'immenses bénéfices. Aujourd'hui, Tannée ou au moins le trimestre est la période qui sert de base au calcul du taux de l'intérêt. Les banquiers chrétiens de Champagne faisaient usage d'une période plus courte, l'intervalle qui séparait les termes de payement de cha- cune des six foires (c), elle durait donc en moyenne (a) Cart, de saint Loup^PZi. {b) Voir l'article de M. Clément-Mullet, cité plus haut. (c) Voir parexemple dans notre Catalogue n® 1269 un exemple de prêt fait sur le pied de 12 deniers par livre et par foire» soit 30 pour 100 par an. 58 — %34 — deux mois; pour les banqïifers jùîfe la période légale était la seAiaine (a). Après avoir exigé trois deniers par semaine, ils furent contraints à se contenter de deux, c*ëst-à-dire de &3 fr. 75 c. pour cent par an, les intérêts des intérêts non compris. Cèïte réforme fut due à une ordonnance rendue de concéit par Philippe-Auguste, Blanche de Navarre et Gui dé Dampierre en 1206 (658). Les juifs étaient serfs, c'est-à-diré taillàblês \ merci ; leur seigneur pouvait exiger d'eux, à titré éd taille, telle sôtiime qu^'il lui plaisait ; àin^i, au fond, c'était le seigneur qui profî'tait des ^ctes d'ùi^arâ commis par lés juffs, laWdis qu'aux yeiïx des pO[m- lations, les juifs en suppoi^àienft tout l'oàienx. Aussi les barons du moyen-ftge tenaiébt-ilb beàucodp à conserver la propriété de leurs juifs et à ëb'pft- cher leurs Voisins de s'en emparer. ÏNdas àvèà plusieurs traités conclus entre n6's coiiites, les rë& dé France et divers Seigneurs, et oà les déiîx parties s'engagent à uë pas retenir lëÀ JùiÉs Tufié de l'autre (6). Être propriétaire de juifs, constituait pour lès seigneurs un moyen indirect, mais trés-légat, de s'emparer du bien des débiteurs de ces juifs. On distinguait cependant deux cas : les débil!è'ilùn étaient sujets du seigneur des juifs ou Us étakfnt (a) Plusieurs actes de nos comtes interdisent à des baoqaieis chriitiens le prtM à la semaine, voir par exemple Catalogue, d^ 1499, 2008, 2058. H s'agit dans un cas d*un banquier de Cahors, dios les deux autres de banquiers italiens. yb) Voir Catalogue n«* 457, 458, 650, 739. 730, 9K, 1183. 1277, 1575, 1824. 2075, 2526. — 835 — sfbjétb d'un aiutre seigneur. Dans le premier cas, le Sttoii du seigneur paraissait incontestable et des '^lus naturels; dans l'autre cas, on le trovait un peu tigotireux. Aussi, en 1198, Thibaut IV et Philippe- 'Aù^uste convinrent-ils que les juifs du roi ne prôte- Taiétit pas aux sujets du comte, ni les juifs du comte aux sùjdts du roi (/i57, 658). Quelque absolu que fût le droit deà seigneurs 'ivfr lés bleds des juifs, il avait fallu cependant^ et 'rintërêt du seigneur lui-méàfie l'exigeait, assurer à 'Ces malheùretix un peu de sécurité, en réglant ^d'avance le montant de la taille que le seigneur 'exigerait chaque année. Thibaut 111 l'avait fait '(5S0). Cet usage fut maintenu sous iThibaut IV (1618). La somme payée anndélïément par les juifs portait le nom de censé (550). Mais cet abonne- ment n'empêchait pas nos comtes d'exiger en sus des impôts extraordinaires. Thibaut III en avait donné l'exemple (a); Thibaut IV, à son avènement, se fit fpayar par les juifs de Champagne 70,000 livres, soit I,âl8,/i71 fr., au pouvoir de 7,092,355 fr. Il leur accorda pour verser cette somme un délai de cinq ans (i/i22). En 1285, à l'occasion de l'avène- ment de Philippe le Bel, les juifs de Champagne durent payer en une seule année 25,000 livres (6), soit 502,658 fr. 26 c, au pouvoir de 2,513,291 fr. Enfin, nous avons vu comment, en 1268, Thi- baut V, de concert avec saint Louis, confisqua tous les biens des juifs (c). (a) Voir plus haut» p. 86. (h) Brussel, p. 607. (c) Voir plus haut, p. 412-413. — 836 — D'ailleurs, les juifs ne pouvaient obtenir la cods- tatation légale de leurs créances qu'en faisant sceller leurs titres d'un sceau spécial et par conséquent ea payant un droit de sceau (658, 1622). Quand le comte avait besoin de leurs chevaux et même des matelas de leurs lits, il avait le droit de les emprunter, droit si bien reconnu, qu'en 1222 les juifs ob- tinrent que Thibaut IV cesserait de l'exercer pendant cinq ans. A la mort d'un juif, tous ses biens appartenaient au comte, si, au moment du décès, il n'y avait pas d'héritier direct vivant avec le défunt. Lorsqu'un juif allait s'établir hors de Champagne sans le consentement du comte, les biens qu'il laissait en Champagne devenaient la propriété de ce dernier (l/t22). I 4*. — Aides extraordinaires. Le droit pour le comte de faire sur tous ses sujets des levées extraordinaires d'argent est constaté par plusieurs chartes, qui, ne déterminant pas les condi- tions de ces levées, semblent en consacrer l'arbi- traire(a). Cependant, il résulte des termes de quel- ques autres actes', qu'au moins dans certaines grandes villes, qu'à Provins et à Troycs par exemple, avant d'exiger le paiement d'une imposition exceptionnelle, le comte cherchait préalablement à obtenir l'assenti- ment des habitants, et que môme cet assentiment (a) Catalogne n°» 2294, 2502. On pourrait peut-être en dire autant de l'aide levée sur les habitants de Lagny en 1210 (729). Voir plus haut, p, 109. — 837 — était pour la perception une condition indispensable de validilé(3/i95), 36Zi9. En6n, la plupart des levées d'aides que nous allons signaler ont eu lieu dans des cas consacrés par la coutume (a). Les levées d'aides dont nous trouvons le plus fré- quemment la mention, sont celles qui ont pour objet de subvenir aux frais d'une croisade. En 1190, Henri II se fit donner, à ce titre, 300 livres par les hommes de Chablis (601 6is).-A l'époque de la croi- sadedeThibaul V, l'abbé deMolesmc invita les prieurs les hommes de son abbaye en Champagne à donner une aide à ce prince (3>'iGi); les habitants de Provins et de Troyes accordèrent au môme Thibaut des jurées supplémentaires (3495, 3649); le nombre des jurées promises par les habitants de Provins fut de cinq : dans le cas où les habitants de Troyes se seraient engagés à en payer le même nombre, la somme qu'ils auraient du verser se serait élevée à 5,500 li- vres, valant 111,451 fr., au pouvoir de 557,255 fr. On peut rattacher à la quatrième croisade et au droit d'aide les spoliations dont les juifs furent vic- times sous Thibaut III; et les mesures rigoureuses qui les atteinrent sous Thibaut V, à l'époque de la croisade où ce prince devait périr, se rattachent au même principe (6). De la charte des habitants de La Neuville-aux- Larris, il résulte qu'ils devaient une aide au comte de Champagne, quand ce prince ou son fils étaient (a) Sur les aides extraordinaires, voir Du Gange, au mot Auxi- liutn. {b) Voir aussi notre Catalogue u^ 2481 . — 838 — prisonniers (670 bis) ; cette obligation était de droit commun. Ce fut sans doute en^ vertu dp^ ce^tte maxime, qu'en 121 & Blanche de Navarre se fit verser, avec le consentement des moines de Montiéramey, &00 livres parles habitants de Chaource (9^8); up acte porte que cet argent fut payé pour la délivrance da jeui^e comte ; alors en effet, Blanche, pour obtenir que Thibaut IV fût remis entre ses mains, donna une somme considérable à Philippe-Auguste (a). Les 660 livres que Thibaut V reçut des habitants de Chaource, en 1255, (3086 bis) furent également une aide, et cette aide avait ss^ns doute pour cause la chevalerie du jeune comte : nous ne savons pas d'une manière précise quand Inhibant V fut armé chevalier, mais il y a lieu de croire que cette céré- monie aura été célébrée à l'époque de son mariage, qui eut lieu en 1255. On peut rapporter aussi à la chevalerie de Thibaut IV l'aide que ce dernier exi- gea des juifs en 1222 (l/i22). g 5*. — Emprunts. Les comtes de Champagne avaient deux sortes de dettes. Pour les distinguer, nous emploierons des expressions alors inusitées, mais qui nous permet- tront d'énoncer en termes clairs pour tous une idée sans doute aussi ancienne que la civilisation : ils avaient une dette flottante et une dette consolidée. Nous ne parlerons ici que de la première; il sera question de la seconde dans la section suivante qui traitera des dépenses. (a) Voir plus haut, p. 123. — 839 — II a déjà été fait meqtioo ^e la dette flottante d'Henri I"', mais naus^ ne sachons pas qu'elle ait eu grande impof*t^nce (a). Le premier ^e nps comtes qui, à notre c(HUiais- sance, ait eu l'embarras d'une dette flottante consi* dér^jble^ est Henri II; les revenus de ce prince n'égalaient pas les charges que lui imposait la gloire de régijUjSi: spr les chrétiens de Palestine (6). Nous ne savons pas le qfipntap|L de& sommes qu'il em- prunta, mais on nous a conservé les noms de dix banquiers qui lui avaient prêté de l'argent et qui ne furent désintéressés qu'après sa mort par Thi- baut III (c). Blanche de Navarre, malgré de lourdes charges, parait avoir su éviter d'aussi grandes diflicultés financiers. Le seul créancier que nous lui connais- sions est Gaillard de Lart. De la foire de Bar-sur- Aube, 1218, à celle de mai de la même année, elle lui dut, 5,737 livrées., pour lesquelles elle lui paya 230 livres d'intérêt. De la fo^re de Saint-Jean à celle de Saint-Âyoul, cette dette se maintint à peu près au même chifiTre, c'est-à-dire à 5^700 livres, dont l'intérêt fut de 228 livres (d); et de la foire de % (a) Voir notre t. Hl. p. 305-306. (ft) Voir plus haut, p. 70. (c) Bertrand de Lambes, Bernard de Conches, Bernard Aufredi (461, 493,496). Guillaume Giraud (461, 49Ci). Guillaume de Conches (493), Bernard l'Ecrivain (491, 495). Pierre Etienne, Arnaud Cap-de-Mall, Raimorid Raimondi (495), Pierre Esprou- vez (iWl). (é) Bourquelot, PragmenU de compta du xiii^ siècle, dans la Bibl.de VEc. des Chartes, 5« série. IV, 58,. — 840 — Saint'AyouI à celle de Saint-Remy, la sommme due par la comtesse s'éleva à 7,562 livres dont l'intérêt atteignit 302 livres (a). Ces 7,562 livres valaient 153,235 fr. 02 c, au pouvoir de 766,175 fr. Blanche n'éteignit pas cette dette, elle la laissa à son fils qui ne se hâta pas de se libérer, car en i2&7, Thibaut IV, comme représentant de sa mère, devait encore à Gaillard et à ses associés i,8i0 livres 15 sous (2813), soit 86,677 fr. 52 c, au pouvoir de 183,388 fr. Gaillard de Lart ou de Laro qui avait pour prin- cipaux associés Bertrand de Lart, son frère, et Bertrand Jean, de Cahors, était, comme ce dernier, originaire de Cahors. Son association avec Bertrand Jean paraît remonter au moins à l'année 1219, où Blanche, en récompense des services de ces deux financiers, leurdonna deux maisonsà Provins (1265). Ce fut probablement au nom de cette société qu'en 1228 Bertrand de Lart prêta 2,905 livres 14 sous à Thibaut IV (1872). De 1247 à 1251, Gaillard de Lart fut changeur aux foires de Champagne (2813, 2850, 2998) (6). Thibaut IV ne se contenta pas d'emprunter prés de cette société de banquiers. Le début de son règne se signala par ces prodigalités si fréquentes chez Ml (a) Ibid., p. 60. (b) Voici quelques autres noms de changeurs des foires : de 1245 à 1247, Jean de Nivelle, chambellan de Thibaut IV (2722, 2801, voir plus haut. p. 510); Jacques Philippe en 1246 (2724), Pierre Guillaume avant 1265 (3378), Tuche de la Roque et Ma- thieu Daguenet en 1282 (Boutade, AeUs du Parlement, q<» 2460). — 841 — jeunes gens possesseurs d'une grande fortune, et pour subvenir à ces dépenses exagérées il s'endetta. Ses principaux créanciers furent d'abord deux juifs du roi de France : Moxé-Dieudonné et Hélie de Bray, dont le premier eut bientôt pour successeur Haquin, son fils. Thibaut, l'année méoae de sa ma- jorité, 1222, reconnaissait devoir à cette société 720 livres (l/i52). Peu après , le chiffre atteignait 5,500 livres (1503), et au mois de février 122/i, 10,500 livres, valant 212,770 fr. 13 c, au pouvoir de 1,063,850 fr. (158/i). Ce ne fut pas tout. Au mois de mai 1223, Thi- baut IV se fit livrer la table d'or de l'autel et la grande croix d'or de Saint-Etienne de Troyes (1533). Puis, il les donna en gage aux moines de l'abbaye de Saint-Denis qui lui prêtèrent 2,000 liyres parisis (1712), soit 2,500 livres tournois, valant 50,659 fr. 56 c, au pouvoir de 253,298 fr. Il remboursa 500 livres parisis en 1227 (1782), autant en 1228(1829); puis il parait avoir longtemps négligé cette dette, car il était encore* débiteur de l'abbaye au mois de février 1252, où par le paiement d'un nouvel à- compte il réduisit cette créance à 600 livres (2993). Nous sommes loin de connaître tous les emprunts ^ Thibaut IV, mais nous avons encore un état de ceux qu'il contracta du 15 octobre au 16 décem- bre 1228. Leur montant s'élève à 16,779 livres 11 sous, savoir : ^o A Bonencontre Rugeri, Paganello Fortiori et leurs associés , banquiers de Sienne 4,246^ H 857). 2'' Aux mêmes 800 H 858). S"» A Hoguenillo Gentili, de Sienne. . 300 (4864). 4<' A Bonencontre Rugeri 480 (4865). — 842 — « • 5^ AAlemannoHugonis,àAIebrandiQO Magnîttini et à leurs associés, banquiers de Sienne 5,400" 4T«(-I866). 6^ A Gbacbeviaut Espinelli et à Barthé- lémy Gardouille, de Sienne 627 H868). 7^ A Bertrand de Lart, de Cabors. . . 2,905H4*H872). 8° A Aimeri de Toulouse ....... 240 * (4873), 90 AHuguenind'Aunay,deIaCharité. . 4,075 (4876). 40° A Ami de Luzy et à Dreux de la Cbarité 4,290 ' (4877). 44<> A Bonencontre Rugeri 4,200 (48Ï8). \2^ A Etienne, Hugues çt Barthélémy Le Blanc, de Lyon 3^ (4879). 43° A Evrard de Besançon 4,5o6 (4880). A la fin de décembre 1229, Thibaut IV devait en outre une partie des sommes qu'il avait empruntées les années précédentes. Il devait : Aux juifs Haquin et Hélie 3,500U. A Fabbé de Saint-Denis, 1,000 livres parisis, yaJaDt 4,250it A (jaillar^ de Lart et à ses associés, au moins 4,840^ 43* ToTiL 6,5601 43» qui additionnés avec 16,7791 U* donnent une somme de. . , 23,340i 4» valant 472,957 fr. 04 c, au pouvoir de 2,3^64,788 fr. C'était plus des deux tiers du revenu net du comté de Champagne. Plusd'un tiers de cette somm^ soit 8)i/i6 livres, devait être remboursé à de très- courtes échéances, dont la plus éloignée était- la foire de Saint-Jean de l'année suivante. Aussi les embarras financiers de Thil>aut IV se prolongèrent longtemps. En 1229, il emprantail 1,200 livres à son chancelier (2012). En 1288^ il était débiteur du marquis de Montferrat : ce dernier, ne -m- pouvant obtenir paiement, menaçait de faire jeter en prison les voyageurs français qui se rendaient en Italie (2284). A la môme date, Thibaut, au lieu de rembourser ce qu'il devait aux frères Pierre, Ange et B., Gis de Jean lipérini, banquiers romains, fit eqcbainer un d'entre eux, et, à force de menac(^^ et de mauvais ti;aitements, il lui arr^ba. 1^,200 livres; le^ pape crut devoir ii^teryenir et menaça 1^ comte des foudres àçt l'Eglise : cette affaire dura a,u moips trois ans (a). En môme temps, un^ dette di; même, prince epvers, trois autres banquiers : Pierrçt Parent, G. Alexis et J.ean-l^-Joif, etqn refus obstiné de payer, faisaient frapper Thibaut d'excommunication et met- tre la Champagne en interdit (2/i28). Le chanso)Dnier-rpi avait alors dans la guerre de succession de Champagne, dans sa guerre avec le roi saint Louis, une cause de dépenses multipliées ; de là u^ déÇcit éporme que ne put couvrir la dot apportée par Marguj^i^ile de Boui:bon; pourtant cette dot. dépassait d'un tiers le revenu net du comté de Champagne, elle était de 36,000 livres parisis ou de /iS^pOQ livres tournois, valant 911,871 fr. 99 c, au ppuvoir de /i,5i59,360 fr. (2202), et sur ces 36,000 livres p^r^jsf, plus des trois cinquièmes^ soit S(1,000 livre;s, étaient payés dés 1233 (2269). Plus, ^^f^ Ije^ finance^ de Thibaut serétablirçnt. En 1238, /i,8PÔ)Uvrps étaient remboursj^es en son noipf^ à des ba^quier3 de Siçnneet de ^ome (2657). Cependant, nous avons vu que, dans les dçmièrç^ années dqs^ v|ç, il (^çvajt encore 1810 livres 1& sous à Gaillard de Lart, et 600 à Ta^é de Sai^trljliepis. (a) Voir pliis bput, p. 60Q. — 844 — Nous ignorons si ses fils contractèrent des em- prunts, nous n'en avons trouvé aucune trace. I 6*. — Aliénations de domaines. Nous n'allons pas donner ici . l'énumération de toutes les aliénations de domaines faites par nos comtes dans la période qui nous occupe. Ce serait un travail aussi fastidieux qu'impossible à exécuter d'une manière exacte. D'ailleurs, la question des aliénations de domaines, en tant que ces aliénations ont modifié sérieusement la constitution topo- graphique du comté de Champagne, sera traitée dans le chapitre consacré à la géographie. Nous voulons ici parler des aliénations de domaines en tant qu'elles ont été une ressource financière. Thibaut III, par la vente de la terre de Meixéri- court, se procura 1,700 livres valant 34,428 fr. 50 c., au pouvoir de 472,142 fr. (479). Blanche de Navarre céda à plusieurs monastères, moyennant une rente de blé, son moulin neuf de Provins. Cette princesse et Thibaut IV, ayant assuré une rente de 1,200 livres à Philippine, dame de Ramerupt, lui donnèrent des immeubles en paiement (1403, 1779). Le règne de Thibaut IV fut celui des aliénations importantes : Thibaut IV vendit aux Templiers, moyennant 10,000 livres, la gruerie de leurs bois de Champagne (1950), à Tabbaye de Clairvaux des dîmes qu'il se fit payer 520 livres (2137); au roi de France, la mouvance de Chartres, Blois, Sancerre et Chàteaudun, pour la somme de 40,000 livres (2313); à l'abbaye de Montiérendei*, son droit de pariage sur les seigneu- ries de cette abbaye, pour lequel il reçut comme — 845 — prix 5,000 livres (259/i). Si nous ajoutons la cession des bois de Mant et de Vassy à la reine de Chypre Alix, pour lui tenir lieu de 2,000 livres de rente (2311, 2351), nous trouvons que Thibaut IV se procura par des aliénations : i^un capital de 55^520 livres, valant 1,125,047 fr. 40 c, au pouvoir de 5,625,237 fr, 40 c. ; 2» une rente de 3,200 livres, valant 64,844 fr. 33 c, au pouvoir de 324,222 fr. Ces chiffres peuvent se mettre en regard de ce que nous savons de ses emprunts et complètent le ta- bleau du déplorable état de ses finances pendant les premières années de son administration. Thibaut V vendit sa maison d'Orient pour 1,300 livres (3340). Mais ni lui ni son frère ne paraissent avoir été entraînés par le besoin d'argent à ces aliénations considérables qui furent un des malheurs du règne de Thibaut IV. Section 3«. — Dépenses. { 1". — Dépenses ordinaires. Les dépenses ordinaires des rois de France se distinguaient en deux classes : l*" les dépenses qu'on peut appeler obligatoires, et qu'il faut déduire du revenu brut pour obtenir le revenu net, c'est-à-dire celles des bailliages et des prévôtés; 2^ les dépenses qu'on peut qualifier de facultatives, c'est-à-dire celles de l'hôtel (a). Les dépenses ordinaires des comtes de Champagne peuvent donner lieu à la môme distinction. (a) Voir la dissertation de M. de Wailly sur les dépenses et les recettes ordinaires de saint Louis. D. Bouquet, t. XXI. -_ 18^6 - Grâtcè aux éomptè^ du pïeihiVr semestre 'de l'année 1285 et du second semestre de Tâfrinée 1287, nous pôuvôàs riôus faire une idée asseit: complète 'de ce en quoi consistaierit les dépeàâès dte bailliages *et dès prévdtéà de Champagne à l'époiqu^e de k réunion à la couronne. N6uk avons dëjà 'dit à quel chiffre ëtle% se montaient (a); reste à doViiier q'àd- ques^tàils. Lek dépenses des bailliages et des préV^tés peu- vent se diviser en quatre chapitres : 1* entretien des bâtiments et des étangs; 2^ gages â'émptoyés; S"" frais de justice et de levée d''impô(s; â* fîe& et 'aùinônés, p'ensioiià et rentes viagères. Bàtimeots et Etangs. L'entretien des bâtiments CoOta, dans le premier semestre de l'année 1285, 2,985 livres 13 sous 2 deniers; dans 4e second semestre de 1287, 1,319 livres. L'empoissonnement des étangs coûta 115 li- vres 9 sous dans le premier semestre de 1285. Gages. Les gages étaient en très-grand nombre. Nous en citerons quelques-uns. Les plus élevés, en 1285, étaient ceux des deux gouverneurs. Le premier, Jean de Joinville, recevait par jour 60 sous, soit 60 fr. 21 c, au poqvoir de.^Qi fr.^ ce qui donne par an 730 livres valant 16,617 fr. 66 c«, au pou* voir de 73,088 fr. Le second gouverneur, Gautier (a) Voir plus haut, p. 807. — ^647 — de Gbambly, h^àvait que 20 sous par jour, soit 20 fr. fO c, au pouvoir de 100 fr. 50 c; ce qui fait par an 365 livrés Valant 7,308 fr. 83 c, au pouvoir de 36,544 fr. Les bailUs paraissent avoir touché, en 1285 comme en 1287, 250 livres par an, soit 5,026 fr. '58 c, au pouvoir de 25, 13^ fr. Les avocats du comte de Champagne près l'offi- cialité de Troyes se contentaient de 20 livres de gages, sôit 402 fr. 13 c, au pouvoir de 2,011 fr. Les gardes des foires avaient-ils des gages fixes avant la réunion à la France? Nous l'ignorons. Tout ce que nous savons, c'est qu'ils recevaient, ou pour toufe chose ou en sus de leurs gages, une indemnité variable et sans doute payée sur mémoires. Pendatit le premier semestre de l'année Ï285, l'un 'cTéul fut occupé liO jours, l'autre 124, et par jour ils touchèrent de 12 sous o déniera obole à lo sous 11 deniers. L'indemnité totale des deux gardes pendant ce senîëiaeire, s'^ètéVa à '199 livres 5 sous 8 deniers, ce qui donnerait pour l'année 398 livres 11 sous 4 deniers valant 8,013 fr. 63 c, au pou- voir de 40,068 fr., dont chacun d'eux recevait environ moitié. Après la réunion à la France, ils touchèrent des appointements réguliers fixés à 200 livres par an , 50 livres de moins que ceux des baillis. Les clercs des gardes des foires avaient un salaire fixe et une indemnité supplémentaire. Le salaire était pour l'un de 5 livres par foire, ce qui pour six foires fait BO Hvres Tatetiit 603 fr. 20 c, au pouvoir de 3,160 Tr. ; pour l'autre, de 2 livrés seu- lement par foire, soil'pdiîr les six dé 18 livres valant — 848 — 361 fr. 91 c.^ au pouvoir de 1,896 fr.; oo leur donnait à chacun en sus une indemnité d'un sou par jour de travail, ce qui Gt, pour le premier se- mestre de 1285, 105 sous, et probablement pour les deux semestres, 10 livres 10 sous valant 211 fr. 12 c, au pouvoir de 1,055 fr. Les sergents à cheval, auxquels était confiée la garde des chemins pendant les foires, recevaient par jour 3 sous valant 3 fr., au pouvoir de 15; les ser- gents à pied, chargés du même service, 1 sou valant 1 fr., au pouvoir de 5. Mais les sergents payés à l'année pour garder les bois, touchaient beaucoup moins : quand ils étaient à pied, 4 à 5 livres, soit 80 à 100 fr., au pouvoir de /lOO à 500; quand ils étaient à cheval, le double. La garde des châteaux, des maisons et des parcs du comte coûta, dans le premier semestre de 1285, 569 livres 9 sons 9 deniers. Frais de justice et d'impdts. Un compte de Tannée 1219 mentionne une dé- pense de 4 livres k sous 6 deniers pour des assises tenues à Provins (a). Les grands jours de la quin- zaine de Pâques, 1285, coûtèrent vingt-quatre fois autant, soit 101 livres 17 sous valant 2,047 fr. 83 c, au pouvoir de 10,236 fr. (6). Une partie des dépenses occasionnées par la levée des impôts consistaient en salaires, payés aux agents (a) Bourquelot, Fragments de complet du xiu* tiècle^ dans h Bibl. de l'Ec. des chartes, 5» série, IV, 66-67. {h) Voir notre 1. 11, p. lxxui, lxxiv. J«" -% tthat^és de la perception; ainsi, la perceptiotfl^es tailles de Provins en 1219 douta 2A livres G soui'(â). IVtautres dépenses relatives à cet objet ne figuraient que pour ordre, c'étaient les non-valeurs; en 1249, les non-valeurs de la taille atteignirent, à Sézanne 110 sous, à Pont-sur-Seine 12 livrés 7 sous (6); dans le premier semestre de Tannée 1285, les non- valeurs des tailles et des jurées s'élevèrent à 118 li- ypes 6 sous (c). Fiefs et aumdnes. — Pensions et rentes viagères. On appelait fiefs {es rentes assurées héréditai- rement à divers personnages^ aumônes les rentes données à des églises : les fiefs et aumdnes consti- tuaient la dette consolidée. Le montant total des fiefe et aumônes payées dans le premier semestre de fannée 1285 s'éleva à 3,662 livres, et dans le second semestre de l'année 1287 à 5,922, ce qui donne un total de 9,584 livres valant 192,599 fr., au pouvoir de 962,995 fr., prés d'un million, en- viron le sixième du revenu brut du comté. La rente que l'empire français paye aux porteurs .des titres de la dette consolidée est aussi le sixième environ (te la recette totale portée au budget. Une partie de la dette consolidée de nos comtes an moment de la réunion de la Champagne à la [à) Bourquclot,^ Fragments de comjtUt du xiii* siècie^ dans la Bibl. de l'Ec. des chartes, »• série, IV, 68. (6) Bôorquetot, ibid., p. 62, 63. (c) Voir hôtre t. II, p. Lxxvii. artr. 248. 54 v- — 850 — France, remontait au régne d'Henri I* (a), et même peut-être plus haut (580). Voici un état des rentes tenues en fiefs de nos comtes dans la période qui nous occupe : Maison de Gbamplitte 400^ (64 0,2722) (i). — Choiseul 20 (755). — BeaumoDtrsur-Oise. . . 20 (898). — Coucy 20 (945). — — 30 (927). — Passavant-en-Yosges. . 60 (4052,2965)(c). — Darney 45 (4053). — Touquin 30 (4055). — Thoult 20 (4093). — La Fauche 20 (4423,4442)14. Le légiste Anselme 40 (e). Maison de Vienne et Mâcon. . . . 590 (/). — Thil-Châtel 30 (4490). — Vaudemont 60 (4 492,3586). — Clefmont 33i 6* 8<^ (4 494,2659). — Villehardouin 55 (4498,4428). — Mont-Saint-Jean. ... 70 (4206,4450). — Sombernon 20 (4207). — Montréal 30 (4247). — Antlgny 20 (4248). (a) Voir notre t. 111, p. 305. (6) Voir notre t. 11, p. lxxix, art. 238. (c) En 1285, 60 livres, voir notre t. H, p. lxxix, art. 237. L'acte catalogué sous le n^ 1052, et qui est daté de 1217, parle de 30 livres seulement. Cette somme avait été doublée en 125t (2965). (d) Voir notre t. II, p. lxxdc, art. 245. (e) Bourquelot, Fragments de comptes du mV rièele, dans h Bibl. de VEc. des chartes, 5* série, IV, 59. ({) Voir Catalogue n»* 1169, 1178. 1182. 1183, 1348, 1517, 1788, 180t, 2158, 2370, 2512, 2664, 2821, 2936. V — 851 — Maison de Sauli 20^ H230). — Rozoy 60 (4 307,2873!f. — Apremoot 30 (4 393,24 08)(a). — Roye 420 (4406). Aude, demoiselle de Blanche de Navarre.. . . , 40 (4423^426). HaisondeSaffres 30 (4442) (b). — Mirvaui 5 (4448). Girard de Veraire 20 (4454). Maison des Barres 60 (4549,3222). — deNeufchâtel 20 (1587). Geofroi de Bar 45 (4634). Maison Ulani 80 (4656). Maison de Belrain 45 (1764). — Masquelines 45 (4847). — Villiers 30 ((?). — Chervey 5 (4925). — Audenarde 60 (4928). — Beaujeu 20 (4938) (d). — Vallery 30 (4962,2494). — Chalon-sur-Saône.. . . 440 (4972,4984). — Seignelay 40 (4993). — Sommepy 8 (2004). — Montbrison 20 (2004). — Châtres 20 (2005). Etienne de Provins 35 (2009). GiUebert Le Gay . 45 (2044). Maison de Lioux 30 (2048,2034). — Bar-le-Duc 30 (2025). — Montmorency-Marly. . 52 (2094,2486). Renaud Mareschar 20 (24 04). Maison de Deuilly 66U»8*(2444). ' Henri d'Oye W (2464). (a) Voir notre t. 11, p. Lxxix, art. 259. (6) Voir notre t. II, p. lxxix, art. 242. (r) Catalogue n»* 1802, 1883. 1918. 1919, 2011. {d) Voir notre t. U, p. lxxix, art. 240. • — tt» — <|iiiard Pinel 20i (2462}. Adam de Beaumont 30 (224 6,2352 M) Maison de Tbourotte 60 (2415). — Vergy. ..;..... 90 (2502) [a). — Pougy 20 (2544). Garnier d&Lagny 40 (2550). MaisoadèJoinville-Sailly 30 (2608) (i). — tfello 6tf (2633). Hélye, dame de la Vacherie. . . 47 (2647). Maison de Grancey 20 (2677). Adeline de Rouilly 2î40»(2756). Maison de Hangest 30 (2780). Gui Roland 80 (2990). Maison de Bretagne .3,000 (3072). Gui de Mello, évéq^e d'Auxerre. 200 (3209). Marc de Voigny 2 (3223). Maison de Luxembourg 200 (33^6,3576). Renaud de Bar 300 (35^). Jean Dauras de Ghaumisy. ... 20 (3674). Hugues de Conflans 200 (3674). Mathieu de Mécriqges 20 ' (3683). Jean Loup 45 (3696). Drouin.de Traînel 400 (3740). Maison d'Arcis à7 (3727). Maison de Noyers.. 25 {e], Guillaume de Sainte-Croix. . . 440 (d). Erard de Thianges. ...... 30 Pierre Lyoinne 6^4 Cf« Guillaume de Fleury 40 (e). .4A. « Total 7,249M4«4/* Mais ces rentes n'ont pas toutes été dues à h (a) Voir notre t. H, p. lxxix, art. 235. (b) Voir notre 1. 11, p. lxxix, art. 241. (e) Voir notre t. U, p. Lxxix, art. 246. (d) Voir notre t. II, p. uxix, art. 234. (e) Voir notre t. II, p. lxxx, art. 161-266. — 853 — in%me époque, et une partie d'entre elles étaifnt éteintes quand les dernières ont été créées. Dans le paragraphe consacré aux dépenses extraordinaires, nous parlerons de celles de ces rentes qui ont été rachetées par nos comtes. Ce que nous avons à dire sur les dl|i6iises des baillages et des prévôtés ou, pour nous exprimer autrement, sur les dépenses obligatoires, se termi- nera par de courtes indications sur les rentes via- gères dues par les comtes de Champagne au xiii* siècle. Voici quelques noms de rentiers viagers suivis chacun du chiffre de la rente et du numéro de renvoi à l'acte qui établit le droit du rentier : * Gillebert de Saint- Jacques, médecin. . 201(^^65,4567). Rémi, chancelier de Champagne. . . 20 (4252). Un chanoine de St-Pierre de Rome. . 20 (4752). Odard d'ÂuInay, maréchal de Cham- pagne 30 (4770,2325). Guillaume, neveu d'Herbert, médecin. 40 (4825,4826). Anséricde Bazarnes 400 (4958). Jean, comte de Roucy 400 (2049). Gaucher, ch&telain de Péronne. ... 50 (2446). Elisabeth de Braisnes. . . ..... 200 (2390,2407. 2424,2472). Geofroi du Pré 30 (2450). Pierre, doyen de Chaumont 5 (2303). Etienne de Sancerre 400 (2949). Ponce de Mirebeau 60 (3074). Marguerite de Bourbon, comtesse de Champagne. 700 (3096). Thierri, comte de Montbéliard 500 (3483). Othon de Bourgogne, seigneur de Sa- lins 500 (3728). — 854 — Renier Accore 300 (3783). Marguerite, duchesse de Lorraine. • . 500 (a). DépensM de l'hôtel. Les dépenses de l'hôtel correspondaient à cdlet de la liste civile et du ministère des affaires étran- gères. Nous en trouvons quelques exemples dans les fragments de comptes des années 1217-1219, 1258-1259) publiés par notre savant confrère M. Bourquelot (6) : Pour une robe donnée à l'aumônier à son retour de Rome W Pour frais de deux voyages faits à Paris par Lambert Bouchu » A Taumônier pour des vêtements achetés à des pauvres » Pour des messes que célébrera Pierre Dau- fin 400» Pour les robes de la comtesse, du comte ; t pour les tentes et pavillons Pour les robes de sept nouveaux chevaliers. 438^ 44* Pour les robes de la comtesse, du comte t et des demoiselles Pour vingt-trois muids et demi de vin blanc et pour onze setiers de froment envoyés à la cour de Pont-sur-Seine 66» A deux messagers qui ont apporté des lettres 5' A Gautier de Scrupt, sergent d'armes et à ses compagnons, pour cinq paires de robes 3i 40* (a) Voir notre t. Il, p. lxxiv, art. 247. (6) Bibliothèque de l'Ecole dee ekarlet, » série, IV. 57-68. 70-79. — 855 — Pour la dépense de Girard de Varaire^ quand il alla au Mans acheter des chevaux. . • Pour le palefroi de la comtesse » Pour des réparations au char de la com- tesse 41 44* 8* Pour les souliers du comte 44' Pour des chenets placés dans la cuisine du comte à Igny-le-Jard { 2*. — Dépenses extraordinaires. Nous ne parlerons pas ici des dépenses aux- quelles il était pourvu par les aides extraordinaires dont il a été question au paragraphe 4 de la section précédente (a). Nous n'avons, par exemple, aucun moyen d'apprécier ce qu'ont pu coûter à Henri II la croisade de l'année 1190, à Thibaut IV celle de 1239, à Thibaut V celle de 1270. Nous ne savons pas davantage quels frais occasionnèrent à Blanche de Navarre sa guerre contre Erard de Brienne, à Thibaut IV et à Thibaut V les nombreuses guerres qu'ils eurent à soutenir en France. Nous parlerons seulement des prêts et des cautionnements faits par nos comtes, des dots de leurs filles, des sommes qu'ils employèrent au rachat des renies dont ils étaient grevés et en acquisition d'immeubles. Préto. Voici quelques exemples : En 4204, 700 livres à Gautier, comte de Brienne (542). En 4240, 500 livres au prieuré de Foicy (724). (a) Voir plus haut, p. 836-838. — 856 — £u 4227, 45,0«' 67$i i^Mi 191Q« Zm* (b) Catalogué, n^ 809. 966* 2246, 253$, 2961, 2971, 3074- 3076, 3432, 3689. 3805, 3831, 38S7, 3863, 3864. — 888 — (2S3S) ; Thibaut V et Henri III ajoutèrent à cette liste Coifly (3632, 3689), seigneurie dont Thibaut IV avait acquis la moitié par un acte de pariage conclu avec le prieuré de Varennes et l'abbaye de Mo- lesme (a). Nous ignorons quels étaient les fiefs dont Thi- baut IV et Henri III faisaient hommage aux évéques de Châlons-sur-Marne (87/j, 875, 3763). * Quant aux évêques d'Auxcrre dont la suzeraineté est constatée par des chartes des années 1216 (877) et 1281 (3853), on peut supposer que nos comtes leur devaient hommage pour la mouvance de Mailly et de Bitry (882). Les évéques d'Autun auxquels Thibaut IV 6t hommage deux fois (895, 2906) étaient sans doute seigneurs suzerains de Chàtel-Censoir, de Pierre- Ferthuis et d'Uchon, que le comte de Nevers tenait immédiatement du comte de Champagne (912). Nos comtes étaient vassaux des abbés de Saint- Denis pour la terre de Nogent-sur-Seine (3859) (fr). ] 2*. — Domaines des comtes de Champagne. Nous n'entreprendrons point la nomenclature de toutes les villes et de tous les villages dont nos comtes étaient seigneurs immédiats; nous nous bornerons à donner la liste des chàtellenies qui leur appartenaient, en ajoutant, sous le nom de chacune (a) Catalofitte, n- 2545. 2934, 3085-3086. (b) Voir dans notre Catalogne, n^, 1366, 3806, deux autres actes d'hommage. - 889 — d'elles, quelques indications historiques, notamfflent sur l'époque et le mode de racquisition. Les chàtellenies appartenant à nos comtes avaient leurs chefs lieux situés dans les départemenis de l'Aisne, de l'Aube, de la Marne, de la Haute-Marne, de Seine-et-Marne^ des Vosges et de l'Yonne. Nous suivrons Tordre alphabétique de ces départements. AlSXE. 1* Château-Thierry élail un des domaines les plus anciens de nos comles (a). Chef- lieu de prévùté sous ThibaulII(6), Chàleau-Thierry conserva celle dignité sous les successeurs de ce prince (c); il posséda même quelque temps un bailli (c/). Nos comtes y résidèrent quelquefois {e). On trouve encore des ruines de leur château sur la montagne qui domine cette petite ville. 2® NeuillySaint-Front, après avoir passé de la maison de Donzy dans celle de Trainel vers 1153, fut vendu par Anseau de Tratnel à Henri le Libéral vers 1168 (f) : Hervé de Donzy, comte de Nevers, abandonna ses prétentions sur Neuilly à Blanche (ci) Voir notre tome I, p. 186; tome II, p. 30, 278. (6) Voirnotre tome II, p, 422. (c) Voir notre tome II, p. v, art. 42: xi, art. 130; xxviii,art. 368; XLViii, art. 575; un, art. 635; lv, art. 682; lxi, art. 29; Lxviify art. 77; lxxxhi, art. 332; voir aussi notre Catalogue, n~ 2014. 2537. (d) Voir plus haut, p. 479. (e) Voir plus haut , p. 794-793. (f) Voir notre tome 111, p. 35. ' 890 — de Navarre en 121 S (a). Celle localité figare aa nom. bre des prévoies de Champagne dans le registre de Thihaul V (6) cl dans le compte de Tannée i285 (c). liais la prévoie de Neuilly parait avoir élé unie à celle de Fismes sous Thibaut V, à celle d'Oulchy en 1285. On voit encore les ruines du chàleaa de nos comles h Neuilly. 3* Oulchy éiail comme Château -Thierry une des plus anciennes possessions des comles de Cham- pagne ((/). Un prévôt y siégeait sous Thibaut II et sous Henri I" {e) Oulchy resia chef-Iicu de prévoie sous leurs successeurs (/). Nos comles y avaient un château qui est détruit depuis plusieurs siècles. ACBB. U* Bar-sur-Aube, réuni au domaine de nos comtei par Thibaut I^' en 1077 ou 1078 (g\ fut le siège d'une prévôté pendant tout le cours du xii* et da xiii^ siècle {h). Son château, quelquefois habité par Thibaut II, Henri I^, Marie de France, Blanche de [a) Voir plus haut, p. 169. (6) Voir notre tome II, p. xLYin, art. 578 ; p. lt, art. 6SS. (c) Voir notre tome II, p. Lxviir, art. 82. (d) Voir notre tome II. p. 32-33. 280 ; cf. 1. 1, p. 186. {e) Voir notre tome II, p. 423, note ; p. v, art. 40; x, art. 139. if) Voir notre tome II, p. xxvm, art. 367; XLYin, art. 677; un, art. 636; ly, art. 683; lxviu, art. 82. (g) Voir notre tome II, p. 29. (h) Voir notre tome II, p. 423, note; p. m, art. 5; x^art. 118; XV, art. 212; xxxvi. art. 430; xlvi, art. 561; Lnr, art. 654; lv. art. 700; lxx, art. 107; lxxxiv, art. 347. — 891 — Navarre et Thibaut V (a), fui délruil au xvi* siècle par ordre d'Henri IV (6). La molle qui porlail le donjon existe encore. Nous avons vu que Bar- sur Aube fut momentanément le chef-lieu d'un bailliage (c). 5* Bar-surSeine est une acquisition moins an- cienne. Le dernier comte de cette ville, Milon III, du Puiset, mourut en 1218 au siège de Damielte; Gaucher, son fils aine, qui Tavait accompagné en Egypte, eut le même son; Guillaume, son second fils, grand-maitre du Temple, périt Tannée sui- vante { (a) Vbir plus haut, p. 432, (6) Catalogue, n" 3698. 3704. 3705, 3720. Î7BQ. 3784. (c) Voir noire tome 11, p. iv, art. 26; x. at^. 124; kxvm, «^ 362; LU, art. 609; Liv, art. 644; lv, art. 691. ' ^^•-' — 000 — jour les fondations de la tour qui s'élevait au-dessus de cette motte et un puits destiné à abreuver la garnison (a). 25^ Cbantemerle fût, comme Bussy, le cbef-lieu d'une chàtellenie de nos comtes dès le règne d'Henri le Libéral et sous tous ses successeurs {b). Barbùnne était habituellement considéré comme faisant partie de la çjl^tellenie de Chantemerle. Cette chàtellenie fit partie du douaire de Blanche de Navarre (&85), de Marguerite de Bourbon (3098) et de Blanche d'Artois (3737). Il y a encore des vestiges des fossés qui entouraient Chantemerle; ceux de Barbonne existent encore. 96° Chàtillon-sur-Marne faisait partie du domaine des comtes de Champagne dès le xi* siècle (c). Nous trouvons ensuite cette localité dans la liste de leurs chefs-lieux de chàtellenie, depuis Henri le Libéral jusqu'en 1285 (d). La chàtellenie de Chàtillon fut longtemps réunie à celle de Fismes. Il y avait dans ia première de ces deux villes un château qui passe pour avoir été détruit au xvi* siècle. ■■ni ;■! »>i i [iu^ Ménioire topogtaphiqne de la partie des Gaulei occupée au- jéÙ^S^Mè par le dépdttement de la Marne, par A. Sâvy, dans les ^énmir$ê de la Société d'Agriculture de la Marne, p. 98. 99, 192. fféiion$,iUfi* lei communes du département de la Marne dans la jinème collection, année 1861, 2* partie, p. 75. (b) Voir notre tome II, p. xi, art. 134; xviu, art. 243; u, art. 598 ; Liv, art. 662, et lv. art. 695. (c) Voir notre tome II, p. 30-31. {dfVUrmté tdÉèfl, p. v, art. 54; x, art. 128; xvii. art. 3S2 ; KXVHi i «4"!. 365; %iA, art. 581 ; lui, art. 639; lv, art. 686;lxix, art. 81» — »01 — 27* Dormaos, siège d'une prévue sous Tbi* baut II (a), se trouve sur deoi listes des cbàteile* ni^ de Champagne sous le règne de Blanche de Na- varre (i); mais cette localité parait avoir été soavent considérée comme une dépendance delà cbàtelieme de Chàtillon-8ur-liarne. Il reste encore quelques ver- tiges des fortifications de la ville et du ohl^teau. ' 28* Ecueil, qui appartenait à la maison dé ftlois dés 1090 (c), ne parait, dans la liste des cbAtellenies de nos comtes, que sous le régne de Thibaut V et semble avoir été souvent considéré comme une dépendance de la châtellenie de Neuilly-Saint- Front (d). 29^ Epernay faisait partie du domaine de Yids comtes dès le x* siècle, était le siège d'une de leurs prévôtés dès le xi* (f), et resta cbef-ïleii d'une de leurs chfttellenies jusqu'à la réunion de la Champagne à la France (f). La châtellenîe d'Epèr- nay fit partie du douaire de Blanche de Navarre (685) et de Marguerite de Bourbon (3098). Cette petite ville fut momentanément le siégé d'un baifliage (2890). Hugues, Thibaut II, Henri I* et leurs succes- seurs résidèrent quelquefois au château d'Eper- (a) Voir notre tome 11, p. 423, note, (b) Voir Aotre toipe II, p. xxxw^ art. 363. (c) Voir notre tome II, p. 279. (d) Voir notre tone II, p. uu. arl. 638 ; x^t, ar«(, 685. (e) Voir notre tome I, p. 187, et notre tome II, {). 31. (f) Voir notre tome U, p. V. art. 32; x, art. 123; zin;M. 163; XVI, art. 231; xxvni, art. 364; l, art. 586; un, art. 60; Lv, ^t. 687 ; hUXy art !93. V — 902 — nay (a). L'emplacement de ce château fut occupé pendant toute la durée du siècle dernier par le palais de justice et par les prisons, pais pendant une partie de celui-ci par les prisons et par la justice de paix. L'impasse du Château conserve encore par son nom uq souvenir de cette ancienne habitation de nos comtes (6) . .30* Fismes» qui parait avoir fait partie des do- oanaines de la maison de Blois dès le commencement fdu xii' 3iècle, jet même avoir antérieurement ap- partenu à la maison de Vermandois 9U ^ chefs-lieùK des ch&leUenies de nos comtes depuis Heari I^ jusqu'à Thibaut V (a). 85^ Monlaimé est une montagne située à peu de distance de Vertus et sur laquelle Blanche de Navarre fit bâtir un château vers Taimée 1210 (6). Thi- btui IV y assista au supplice des hérétiques en 1339, et nous l'y retrouvons en 4250 (2950). Montaimé est indiqué comme chef- lieu de châtellenîe dans le registre de Thibaut V (c) ; mais celte châtellenîe se confondait la plupart du temps avec celle de Vertus. Du cii&teau de Montaimé les fossés subsistent seub encore. 36'' MontfiMîx était situé dans la commune de Chavot, arrondissement de Heims, canton d'Avisé; il ne reste du ch&teau qu'uti monticule en forme de cône et qui parait avoir été frit de main d'homme; il a environ trente-huit métrés de diamètre et vingt de haut, il est entouré de fossés larges de hait mètres. Les habitants du lieu l'appellent Monta- fa) Voir notre tome II, p. nr. art. 28; x, art. 125; xvi, art. 229; L. art. 587 ; un, art. 641 ; lv, art. 688. (i) Voir plus haut, p. 110. Nous avons dit, p. 1^, note, que nous ne croyions pas que Montainaé eût été rni centre de population avant cette époque. Mais nous devons réparer une émis- sion en citant ici le texte principal sur lequel s'appuie l'opinion opposée à la nôtre : c'est un passage d'une lettre adressée par l'é- glise de Liège au pape Lucide il, 1144 : Martène, Àmplm. Coll., I, 777, kB : A monte Gnimari, quo nommt quidam vient in Pranda dtcitur, qumdam ka^tsis per divena» terrarum fuurtet defluxisse cognoscUur. (c) Voir plus haut, torae II, p. l, art. 590; uv, art. 660; lt, art. 698. — 90B — filant (a). Des savants indigènes considèrent ce monticule comme un reste de fortification gauloise; nous avons déjà dit que le château de Montfélix fut fondé au x' siècle par Robert et Herbert II de Ver- mandois, comte de Champagne (6), et l'éminence en question n'est évidemment autre chose que la OMlte du château b&ti p^r Robert et Herbert. Mont* félix fut le chef-lieu d'une châtellenie sous Henri I" et sous Blanche de Navarre (c). Plus tard cette châ- tellenie disparait, elle fut probablement réunie à celle d'Epernay. SI"" Passavant fut fondé sous le règne de Thi- baut IV. £n 1261, l'abbaye de Chatrices céda à ce prince le mont de Passavant et conclut avec lui un acte de pariage pour la création du village qui existe aujourd'hui (2591, 2822). Passavant parait dans la liste des chefs-lieux de chàtellenies de Champagne sous le règne de Thibaut V et sous celui de Jeanne de Navarre (d). Le château contenait une chapelle desservie par un chapelain (0); il fut détruit en l/i33; on en voit à peine quelques vestiges (f). 38* Saint-Hilaire-le-Grand faisait partie du comté de Rethel en 12/t5 (2713). Réuni au domaine de {a) Savy : Mémoire topographique, p. 133. '{b) Voir notre \^me 11, p. 3^. (c) Voir notre tome II, p. v, art. 30; x, art. 456; xvi, art. 230. {d) Vt)ii aotre tome II, p. lu, ail. 609; uv. art. 645; lv, art. 603 ; lxix« arV 102. (e) Voir notre tome II, p. Lxxxiii, art. 331. (f) De Barthélémy, Diêc. nnc.de CMlons. II, 154, 155; No- tions sur les communes du département de la Marne, p. 253. — 906 — nos comtes, il fat chef-lieu d'une chàtellenie sous Thibaut V et ses successeurs (a). Suîppes faisait partie de celte chfttellenie et en fut détaché plus tard. 39* Sainte-Menehould était encore à la fin dn XII'' siècle un fief mouvant du comté de Rethel; Thibaut III en fit l'acquisition par échange en 1200 (519); Sainte-Menehould devint immédiatement le chef-lieu d'une des chàtellenies de nos comtes et depuis conserva toujours cette dignité (6). Blanche de Navarre a daté deux chartes de Sainte-Menehould (694, 798). Une promenade et plusieurs rues rem- placent le château que cette princesse avait habité. âO* Sézanne, entré dans le domaine de nos comtes vers la fin du xi* siècle (c), devint alors un de leurs [principaux chefs-lieux de chàtellenies (d). Cette ville fit partie du douaire de Blanche de Navarre (685), de Marguerite de Bourbon (3098) et de Blanche d'Artois (8737). Elle fut érigée en cheMieu d'un bailliage (c). Thibaut II, Henri I*' et leurs successeurs y résidèrent souvent (f). {a) Voir notre tome 11, p. lii, art. 607 ; uv, art. 645; lv. art. 690; LXix, art. 97; cf. p 23, art. 35. (b) Voir notre tome II, p. xvni, art. 237; xxvii, art. 356; XXXI, art. 397, 401; ui, arl. 608; uv, art. 646; lv, art. 692; Lxix, art. 99. (c) Voir notre tome II, p. 55, 281. ((/) Voir notre tome II. p. vm , art. 74; xi, art, 139, 147; xxxviiï, art. 441; l, art. 595; uv, art. 661; lv, art. 697. (e) Voir plus haut, p. 481. 485. if) Voir notre tome III . p. 250, 251, et le présent volame, p. 795. ~ 907 — àV Vertus, acquis à titre iriager du chapitre de Heims par Herbert II en 977 {a)^ fut cependant en fait réuni définitivement au domaine de nos comtes à partir de cette date (b). Cette localité occupa un rang important parmi ies chefs-lieux de chàtellenies de nos comtes (c) et fit partie du douaire de Blanche de Navarre (&85), de Marguerite de Bourbon (3098) et de Blanche d'Artois (3737). Thibaut II, Henri 1" et leurs successeurs y résidèrent quelquefois (d). C'est, pensons-nous, la position défectueuse de Vertus comme place forte qui fit créer près de cette petite ville le château de Montaimé. 62" Vitry-enPerthois fut réuni au domaine de nos comtes vers Tannée 1078 («). Celte localité, qui porta le titre de comté, était aussi un des plus importants de leurs chefs-lieux de chàtellenies (/*). Vitry devint aussi le chef-lieu d'un des principaux (a) Voir notre tome I, p. 154-155, et notre H, p. 282. (6) L'acte primitif de cession fut plusieurs fois renouvelé; un de ces renouvellements eut lieu sous le règne d*Etienne , comte de Blois; voir Yarin, Archivei administratives de la ville de Reims ^ I, 290, art. lix; un autre sous Henri I*' (11). Bien que ce dernier acte fQt formellement viager, Henri II se prétendit propriétaire de Vertus, ce qui donna lieu ù un arbitrage dont nous ignorons le ré- sultat (400). (c) Voir notre tome H, p. vui. art. 79; xi, art. 140; xii, art. t51; XXIX, art. 372; l, art. 590; uv, art. 659; lv. art. 696. {d) Voir notre tome 111 , p. 250, 251 , et le présent volume, p. 796. (e) Voir notre tome II, p. 36. (/■) Voir notre tome II. p. iv. art. 21; x , art. 123; xvi, art. 225; xxviii, art. 36!; xxxxii, art. 435; li, art. 599 ; liv, art. 658; LV, art. 699; lxviji, art. 83. - M bailliages de notre province (a). Les com les de Cham- pagne habitèrent quelquefois le château de ceitt ville (b). On sait que Vitry^en-Perthois n'est ptas qu'un village, mais au-dessus de ce village on voit encore se développer les terrassements du diàteau détruit, et de le pn domine au loin la plaine. HADTE-MAftlfE. A3* Chaumont-enBassigny entra dans le domaine de nos comtes sous le règne d'Henri II (403). Pour augmenter l'importance de la seigneurie, Blanche de Navarre acquit dans cette localité les biens de dame Chamonde (c). Sous Blanche et sous ses successeurs, Chaumont fui le chef-lieu d'une chà- telienie (d). Chaumont devint bientôt aussi le siège d'un bailliage {e). Blanche de Navarre et Thi- baut V habitèrent quelquefois le château de cette ville (/*). Le palais de justice de Chaumont occupe l'emplacement de ce château, et on y retrouve des portions im[)ortantes de bâtiments qui remonteat au temps des comtes, notamment lear donjon : (a) Voir plus haut, p. 484. 485, 486. {b) Voir notre tome II! , p. 280. 251 , et le présent volume, p. 796. (c) CataUgue, n«»656, 637, 638, 661, 682, 807, 808. {d) Voir notre tome H, p. xv, art. 211; xxiv, art. 315; XLvm, art. 574; liv, 652; lxx. art. 112. (e) Voir plus haut, p. 479. if) Voir plus haut, p. 796. — 909 — mais la chapelle mentionnée en 1285 (a) n'existe plus (b). fiW* Coiffy appartenait en 1101 à Renier, sei- gneur de Nogent-le-Roi. Renier donna la seigneurie de CoifTy au prieuré de Varennes dépendant de l'abbaye de Molesme (c). Mais le prieur de Va- rennes n'avait pas la force en main pour faire respecter ses biens, et les censures ecclésiasti- ques étaient impuissantes à les protéger; il se fit autoriser par l'évêque de Langres à contracter un acte de pariage avec le comte de Champagne (25&â). Cet acte de pariage fut conclu en 1250 (293&), et le seigneur de Choiseul y fit inutilement opposition (8083). Alors, des deux villages voisins qui portent le nom de CoifTy, CoifTy -le-Bas et CoifiTy-le-Uaut, le premier seul existait; le second dût sa naissance à une forteresse qu'un de nos comtes, probablement Thibaut V, ût construire sur la montagne, et qui devint chef-lieu d'une chàtellenie (d). Le château de CoifTy a été démantelé en 1685, mais il en reste encore quelques ruines. àb^ La Ferté-sur-Âube, acquis par nos comtes vers l'année 1078 avec Bar-sur-Âube et Vitry, fut chef-lieu d'une de leù^s chàtellenies sous Henri I*' et ses successeurs (e). Le château était en ruine dés (a) Voir notre tome II, p. lxxxiv, art. 344. (6) Sur l'histoire du parais de justice de Chaumont, voir JoH* bois. Histoire de Chaumoni, p. 367-372. (c) Jolibois, La Uaute-Marne^ p. 155. (d) Voir notre tome II, p. ui, art. 612 ; liv. art. 651; lv, art. 707; LKXi. at-t. 128. (e) Voir notre tome II, p; m, art. 1 ; x, tri, 111; xa\, aH. 162; — dis! — tëlleniès dé sed successears (a). Vassy fit partie de Papanage donné par Thibaut V à Henri III (3326); Nous avons de Blanche de Navarre une ciharte datée de cette ville (126/i). Le château et les remparts de Vassy ont une histoire, mais aujourd'hui sont complèteinent détruits (6). Seine-et-Marne. 50* Bray-sur-Seine, qui dès le ii* siècle apparte- nait à la niaison de Blois (c), fut le che£-lieu d'une des chfttellenies de nos comtes sous Henri I*' et sous les successeurs de ce prince (d). Thibaut II et Henri 11 ont daté des chartes de Bray-sur-Seine («). 51® Coulomroiers faisait partie des possessions de b maiscni de Blois dès Tannée liOl (f). Dès cette époque, la comtesse Adèle y avait un prévôt (g). Cette localité resta le siège d'une prévôté sous Thibaut H (/i), et depuis celte époque ne cessa de figurer parmi les cht^fs- lieux des chàteilenies de nos (a) Voir noire tome 11, p. xii, art. 157; xin, art. 166; uv, art. 647; Lv, art. 713; Lxxi, art. 129. (b) Jolibois, La Haute-Marne, p. 534 et suivantes. (c) Voir noire tome 11, p. 277-278. {d) Voir notre tome II, p. vu, art. 63; xi, art. 135; xxvn, art. 358; XXXVII, art. 438; xlv, art. 551 ; un, art. 630; uv, art. 678; Lxvii, art. 66. {e) Voir notre tome III, p. 249, et le présent volume,^. 798. (/) Voir notre tome II, p. 279. {g) Voir notre tome II. p. 284. {h) Voir noire tome II, p. 422425, nHe, — 913 — comtes (a). Le château* de Goulommiers existait encore au xvii* siècle; une partie devint alors un monastère de religieuses de la Congrégation, de l'autre partie on fit au siècle suivant des écuries pour les gardes-du-corps ; aujourd'hui, toute trace des bâtiments du moyen-âge a disparu (6). SS'* Jouy-le-Chalel, dont sont datées deux chartes de Thibaut II (c), appartenait déjà sans doute à ce prince, comme plus tard à Henri P' (174, 258), bien qu'on ne trouve pas le nom de cette localité dans la liste des châtellenies de ce prince, mais Jouy était chef-lieu de châtellenie sous les successeurs d'Henri T' (d). On montre encore au sud de la ville les ruines du château (e). SS"" Meauxest une des plus anciennes possessions de la maison de Blois en Champagne et fut un de ses principaux chefs-lieux de châtellenie (/"). Thi- baut II et la plupart de ses successeurs habitèrent (a) Voir notre tome 11, p. vi, art. 56; xi, art. 132; xviii, art. 239; XXIX, art. 370; xlv, art. 557; lui, art. 633, lv, art. 694; Lxvii, art. 68. (6) Pascal, Histoire de Seine-et-Marne, II, 10-11. (c) Voir notre tome 11, p. 398. (d) Voir notre tome II, p. xv, art. 208; xxvii, art. 358; xxxvii, art. 437; xlv, art. 554; lui, art. 632 ; lv, art. 680; lxvii, art. 72. (e) Pascal, Histoire de Seine-et-Marne , II, 240. if) Voir notre tome II. p. 32, 423, note; vi, art. 47; xi, art. 131; xvii, art. 234; xxviii, art. 369; xxxii, art. 407; xxxvii, art. 439; xlvi. art. 559; lui, art. 634; lv, art. 681; lxvii, art. 63. 58 — m — souvent le château de Meaux (a). Le palais de justice occupe remplacement de ce château, où dans des bâtiments modernes on retrouve quelques parties d'anciennes constructions qui paraissent remonter à l'époque des comtes. S/i** Montcreau, acquis par Eudes P' dès l'an- née 1015, résidence momentanée de Thibaut II en iitn (6), figure au nombre des châtellenies de ses successeurs(c). Le cliàteaudeMonlereau, quelquefois habité par nos comtes ((/), contenait une chapelle desservie par un chapelain (c). Il était, dit-on, situé au faubourg Saint-Maurice, dans l'angle formé par la Seine au nord et l'Yonne à l'Ouest (f). 55* Provins, qui passa de la maison de Verman- dois à celle de Blois en 1019 (g)^ fut, comme nous l'avons dit, la seconde capitale de nos comtes à commencer au règne d'Henri V (A). Thibaut II l'habitait souvent déjà. Cette ville était le cheMieu d'une de ses prévôtés (t). Elle figure dans la liste des (a) Voir notre tome 111, p. 250, 251, et le présent volume, p. 794. (b) Voir notre tome 11, p. 52, et notre t. III, p. 25Q. (c) Voir notre tome 11, p. vu. art. 58; xi, art. 133; xvni, art. 240; XXIX, art. 371; xlv, art. 552; lui. art. 631; lv, art. 679; Lxvii, art. 67. (d) Voir plus haut, p. 797. (e) Voir notre tome II, p. Lxxxn, art. 318. (/) Pascal, Histoire de Seine-et-Marne, II, 443. (g) Voir notre lôme I, p. 187. et notre tome II, p. 33. {h) Voir notre tome III, 231 . el le présent volume, p. 791 , 792, 799. (i) Voir notre tome III, p. 250, et notre tome II, p. 284. — 915 — châtellenies de ses successeurs (a). La chapelle du château servait de siège à une collégiale dont les prébendes étaient à la nomination du comte de Champagne (6); cette chapelle existe encore. Le collège de la ville occupe l'emplacement du palais; aujourd'hui, comme au temps des comtes, le don- jon, connu sous le nom de Tour de César, domine majeslueusement la ville : c'est un des plus beaux spécimens d'architecture militaire que le moyen- âge nous ait laissés; on admire au même titre les fortifications de la ville haute, c'est-à-dire du château qui, comme le donjon, remonte au xu* siècle. YOMNE. 56* Saint-Florentin appartenait à nos comtes et était le chef-lieu d'une de leurs prévôtés dès le xi'' siècle, et nous trouvons cette localité dans toutes les listes des châtellenies de nos comtes (c). Thi- baut II et ses successeurs habitèrent quelquefois Saint-Florentin (d). (a) Voir notre tome II , p. vu, art. 65; xi, art. 136; xvin, art. 244; xxviii, art. 359; xlv, art. 555; liv, art. 663. 677; Lxvi, art. 50. (h) Voir plus haut, p. 623-624. * (c) Voir notre tome II, p. 35; iv, art. 13; x. art. 120; xii, art, 155; xxiv, art. 315; xxxvi, art. 432; xuv, art. 545; un, art. 627; Liv, art. 671; lxv, art. 32. (d) Voir notre tome 111. p. 250, 251, et le présent volume, p. 798. — 9t6 — Vosges. 57'' Grand est compté parmi les chàtellenies de Thibaut V et de Jeanne de Navarre (a). Dans le volume précédent, nous avons donné la nomenclature des chàtellenies qu'Henri le Libéral hérita de son père. Nous en avons indiqué vingt- huit, d'après le Feoda Campante; nous aurions dû dire vingt-neuf, car nous avons oublié Chantemerle. Quand la Champagne fut réunie à la France, le nombre des chàtellenies comprises dans le domaine de nos comtes était presque double. Toutefois, cette augmentation était, pour une partie, plus apparente que réel^. En effet, plusieurs chàtellenies qui ap- partenaient à Thibaut 11, et qu'on trouve dans la liste des chàtellenies possédées par les successeurs d'Henri le Libéral, manquent dans la liste de celles de ce prince; ce sont les chàtellenies de Dormans, d'E- cueil, de Larsicourt et de Vassy et probablement aussi celle de Jouy-le-Chàtel, ce qui fait déjà cinq à ôter de vingt-huit. Quatre autres chàtellenies peu- vent être dans le même cas, ce sont celles de Soulai- nes,de Vauchassis, deSaint-Mards et de Villeneu ve- au-Chemin. EnBn la chàtellenie de Montaimé n'est qu'un démembrement de celle de Vertus. Nous ré- duirons donc à dix-huit le nombre des chàtellenies acquises certainement par nos comtes depuis Tavè- Dément d'Henri I"; ce sont les suivantes : - Dans l'Aisne, Neuilly-Saint-Front. (a) Voir notre tome 11, p. lv, art. 703; lxxi» art. 125. — 917 — Dans l'Aube, Bar-sur-Seine, Ghaource, Goursan, Essoyes, Elourvy, Nogent-sur-Seine, Rumilly. Dans la Marne, Louvois, Passavant, Saint-Hilaire- le-Grand, Sainte-Menehould. Dans la Haute-Marne, Ghaumont, Goiffy, Monté- clair, Montigny, Nogenl-le-Roi. Dans les Vosges, Grand. On n'a pas oublié que la portion du comté du Per- che, momentanément possédée par Thibaut IV, fut donnée par lui en mariage à Blanche de Navarre, sa fille, et par conséquent cessa presque immédia- tement d'appartenir à la maison de Ghampagne (a). Quant à Thôtel acheté par Thibaut V à Paris (6), il fut légué par Jeanne de Navarre pour y établir le collège fondé par le testament de celte princesse, mais les exécuteurs testamentaires l'aliénèrent, pré- férant un emplacement situé dans le quartier des Ecoles. I 3*. — Vassaux des comtes de Champagne. Nous avons donné dans notre tome II, pages /i2&- &28, une liste des principaux vassaux de Ghampagne à Tavénement d'Henri P^ On se rappelle comment Thibaut IV fut obligé d'en céder une partie au roi de France; le traité de mars 1227 transféra à saint Louis la mouvance de Breteuil (Oise), de Millançay et Romorantin (Loir-et-Gher). En 1236, les comtés de Blois, de Ghartres, de Sancerre, a vicomte de Ghâteaudun, et leurs dépendances, eurent le même (a) Voir plus haut, p. 273. (!») Voir plus haut. p. 387-388; cf. 453. — 918 — sort (a). Par l'effet de ces deux traités, nos comtes perdirent tous leurs vassaux dans les départements d'Eure-et-Loir, d'Indre-et-Loire, de Loir-et-Cher, du Cher et de l'Indre, mais ils en conservèrent un certain nombre dans plusieurs départements situés au nord-est et au sud-ouest de la Champagne, à d'as- sez grandes distances : ainsi, Tévêque de Beauvais resta leur vassal pour le fief de Savigny (b)'^ ils continuèrent à recevoir hommage pour Hérisson et Ainay dans l'Allier, et pour Clamecy dans la Nièvre qui, sous Thibaut V, étaient réunis entre les mains du comte de Nevers (c). Mais ce fut dans d'autres parties de la France qu'ils cherchèrent à augmenter le nombre de leurs vassaux ou les fiefs tenus d'eux. Ils acquirent la mouvance des localités dont le nom suit : ; Aisne. Fère-en-Tardenois dont Robert, comte de Dreux, fit hommage à Blanche de Navarre (667). Ardex^ces. Chaumont-Porcien. Roger, seigneur de Rozoy- sor-Serre, en fit hommage à la môme princesse (1807). (a) Voir plus haut, p.2U,263. (6) Voir notre tome II. p. Lin, art. 615. 616; cf. Catalogue, !)• 1582. Dans le môme département est situé Bouillancyqui mou- vait aussi de Champagne (1559). (c) Voir notre tome H, p. ui, art. 614; cf. Catalogue, n» 3729. — 919 — Aube. Piney avait élé tenu de l'église de Lyon par les comtes de Brienne pendant plasieurs siècles. L'ar- chevêque et le chapitre vendirent leurs droits à Thibaut V (3184, 3202). Vendeuvre et Jully-sur-Sarce furent aussi tenus de nos comtes au xin'= siècle (a), mais rien ne prouve que ces deux chàtellenies n'aient pas été anté- rieurement dans leur mouvance. Côte-d'or. Veuxhaules et Boudreville appartenant à la mai- son deChoiseul (755); Chazeuil (1190) et Gémeaux (3377) à celle de Thil-Chàtel; Autricourt et Thoires (1550) à celle de Mont- Saint-Jean. DOUBS. Silley. Thibaut de Neufchâtel consentit à tenir de Blanche de Navarre le château de ce lieu (929, 1587). Jura. Sellières et la chàtellenie inféodés à Henri III par Othon de Bourgogne, seigneur de Salins, moyennant une rente viagère de 500 livres tournois (3728). (a) Voir notre t. Il, p. xxxiii, art. 414; xlu, art. 534; xliii, art. 537; un, art. 618; cf. Catalogue, n^» 1194. 1356. — 920 — Mjk&m Saint-Just, propriété de la maison de Dam- pierre (a). Haute-Malte. Le château de Vignory jusque-là tenu du comte de Bourgogne, tandis que le bourg était mouvant de Champagne (b); La Fauche, qui, d'abord jusque-là arriére-Bef, de- vint fief immédiat (11 42). Paroy mis dans la mouvance de Champagne par 7ean de Passavant, seigneur de Saulx (2996); La Mothe par le comte de Bar-]e-Duc(c); Montesson et Pierrefaite par Jean de Vergy, sei- gneur de Fouvent (3772). Haute- Saône. Le bourg de Passavanten-Vosges. Guichard, seigneur du lieu, vendit son hommage à Thibaut IV (2997). Vosges. Neufchàteau, qui faisait partie du duché de Lor- raine devint fief de Champagne ëous Blanche de Navarre (1283); (a) Voir notre t. II, p. xxxn, art. 412 ; xLiv, art. 548; cf. Ca- talogue, n° 792. (6) Catalogue, n^ 605, 2989; voir aussi plus haut. p. 270, note c. (c) Voir plus haut, p. 408. — 921 — Le château de Deuilly entra dans la mouvance de nos comtes (2150), mais nous ne saurions préciser la date du premier hommage. Yonne. Nilry mis dans la mouvance de Champagne par le seigneur de Noyers (1589) ; Foissy par Hugues de Vallery (1962); Beaumonl par Etienne de Seignelay (2490). Ainsi, nos comtes avaient amplement réparé les perles qu'ils avaient subies. Disons plus : des vassaux éloignés, difficiles à réunir en cas de guerre, avaient été remplacés par des vassaux beaucoup plus rapprochés; et, sous la main de Blanche de Navarre et de ses successeurs, le comté de Champagne, d'abord assemblage arbitraire de fiefs épars, qu'au- cune convenance territoriale ne rapprochait, était de- venu un véritable état, suivant le sens qu'a ce mot dans la géographie moderne : la province de Champa- gne était créée (1 ); nos dynasties locales avaient donc terminé leur mission, quand leur héritage fut réuni au domaine royal. Le gouvernement des rois capé- tiens allait avoir à remplir en Champagne une autre tâche qui, du nord au midi, de l'est à l'ouest, lui a été partout imposée, et dont il s'est glorieusement (1) Sur les limites de cette province du côté de rile-de-France, voir notre tome II, p. lvi-lix ; notre Catalogue, n® 2646 ; et deux arrêts du parlement, rendus en 1270 et en 1271 : Olim, éd. Beu- gnot, 1, 343-547, 860; Boutaric, Actes du Parlement de Paris, p. 438, nM551, p. 159. nM702. acquitté dans toute l'étendue de la France, c'était de travailler k fondre la province Aans la vaste unité de la monarchie. Nous essaierons de raconter plus tard par quels efforts longs mais victorieux s'est accomplie cette grande révolution. CORRECTIONS ET ADDITIONS. TOME I". H.^^v^-A^'^ f ■y Page 4. Nous avons reçu, sous la signature A. L., ^in errata développé de notre ouvrage. Nous en remercions l'auteur inconnu. Nous comptons en faire profiter nos lecteurs, et, pour commencer, nous allons indiquer pour le mot Champagne une étymologie bien préférable, croyons-nous, à celle que nous avions proposée. Champagne dériverait du celtique Kann-paun, blanc pays. L'adjectif Kann est encore usité en ba&-breton (Legonidec, Dictionnaire Breton-Français, édit. La Villemarquée, p. 174); on le trouve au vi* siècle dans les poésies de Liwarc'h-Henn. KalaD-gacam, kemn gifreu. Aux kalendes d'hiver la plume des oiseaux est blanche (4). On le rencontre dans le gaëli(]ue irlandais sous la forme coin, can, dont la seconde se voit seule en gaélique écossais. Les latins disaient canits doîi candidus et candide. Le substantif Pann, qui en Bretagne n'est pas encore tombé en désué- tude ( Legonidec, Dictionnaire Breton - Français, édit. La Villemar- quée, p. 470), se lit dans les poésies de Liwarcîi-Henn avec une légère modification d'orthographe. Keit bo kad eim pob ban. Quand la guerre était dans chaque |>ayt (2). Cette orthographe est aussi celle du dialecte gaëlique. Le mot ban est resté en patois lorrain avec le sens de territoire d'une commune, et la ques- tion est agitée de savoir si le mot français ban a une étymologie celtique ou germanique (3). La Champagne serait donc une région qui se distinguerait des contrées voisines par la blancheur de son sol. Et cette définition est exacte si on donne au mot Champagne le sens que lui attribuent les paysans champe- nois. Pour eux, en effet, la Champagne est la partie de la province de ce nom oh la craie blanche est à fleur de terre ; pour eux il n'y a d'autre Champagne que la Champagne vulgairement dite PoulHeuse, et c*est abu- (0 La Yillemarquée, Chxntt des hariet hrëtont, l^" éd., p. 1S0-1S4 (3) La Yillcmarquèe, ibid. p. 94. fB) Littré, Dietùmnaire de la Langue françaite, p. 289. — 924 — shrement que sous le nom de Champagne on a compris par exempk \t Perthois et une partie du Bassigny. Quand le mot Champagne est entendu dans le sens restreint que Yky mologie exige, il s'oppose à Brie. En effet, Brie, en latin Pagus Briegm, dérive du celtique Priek , après Tarticle , Briek , lieu argileux , glaisan ( Legonidec, Dictionnaire déjà cité, p. 498), qui vient du radical Pri, quelquefois Bri, argile. On lit ce dernier mot au ti* siècle, daas la poésies de Liwarc'h-Henn, avec son orthographe galloise Pris. Âdan prtt ha meiir. Sons de l'aryi^ et des pierres (4). Au XII* siècle il était encore usité dans la langue vulgaire de ChamfiigK sous la forme Brai et avec le sens de boue (2). En allemand Brei fett dire bouillie. P. 124, note 3. La cure donnée par Hugues de Vermandois, archevêque di Reims, ne peut être Corroy, arrondissement d'Epernay, canton de Fère Champenoise. En effet, cette dernière localité faisait partie du diocèse de Châlons (3). C*est Cauroy-les-Hermonville, situé près de Cormicy, prêei> dente cure de Flodoard, dans l'arrondissement de Reims et le canton à Bourgogne, ou c'est Cauroy -les-Machault , Ardennes, arrondissement è Vouziers, canton de Machault. P. 156, note. Nous avons dit que le pagus Otmensis serait la forêt d'Otbi (Aube et Yonne). On doit plutôt avec Guérard [Annuaire de la Soc. ù de VHistoire de France, 1837, p. 122) et M. J. Desnoyers {Ânn.étlà Soc. de VHist. de France, 1859, p. 181), le mettre dans le départe- ment de la Marne. Dans ce pagus étaient : Novientum, Nogent, a. Reims, c. Verzy, com. Sermiers. Vedeniactu, Vinay, a. et c. Reims. Velcianas, Vauciennes, a. et c. Epemay. Vincella, Vincelle, a. Epemay, c. Dormans. Ce qui rend cette traduction infiniment probable, c'est, dans la ehirli imprimée p. 459-461 de notre 1. 1*% la présence de trois moines d'Hutil- liers (Marne, a. Reims) à Velcianis villa, in comitatu Otminse. P. 455, titre de la charte xxiv, au lieu de Epemay, lisez Vertus. TOMB U. P. 309, note 4. Aisencelle serait Alliancelles, Mame, a. Vitry, c. Halti4t- Maurnpt (cf. de Barthélémy, Dioc, anc: de Châlons, U, 225). (4) La YiUemanpièe, Chantt det hordei bretont, p. 44. (2) 8. Btmardi Vita Pntna» llb. m, pars 5 anctore Gaafrido, ap. MibUk», S. Bemardi opera^ éd. 1690, t. Il, p. 448t. (8) De Barthélémy, Dioc. ame. de Chalom, t. II, fl*. — 926 — TOMIB lU. P. 272, ligne 1. Ce n'est pas de la forêt de Vassy, Haute-Marne, qu'O s'a- git dans la plupart des chartes citées, mais de celle de Vassy, près dlgny- le-Jard, Marne, a. Epernay, c. Dormans. TOMIB ry. p. 1, note, ligne 2. Au lieu de on sait qu'en Champagne, lisez^ on sait que pour les comtes de Champagne. P. 107, ligne 14, au lieu de Blanche, lisez Henri. P. 144, Ugne 10, au lieu de 1216, lisez 1217. P. 166, ligne 3, au lieu de Hugues de Rethel, lisez Hugues, comte de Rethel. P. 210, ligne 5, au lieu de dix, lisez onze. P. 290, note, ligne 17, au lieu de 1248, lisez 1246. P. 343, Ugne 13, au lieu de (1263) 3301, lisez 1263 (3301). P. 390, lignes 15, 16. On doit rapporter à la guerre de Luxeuil le passage suivant du compte de 1258 publié par M. Bourquelot, Bibl, de l Ec. des Chartes, 5* série, IV, 73 : Pro vectura et expensa eorum qui com- ductum quadrigarum fecerunt in exercitu : XX s. P. 415, ligne 9. Nous disons que Thibaut IV était à La Roche, le 2 juillet. Il résulte d'une pièce indiquée dans los Annales de Navarra, III, 112, qu'il s'y trouvait encore le 4. Ce fut, sans doute, une des raisons de son arrivée tardive à Cagliari. P. 475-576. Nous n'avons pas mentionné Simon l'Apôtre et Jacques Haqui- lin de Suippes, baillis du comte de Champagne en novembre 1222 (Varin, Archives administratives de Reims, I, 524). P. 476, lignes 10, 11. Lambert Bouchu était déjà à la cour de Champagne en 1190. Voir plus haut p. 120, lignes 22 et 23. P. 480, b'gne 14. Il y avait un bailli de Meaux dès 1223 (1536). P. 481, ligne 3. Aux baillis de Provins mentionnés, ajouter Létéric de Ba- leines, 1247 (Bibl. Imp., lat. 5467; communication de M. F. Bourquelot). Même page. Outre les chartes indiquées au sujet de Jean d'Epemay, on peut signaler une pièce du mois de juin 1234, oii ce personnage est qualifié de bailli du roi de Navarre (Arch. de l'Empire, Cart, de Sevmaize, p. 1632; comm. de M. F. Bourquelot). P. 482, ligne 20. Guillaume Putemonoie porte le titre de bailli du comte de Champagne dans une charte du mois de décembre 1227. {Cart, de Saint. Loup de Troyes, ^ 56 r".) P. 483, ligne 9. Mauger était encore bailli de Troyes en décembre 1232 ; Vallet de Viriville, Arch. Hist. de l'Aube, p. 181. P. 484, ligne 4. Henri des Bordes était bailli de Vitry dès le mois de février 1220, V. st. (Arch. de la Marne, Fonda de Troia-Fontaines). — 926 — Même page, ligoe 12. En février 1254, v, st,, Lambert de Tiercelieue étâi banii de Mcaux et de Château-Thierry (Arch. de l'Aube, F. de Clair- taux). Même page, ligne 18. Il y avait un bailli deMeaux dès 1223 (1536), et a 1254, comme nous venons de le dire, Lambert de Tiercelieue était bâîIK de Meaux et de Château-Thierrv. P. 494, ligne 6, au lieu de Jean d« Dampierre, lisez Jean I'' de Dam- pierre. P. 509, ligne dernière, et p. 510, ligne première. Girard Mélétaire était maire de Troyes dès le mois de décembre 1231 (Vallet de Viriville, Arch. Hist. de VAube, p. 181). P. 525, ligne 3, au lieu de Henri II, lise^ Henri T". P. 554, ligne 10, au lieu de à lisez en. P. 562, lignes 9, 10. Henri des Bordes était chevalier et bailli de Vitr; dès le mois de février 1220, v. st. (Arch. de la Marne, F. de Troit-FoD- taines). P. 651, ligne première, au lieu de Ce sont d'abord le, lisez Noos parle- rons d'abord de. TABLE DES MATIERES. LIVRE K. — Histoire des comtes Henri ïl et Thi- rf HAUT m i Chapitre I. — Depuis l'avènement d'Henri U jus- qu'à sou départ pour la Terre-Sainte, 1181-1190 i Chapitre IL — Depuis le départ d'Henri II pour la Terre -Sainte jusqu'à sa mort, 1190-1197 .22 Chapitre IIL — Règne de Thibaut III, 4197- 1201 73 LIVRE X. — Règne de Thibaut IV 101 Chapitre I. — Régence de Blanche de Navarre, 1201-1222 . 101 Chapitre II. — Depuis la majorité de Thibaut IV jusqu'à son avènement au trône de Navarre, 1222-1234 198 Chapitre IIL — Depuis l'avènement de Thi- baut rv au trône de Navarre jus- qu'à sa mort, 1 234-1 2S3 .... 265 LIVRE X). — Depuis la mort de Tuiraut FV jusqu'à I^'av^nbuent de Philippe le Bel au taôiœ de Frange 349 Chapitre I. — Régence de Marguerite de Bour- bou, 1253-1256 349 Chapitre II. — Depuis la majorité de Thibaut V jusqu'à sa mort, 1256-1270 ... 365 Chapitre III. — Règne d'Henri III, 1270-1274. 429 — 928 — Chapitre IV. — Depuis la raort d'Henri III jus- qu'à ravènement de Philippe le Bel au trône de France, 1274-1285 . . 440 LIVRE XII. — Administration de la Champagne depuis LA MORT D'HbNRI LE LiBÉRAL JCSQU'A l'avènement de Philippe le Bel au TRÔNE DE France 457 Chapitre I. — Personnel administratif . . . 4o7 Section P^ io8 § l*'. — Gouverneurs 438 I 2«. — Receveurs 465 § 3«. — Baillis •.473 Section 2^, — Grands OflRciers 487 I 1er. -. Sénéchaux 487 § 2v — Connétables 491 I 3e. __ Bouteillers 499 I 4«. — Chambriers 50i % 5«. — Chambellans o05 I 6«. — Maréchaux 511 § 7'. — Chanceliers 525 Section 3^. — Officiers d'ordre secondaire . . 530 § 1®'. — Religieux (Aumôniers, Chapelains). 530 § 2«. — Clercs 53i § 3*. — Officiers et employés laïcs de second ordre attachés à la maison des comtes (Pannetiers, Echanson, Cuisinier ou queux, Fauconnier, Ecuyers , Va- lets, Huissier, Demoiselles, Maçon, Charpentier, Charretier) .... 544 I 4*. — Officiers et employés laïcs attachés à des services extérieurs (Sergents, Gardes des foires, Prévôts, Celleriers, Gruyers, Forestiers) 550 Section 4^. — Conseil 585 — 929 — Chapitre IL — Justice 572 Section P^f — L<^gislâtion 572 Section 2*. — Juridiction 576 I 1er. — Juridiction contentieuse .... 576 I 2. — Juridiction gracieuse 580 Chapitre III. — Affaires ecclésiastiques . . . 590 Section f'«. — Relations avec les papes . . 590 Section 2*. — Relations avec Tépiscopat cham- penois 601 Section J«. — Libéralités des comtes de Cham- pagne en faveur des établissements religieux 604 Section 4*. — Intervention des comtes de Cham- ^ pagne dans l'administration ecclé- siastique ... 616 Section 5*. — Droit d'amortissement . . . 626 y Chapitre IV. — Lettres, instruction publique . 634 Chapitre V. — Guerre 683 Chapitre VL — Servage, bourgeoisie, institu- tions communales 696 Section /'«. — Servage 696 Section ^«. — Bourgeoisie. 701^ Section 3*. — Institutions communales. . . 704 § !•'. — Généralités 704 I 2*. — Imitations de la coutume de Lorris . 707 § 3". — Imitations de la loi de Beaumont . 715 § 4'. — Imitations de la charte de Soissons. 720 I 5«. — Charte de Troyes ...... 721 Chapitre VIL — Industrie, conunerce . . . 735 Chapitre VIIL — Administration hospitalière . 743 Chapitre IX. — Ponts et chaussées .... 755 50 ■ > — 930 — Chapitre X. — Monnaie 759 I 1«'. — Atelier do Provins 760 § 2«. — Atelier de Troyes 778 Chapitre XI. — Résidences des comtes de Cham- pagne 789 Chapitre XII. — Finances 803 Section f". — Revenu net des comtes de Cham- jM^e 803 Section 2^, — Recelte brute 811 § !«'. — Forôts 812 I 2^. — Sommes payées par les communes . 824 § 3*. — Juifs 827 I 4«. -— Aides extraordinaires 836 § 5«. — Emprunts 838 § 6®. — Aliénations de domaines .... 844 Section 3«. — Dépense 845 § 1er. — Dépenses ordinaires ( 1° Dépenses obligatoires ou dépenses des pré- vôtés, savoir : Bâtiments et étangs, gages, frais de justice et d'impôts, fiefs et aumônes, pensions et rentes viagères; 2° dépenses facultatives ou dépenses de Thôtcl) 845 § 2\ — Dépenses extraordinaires (1° Prôts; 2® cautionnements; 3® dots; 4® ra- chat de rentes ou remboursement de la dette consolidée; 6° acquisitions d'immeubles) 855 Chapitre XIIL — Observations diverses sur les diplômes dos Gucccsseurs d'Henri le Libéral; Chancellerie, Archives. . 863 ' I i*^. — Titres pris par les comtes de Cham- pagne 863 — 931 — § 2*. — Chartes françaises 867 § 3«. — Sceaux 870 § 4*. — Archives 879 Chapitre XIY. — Géographie du comté de Champagne à la mort du roi Phi- lippe le Hardi 884 § !•'. — Suzerains des comtes de Cham- pagne 884 § 2^ — Domaines des comtes de Champagne. 888 § 3®. — Vassaux des comtes de Champagne. 917 Corrections et additions 923 ot< TU0TE8, IMP. DCfOUa-BOUQUOT. 4 <ïiavrns(«*» cSii iiiènie Aiileur s Iiiiiiiiî.!..':: • • : .: i\ ?»Ii-. •.:iT'. ::y -i> i }'î':t^ k\ :»i:!''.i n'.'»i»\L J'Ii\>i.\.-. «'.:••:!•. l'cî'jii:.' {!■' i:{ h-cd/ihlr isj^s'îfii l.i iv«l.it;- ■ I J 1 li(»n 4»iil'''.iîr' «!• iin'iimi' ••. iS'i::, liio'-luin* iri-S-, I8r).î. V'.»\ \ ,' I " •■ ..: »;'i. .•: ,. :»\ x i..; :••':• \:; IL.! •' M' 1»:: l/.\> ].i:. IS'ii. • f '•.Il' ••! • r.is :"• : ' ••'»•. ", M • \M: î.î::: I.-: A I,' WN.-.i: I-S'i iîin-:'{~ • ' I . ■' » . •■ ••>J- . lll II llll I" .'l-l'> . .\: : î.i-a ••• 1. :• Kl i) ".«• . •! ii'« m ii ..t.. : :.;:.•. s . ..••:• : :••> A'-'W.:- i:i-Ti:iiî:in\.vi:>. i:t r!:r .:.•..•. ; i.-; i... \. [\ -.. k . .-.ii \ii'' i 1 .ni xiir- -i-'i ir. l,^;iN J '.,.!. M.-.S-. iitiT.in-'i : ; A.. ..•••.■•«.i • .: i»i ]»• :*\ur:-.\i::.Nr hi: i/ArJii:. 18<>|. |iiil.!'i;': I II r- j. l) !■: ■.■ . . .• \ •• . .i: ••lîr. n:. i.a «;atisli>î;\li: rii: 'I" • • I I ■ i' . 1 1\-\ • i<-*M. . ! !• ilii.î ■ :ii-.S'. In\'.^..x:.. ' . \. .•.:•:• î.i: l'Ai i;i:. t..iii.- |«'-. 18(îi. 1 \'i •. •'• . iw;: :• : : i'.:' m.. A. .'î-.: i»r. IÎ\!!-ru-Si:i.NK. lsr)i. IHV, iili.' i I r